Chapitre 08

 

─ Voici ma décision !

Toutes les personnes présentes dans le temple arrêtèrent de respirer. Sao, qui se trouvait juste à côté de Milan lui prit la main et la serra tellement fort que ses ongles rentrèrent dans sa main, laissant quelques gouttes de sang couler le long de ses doigts. Ila, elle, se blottit un peu plus fort contre Alboïn, prenant une partie de sa tunique en main pour aller presque jusqu’à la déchirer alors que lui passait son bras autour de sa taille, la réconfortant. Les deux frère jumeaux, eux, se regardèrent longuement avant de ravaler la salive qui emplissait leur bouche. Zavijah, lui, gardait les yeux fermés mais sentait sous son armure les perles de sueur qui coulait le long de sa colonne vertébrale.

Chez les dieux, la tension était moins forte. Apollon souriait à cette vue car il savait déjà ce qui allait se passer, s’étant concentré sur son pouvoir de divination pour cette situation. Artémis, elle, s’en fichait complètement, regardant à ce que son arc soit bien tendu pour la chasse qu’elle allait bientôt faire avec le chevalier du Scorpion. Les autres dieux restèrent tendus et tous sursautèrent quand Athéna reprit d’une voix forte, enlevant le sourire béat d’Apollon et perturbant par la même occasion Artémis qui se coupa le doigt avec sa flèche, jurant en même temps.

─ Sirra du Sagittaire… commença la déesse aux yeux perss d’une voix autoritaire, tu garderas cet enfant ! Tu gardera aussi ton statut de chevalier d’or jusqu’au jour où un remplaçant viendra. Tu resteras aussi dans ce temple afin de ne pas mettre en périls les chances de vie de ce bébé ! Telle est ma décision envers toi !

─ Bien, Votre Majesté !

─ Quant à toi, Leslie de la Balance ! Lança-t-elle en tournant son visage vers lui avec un regard noir. Tu continueras à vivre dans le temple de la Balance mais tu n’auras plus aucun droit de porter cette armure car tu en es maintenant indigne !

Sur ces paroles, l’armure d’or partit du corps du pauvre chevalier et reprit sa forme de totem devant toutes les personnes présentes. Le regard encore dans le vague sur cette déclaration, Leslie mit du temps à se remettre et à suivre la suite de la décision.

─ En plus de cette punition… tu devras prendre soin de Sirra et de son enfant et l’accepter comme tout père se doit de le faire. Comme je te l’ai dit, tu n’es plus apte a porter l’armure d’or mais je t’autoriserai à la porter que si je le trouve nécessaire. En attendant, tu devras trouver un disciple juste et bon qui sera apte à la porter. Si jamais tu n’en as pas trouvé et qu’il faille que les douze chevaliers doivent être là, alors, tu pourras la porter mais pas avant ni même après. Tu es, a partir de ce jour, à jamais déshonoré de la confrérie jusqu'à prochain ordre ! Déclara Athéna, la décision étant tombée comme une épée.

Jusqu'à ce que Athéna ait fini, tout le monde s’était attendu à pire et, maintenant, ils pouvaient tous reprendre leurs respirations. Regardant tous Leslie alors que les deux jeunes femmes chevaliers venaient donner un coup de main à Sirra pour se relever, encore faible avec le coup qu’elle avait reçu, ils eurent un peu pitié pour lui quand une voix forte et menaçante se fit entendre, les énormes portes du temple s’ouvrant avec fracas.

─ Leslie ! Hurla une voix masculine, enragée et pleine de haine.

─ Oh non… commença Leslie avant de soupirer. Pas lui…

Dans l’encadrement de la porte se découpait un jeune homme aux cheveux noirs, portant l’armure d’or du Cancer. Son regard lançait des éclairs d’une froideur et d’une haine comme il n’y en avait jamais eu avant. Fonçant sur l’ex-chevalier de la Balance, son poing heurta un bouclier qui l’envoya à son point de départ mais laissa dans le temple une sonorité assourdissante.

Courant vers le chevalier du Cancer, Ila le releva lentement et le retint près d’elle, lui demandant lentement de se calmer. N’écoutant aucun de ses conseils, il l’envoya valser dans les bras d’Alboïn pour se diriger vers le bouclier invisible d’une démarche calme mais rapide.

─ Comment as-tu pu ? Hurla-t-il envers la Balance. Comment as-tu pu frapper ma sœur alors qu’elle était enceinte ? Tu es un monstre et je jure devant tous les dieux que je te tuerai de mes propres mains !

