La révolte

Chapitre 2. La mer revient toujours au rivage.

Par Kiranagio

 

Dôkho se redressa avec un cri étouffé. Il posa la main sur sa poitrine en attendant que les battements désordonnés de son cœur se calment. Les détails du cauchemar restaient trop présents à son esprit. Il avait erré dans le sur monde, entouré de larges nappes de brouillards, dans une atmosphère froide et oppressante. Et puis il l’avait vu. Shion. La brume s’enroulait autour de lui comme une écharpe, et il lui tournait le dos. Mais dans son sillage, il laissait une trace sanglante, brillant d’un éclat pourpre dans la lumière ténue. Il avait tenté de le rattraper. Parce qu’il avait le sentiment que s’il le laissait s’échapper, il ne le reverrait plus jamais. Mais le brouillard collait à ses membres, ralentissant sa progression et étouffait ses cris. Shion avait disparu.
Ce n’était qu’un rêve, tenta-t-il de se rassurer. Une fois qu’il eut repris son emprise sur lui-même, il tendit précautionneusement son esprit par-delà l’espace… et ne rencontra que le vide. Il poussa un cri de pure terreur, comme s’il venait de basculer par-dessus une falaise.
Alertés par le bruit, Rachel et Shiryu firent irruption dans sa chambre, visiblement rhabillés à la hâte.
― Que s’est-il passé, maître ? s’enquit le jeune homme.
Il leva sur eux un regard égaré.
― Shion…
Rachel frémit et réprima l’envie puérile de se boucher les oreilles. Elle savait que ce qui allait suivre marquerait le glas d’une courte année de bonheur en compagnie de celui qu’elle aimait. Le monde, qui avait semblé les oublier, venait brusquement de se rappeler à eux.
― Shion est mort.

*-*-*

Ils n’avaient plus dormi, cette nuit-là. Ils avaient tenté de joindre le Sanctuaire, n’importe qui. En vain. Rachel piaffait. Shiryu tentait de la persuader qu’avant de prendre le premier avion pour la Grèce, il convenait d’avoir une vue correcte sur la situation. Dôkho restait prostré dans un coin.
Au petit matin, les nouvelles étaient enfin arrivées. Pire que tout ce qu’ils avaient pu imaginer : c’était la main de Saga qui avait mis fin aux jours du Pope, et à présent, il revendiquait sa place.
Shiryu s’indignait : comment un meurtrier pouvait-il aussi cyniquement chausser les bottes de sa victime? Son instinct ne l’avait pas trompé, la première fois qu’il avait croisé Saga : cet homme était mauvais, jusqu’au plus profond de son être. Et il devait être puni pour ses actes.
Dôkho nageait en pleine confusion : Shion ne l’avait-il pas assuré que tout était sous contrôle, concernant Saga ? Alors comment les choses avaient-elles pu en arriver là ?
Rachel bouillait : Saga était un être droit et courageux, par nature. Que s’était-il donc passé pour qu’il se résolve à commettre un acte aussi impardonnable ? Il fallait qu’elle se rende au Sanctuaire.
Ce fut la première fois que Shiryu et elle se disputèrent.
― Si tu retournes là-bas, Rachel disparaîtra, et il ne restera plus que la Dothrakis. Ils te dévoreront jusqu'à la moëlle, pronostiqua sombrement le Dragon.
― Je dois y aller, Shiryu ! Je dois comprendre ce qui s’est passé, et puis il faut que quelqu’un remette de l’ordre dans tout ça. Si ne je ne fais pas, qui le fera à ma place ?
Il n’y avait pas de réponse à cette question, alors le Dragon admit sa défaite. Il ignorait encore que ce n’était que le début d’une longue série.


