Chapitre IX : Au service d'Athéna

 

Sombre auspice

 

Un aigle majestueux se laissait glisser  au gré des courants d'air chaud dans le ciel azur. Il arborait un magnifique plumage brun, son regard suivait une groupe d'humains qui se rapprochait des Carniques. Ils les observaient depuis près de deux heures. Ces hommes avaient cessé de courir et c'est bien là ce qui l'avait intrigué. Il les avait vu bondir de roches en roches, disparaissant presque de son champ de vision. Aucun danger ne semblait expliquer cette course éperdue. D'habitude les hommes couraient pour deux raisons : la fuite ou la chasse. Ceux-là se hâtaient simplement vers l'immense chaîne de montagnes qui se dressait devant eux.
L'aigle possédait une telle prestance que Shiro n'arrivait pas à détacher ses yeux de lui. Il s'agissait là d'une espèce inconnue en sa terre natale. Il appréciait la majesté de cet animal, ne vivant que dans ces contrées sauvages, aux milles dangers mais à la richesse insondable. L'animal passa devant le soleil, semblant le pourfendre en deux dans un éclat d'une rare pureté. Shiro marqua un temps d'arrêt :
« J'aimerais être à sa place. Il semble libre, bien loin de ce monde tombé dans la folie. »
Frank, qui se tenait auprès de son compagnon murmura un simple « oui ». Il se retourna. Une légère brise s'était petit à petit levée, faisant danser harmonieusement ses cheveux tels des herbes folles. Frank regarda ses compagnons les dépasser, sans un mot, la plupart les yeux perdus dans leurs songes, ou leurs cauchemars. Ils avaient quitté la Dalmatie depuis un jour. Ils avaient quitté le temple depuis une si courte journée ...

***

Le jour précédant. Nekkar ne s'était pas trompé. La menace qu'il avait perçue était réelle. Les restes du carnage indiquaient que le combat avait été épouvantable. Les guerriers étaient affreusement mutilés, éparpillés en morceaux à peine reconnaissables. Asturias avait tout de suite reconnu l'œuvre des serviteurs de l'Indicible. Ces actes de barbarie ressemblaient à s'y méprendre à ceux qu'il avait pu, avec ses compagnons, voir lors de leur dernier voyage en Dalmatie, à la recherche de Maiegeiam. Cette fois-ci il ne pleurait pas. Son regard était simplement dur, froid comme l'acier du glaive qu'il regardait, fiché dans le corps d'un malheureux guerrier.
« Quoi ? Les traces remontent vers le nord ? lança-t-il avec colère, les poings crispés.
- Oui. Pourquoi t'emportes-tu ? Qu'est-ce qu'il y a au nord ? interrogea Nekkar, surpris par l'accès de colère de son compagnon.
- Le Grand Temple de Zaria (1). Je connais très bien cet endroit, nos druides nous en parlaient souvent, rétorqua Frank.
Artholos s'avança à son tour, le regard sombre.
- Si ces monstres rejoignent le temple, ils détruiront tout. Nous ne pouvons les laisser faire. Zaria est vénérée au-delà de ces terres. Ma mère nous parlait de cette divinité quand j'étais enfant. Elle veillait sur nous, c'est une déesse bonne et généreuse.»

La cause fut rapidement entendue. Si les serviteurs d'Athéna devaient traverser les Carniques, le temple n'était pas éloigné de leur chemin ; surtout, ils pourraient peut-être remonter une piste décisive en suivant les membres de la secte de l'Indicible qu'ils avaient cru reconnaître. A pied et avec un bon rythme, il était possible de couvrir la distance en une journée pour des hommes normaux ; pour eux il ne leur faudrait pas plus de deux heures.