─ Il suffit, chevalier ! Cria Athéna, outrée de se comportement. Eaque du Cancer, si tu ne veux pas subir la même sanction que lui, je te demanderai de bien vouloir te calmer !

─ Et je ne me calmerai pas, déesse ! Je suis désolé de vous décevoir… mais je quitte votre Sanctuaire !

─ Que… quoi ? Lâcha la déesse et certains chevaliers, en état de choc.

─ Vous m’avez bien entendu ! Je quitte votre Sanctuaire et je ne servirai que moi-même jusqu’au jour ou je tuerai ce balafré de mes mains ! Et pour vous montrer que c’est fini avec vous, en voici la preuve ! Galactic Illusion ! Lança-t-il d’une voix forte.

L’attaque d’Eaque se dirigea a grande vitesse vers la déesse des lieux mais plusieurs dieux se dirigèrent vers le point d’impact, se plaçant devant elle. Dans les dieux, il y avait Zeus, Hadès, Niké et Diké. L’attaque fut arrêtée par le bouclier de la justice.

Tout le monde ne savait plus quoi dire, ni que penser. Tout venait de basculer en une seconde. Chevaliers et dieux se regardèrent l’un après l’autre, cherchant une solution à ce problème. De tous les dieux qui avaient avancé vers le groupe, seule Perséphone était restée à la table, sa mère disparaissant derrière une colonne.

Aphrodite, de son côté, riait à pleins poumons de la scène qui se passait alors que Arès lui caressait lentement les jambes avant de se recevoir un bon coup de poing de sa mère sur la tête.

La désorientation de tous ces problèmes survenant en même temps donnèrent la migraine au Grand Pope qui hurla à pleins poumons, pétrifiant toutes les personnes présentes. Se dirigeant lentement vers les chevaliers, il laissa tomber son masque avec rage et s’adressa au chevalier d’or du Cancer d’une voix emplie de pitié.

─ Chevalier, je vais t’avouer une chose ! Moi, le Grand Pope, suis ton père et je ne comptais jamais te le dire mais, vu ce qu’il vient de se passer ici, je ne peux accepter ce comportement !

Le regard d’Eaque s’écarquilla et des larmes se mirent à couler le long de ses joues en sachant ce qui allait se préparer et dégoûté d’apprendre une nouvelle aussi importante à un moment pareil.

─ Alors, j’ai décidé que tu serais banni du Sanctuaire et que, si jamais tu rencontrais un seul chevalier à l’extérieur, ils auraient l’ordre de te tuer car attaquer la déesse Athéna comme tu viens de le faire est un sacrilège. Je te laisse deux heures pour quitter ce Sanctuaire ! Finit par dire le Grand Pope d’une voix autoritaire ou la tristesse se faisait entendre.

─ Puisque c’est si bien demandé, je m’en vais ! Répondit-il sur un ton haineux.

Détournant le dos à toutes les personnes se trouvant dans la pièce, il disparut dans l’embrasure de la porte et tout le monde se mit à souffler, l’armure d’or du Cancer venant se placer au coté de celle de la Balance.

Sachant le danger passé, les dieux partirent à leur place afin de commencer ce qui devait être, à ce moment-là, la donation des dieux à certains chevaliers. Plusieurs dieux se levèrent et partirent vers les chevaliers destinés à recevoir un cadeau immortel.

Dans le groupe de dieux, Artémis fut la première à s’arrêter devant Sirra et demanda à recevoir l’arc du Sagittaire. Lui donnant comme elle le lui avait demandé, elle put assister à la scène de la transformation de l’arc. Il fut fondu avec celui de la déesse de la chasse, devenant d’une beauté encore plus forte. Quand elle lui remit, elle s’inclina encore un peu plus vers elle et murmura des mots bienveillants.

─ Ton enfant aura un destin grandiose car il viendra au monde sous le signe du courage et de l’espoir. Entraîne-le de façon à ce qu’il devienne une personne remarquable !

─ Bien, déesse… murmura Sirra troublée par cette confession.

Apollon, de son coté, s’était dirigé vers l’armure de la balance et y faisait couler son cosmos afin que l’armure s’imprègne d’une certaine pureté afin qu’elle choisisse elle-même son propre porteur, qu’il soit d’or, d’argent ou de bronze. Il expliqua à toute l’assemblée que seul celui qui mériterait l’armure pourrait la porter.

