Chapitre 1
Année 1986
… Au fond des Enfers …
Un tremblement de terre, des colonnes ciselées d’or qui s’effondrent, le sol qui forme des ravins, un temple en train de se détruire entièrement…
Sept personnes rassemblées au centre de cette dégradation de ténèbre, six d’entre elles, enrobées de lumière et le dernier auréolé de ténèbres. Dans ce groupe, six hommes et une femme, l’un des hommes, celui à l’armure d’or, est à terre. Les quatre autres hommes et la femme faisaient face à celui à l’armure noire, aux cheveux couleur de jais et aux yeux d’un bleu sombre qui faisait penser au lit d’un lac profond, était traversé par un sceptre d’or au niveau de l’abdomen.
- C’est fini…
Le murmure d’Ikki était à peine audible dans le vacarme ambiant. Mais tous ses compagnons l’ont entendu et peu à peu, l’idée prend son ampleur véritable dans leur esprit. Shiryu fixait toujours le corps transpercé d’Hadès, sans parvenir à y croire.
- Enfin… Nous… Nous avons réussi ! souffle-t-il. Nous avons terrassé Hadès !
- Nous avons gagné, renchérit Shun, un pâle sourire aux lèvres.
Hyoga est soudain submergé par une vague de soulagement et il se tourne vers Seiya, allongé au sol.
- Seiya, regarde ! Nous avons réussi ! Nous y sommes arrivés ! Seiya…
Les quatre hommes pleurent tout en ayant un regard de pitié pour la personne en armure noir, le fixèrent tout comme la femme en armure d’or aux yeux pers et aux cheveux violets. Une larme coule sur la joue d’Athéna pendant que l’homme en armure noire reste pétrifier par ce qu’il vient de lui arriver. Hadès prend alors la parole pour la dernière fois en ce temps.
- Même si je disparais, tout ce que j’ai construit disparaîtra avec moi… L’Enfer, Elision et même le Paradis… Toi aussi Athéna, tu seras emportée dans l’effondrement de ce monde… Tu n’as pas gagné, parce que tu vas disparaître… toi et tes chevaliers…
Son corps commence à se dissoudre pendant qu’il parle. Ne reste bientôt que le sceptre d’or qui touche soudain le sol alors que l’effondrement continue sans relâche. Mais sa voix continuait de résonner dans le ciel d’Elision.
- Tu vois, Athéna… Les humains ne peuvent connaître une victoire totale sur la Mort… Tu t’en rendras compte un jour, déesse ! Tu comprendras que tout ce pour quoi tu t’es battue n’est rien. L’amour n’est qu’une chimère… une illusion dans laquelle tu aimes te complaire… l’amour n’existe pas. Ne l’as-tu pas encore compris ?
La voix du Seigneur des Enfers finit par s’estomper au milieu des tremblements furieux de la terre béante. Les quatre hommes se dirigent alors vers leur déesse.
- Athéna, fait Hyoga, la voix brisée.
Shun, lui, ne faisait aucun effort pour masquer le tremblement dans la sienne.
- Saori, je t’en prie… murmure-t-il.
A ce moment-là, Saori relève enfin la tête et présente ses larmes aux yeux de tous. Elle observe les Enfers qui s’effondrent tout autour d’elle d’un regard perdu. Puis, elle déglutit avant de se redresser.
- Nous ne pouvons pas rester là, dit-elle. Nous devons rentrer… vers notre monde… vers la lumière…
Les quatre hommes regardaient leur déesse et l’homme qui se trouve sur les genoux d’Athéna, lui accordant un dernier hommage. L’effondrement touche maintenant à sa fin. Au même moment, une lumière en forme d’étoile apparaît dans ce ciel bleu aux reflets noirs. Les Enfers étaient en deuil. Elision pleurait son maître tombé à la bataille.
Sur Terre, au Sanctuaire …
Neuf personnes attendaient devant les escaliers menant au temple du Bélier. Sept d’entre eux portaient une armure. Les deux derniers, non. Depuis des heures, ils avaient tous le regard rivé sur le soleil qui réapparaissait enfin peu à peu après l’éclipse qui l’avait masqué.