Le Temple de Zaria était un édifice sacré. Comme la plupart des temples de ces terres occidentales, il se trouvait là depuis des âges immémoriaux, peut-être même depuis l'époque des premiers dieux. Aujourd'hui, le Temple était tenu et entretenu par une prêtresse qui dirigeait une poignée de vierges, dont le nombre variait selon les années. La coutume voulait que chaque communauté qui désirait la protection de Zaria livre  une jeune fille. Elles devaient passer une année au Temple lorsqu'elles atteignaient leur treizième printemps. Outre le caractère spirituel de leur retirement, le rôle de ces pucelles était d'entretenir l'immense nécropole qui s'étendait sur la partie supérieure du sanctuaire. Ces jeunes filles devaient veiller sur les âmes des guerriers qui avaient voué leur existence à la défense des trésors du Temple. Voilà peut-être ce qui attirait la bande du Soleil Noir : certains racontaient que le Temple recelait des richesses immenses, des savoirs accumulés depuis la nuit des temps. Personne n'était autorisé à venir se recueillir sur les tombes et les mausolées, ni même à s'entretenir avec les habitantes, à l'exception des guerriers eunuques, dont la charge était justement d'interdire l'accès au Temple. Transgresser cette règle eût été un terrible sacrilège. Ceux qui le désiraient pouvaient néanmoins venir goûter à la source sacrée qui se trouvait au milieu du bois voisin, source aux vertus miraculeuses si l'on honorait Zaria. La renommée du temple n’avait jamais atteint les terres grecques, les Hellènes étant naturellement peu ouverts à l’égard des cultures occidentales jugées trop rustres et primitives.
Non sans une certaine appréhension, les serviteurs d'Athéna atteignirent la colline boisée qui portait l'édifice tandis que des rideaux de nuages ténus et lumineux s'étiraient dans le ciel, annonçant le crépuscule. Naturellement, les élus menés par Frank, Artholos et Asturias ralentirent leur course, déjà imprégnés par le caractère sacré de l'endroit. Lentement, ils gravirent le sentier sinueux qui menait au sommet. Lorsque le chemin s'élargit et céda la place à un vaste parvis, ils découvrirent le Temple de Zaria.
Le style de ce gigantesque édifice de monolithe n'avait rien à voir avec le style plus travaillé du Sanctuaire. Point de colonnes colorées, point de statues majestueuses. Hissée sur un soubassement d'une dizaine de marches, la façade était massive. Une rangée de solides colonnes taillées à même d'immenses rochers d'où saillait une myriade de bas-relief portait à plus de dix mètres au-dessus du sol un large et solide fronton, lui-même orné d'un tympan dont on ne pouvait, à cette hauteur et par cette luminosité, distinguer les motifs. Au cœur de cette façade se trouvait une porte de bois à deux ventaux, majestueuse et indéniablement close. Mais le plus extraordinaire, le plus extravagant, était le fait que l'ensemble des éléments de cet édifice, exception faite naturellement de la porte, soit en opale. L'escalier était en opale, les colonnes étaient en opale, les linteaux, les bas-reliefs, tout en était en opale. Comme si ce Temple en entier était issu du même bloc de pierre, ce qui semblait impossible : il n'existait nulle part ailleurs en Occident pareil gisement de cette pierre translucide. Et à la nuit tombante, il émanait de ces murs une couleur diffuse, hésitant entre le brun et le cristallin. C'était tout simplement magnifique.
Après quelques instants d'hésitation, les élus reprirent leurs esprits et regardèrent autour d'eux. Il n'y avait pas âme qui vive. Rien que le silence.  Inexorablement, une angoisse terrible les prit à la gorge.
Asturias s'avança vers le Temple et, après une hésitation, gravit les marches. Artholos le suivit. Sur chacun des ventaux de la porte en bois massif était disposé un heurtoir de bronze. D'une main peu assurée, le Dalmate en saisit un et le cogna contre la plaque de métal. Le son résonna avec force et son écho se répéta à l'infini à l'intérieur de l'édifice. Puis, peu à peu, le silence reprit possession du lieu. Immobiles, les guerriers attendirent. La nuit était complètement tombée maintenant. Pas de réponse. Asturias se retourna vers es compagnons et, suivant l'approbation de leurs regards, reprit le marteau et cogna de nouveau. Plus fort. Sous l'impact, la porte s'ouvrit. Alors il recula de quelques pas et mit ses mains sur sa bouche. Artholos pénétra dans le corridor les yeux horrifiés, bientôt suivit de l'ensemble de ses compagnons. Darkhan sembla le plus touché par le spectacle qu'ils découvraient. Les jeunes vierges avaient été empalées, les gardes démembrés. Le temple n'était plus qu'un cercueil vide, gorgé de sang et de haine. Le culte d'une déesse ancestrale venait de disparaître à jamais sous les coups de butoir de la folie des membres de la secte de l'Indicible.

***

« Frank, Shiro, allons ! En route ! Nous ne sommes plus très loin des Carniques, il serait bon de les traverser au plus vite, commanda Séléné d'une voix assurée. Le temps est encore propice, autant en profiter. Je sais par expérience combien les montagnes peuvent se révéler dangereuses lorsque la tempête se lève.
- Nous arrivons Séléné, nous faisions juste le point avec Shiro.
Frank regarda l'aigle disparaître.
- Tu as raison Shiro, cet oiseau a de la chance, il est bien loin de toutes ces horreurs. Comment ont-ils pu faire ça à ces femmes ? Ils ne respectent donc rien ?
- Ils paieront pour leur crime. Athéna ne laissera pas ces actes impunis. Crois-moi Frank, je ne laisserai pas à ces êtres infâmes une seule seconde de répit. Je n'aurais de cesse de lutter contre cette engeance issue des tréfonds infernaux. Ils seront tous anéantis, dieux ou pas. J'en fais le serment, conclut-il en serrant ses poings... »

L'aigle reprit sa course dans le ciel. Il rejoignait son nid, perché à flanc de falaise à l'orée des Carniques. Le ciel perdait peu à peu sa couleur bleutée au profit du rouge du crépuscule naissant.

