Chapitre 02
Trois ans venaient de passer depuis l’arrivée des nouveaux prétendants aux armures d’or. Le Grand Pope s’occupait de recevoir les nouveaux chevaliers d’argent et de bronze qui venaient d’être entraînés par le chevalier de bronze d’Andromède, lui-même ayant rendu son armure à son successeur, tout comme l’Autel et le Dragon, dans la grande salle du trône. Une fillette de huit ans se promenait dans les couloirs, ouvrant de temps à autre, espérant trouver une personne précise.
Ouvrant lentement la porte des archives du sanctuaire, se trouvant au sous sol, deux étages en dessous de la grande salle, elle réprima un sourire en voyant la personne recherchée plongée dans un gros volume de cuir. Rentrant sur la pointe des pieds, et retenant son souffle, elle se dirigea dans le dos de la personne pour murmurer lentement à son oreille.
─ Leslie…
Ne s’y attendant pas du tout, le concerné sursauta sur sa chaise, le cœur battant la chamade. Se retournant en vitesse, il trouva le visage d’une jeune fille aux cheveux verts et au regard saphir qui lui souriait comiquement. Soulagé de ne pas voir le Grand Pope a la place, il laissa échapper un soupir de soulagement.
─ Sao… tu m’as fais une de ses trouilles ! dit Leslie, la voix un peu forte.
─ Si tu n’étais pas ici, cela ne serait jamais arrivé… répliqua t-elle.
─ tant que tu tiens ta langue, il n’y aura pas de problèmes !
─ Peut être…
Sur cette phrase énigmatique, elle se détourna de lui et se plongea dans le sofa rouge qui était installé près du mur lambrissé. Le sondant de son regard, il détourna la tête, ayant horreur de se regard la.
─ Sao… je t’ai déjà dis de ne pas me regarder ainsi !
─ Pourquoi dis-tu ça ? C’est ma façon de regarder les gens mais tu ne réagirais pas ainsi si…
Ravalant la réplique qu’elle allait lancer, elle se sentit sale d’avoir eu, ne serait qu’un instant, la pensée de vouloir remettre cet incident sur le tapis.
─ Désolé… finit-elle par dire quelques secondes après.
─ Ce n’est rien Sao… et tu n’y es pour rien… commença t-il, mélancolique, faut juste le temps que je me fasse a l’idée que j’ai cet handicap… murmura t’il, plus pour lui-même que pour elle.
Détournant le regard de son ami, recouvert par une cicatrice partant du front droit a l’extrémité de la lèvre inférieur droite, passant par l’œil, elle se leva et plongea son nez dans le gros volume qui se trouvait sur la table.
─ Tu es en train de lire quoi ?
─ Curieuse jusqu’au bout des ongles, n’est ce pas ?
Lui souriant d’une façon maligne, il lui rendit son sourire et referma le livre, dévoilant le titre de du bouquin, gravé en lettres d’or.
─ Les Archétypes des Constellations et ses composants… pff, ça doit être soûlant a mourir… finit-elle de dire, sa curiosité douchée.
─ Pas si crevant que ça, à vrai dire… rétorqua t-il, le sourire aux lèvres.
Essayant de lancer un regard noir vers son compagnon, elle ne put résister et lui rendit son sourire pour finir par lui tirer la langue, en lui donnant, dans sa fuite, un coup de poing sur la tête. Quand il sentit se poing sur son crâne, il se redressa sur sa chaise, mâchouillant des insultes en français.
─ Attends un peu que je t’attrape ! gronda-t-il de colère.
─ Attrape moi si tu peux… répliqua-t-elle, avant de prendre la fuite.
Lui courant après dans tout le temple, ils finirent par arriver dans la grande salle qui était toujours occupée. Se paralysant sur place, une goutte de sueur froide coula le long de leurs colonnes vertébrales et ils ne purent que déglutir, la peur les tiraillant.
Le Grand Pope les regarda et fronça un sourcil sous son masque. Voyant qu’ils étaient tétanisé, il leur parla directement par l’esprit.