Hadès, lui, fit couler son cosmos aussi sur une armure d’or mais sur celle du Cancer afin qu’elle ait le pouvoir de faire appel au pouvoir des morts et d’enlever les âmes.

Zeus, lui, se dirigea vers le Lion et lança sa foudre sur l’armure qui se chargea d’électricité avant de revenir à la normale. Amas, pas content du tout de s’être fait attaquer de la sorte, sauta sur le dieu qui le prit dans ses bras tout en s’excusant de la mort de ses parents.

Ne comprenant rien du tout aux paroles du dieu, il se calma quand même et retourna à toute vitesse vers Sirra qui avait encore du mal à se tenir debout.

Arès, lui, voulut se diriger vers le Capricorne mais le regard noir que Tosca lui lança ne demanda pas plus d’explications.

Se remettant doucement à la table, tout le monde allait lever son verre quand Perséphone se pencha délicatement vers son mari qui lui souriait avec douceur.

─ Mon amour…

─ Oui, ma douce ? Demanda-t-il tout sourire.

─ Je vais m’absenter un moment… problème de déesse… finit-elle par lui répondre après un long baiser.

─ Pas de soucis.

La regardant s’éloigner, il n’eut le temps que de rigoler à une blague de son frère quand le cri de sa bien aimée retentit dans tout le temple. Se relevant à toute vitesse, dieux et chevaliers dans un même mouvement, ils purent voir Perséphone dans les bras de sa mère, un poignard en or dans la main et appuyé sur son ventre.

Le regard de Perséphone était en larmes à la vue de l’arme sur son ventre et elle n’osait pas bouger d’un pouce. Le regard d’Hadès était pétrifié par ce qu’il voyait, ne s’attendant pas à un geste aussi cruel de sa sœur.

Déméter, elle, regardait avec haine son frère et parla d’une voix forte et grave, où la colère s’entendait ainsi que toute la rancœur qu’elle ressentait envers lui.

─ Hadès… tu as osé enlever ma propre fille et faire en sorte qu’elle reste auprès de toi pour l’éternité… commença à dire Déméter, la voix saccadée, et maintenant, tu lui as mis un enfant dans le ventre, la souillant entièrement !

─ Peut être que tu penses ça, ma sœur, mais il en est tout autre ! Répliqua Hadès, encore outré par le comportement de sa sœur alors qu’elle voyait sa fille durant six mois.

─ Mais je m’en fiche que se soit tout autre ! Beugla-t-elle, furieuse. Elle est ma fille et il est maintenant interdit qu’elle retourne avec toi et, pour ça, je vais me servir du cadeau que j’ai amené a Athéna !

Tout le monde tournèrent la tête vers le présumé cadeau qu’ils avaient eu tout l’occasion de voir à l’arrivée de la déesse. Athéna l’ayant mis de façon à ce que tout le monde puisse voir à quoi ça ressemblait. Sur un autel en marbre on pouvait voir un vase finement sculpté dans la même matière. Le couvercle, en or blanc, était parsemé de rubis et les poignées du vase étaient en or jaune, représentant du lierre finement sculpté.

S’en approchant lentement, Déméter le prit délicatement entre les doigt et le posa a terre, couvercle levé. En dessous du couvercle et sur le bord du vase, on pouvait y voir des runes, toutes dans une langue inconnue.

Toutes les personnes présentes dans le temple se trouvaient face à la déesse des moissons mais un seul chevalier, accompagné d’une déesse, se trouvaient dans le dos de la déesse jalouse. Prenant son courage à deux mains et enveloppé par la puissance de la déesse de la victoire, Milan se jeta sur la déesse de la moisson, espérant par la même occasion arrêter cette folie mais mal lui en prit.

Sentant le mouvement dans son dos, la déesse de la moisson s’était retournée et le froid lancé par le Verseau percuta le ventre de la déesse du printemps, poussant par la même occasion la lame qui pénétra dans le ventre de Perséphone. Elle hurla de douleur et de tristesse, la lame ayant touché l’endroit où se trouvait son enfant.

Le sang coulant à flots, Hadès hurla en même temps que sa femme alors que Déméter ouvrait de grands yeux. Voyant le dieu des Enfers foncer sur elle, elle commença à formuler une litanie, transformant le corps de sa fille en brume qui alla se loger dans le vase, se fermant hermétiquement de lui-même.

L’attrapant à toute vitesse, elle regarda son frère hurler après elle tout en versant des larmes avant de disparaître dans une brume indolore qu’il traversa sans pouvoir l’arrêter.