 

Astalos du Corbeau

 

« C'est assez extraordinaire, conclut Shiro. Le Souffle divin permet de réaliser des choses surprenantes. Et l'armure tient dans ce pendentif que vous portez au cou ?
- Oui, c'est cela, répondit Pallas. J'ai été très surpris moi aussi lorsque l'Armure m'a quitté la première fois. Déjà, le fait qu'elle jaillisse ainsi dans un trait de lumière m'avait totalement pris au dépourvu. Je pouvais ressentir sa chaleur, son pouvoir prendre possession de moi ... c'était fantastique ! Puis, après un moment, elle m'a quitté, rejoignant ce pendentif. Graal, qui était venu me chercher, m'a expliqué que les Armures Sacrées avaient la faculté de s'adapter à n'importe quelle morphologie et, en outre, disparaissaient dans ces pendentifs lorsque nous ne les utilisions pas.
Frank réajusta son manteau pour faire face aux rafales piquantes qui redoublaient d'intensité.
- Yolos, intervint-il, nous a parlé l'autre jour de nouvelles boîtes pour les armures. Il en avait une pour son Armure. Il a dit que c'est un cadeau du Guerrier de l'Autel, destiné à améliorer la régénération de son Armure, enfin je me souviens bien », conclu-t-il en se grattant le menton, perplexe.

Voilà deux jours qu'ils avaient traversé les Carniques, sans le moindre problème. Aucune trace de la moindre bande de guerriers ou de pillards. Les rares animaux qu'ils croisaient fuyaient à leur approche, rendant toute chasse difficile malgré les talents de Nekkar et de Nevali. Bamos, Minosandre, Xantipolapoulos et Nekkar ne se quittaient pas, rivalisant de souplesse dès lors qu'un obstacle naturel se mettait en travers de leur chemin. Seth, Asturias et Mâa fermaient la marche, échangeant des propos autour de l'Egypte et de l'enquête du Dalmate qui leur avait appris l'existence de mystérieux guerriers porteurs d'armures noires ressemblant fortement aux Armures Sacrées du Sanctuaire. Nevali et Séléné restaient ensemble, tout comme Harald, Darkhan et Artholos. Ils parlaient assez peu, scrutant les alentours à la recherche de dangers ou de pistes intéressantes. Ceux qui ouvraient la marche distançaient maintenant assez sérieusement leurs compagnons, au point que Frank proposa de les attendre, tout en poursuivant leur conversation.
« Ainsi, reprit Macubex, vos nouveaux pouvoirs vous permettent d'accomplir des choses extraordinaires, comme Yolos nous l'avait montré face à Séléné. C'est intéressant, très intéressant même. Quels exemples pourrais-tu nous donner Pallas ? questionna Macubex en s'asseyant sur une souche et en dégageant les cheveux noirs qui cachaient habituellement une partie de son visage.
- Séléné est capable de générer un champ de force qui paralyse littéralement son adversaire. Cette force allant croissant, il est capable de lui briser les côtes. Lorsqu'il est position de combat, ses mains s'ouvrent et un halo de lumière rougeâtre étreint sa victime. Il ne lui reste plus qu'à rapprocher ses mains, son adverse subissant alors une énorme contraction. Il a utilisé cette attaque contre un taureau l'autre jour, dans l'arène, sous les yeux de  Penoloios. Le taureau n'en a pas réchappé, mais Penoloios nous a affirmé que Séléné ne possédait pas le centième de sa technique !
- Je vois, murmura Macubex en baissant les yeux, semblant enregistrer chaque mot de son compagnon dans une partie de sa mémoire qu'il saurait retrouver le moment opportun.
- Et toi ? sonda Shiro, tout aussi intéressé. Que sais-tu faire d'extraordinaire ?
Pallas arbora un petit sourire. Il se baissa et prit un petit rameau qui traînait à ses pieds. Tandis qu'il le serrait entre les doigts de sa main droite, il répondit, le regard fixé sur sa main.
- J'ai passé cinq longues années dans un enfer de glace. J'ai appris à vivre avec ce froid. J'ai compris sa force. Rien ne résiste aux températures les plus basses, tout se fige, éternellement.
Il releva la tête, ouvrant la paume de sa main :
- Je suis capable de geler ce que je désire. Voilà ce que j'ai fait de mon Souffle Divin.
Ses compagnons regardèrent le rameau totalement recouvert d'une fine pellicule de givre avec émerveillement :
- Oh, compléta Pallas, je ne pense pas pouvoir encore geler une personne. Mais avec de l'entraînement, cela devrait venir ! »

Les suiveurs rejoignirent bientôt le quatuor de tête. Ils profitèrent de cette petite pause pour préparer le reste de leur périple. Frank avait expliqué qu'il faudrait certainement pénétrer au cœur des vastes forêts qui bordaient le fleuve de Lug (2) qu'ils remontaient depuis la matinée. Suivant toutes les indications qu'ils avaient pu amasser; « la Montagne de l'Astre Noir » se trouvait cachée aux confins de cette forêt. Frank, qui était né en ces terres avait rapporté l'existence de nombreuses légendes autour d'un endroit caché, porteur des plus lourds malheurs. Les druides qui l'avaient élevé craignaient énormément cet endroit.