*-*-*

Alors que la barque abordait au rivage du Sanctuaire, Rachel regretta l’absence de son compagnon. Sa façon toujours posée d’aborder les situations les plus critiques allait lui manquer. Mais avait obstinément refusé de mettre les pieds au Sanctuaire.
― Si je venais, ce serait cautionner de fait une situation que je refuse. Et, avait-il ajouté avec un sourire en coin, si je ne résiste pas, qui le fera à ma place ?
Certainement pas Dôkho, qui avait suivi Rachel. Il voulait au moins obtenir des réponses sur ce qui s’était passé. C’était le moins qu’il devait à la mémoire de celui qui avait été son meilleur ami.
Lorsqu’ils parvinrent au temple du Bélier, une silhouette longiligne se déploya dans l’ombre.
― Je vous attendais, annonça Mû d’une voix aussi neutre que son expression.
Rachel hésita un instant. Interroger le chevalier du Bélier lui permettrait d’en savoir plus sur les dessous de l’affaire. D’un autre côté, en temps qu’héritière Dohtrakis, elle se devait de rester la plus objective possible. Et elle doutait que Mû, dont Shion avait été le maître, fasse preuve d’une grande objectivité en ce qui concernait son meurtrier, quelles que fussent ses qualités intellectuelles par ailleurs.
― Suis-nous, se contenta-t-elle de répondre.
Mû ouvrit la bouche comme pour objecter, puis la referma et lui emboîta le pas sans un mot. Dôkho lui lança un regard compatissant. Lui-même éprouvait au plus profond de son être cette sensation d’être coupé en deux entre un juste ressentiment et le principe de réalité, et c’était loin d’être confortable.
Lorsqu’ils arrivèrent dans la salle du conseil, tous les autres chevaliers s’y trouvaient déjà, répondant à la convocation qu’elle leur avait envoyée pour les prévenir de leur arrivée. Tous, sauf deux.
― Où est Aioros ? demanda Rachel.
― À l’hôpital, répondit Aiolia en jetant un regard hargneux en direction de Saga.
L’homme qui arborait à présent l’insigne du Grand Pope ne daigna même pas lui accorder un battement de cil.
― Où est Kanon ? demanda encore la jeune fille.
― Il est parti, se décida à répondre Saga.
Pour la première fois, Rachel croisa son regard, et ce qu’elle y lut la fit frissonner. Cet homme se trouvait au-delà de tout espoir de rédemption. Et cependant il restait leur seule solution pour ne pas laisser le Sanctuaire sombrer dans le chaos.
― Bien, fit-elle en croisant les mains devant elle. Nous sommes réunis aujourd’hui pour prendre une décision quant à la place de Grand Pope qui se trouve vacante suite à... au décès de Shion...
Un léger frémissement parcourut les rangs. Ils avaient été habitués à s'en remettre au Grand Pope pour toutes les décisions concernant le Sanctuaire. Sa disparition, ajoutée à celle de Nathan Dothrakis et Andréas Antinaïkos quelques temps auparavant, les laissait désemparés. Rachel soupira discrètement. Ils attendaient qu'elle leur dise ce qu'ils devaient faire, voilà quelle était la réalité. D'un côté, cela lui facilitait les choses, mais de l'autre, tout le poids de la décision lui retombait sur les épaules.
A quoi s’attendaient-ils ? À ce qu’elle blâme Saga de ses actions et le bannisse du Sanctuaire ?  A ce que, tel le Messie, elle accomplisse un miracle pour les tirer de la situation impossible dans laquelle ils se trouvaient ? Dans ce cas, ils allaient être déçus.
― Il se trouve, poursuivit-elle d'une voix qui ne tremblait pas, que nous avons un candidat à la succession, et un seul. Il s'agit de Saga Antinaïkos...
Cette fois quelqu'un réagit dans l'assistance. Quand même, songea Rachel.
― Saga a assassiné Shion et manqué de tuer mon frère! Vous ne songez tout de même pas à lui confier la charge!?
Elle leva les yeux pour se trouver face au visage ravagé de chagrin d'Aiolia. Son coeur se serra. Il n'aurait jamais du avoir à faire face à un tel drame, à son âge. En fait, aucun d'entre eux n'aurait jamais du se trouver dans une pareille situation. Mais il n'était plus temps de prévenir, et pas encore de guérir. Elle ne pouvait que gérer, pour colmater les brèches dans l'espoir que le temps finirait par tout arranger.
― Dans ce cas, désires-tu te présenter contre lui?
L'adolescent hésita, déstabilisé, avant de reprendre de toute la force de sa jeune conviction :
― Moi, non, mais mon frère, oui !
― Aioros n’est pas présent.
― Parce que ce salaud l’a envoyé à l’hôpital ! cria Aiolia en pointant un doigt vengeur en direction de Saga.
L’intéressé se contenta de hausser les sourcils avant d’écarter la remarque d’un revers de main, comme il l’eût fait d’un moucheron importun.
― Je n’accepterai jamais un autre Pope que mon frère ! Et surtout pas son agresseur ! insista le chevalier du Lion, au bord de l’hystérie.
Aldébaran, debout derrière lui, posa une main apaisante sur son épaule. Il commençait à pressentir quelle allait être la décision de Rachel, et s’opposer au futur Grand Pope n’était pas une bonne chose, surtout lorsque celui-ci avait aussi puissamment démontré quel était le sort réservé à ses opposants.
Dôkho baissait les yeux, ne souhaitant pas faire état de sa situation de doyen. Il savait ce que représentait la gestion du Sanctuaire, Shion lui en avait assez parlé, et il savait aussi qu'il ne serait pas en mesure de l'assurer.
Qui, alors?