─ Je peux savoir ce que vous êtes en train de faire là ?
─ Nous sommes désolés maître… commença Sao.
─ Mais nous avons complètement oublié votre réunion… finit Leslie.
Les voyant paralysés sur place, Ashton les envoya rejoindre les autres chevaliers qui allaient être promus au rang de chevalier d’or. Descendant lentement les marches des douze maisons du zodiaque, ils rencontrèrent Sirra, occupé à s’entraîner avec son maître dans le temple du Sagittaire.
Ses cheveux mi-longs s’écartaient doucement de son visage, laissant apparaître ses prunelles bleues turquoise à travers ce rideau châtain. Son ancien chouchou, le ruban blanc à reflet turquoise qu’elle tenait dans ses mains à son arrivée, était attaché autour de son front, dégageant correctement ses cheveux de son visage quand elle ne combattait pas.
A quelques jours de son épreuve finale, elle s’acharnait à apprendre correctement les techniques du Sagittaire qu’elle avait créées à la perfection, étant la première à revêtir cette armure d’or. Voyant passer coups de poings et coups de pieds à tout allure, ils ne furent pas étonnés que le maître ait quelques soucis quand la voix de Sirra éclata.
─ PAR LES FLECHES SAINTES !
Voyant surgir des myriades de flèches se dirigeant dans tout les sens, son maître se déplaça du plus vite qu’il put et évita tous les projectiles. A bout de souffle, il s’écrasa sur le sol froid, transpirant de sueur.
─ Et bien, Sirra, je suis fier de toi ! Tu as un très bon niveau, encore plus que je ne l’imaginait.
─ Merci maître, répondit-elle avec respect.
L’aidant à se relever, elle lui lança un sourire qui lui fut rendu avec enthousiasme par son maître.
─ Mais malgré cela, tu dois encore te perfectionner mais cela se fera avec le temps… finit de dire le maître tout en quittant le temple du Sagittaire.
Lui souriant toujours, Sirra attendit que son maître ai quitté le temple pour pouvoir se tourner vers ses invités.
─ Bonjour Sao… Leslie…
─ Bonjour Sirra, répondit Sao, la voix toute gaie.
─ Bonjour… murmura Leslie.
Depuis le fameux jour ou Leslie avait eu son handicap, lui et Sirra ne s’étaient plus parlés, ayant comme une sorte de rancœur l’un envers l’autre. Pourtant, avant ce fameux drame, ces deux compères s’entendaient a merveille, profitant du moindre moment pour aller s’amuser.
Les invitant à rentrer chez elle, Leslie prit le chemin contraire et continua à descendre alors que Sao suivait Sirra dans le salon. Complétée par un simple sofa et une petite table basse, une bibliothèque dans le fond de la pièce servait de simple meuble. A droite de la bibliothèque, une porte menait à la chambre munie d’un simple lit et d’une petite armoire, de quoi juste pouvoir mettre les habits d’entraînements. Celle de gauche menait à la salle de bain, communiquant aussi avec la chambre. Et juste à côté de celle-ci, une petite arcade dévoilait une cuisine, toute modeste.
Désignant le sofa à son invitée, Sirra se dirigea vers la cuisine et revint deux minutes plus tard avec un plateau, une théière et deux tasses. Servant un thé à la camomille à Sao, elles discutèrent des derniers potins qui voyageaient dans le sanctuaire.
─ Au fait, commença Sao, quand est-ce que vous arrêterez de vous éviter ?
Sirra, devinant de qui elle parlait, ne répondit rien. Posant ses yeux sur la table basse, comme si elle la trouvait amusante à voir, elle fit mine d’ignorer la question.
─ Sirra, je te parle !
─ Mm… tu disais ?
─ Je demandais : quand est-ce que toi et Leslie vous arrêterez de vous éviter comme vous le faites pour le moment ! Cela vas faire un an que cette histoire s’est passée, il serait temps de faire la paix, tu ne trouves pas ? déclara Sao, la tristesse suintant de son regard.