Minosandre fut le premier à voir l'éclat de lumière qui scintillait au-dessus de leurs têtes. La lumière descendit lentement au cœur du cercle qu'ils avaient machinalement formé. Autant d'éclats que de compagnons jaillirent soudain, emportant les élus dans un fatras de sentiments.

***

Une nouvelle fois, Astalos prépara son attaque et déversa tout son pouvoir sur son ennemi : aussi soudainement, le guerrier noir dévia les serres qui devaient l'étreindre. Le guerrier repartit aussitôt à l’attaque ; « SOUFFLE DE NIN-OURTA » hurla-t-il tandis que l'air alentour convergeait vers Astalos. Les vagues multicolores furent cette fois-ci encore bloquée par le Guerrier du Corbeau, du moins le crut-il de prime abord. Son armure se fissura bientôt, tandis qu'Astalos, à plat dos, tentait frénétiquement de repousser son adversaire, dont l'armure ébène élancée luisait sous le pâle soleil. Un rapide balayage envoya finalement ce dernier rouler à son tour dans la poussière, et en un instant l’Ombre fut de nouveau sur le serviteur d'Athéna, son bras bloquant la tentative de riposte avec dextérité ; il y eut un sourd craquement lorsque le coude d'Astalos céda, lui arrachant un bref cri de douleur.
« Athéna, je ne peux rien contre cet adversaire. Je vais mourir pour toi de la main d'un adversaire dont je ne sais rien » Le souffle brûlant, Astalos se laissa glisser à terre. « Je suis désolé. J’aurais voulu faire mieux mais maintenant c’est trop tard. JE SUIS DÉSOLÉ. » Une voix sinistre l'interpellait. C'était lui, c'était ce mystérieux guerrier noir. « Une ultime attaque ? » Certainement souffla-t-il, « C’est logique. Après toutes ces années à me battre pour Athéna, à terrasser ses ennemis, ces maudits Guerriers Noirs, il fallait bien que je trouve mon maître, qu’est-ce que j’espérais d’autre ? Je suis désolé Yolos, Kamènes, mon ami, mon frère, je suis… » Astalos se mit péniblement à ramper, et après une poignée d’interminables secondes, il tendit finalement un bras en avant : ses doigts se crispèrent sur la vision de son adversaire qui s'approchait. S’agenouillant, le guerrier noir se pencha sur son adversaire. « Tu t'es bien battu, lâcha-t-il. Ne m'en veux pas, je prends ta vie sans haine, tu n'étais pas de taille, voilà tout. Tu as le droit de savoir qui va te prendre la vie ». Il releva le visage d'Astalos, le posant contre sa poitrine, l’étreignant comme il l’aurait fait avec un nouveau-né. Il souffla quelques mots. Un nouveau choc, plus puissant. « Je suppose que je peux m’estimer heureux. Au moins aurais-je connu le bonheur de servir Athéna … JE SUIS DÉSOLÉ. Sans doute sont-ce les ultimes battements de mon cœur. Ils semblent s’accélérer, et mes membres se vident de leur force, tandis que les flots de sang écarlate imbibent mon armure par geysers sporadiques. Je ne peux retourner à l’ombre en laissant mon armure à cet homme. » Le guerrier noir se releva, posant le corps mourant de son adversaire. Il n'eut pas le temps de lui porter le coup de grâce. Astalos prononça quelques mots et son armure le quitta, disparaissant dans le ciel étoilé.

« Tout est fini maintenant. Tout est paisible. Enfin… Je lègue mon armure aux Guerriers Sacrés qui seront dignes de la recevoir. Adieu Athéna, pardonne ma faiblesse. Merci, Lugal-Sin, Guerrier Noir du Jardin d'Adonis. Tu m'as combattu de toutes tes forces, je suis mort en homme. Adieu Kamènes, je sais que tu sauras honorer ma mémoire ».

***

L'éclat de lumière disparut. Il avait cédé la place au totem de l'Armure d’Argent du Corbeau. Astalos, dans un dernier moment de lucidité, avait concentré son Souffle Divin pour sauver son armure et transmettre aux serviteurs d'Athéna ses dernières pensées. Ces deniers venaient de résoudre le premier acte de leur mission. Astalos du Corbeau n'était plus. Il était mort sous les coups d'un adversaire bien trop puissant, au sommet d'une colline, la Colline des Corbeaux (3) .