- Regardez !!! Le soleil !!! crie brusquement Jabu
- Il réapparaît !!! renchérit Nachi
A quelques pas des cinq hommes se trouvaient deux femmes en armure. L’une d’elle portait un masque en argent empli de fissure. Elles fixaient elles aussi le soleil.
- Seiya … !! fait Shina, en sanglot.
- Il reviendra … c’est sûr … poursuit Marine, un tremblement dans la voix.
La troisième femme était la seule à ne pas porter de masque, ni d’armure. Tout comme le Chevalier de l’Aigle, elle aussi avait une épaisse crinière rousse qui flamboie à la lumière et elle regardait, comme les autres, le soleil qui se montrait enfin. Elle avait les mains en position de prière. A ses côtés, un petit garçon aux cheveux roux ébouriffés et aux yeux bleus contenait ces larmes du mieux qu’il le pouvait, même si une ne put soudain s’empêcher de couler sur sa petite joue alors que Marine continuait sa phrase.
- Vers notre merveilleux monde … inondé de lumière et de vie … !!
Ils restent ainsi pendant une bonne dizaine de minutes sans dire un seul mot. Et brusquement, les cinq hommes éclatent de joie.
- Ils ont réussi !
- Oui Jabu, ils ont réussi à vaincre Hadès.
- Nachi, Ban, Geki et Ichi, allons nous changer et fêter ça… Marine et Shina, vous venez avec nous ?
Jabu attend d’avoir leur réponse mais Marine se dirige vers Seika et Kiki.
- Seika, viens-tu avec nous ? Kiki ?
Seika tourne le visage vers Marine mais elle ne peut s’empêcher de se retourner vers le soleil tout en souriant.
- Non car nous ne pouvons pas partir… dit Seika avec une forte chaleur dans la voix.
- Ha bon ??? Qu’est ce qui se passe ? s’étonne Kiki.
- Oui Seika … Qu’est ce qui se passe … ?
Le ton de Shina était inquiétant. Seika se retourne vers elle tout en gardant ses mains en position de prière et lui adresse un sourire pour la tranquilliser.
- Ne vous inquiétez pas. Nous ne serons pas que neuf a fêter cette victoire se soir.
- Comment … ? dit Jabu.
A ce moment-là, un bruit sourd se fait entendre et tous les chevaliers tournent la tête vers le soleil qui était sur le point de se coucher. Dans le crépuscule de la nuit à naître, six étoiles venaient de se montrer, toutes de couleurs différentes. Elles foncent droit sur eux et elles amortissent peu à peu leur chute pour se poser délicatement sur le sol. Six boules de lumière aux couleurs différentes, dont deux fort proches, se matérialisent alors en face d’eux. Celle qui était de couleur rose est la première à se dissiper. Lentement, elle dévoile un homme à l’armure de la même couleur et aux reflets dorés. Ses chaînes, de couleur dorée étaient fissurées. Dépourvu de casque, le vent ébouriffait ses cheveux verts, laissant entrevoir un regard angélique.
La deuxième, de couleur bleue glacée dévoile un homme à l’armure blanche comme neige. Deux grandes ailes battaient l’air derrière lui, faisant virevolter ses cheveux blonds. Une lueur froide brillait dans ses yeux sensibles.
La troisième révèle un homme à l’armure couleur de jade. Il arborait un bouclier majestueux et de longs cheveux noirs, s’entremêlant dans la brise du soir.
La quatrième, couleur de feu, dévoile un homme au regard dur et froid et aux cheveux bleus sombres. Il avait une armure sur laquelle se mêlaient le mauve, l’orange et l’argent en de subtils reflets dorés.
La cinquième boule à se diluer est celle, entièrement dorée, dévoilant une femme au regard tendre et aux cheveux mauve.