─ Je ne sais pas du tout, répondit Sirra, les larmes lui montant aux joues. Il me manque tellement, tu ne peux pas savoir ! Finit-elle par dire, sanglotante.
Les larmes lui coulant le long de ses joues bronzées, elle ne put s’empêcher de laisser couler un râle de désespoir qui alourdit l’atmosphère. Prenant son amie dans les bras, elle la consola tendrement, en lui caressant les cheveux, espérant que cela la calmerait. La repoussant lentement de ses bras, Sao la regarda droit dans les yeux avant de prendre la parole d’une voix forte et douce.
─ Ne te fais pas de soucis, je vais te donner un coup de main. Mais tu devras faire le premier pas et ne pas désespérer, compris ?
Sirra acquiesça en hochant la tête et elle reprirent leurs discutions quotidienne.
Pendant ce temps, Leslie venait de rejoindre la maison des Gémeaux, après avoir réussi à sortir de la maison du Lion, son protecteur étant un peu trop sauvage a son goût. Pénétrant lentement dans de troisième temple, il eu soudain un moment de faiblesse, un petit malaise qui se produisait a chaque fois qu’il entrait dans ce temple.
─ Les gars… arrêtez ça un petit peu, c’est pas marrant… supplia Leslie.
─ Tu n’es pas marrant Leslie.
Sortant d’un coin sombre, une tête en bataille bleu pâle se tenait les côtes, des larmes de rire perlant le long de ses yeux.
─ Et tu trouve sa marrant, Alnitak ?
─ Bien sûr, pas toi ?
─ Tu n’as pas bientôt fini de faire des blagues de mauvais goût, Alnitak ?
Reprenant une conduite et une position bien droite, Alnitak pris une position boudeuse avant de s’adresser à son frère.
─ Ancha, tu n’as aucun sens de l’humour, rétorqua son frère.
─ Si tu le penses, mon frère. Quoi qu’il en soit, cette illusion ne doit se faire que pour ceux qui montent les escaliers, pas pour ceux qui les descendent.
Grommelant entre ses dents, Alnitak tourna le dos et disparut dans l’ombre, les injures filant la seconde après. Ne supportant pas ce genre de grossièreté, Ancha s’adressa à son frère de toute la force de ses poumons.
─ Alnitak, que je ne te trouve pas dans mon chemin d’ici là sinon, tu vas le sentir passer !
Se retournant vers son invité, Ancha lâcha un soupir de résignation. Posant sa main sur l’épaule du futur Gémeaux, Leslie le gratifia d’un sourire rempli d’espoir qui remplit le cœur de son compagnon de joie. L’emmenant dans la pièce réservée aux chevaliers, les deux futurs chevaliers discutèrent en chœur des dernières séances d’entraînement.
La nuit venait de tomber sur le Sanctuaire quand Leslie arriva enfin dans le dernier temple. Sur le trône se trouvait le Grand Pope, revêtu de sa grande toge d’un blanc immaculé, brodée de fil d’or. Assis à ses côtés, en tailleur, Sao était en pleine méditation. Son maître ne disant rien, il prit place à côté de sa compagne d’entraînement et se mit lui aussi en méditation.
Les heures passèrent après quelques heures, les portes de bronze s’ouvrirent, laissant rentré deux jeunes garçons. Accompagné par le nouveau chevalier de bronze de Pégase, ils avaient l’air intimidés de se trouver au sanctuaire d’Athéna. S’inclinant devant le Pope, il fit signe au deux jeunes enfants de faire de même. Étant paralysés, ils ne purent faire un geste.
─ Bonjour les enfants…
─ Bon… bonjour… lança l’un d’eux d’une voix tremblante.
─ Pégase, que font ces deux enfants ici ?
─ Majesté, comme vous me l’avez demandé, je suis parti à la recherche de nouveaux enfants dignes de pouvoir porter, plus tard, les armures d’or. Et comme promis, je les ai emmenés au près de vous directement après être arrivé au Sanctuaire.