Milo fixait Rachel avec une expression mêlée d’espoir et de rancœur. Il n’avait guère apprécié que sa cousine lui intime l’ordre de se plier à sa décision, quelle qu’elle soit. Le fait qu’elle ait refusé de lui en faire part laissait toutefois suffisamment présager de sa direction. Et, quelque animosité qu’il ressente envers les actes de Saga, son esprit façonné par toute une vie passée à l’ombre du Sanctuaire n’envisageait pas une seconde de contester le verdict de la Dothrakis. Masque de Mort, pour sa part, arborait un petit sourire ironique. Saga avait gagné, cela lui paraissait incontestable. A vrai dire il ne comprenait même pas comment Aiolia ne pouvait pas s’en rendre compte. Sans doute avait-il, comme son frère, la tête farcie de grands idéaux. On voyait où cela avait mené Aioros. De toutes façons, en ce qui le concernait, la disparition de Shion n’allait pas le faire pleurer. Saga leur avait plutôt rendu service en les débarrassant de ce vieil illuminé. Pour le reste, il respectait la force. Et Saga était, à ce jour, le plus puissant d’entre eux.
Assis à ses côtés, Shura croisait les bras. Ce n’était pas qu’il approuvait l’assassinat de Shion, non. Mais celui-ci avait bel et bien eu lieu, et rien ne pourrait changer ça. Ce qu’il fallait, à présent, c’était en tirer les conséquences. Et les possibilités n’étaient pas illimitées. Alors s’il fallait en passer par là, pourquoi pas ? Saga ne ferait pas un pire Pope que ne l’avait été Shion. En tous cas, cela produirait un changement qui, il le sentait, était nécessaire. On verrait bien à l’usage pour le reste.
Aphrodite, le suivant dans l’ordre de la tablée, s’efforçait de dissimuler sa souffrance. Il sentait les émotions des participants se mêler dans un afflux violent de pulsions primales. Le chagrin, la colère, la rancœur, la haine, l’ambition fondaient sur lui comme autant de sinistres spectres. Dieux, n’y avait-il personne dans cette assemblée pour éprouver quoi que ce soit de positif ? Même Rachel, qui affichait une expression imperturbable, dégageait une aura de rage froide. Il était prêt à accepter n’importe quelle décision, pourvu qu’elle ramène un semblant de sérénité dans cet océan de tourmente.
Camus était ailleurs, comme d'habitude. Comme si rien de ce qui se passait au Sanctuaire ne le concernait vraiment.
Mü triturait nerveusement les papiers posés devant lui. Il avait roulé l’une des feuilles en forme de cornet, et la maniait comme s’il s’était agi d’un poignard dont la pointe se trouvait dirigée vers Saga. S’il n’avait pas été aussi respectueux des règles du Sanctuaire, il se serait levé pour égorger le meurtrier de son maître sur le champ.
Aldébaran semblait ne savoir que faire de sa grande carcasse et gardait un œil inquiet sur Aiolia.
Et pour finir, l'attitude de Shaka clamait qu'il se trouvait au-dessus des débats.