 

La purification des Âmes

 

Les serviteurs d'Athéna étaient partis depuis un peu plus de deux mois lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur de l'enceinte du Sanctuaire. Séléné portait l'armure à demi-détruite du Corbeau, ses compagnons l'ayant secondé tout au long de leur périple de retour. S'ils avaient résolu le tragique mystère entourant la disparition d'Astalos, ils n'avaient pas réussi à trouver l'antre de l'Indicible : il faudrait certainement y retourner un jour. C'est Asham de Pégase qui les avait retrouvés et signifié l'ordre de retour. Yolos en avait terminé avec sa mission et était là depuis une semaine. Le groupe fut convoqué le soir même dans la salle de travail de la bibliothèque.
« Je vois, conclut Yolos dans un soupir. Astalos était un excellent Guerrier Sacré, c'était aussi un ami. J'honorerai sa mémoire. Son âme vit désormais à travers son Armure à demi-détruite ; Humly la saura réparer. Son adversaire devait être très puissant. 
- Nous l'avons tous vu en songe Maître Yolos, s'avança Asturias, c'était un Guerrier Noir, cela rejoint ce que j'ai découvert lors de mon enquête en Dalmatie.
- Peut-être font-ils partie de la secte de l'Indicible, se risqua Mâa, celle-là même qui a détruit le sanctuaire de Zaria.
- Nous serons bientôt fixés, j'ai envoyé des Guerriers d’Argent sur cette piste pour en avoir le cœur net coupa Yolos. Ephèbes d’Argent, le temps pour vous est venu de partir. Vous allez bientôt rejoindre vos lieux de formation. Pour ce faire, vous devrez dans un premier temps aller à côté d'Eleusis, au Ploutonion. Vous devez vivre un rituel spécifique. Une fois que ce sera fait, vous rejoindrez effectivement vos lieux d'entraînement. Suivez Graal, il vous expliquera tout ».

Les cinq éphèbes sentirent leur cœur battre la chamade. Le départ était inattendu, la précipitation ne leur laissait pas vraiment le temps de laisser parler leurs émotions. Ils suivirent en silence Graal, sous les regards incrédules de leurs amis. Yolos  ramena vite ces derniers à la réalité.
« Guerriers de Bronze. Lors de mon absence, profitant d'un relâchement coupable de nos gardes, un traître s'est échappé du Sanctuaire avec un recueil très important. Asham a entamé des recherches et a trouvé la piste d'un dénommé « Gygès ». Ces textes sont de la plus haute importance : retrouvez-les et ramenez ce « Gygès », mort ou vif. Tâchez de savoir au nom de qui il a agi.
Seth s'avança d'un pas. Il fixa Yolos avec détermination.
- Nous réussirons Maître Yolos. Pouvons-nous savoir quel était le thème de ce recueil ?
Yolos se rembrunit.
- Ce texte traite de la création des Armures Sacrées, il est possible que des puissances extérieures désirent en faire des copies, ce qui serait, vous le comprendrez, catastrophique, lâcha-t-il.
- Ce Gygès ne sait pas à qui il à faire, Yolos ! Moi, Séléné, je jure de le trouver et de le réduire en bouillie ! 
Malgré le manque de révérence de son homme Yolos ne put contenir un léger sourire, à l'instar des autres compagnons.
- J'ai toute confiance Séléné, assura-t-il, je sais que vous réussirez. Avant de vous mettre en quête, j'aimerais que vous assistiez ce soir à la cérémonie d'adieu en l'honneur d'Astalos. Il mérite notre recueillement, il était plus qu’un simple Guerrier, c’était l’un des plus éminent, un ami ».

Au beau milieu de la nuit, les regards des Guerriers Sacrés du Sanctuaire accompagnèrent les étincelles qui montaient vers la voûte céleste, accompagnant l'âme d'Astalos pour qui, comme le voulait la coutume, chaque Guerrier avait versé un peu de sang au-dessus d'un bûcher allumé en son honneur. L'Armure du Corbeau brillait de mille feux en cette soirée, comme sa constellation tutélaire. Ce soir-là, Astalos rejoignait les étoiles, à jamais protecteur des futurs porteurs de son armure, au nom d'Athéna.

***

Les chemins menant au Ploutonion étaient fréquentés en cette saison, rendant le voyage assez long ; il était hors de question de se faire remarquer dans cette foule. Tous les printemps, de nombreux paysans se rendaient en effet dans le sanctuaire d’Eleusis pour demander à Démèter de veiller sur leurs récoltes. En ces temps de trouble, les paysans n’étaient plus les seuls à rejoindre les terres consacrées à la déesse de la fertilité et de l’abondance ; de nombreux pèlerins se joignaient à la foule, comme d’autres rejoignaient le Sanctuaire à la recherche d’une protection divine.