Soupirant sous son masque, et presque sur le point d’exploser de colère, Ashton jura grossièrement au fond de lui avant de prendre la parole, sur un ton paisible.
─ Ce n’était pas la peine de les emmener directement me voir, surtout à cette heure-ci. Te rends tu compte que ce ne sont que des enfants ? demanda le Pope. A cet âge-là, ils doivent être couchés ! dit-il en haussant le ton.
Tremblant sous son armure, le chevalier de bronze ne put s’en prendre qu’à lui-même. Gardant la tête inclinée, il attendit que le Pope reprenne la parole, espérant ne pas refaire de bévue.
─ Bon, puisque nous en sommes la, autant nous occuper d’eux… approchez, les enfants…
Les deux enfants avancèrent lentement vers le Pope quand la voix de ce dernier éclata sans prévenir.
─ Pégase, sors d’ici immédiatement et ne reviens que quand je t’appellerai.
─ Si telle est votre volonté…
Une fois le chevalier sorti, le Pope enleva son masque et gratifia les enfants d’un large sourire qui les rassura. Se plantant entièrement devant le Grand Pope, ils remarquèrent enfin Sao et Leslie. Parlant dans une langue que le Pope connaissait très bien, étant celle de sa patrie, il leur répondit avec un grand sourire.
Le premier enfant, sentant la fraîcheur des vignes, typique des italiens, avait un regard améthyste, les reflets violets flottant dans ses yeux. Une cascade de cheveux bruns lui tombait entre les omoplates. Ne lâchant pas d’un pouce une longue chaîne dorée, où pendait un simple pendentif orné d’un saphir, son regard tremblait encore de peur.
Son compagnon, au regard doux et sensible, regardait de tous les côtés, se demandant où se mettre. Ses yeux, d’un bleu océan tacheté de paillettes argentées, ressortaient bien de ses cheveux verts turquoise argentés, rendant l’enfant encore plus irrésistible.
L’aîné étant âgé de sept ans et le second de six ans, le grand Pope les sonda pour savoir quel était leur signe protecteur. Découvrant le signe du Capricorne danser derrière le plus âgé et celui du Verseau derrière le plus petit, il soupira d’aise en les gratifiant, une fois de plus, d’un grand sourire, suivi… par un petit clin d’œil, ce qui amusa les deux enfants.
─ Quel sont vos noms mes enfants ? demanda-t-il.
─ Mon nom est Tosca et mon frère s’appelle Milan, répondit l’aîné.
Se levant de son trône, il se dirigea vers la tenture la plus proche et tira sur la cordelière, appelant l’un des gardes qui arriva à toute vitesse.
─ Garde ! Amène-moi les chevaliers de Persée et du Cygne !
─ Bien, Votre Excellence !
Le garde s’inclina et revint une demi-heure plus tard avec les deux chevaliers en question, tous les trois à bout de souffle.
─ Bienvenue, chevaliers. Si je vous ai convoqués ce soir, et si tard, c’est parce que votre cher ami Pégase a eu la désobligeance de m’amener ces deux enfants en pleine nuit, ne leur laissant pas le temps de se reposer. Alors, pour qu’ils aillent se coucher au plus vite dans leurs temples respectifs en vos compagnies, je vais faire bref. Persée, tu t’occuperas de Tosca, futur chevalier d’or du Capricorne et toi, Cygne, de Milan, futur chevalier d’or du Verseau.
─ Bien, Votre Majesté !
Ils sortirent en emmenant les deux enfants avec eux. Le Grand pope, qui avait remis son masque avant l’arrivée du garde, l’ayant oublié à ce moment-là, soupira d’épuisement et réveilla ses deux disciples pour les envoyer se coucher, leur faisant remarquer que leurs épreuves était pour après demain et qu’ils devaient se reposer pour ce grand jour.
Se retrouvant seul dans la grande salle, il décida d’aller dans ses appartements. S’asseyant sur son lit, il soupira d’aise en enlevant son masque et s’écroula dans un sommeil sans rêve mais réparateur…