Son tour de table achevé, les yeux de Rachel revinrent sur le visage toujours contracté de chagrin et de colère d’Aiolia. Il ouvrit la bouche pour parler, mais elle l’arrêta d’un geste. Ses lèvres de la jeune femme se retroussèrent en un sourire ironique : la décision lui appartenait, mais elle ne pouvait en prendre qu'une seule, sauf à laisser le Sanctuaire sans direction.
― Bien, en l'absence de toute concurrence exprimée, je déclare donc Saga confirmé dans la charge de Grand Pope.
Un silence choqué suivit ses paroles. Elle vit Aldébaran retenir Aiolia par le poignet, l’empêchant de lui bondir à la gorge. Elle vit les mains de Mü déchirer la feuille de papier, prises de tremblements violents. Elle vit Aphrodite fermer les yeux et retenir un haut-le-corps.
Elle se tourna vers Saga.
― Tu es conscient, n’est-ce pas, des devoirs qu’implique ta charge ? La vie de tous ceux qui se trouvent réunis autour de cette table se trouve maintenant sous ta responsabilité.
― J’en prendrai soin, répondit Saga d’un ton légèrement ironique.
Ces quelques mots entérinaient un accord tacite. « Je te laisse la charge de Pope, mais tu ne blesseras plus personne. »
Masque de Mort remua sur son siège. Rachel était bien naïve, il y avait plus d’une façon d’assurer le pouvoir. En tant que Pope, Saga n’aurait certes plus besoin de se salir les mains. Il lui suffirait d’envoyer les autres à sa place.
Aiolia se leva d’un bond, et sortit de la pièce en claquant la porte si fort que les portraits des anciens Dothrakis manquèrent en sortir de leurs cadres dorés. Mü lui emboîta le pas plus calmement, mais son attitude entière était une vivante image de la désapprobation. Les autres baissèrent les yeux. Hostiles, pour la plupart, mais également conscients que se rebeller à ce stade des opérations reviendrait à déclencher une guerre civile dont les conséquences seraient encore plus meurtrières que les causes.
Rachel ferma les paupières et se concentra très fort sur l'image de Shiryu. Ils l'avaient voulu, qu'ils se débrouillent avec leur nouveau Grand Pope, à présent. La suite ne la concernait plus.
― La séance est levée.
― Attends, protesta Saga pour la première fois. Tu veux dire que tu repars déjà ?
― Ma vie n’est plus ici, annonça-t-elle avec la sinistre impression d’enfoncer un clou dans un cercueil.
Il fallait qu’elle reparte d’ici, l’atmosphère était franchement morbide.
― Tu es une Dothrakis ! cria Saga, furieux. Tu ne peux pas échapper à ton devoir.
― Mon devoir, asséna-t-elle, est de rester aux côtés de l’homme que j’aime.
Sur un ton plus doux, elle ajouta :
― Je te fais entièrement confiance pour gérer le Sanctuaire tel qu’il doit l’être.
Et son regard disait : « souviens-toi de notre accord. »
Mais Saga continua de protester. Il avait toujours imaginé, depuis le premier instant où il avait résolu de tuer Shion, que Rachel serait à ses côtés lorsqu’il aurait à en assumer les conséquences. Pour ou contre lui, mais en tous cas, présente.