En réalité, plus que de protection, ces hommes et ces femmes désespérés recherchaient des remèdes au mal qui rongeait les campagnes attiques. Il y avait eu des pluies abondantes l'hiver précédent, il arriva que les endroits creux, s'étant remplis, l'eau y séjourna longtemps et en fit autant de marais. Les multiples combats qui opposaient les guerriers d’Athéna ou de Poséidon aux bêtes et sauvages qui tentaient de porter le chaos au plus profond de la Grèce avaient fait leur lot de victimes pourrissant dans ces cloaques. Le printemps était particulièrement chaud, portant la chaleur jusqu'au fond de ces eaux fangeuses et en fit sortir des vapeurs épaisses et puantes, qui s'échauffant encore d'avantage dans l'air extérieur, le corrompirent entièrement. La mauvaise qualité des aliments se joignit à cette première cause ; car tous les fruits de cette année-là n'enfermaient que de l'humidité et tendaient tous à la pourriture. Enfin, la troisième source de la contagion fut le manque absolu des vents, qui tempéraient ordinairement les fortes chaleurs. Ainsi, l’ardeur continuant sans relâche, il fut impossible que des hommes qui ne respiraient qu'un air enflammé, sans aucun intervalle de rafraîchissement, ne contractassent des maladies mortelles. Aussi furent-ils affligés de toutes celles qui sont caractérisées par la chaleur et l'inflammation, la peste divine. C'est pourquoi, sur l'avis d'un oracle, ces pauvres gens se rendaient à Eleusis afin de demander à Démèter d’écouter leur complainte.

Le Céphise (4) était gonflé des eaux des rivières et des récents orages, son cours était ainsi beaucoup plus rapide à Éleusis que dans le reste de l'Attique. Frank profita d’une petite pause pour cueillir un fruit d’un figuier sauvage et fut interpellé par un vieil homme qui se rendait au sanctuaire avec sa femme.
« Tu ne devrais pas toucher à ces fruits ! Cet arbre appartient à Hadès, c’est par la racine d’un de ces arbres sacrés qu’il mena Perséphone en sa demeure (5)  !
- Je ne savais pas, répondit, gêné, Frank en cachant maladroitement une figue derrière son dos.
- Laisse-le faire vieil homme, tu ne vois donc pas que ce sont des serviteurs d’Athéna ?
Frank se retourna et vit un pâtre saluer Graal.
- Ne t’en fais pas éphèbe, lui dit-il amicalement, avec tout ce qui se passe les gens sont un peu nerveux. Graal, tu conduis ces garçons accomplir le rituel ? »
D’un simple regard, le Guerrier Sacré confirma. Le pâtre n’en demanda pas plus, poursuivant sa route, suivit de ses deux fils.
- Maître, quel est donc ce rituel ? s’enquit Mâa qui venait de s’asseoir, visiblement fatigué par la longue marche et le manque de sommeil.
- Nous nous rendons dans un temple qui va vous permettre de vous purifier. C’est un passage obligé pour tous ceux qui ont été à la rencontre du monde des morts, de leur vivant. Vous n’auriez pas pu rejoindre vos centres d’entraînement sans avoir accompli le rituel.
Shiro se rapprocha à son tour.
- En quoi consistera-t-il ? Devrons-nous, comme c’est l’usage dans mon village, nous plonger dans le fleuve ?
- Pas tout à fait, répondit Graal en souriant. Mais vous devrez bien vous mouiller un peu dans le Céphise. Allez me cueillir de la menthe.
- Qu’est-ce ? demanda Mâa surpris par la demande de son supérieur.
- C’est une plante qui sent assez fort, elle donne du goût aux boissons, intervint Frank.
- Allez, obéissez. Les berges du fleuve en regorgent certainement. Vous en aurez besoin pour le rituel. »

Les cinq élus obtempérèrent, sans réellement comprendre ce qu’attendait Graal de ces plantes. Depuis le départ du Sanctuaire, ils portaient chacun une petite gourde remplie d’une eau qu’il n’avait pas le droit de boire. En chemin, ils s’étaient arrêtés auprès d’un fermier afin de récupérer de la farine qu’ils portaient chacun dans un petit sac. « Nous voilà cuisiniers », plaisanta Asturias en cueillant la plante parfumée. « C’est vrai, elle embaume cette herbe », insista Mâa ; « Je saurais l’utiliser dans mes breuvages ! »