Hadès hurla à la mort, tout en posant ses mains dans le sang qui gisait encore sur le marbre blanc du temple, ses larmes venant s’y mélanger.

Après un long moment de silence, le dieu des ténèbres se releva lentement et garda le dos tourné aux autres mais tout le mondes pouvait voir les soubresauts qui parsemaient son corps. Quand il se retourna, le regard qu’il lançait était vide et dénué d’expression. S’avançant lentement vers sa nièce, c’est d’une voix froide et vide qu’il s’adressa a elle, en la regardant dans les yeux.

─ Athéna… a cause d’un de tes chevaliers, je viens de perdre celle que j’aimais le plus au monde. Ce bien m’étant arraché, je compte tout faire pour le récupérer. Je demande pour ça un tribunal céleste afin d’en discuter. Tes chevaliers devront rester ici et tous les dieux monteront au sanctuaire de Zeus ! Déclara Hadès, envahi par la peine avant de se tourner vers son frère. Acceptes-tu cette demande, mon frère ?

Zeus, le regardant de ses yeux bleus comme le ciel, y vit toute la douleur que son frère aîné ressentait à ce moment précis. Accédant à sa requête, il disparut avec tous les dieux, sauf Athéna, pour le sanctuaire céleste alors que la déesse de la sagesse, elle, restait a son Sanctuaire en compagnie de Niké et Diké.

Donnant ses ordres au Grand Pope et aux deux déesses afin qu’elles protègent son sanctuaire pendant son absence, elle partit en direction de l’Olympe afin d’être présente lors de la réunion.

Au moment où elle partait, les chevaliers étaient retournés dans leurs temples respectifs alors que, maintenant, deux demeures se retrouvaient sans chevalier.

La nuit venait de tomber sur les douze maisons quand un cosmos se fit ressentir a l’entrée du dernier temple, demandant l’autorisation de rentrer. Sirra, encore bouleversée par ce qui venait de se passer, mit un peu de temps à percevoir qui lui demandait l’autorisation d’entrer. Allant à sa rencontre, elle vit Leslie, en larmes, en plein milieu de son temple.

─ Leslie… que fais-tu ici ? Demanda-t-elle gentiment mais sur la défensive.

─ Je venais te demander pardon… commença-t-il avant de reprendre son souffle. J’aimerais te demander pardon et que…

─ Et que quoi, Leslie ? Beugla Sirra, sa colère croissant.

─ Et que… répondit-il avant de prendre son courage a deux mains. Et que tu veuilles bien m’épouser, et ce, pour le bien de l’enfant ! Finit-il par répondre, les yeux en larmes mais ne quittant ceux de Sirra.

Le regardant entièrement, elle s’adossa contre un pilier et se mit à réfléchir. Dix minutes plus tard, elle se dirigea vers l’ancien chevalier et lui répondit d’une voix claire et douce.

─ J’en serai honoré mais je ne peux accepter pour le moment. J’aimerais que tu me prouves cette demande et que tu le fais pas que pour le bébé mais pour lui et moi car c’est nous aimer tous les deux et pas seulement un seul de nous deux !

─ Je ferais n’importe quoi pour toi Sirra car je t’aime ! Hurla-t-il, se mettant a genoux devant elle en lui prenant les mains.

─ Alors, soit, tu es mis a l’épreuve jusqu’au retour d’Athéna ! répondit-elle juste a sa phrase. Quand elle sera là, tu iras lui faire la demande que tu viens de me faire et elle seule décidera de ce point de vue !

Tout en se penchant vers lui, ses lèvres touchèrent lentement l’oreille de l’ancien chevalier qui tressaillit.

─ Et si elle accepte, murmura Sirra, je m’arrangerai pour que te soit rendu ce qui est le plus important dans notre destinée !

Ne comprenant pas trop de quoi elle parlait, il se releva, lui fit signe de la tête et repartit vers son temple, non sans éviter le regard noir que lui lançait le chevalier d’or du Scorpion qui venait d’arrivé.

Dans le temple du Verseau, Milan prenait un bain calmement mais ne pouvait s’empêcher de laisser paraître une grimace sur son visage à chaque fois que sa main passait sur son ventre. L’eau cristalline se mettait a rougir à cause de la plaie ouverte qu’il avait réussi à garder fermée jusqu'à maintenant et ne put s’empêcher de marmonner entre ses dents.

─ Fichue déesse… tu m’as pas raté !