La dernière boule, d’une profonde couleur bleue dévoile un homme aux cheveux marron et au regard plein de malice. Il portait une armure d’un blanc argenté mélangeant les reflets dorés à des reflets bleus océanique et aux fresques dorées. Un fin filet de sang coulait de son front mais il n’avait pas l’air de s’en soucier. Une énorme entaille se trouvait à l’emplacement de son cœur devant lequel sa main était placée. Tous avaient du mal à se tenir sur leurs jambes et donnaient l’impression d’avoir souffert. Le silence fut très long mais soudain une voix le trancha net.
- Sei … Seiya … SEIYA !!!
Seika se met soudain à courir vers lui tandis qu’il la regardait d’un air stupéfait. Toute sa vie, il avait cherché sa sœur et, maintenant, elle était là, au Sanctuaire, en train de courir vers lui. Il marche lentement jusqu’à sa sœur et la prend dans ses bras, ivre de joie.
Pendant ce temps, dans une grotte sombre aux abords de l’enfer…
Une femme en toge antique, couleur de sang, se matérialise tout à coup au milieu de la grotte. Ses longs cheveux de jais contrastaient furieusement avec sa peau blanche et ses yeux d’améthyste, lui conférant une beauté ténébreuse. Une lumière bleutée, pailletée d’or brillait au loin, contre les parois de pierre. L’inconnue s’avance vers la source de clarté et ce qu’elle voit alors lui fait couler une goutte de sueur froide le long de la colonne vertébrale. Trois femmes se trouvaient là, en train de se disputer un unique œil de verre. Elles étaient si laides, si terrifiantes que la jeune femme ne put les regarder en face plus de quelques secondes. C’était les Moires. Elles se chamaillaient à vouloir voir le passé, le présent et le futur. La femme aux yeux d’améthyste toussote enfin pour signaler sa présence et les vieilles femmes se taisent d’un coup.
- Eh bien, eh bien…
-… qu’avons…
-… nous là ?
Lachesis grimace brusquement d’excitation mal contenue :
- Que nous vaut l’honneur de votre venue ?
- Il y a fort à parier que ta présence ici n’est pas étrangère à la victoire d’Athéna, n’est-ce pas ? renchérit Atropos avec un sourire carnassier.
La jeune femme était mal à l’aise dans cette grotte. Depuis toujours, on lui répétait qu’il ne fallait jamais rester en présence des Moires trop longtemps, faute de quoi, les trois vieilles femmes ne résistaient pas à la tentation de vous révéler de trop longues parcelles de votre vie. Elle savait que cela était très dangereux. Elle déglutit enfin de façon discrète et se redresse de toute sa hauteur.
- Oui, je suis bien là à cause d’Athéna. Je veux savoir si je peux la vaincre ou non ?
Les trois Moires se regardent durant quelques secondes. Lachesis prend ensuite l’oeil de verre et le pose dans le trou situé sur son front. Ses deux yeux se font tout à cou d’un blanc laiteux et, de sa voix rauque, elle commence à parler. Alors, suit Clotho qui refait le même rituel pour ensuite terminer avec Atropos. Enfin, toutes trois se taisent pour se tourner d’un même mouvement vers la jeune femme qui n’avait pas bougé d’un iota depuis le début de leur étrange discours. Leurs paroles résonnaient encore dans son esprit chamboulé :
Au coeur de la bataille, le dieu des ténèbres tombera
De son sang versé
Par un guerrier sacrifié
La reine sombre, étoile du matin, renaîtra
Nul repos, nul répit
Elle ne recevra
Avant sa vengeance accomplie
Après cent décennies
Pour ses fiers guerriers tombés au combat
La déesse de la Victoire reviendra
Durant cinq cycles elle attendra
Colombe et Libra
Lyre et Andromèda
Que l'immortel Phénix guidera
De leur survie dépendra
L'issue du combat
Après de longues secondes nécessaires pour reprendre un parfait contrôle sur son corps tremblant, Perséphone se dirige vers la sortie à pas mesurés. Derrière elle, les voix des trois Moires grinçaient encore dans l’air mais elle n’y prêtait plus attention. Soudain, un rayon de lumière pourpre se pose sur elle et la seconde d’après, elle avait disparu, laissant un sillage de poussière à l’endroit ou elle se trouvait.