Après deux nouvelles heures de marche, Eleusis fut enfin en vue. Les six serviteurs d’Athéna se joignirent  aux commerçants et aux pèlerins venus pour rendre hommage à Démèter, espérant que la déesse pourrait les aider dans leurs malheurs. Le « Sanctuaire Au Mille Temples » méritait bien son nom. Maintes fois, Graal avait eu l’occasion de se perdre dans ce labyrinthe inextricable de temples et d’autels dépourvu de la moindre organisation logique. Sur chaque place du sanctuaire, se dressait un marché où se pressait une foule bigarrée. On trouvait des étals et des boutiques improvisées partout : au pied des colonnes centenaires de marbre gris, le long de ruelles étroites, à chaque croisement, autour des statues et des bassins de pierre, n’importe où, pourvu qu’il y eût suffisamment de place pour étaler les marchandises. On trouvait de tout : bétail, ânes, vêtements, nourriture, étoffes, vins, bois, huiles, céréales, tout était disponible, tout pouvait s’acheter ou s’échanger. On se livrait à des marchandages implacables, dégénérant parfois en rixes, rapidement réprimées par la garde du sanctuaire, qui patrouillait régulièrement pour tenter d’assurer un semblant d’ordre dans ce chaos. Depuis la venue des temps sombres, même cette terre consacrée à une paisible divinité était l’objet de tensions autrefois impensables. Le Sanctuaire d’Athéna, qui était voisin, offrait ses services, Graal assurant, avec quelques Guerriers Sacrés de Bronze, une garde dissuasive. Des mendiants déguenillés et implorants, et des prostitués s’agglutinaient à l’entrée du sanctuaire. On pouvait aussi admirer l’ouvrage magnifique des artisans les plus talentueux d’Attique. Potiers, orfèvres et autres artisans rivalisaient de talent et de travail, bien que les troubles qui touchaient la Grèce en aient fait fuir certains vers Argos, cité bien mieux protégée.
La foule grouillait dans le sanctuaire millénaire, s’éparpillant comme des insectes parmi les pierres grises millénaires. Les serviteurs d’Athéna découvraient avec intérêt ce spectacle saisissant, bien que Frank n’appréciât pas la densité de la foule. Shiro et Asturias admiraient les bâtiments, leur architecture impeccable, ancienne, majestueuse. Sous la conduite de Graal, les cinq élus traversèrent cette foule et, après quelques minutes, se retrouvèrent de l’autre côté de la place centrale. Dans ces ruelles abandonnées à l’écart des marchés, régnait un silence profond. Le sanctuaire gagnait ici en sérénité. Tout autour, s’élevaient de hautes collines boisées. Loin de l’agitation de la foule, le sanctuaire était à la fois sinistre et magnifique, avec ses bâtiments de pierre massifs, ses temples, dont certains en ruine, ses autels consacrés aux ex-voto d’une foule en quête de protection.

Graal indiqua un petit chemin qui bifurquait sur la droite, disparaissant dans une petit bois, « C’est là que se trouve le Ploutonion, le temple où vous allez être purifiés. », commanda-t-il en indiquant aux élus de le suivre.
Il ne fallut que quelques minutes pour rejoindre le temple. Ce dernier, de forme circulaire, comptait douze colonnes de marbre blanc, entourant avec grâce un mur de pierre aux couleurs verte et rouge. Une jeune femme se tenait devant la porte qui permettait d’accéder à l’intérieur du temple. Lorsqu’elle vit les six hommes, elle se retira dans le naos, faisant signe à Graal que tout était près. Ce dernier s’adressa aux élus avec gravité : « Vous allez suivre cette prêtresse de Démèter sans prononcer la moindre parole. Elle ne vous parlera pas, vous devrez accomplir tout ce qu’elle vous commandera par ses gestes. Lorsque la cérémonie touchera à sa fin, vous ouvrirez les cartouches que voici ». Il tendit à chacun un cartouche de bronze sur lequel était gravé le nom d’une constellation. « Les étoiles se sont penchées sur vos âmes, éphèbes d’Athéna. Frank, tu deviendras le Lézard d’Argent ! Asturias, ton destin fera de toi l’Arachné d’Argent ! Mâa, fier serviteur de Râ, tu deviendras le Lotus d’Argent au service d’Athéna ! Etranger, à toi incombera la tâche de devenir la Meute d’Argent ! Enfin, pour toi, Shiro, c’est l’Armure Sacrée d’Orion qui t’attendra ! ». Graal marqua une courte pause, posant un regard bienveillant sur ses compagnons. Il conclut, ajustant sa chlamyde autour de ses épaules. « Athéna vous a choisis, vous serez dignes de sa confiance. Je sais que vous réussirez. N’oubliez pas tout ce que Yolos vous a enseigné. Vous serez seuls, vous douterez parfois, mais, au final, vous surpasserez ces épreuves. J’ai connu ce moment particulier, voilà des années maintenant. Ayez foi en votre Kosmos. »
Graal s’éloigna, laissant les cinq éphèbes seuls devant l’entrée du temple. Shiro fut le premier à se tourner vers l’entrée et à pénétrer à l’intérieur du temple, bientôt suivis par ses compagnons. Le rituel put enfin commencer.
D’un geste mécanique mais fluide, la prêtresse fit signe aux cinq élus de déposer la menthe, l’eau et la farine qu’ils portaient sur un petit autel. Elle portait une longue robe verte, couverte de fils entremêlés de végétaux, fleurs et céréales. Son visage n’avait rien d’extraordinaire, un visage de paysanne aux traits assez durs, aux yeux marron sans émotions ; ses cheveux étaient soigneusement ramassés dans un chignon au-dessus de sa tête, seul signe de richesse apparent. Elle sortit cinq petites soucoupes, où elle mélangea soigneusement les ingrédients, les réduisant petit à petit à une mixture compacte à l’aide d’un pilon. Elle finit par verser l’eau sur ce mélange et tendit une première soucoupe à Mâa. Ce dernier, qui ne semblait pas surpris, sans doute son passé au service du temple de Râ l’avait habitué à ce genre de rituels, but la mixture. Bientôt, ses compagnons firent de même. Ils venaient de boire du Cycéon (6), première étape de leur purification. D’un claquement de main, la prêtresse fit venir cinq jeunes adolescentes qui déshabillèrent, à leur grande surprise et, pour Frank et Asturias, grande gêne, les serviteurs d’Athéna. Une fois nus, la prêtresse les conduisit dans un petit bassin extérieur, rempli de boue. Là, ils durent s’enduirent totalement et attendre, en silence, le coucher du soleil, pendant que les cinq adolescentes effectuaient des danses rituelles autour du bassin, sous le regard inquisiteur de la prêtresse qui déclamait des vers incompréhensibles. Lorsque la lune fut à son zénith, elle s’adressa enfin aux élus, transis de froid en cette fraîche soirée printanière.
« Vous êtes maintenant purifiés de votre voyage aux enfers. Graal m’a demandé de vous offrir une couche pour la huit, ce sera chose faite. Rejoignez le temple et dormez-y pour le reste de la nuit. Demain, au lever du soleil, lorsque nous ouvrirons les portes du sanctuaire pour les pèlerins, vous quitterez Eleusis sous le regard protecteur de Démèter, notre mère à tous. »