Tout en se disputant, ils sortirent dans le couloir où seules les statues assistaient à leur conversation. Saga s’appuya contre le socle du buste d’un ancien Grand Pope, et partit d’un rire inextinguible qui pourtant n’avait rien de joyeux.
― Tu me fais confiance, ah… parvint-il à articuler entre deux quintes.
― Evidemment. Je sais que tu es quelqu’un de bien, affirma-t-elle avec d’autant plus de force qu’elle cherchait à s’en convaincre elle-même.
Saga s’arrêta de rire et posa sur elle un regard clair.
― Tu es folle.
― Nous sommes tous fous, à un degré ou à un autre, Saga.
― Dans ce cas, j’ai une bonne longueur d’avance sur vous tous, répliqua amèrement le nouveau Grand Pope. Mais, ne t’inquiète pas : je veillerai sur le Sanctuaire. J’ai payé assez cher le droit de le faire.
Rachel hocha la tête, puis se pencha rapidement afin de l’embrasser sur la joue. Ensuite, elle partit sans se retourner. Elle ne voulait pas assister à la suite. Les incertitudes des chevaliers d’or réveillaient trop de démons tapis dans les recoins de son âme, sans qu’elle fût capable de leur apporter la moindre réponse. Peut-être le temps viendrait-il, plus tard. Mais pour l’heure, elle ne désirait qu’une chose : rentrer auprès de Shiryu, et abreuver son âme vacillante aux certitudes de la sienne.

*-*-*

L’aube se levait à peine lorsqu’elle rejoignit l’embarcadère en compagnie de Dôkho. Pas plus qu’elle, le chevalier de la Balance ne souhaitait s’attarder au Sanctuaire où régnait désormais une ambiance malsaine.
Toutefois, lorsqu’ils parvinrent au ponton, un obstacle se dressa entre eux et la délivrance, sous l’aspect d’un Milo aux cheveux ébouriffés et à l’œil sombre.
― J’aimerais que tu reconsidères ta décision, cousine, annonça le chevalier du Scorpion.
Du coin de l’œil, Rachel vit Mü, Aiolia, Aldébaran et Camus qui se tenaient les bras croisés, muets mais attentifs.
― Ma décision est irrévocable, Milo. Tu le sais.
― Mais s’il arrivait quelque chose à Saga…
Rachel ne lui laissa pas le temps d’achever sa phrase. Elle se redressa de toute sa taille, les yeux étincelants, et Milo fit malgré lui un pas en arrière, effrayé. Elle n’avait jamais davantage ressemblé à son père.
― Je ne tolèrerai pas ce genre de menaces, Milo. Et c’est valable aussi pour vous tous, vous m’écoutez ?
Le petit groupe hocha légèrement la tête.
― Saga est désormais votre Grand Pope, et vous lui devez respect et obéissance. Si jamais j’apprenais que vous vous opposiez à lui de quelque manière que ce soit, je reviendrais personnellement régler le conflit. Et croyez-moi, vous n’aimeriez pas.
Milo la croyait sur parole.
― Est-ce bien compris ?
Un murmure réticent lui répondit.
― Saga n’est peut-être pas le Grand Pope dont vous rêviez, mais il vous faudra faire avec. Il ne dépend que de vous que les choses évoluent dans un sens positif.
Elle les balaya du regard.
― Ai-je votre parole de vous comporter en chevaliers d’or dignes de ce nom ? Ai-je votre parole que vous ne vous opposerez pas à Saga ?
Milo fut le premier à promettre, d’une voix réticente. Camus l’imita, l’esprit visiblement déjà ailleurs. Aldébaran acquiesça. Quelque chose paraissait le tourmenter, et Rachel crut lire furtivement dans ses yeux quelque chose qui ressemblait à de la pitié, même si le respect y dominait. Mü et Aiolia, enfin, donnèrent leur accords, mâchoires serrées.
Ce ne serait sans doute pas idéal, mais c’était le mieux qu’elle pouvait faire, en les circonstances présentes. En regardant le rivage s’éloigner et les silhouettes des chevaliers d’Or restant au Sanctuaire se faire toujours plus petites, Rachel songea que les pièces se trouvaient à présent entre les mains de Saga. A lui de les utiliser au mieux. Après tout, contrairement à elle, il avait voulu le poste.

A chacun son fardeau.