Personne ne parla cette nuit-là. Chacun gardait pour lui ses sentiments, à propos d’une expérience qui devait profondément les marquer. Cette nuit-là, dans ce temple, leur Kosmos se réveilla sans qu’ils s’en rendent compte. Ils étaient prêts.
Le soleil était déjà haut dans le ciel attique, lequel semblait être peint dans un bleu presque mythique tant il était sublime. A la fois limpide et obscur, pas un nuage ne venait le salir, le vent se chargeant de chasser ceux qui osaient venir le corrompre. Les rayons de l'astre du jour venaient caresser avec nonchalance la peau des cinq éphèbes. Déjà, la foule se pressait vers la porte du sanctuaire, un nouveau jour commençait.
« Dis-moi, Mâa, demanda soudainement Shiro, pourquoi aimes-tu tant observer le soleil ? »
Mâa avait tourné la tête vers son frère d'arme. Son visage semblait si dur, sa force, sa prestance, tout désignait chez cet homme la violence ; il faisait presque peur, tant son regard était perçant. Heureusement, son cœur était pur, Shiro était loin d’être un guerrier sanguinaire. C’était un compagnon loyal, fidèle et déterminé.
« Tu sais Shiro, face à la lumière de Râ, j'ai l'impression de revivre. Voir l'immensité du ciel, sentir les souffles brûlants sur ma peau, respirer cet air pur … j’oublie la violence du monde qui nous entoure.
- Oui, je comprends, reprit l'autre, « c'est vrai que c'est agréable. La chaleur de ses rayons a quelque chose de réconfortant. »
- Vous voilà l’âme de poètes les amis, interrogea Frank qui venait de finir de ranger ses affaires dans son sac de lin.
- Nous profitons juste de cet instant magique où le soleil nous rappelle sa puissance et sa pureté », répondit Mâa en souriant.

Les trois jeunes guerriers firent quelques pas sur le chemin, profitant de ces derniers instants de liberté. Ils allaient bientôt devoir se quitter, rejoindre leur centre d’entraînement. Chacun avait ouvert son cartouche dès que la lueur du jour avait permis de lire. Mâa devait rejoindre la lointaine Inde, aussi avait-il demandé quelques renseignements et conseils à Shiro. Ce dernier devait rejoindre Argos. L’Hindou allait y prendre un navire pour l’île de Chios. Frank avait appris avec surprise qu’il ne quittait pas Eleusis : il était sur son lieu d’entraînement, il allait bientôt suivre la prêtresse dans les montagnes distantes d’une journée de marche. Macubex, après avoir salué ses compagnons, était parti pour l’Arcadie, au centre du Péloponnèse. Asturias, enfin, venait de s’en aller pour la Dalmatie, sa terre natale. Il rejoignait un temple d’Athéna, perdu au milieu de ces montagnes austères.

« C’est donc ici que nos chemins se séparent. Je vous souhaite bonne chance ! Nous nous retrouverons bientôt, j’en suis certain. Nous porterons alors les Armures Sacrées, comme les autres. »

Frank attendit que Shiro et Mâa disparaissent à l’horizon avant de rejoindre le temple où l’attendait la prêtresse. Son sac était prêt. Il était maintenant seul. Ils seraient bientôt tous seuls, seuls face à Athéna.


 

(1) Divinité slave associée à l'aurore, protectrice de la nature, parfois même de l'univers.
(2) Lug est une divinité celtique associée au corbeau. Le fleuve de Lug est ici associé au Rhône.
(3) Lug, corbeaux en celte, Dunum signifiant hauteur. Petit clin d'œil, Astalos est mort à Lugdunum ...plus connue aujourd'hui sous le nom de Lyon.
(4) Fleuve qui passe à l’ouest d’Athènes et se jette dans le Golfe de Saronique
(5) Référence au mythe de l’enlèvement de Perséphone par Hadès expliquant le rythme des saisons.
(6) Breuvage mystique utilisé dans l’antiquité lors des « Mystères d’Eleusis », rendant hommage à Démèter.