Prélude II : Le voyage

De neige et de sable

 

Le port de Tanis fourmillait de vie en cette belle journée d'été. La crue du Nil avait été excellente, les récoltes abondantes. Un commerce florissant existait entre cette partie de l'Égypte et les contrées voisines de Canaan , de Mésopotamie ou encore d'Anatolie. Une silhouette déambulait tranquillement vers un marin. La blondeur du personnage attirait le regard des passants qui se rendaient pour la plupart au marché voisin.  Ce n'était pas vraiment courant, en Égypte de croiser tel personnage.
- Excusez moi, c'est bien ce navire qui part pour Argos ?
- Oui c'est cela. Dites donc, vous êtes le troisième à me poser cette question en quelques jours. Je vous préviens, si vous avez d'autres amis je n'aurais pas de place !
- Le troisième, vraiment ? reprit l'inconnu qui laissait entrevoir son visage assez jeune et fin.

Le marin lui expliqua que deux autres personnes avaient réservé une place à bord du navire. L'un d'entre eux avait embarqué le matin même sur un autre navire ; quant à l'autre, il séjournait dans une taverne voisine. C'est là que le jeune homme se rendit. Il était parti de Krepsen par le premier navire du matin, et avait vu s'éloigner, non sans une once de tristesse, l'île de Pharos, le sphinx et le palais... Tout ce qui avait fait parti de son univers allait maintenant appartenir à sa mémoire. Pénétrant dans la taverne indiquée, l'inconnu ne tarda pas à trouver celui qu'il était venu chercher : il s'agissait d'un Égyptien, quelque peu ténébreux nommé Seth, arborant des cheveux bruns lui occultant presque ses yeux d'un bleu intense.

- Bonjour, je suis Mâa. Je vous ai reconnu grâce à la description d'une connaissance commune, un marin qui va nous conduire au même endroit, à Argos ...
- Tu t'adresses toujours ainsi à un inconnu ? Tu ne te méfies donc pas ? Pfft ... je suis Seth. Bon, puisque tu es là assieds-toi, nous pourrons faire ainsi plus ample connaissance avant de nous rendre ensemble à Argos ...

La nuit était tombée petit à petit sur  Tanis, la lune avait pris le relais du soleil. Les statues dédiées à Anubis veillant sur la cité n'en apparaissaient que plus sombres. Mâa monopolisa la parole de longues heures, Seth étant beaucoup moins enclin à raconter tout ce qui l'avait mené jusqu'à Tanis. Tous deux cependant s'étaient trouvés un étrange point commun : ils faisaient le même rêve qui leur commandait de se rendre à Argos .... Le lendemain matin, ils partirent tous deux au port.
- Ce Sphinx est magnifique, dit Mâa en s'arrêtant devant la majestueuse statue qui trônait devant les navires accostés.
- Belle pierre en effet ... Ne tardons pas, on dirait que notre capitaine nous attend.
Campé sur le pont du navire, ce dernier ne cacha pas son impatience et accueilli les deux compagnons en leur criant dessus : « Et bien, vous voilà enfin ! Nous allions lever l'ancre sans vous ! »
- Mais non, reprit Seth d'un ton sarcastique, tu tiens trop à ta bourse. Pour ma part tu seras payé quand nous serons arrivés à destination.
- Très bien, peu m'importe, bougonna-t-il en se grattant la tête, de toute façon si tu es un mauvais payeur mes hommes sauront s'occuper de ton cas.

Le voyage fut long, mais cela ne permit pas pour autant à Mâa de mieux cerner son nouveau compagnon de voyage. Ce personnage paraissait quelque peu trouble, replié sur lui même.
- Je ne sais ce qui te torture, mais tu sembles très marqué, Seth ...
- Tu m'as parlé ? fit Seth en faisant mine de n'avoir rien entendu.
- Non, enfin si. Je voulais savoir si tu avais déjà effectué un tel périple marin ?
- Non, mais le capitaine a dit que nous arriverons demain à Argos et, hormis les tempêtes, la nourriture exécrable, le fait que tu ronfles à faire trembler tes statues de pierres préférées, ce ne fut pas une expérience si terrible que ça ! répondit lapidairement Seth en s'éloignant vers la poupe du navire, sourire en coin.

***

- Allez allez, dépêchez vous par Odin ! Vous ne voyez donc pas le grain qui nous attend ?

Du haut de son navire, un grand gaillard hâtait la montée de deux jeunes hommes lourdement chargés. Le ciel bas semblait entrer en contact direct avec le sol enneigé, le blanc se fondant avec le gris des nuages. Quelques flocons tombaient sur le bastingage du navire déjà alourdi par la  glace.
- Tu as vu çà ? Le ciel est aussi noir que le fond d'une grotte naine.
- Oui. Dépêche-toi, le capitaine n'a pas l'air commode.

Les deux hommes rejoignirent le pont tandis que l'équipage s'affairait au départ. La houle se formait petit à petit, les vagues ballottant le navire pourtant solidement harnaché.
- Larguez les amarres ! Et souquez ferme ! Sinon on va se prendre ce grain, hurla le capitaine.
- Alors, ainsi tu rejoins la terre de tes ancêtres Harald ? Drôle de destin pour un Grec élevé en Asgard .
- Tu as raison Thrall, drôle de destin. Mais je suis heureux de retrouver ma terre natale, je ne la connais pas ... Il regarda longuement le ciel assombri puis esquissa un sourire. « Je brûle de réparer ceci ! Et toi, pas trop triste de quitter Asgard ? »
- Disons que je n'avais visiblement pas le choix ...

***

Thrall était né dans un petit village de Germanie appelé Okvale. Il était destiné à suivre les traces de ses ancêtres comme chasseur de son clan lorsque le seigneur d'Asgard, qui veillait sur ce village depuis des temps très anciens, manda un messager pour convier le jeune homme à le rejoindre dans sa demeure. Les membres de son clan furent étonnés ; recevoir une invitation du seigneur d'Okvale était très rare. Tous étaient  fiers qu'un des leurs puisse avoir un entretien avec leur maître protecteur. Dans la pièce où l'attendait son seigneur, l'atmosphère était étouffante, la lumière diffusait des ombres qui donnaient à la salle un air lugubre. Dans un coin, un noble jouait aux dés avec un homme au manteau noir. Dans un autre, un guerrier jouait de la mandoline tout en observant la salle.
La porte s'ouvrit, un prêtre d'Odin fit son entrée suivi par un homme, un géant de 7 pieds, richement vêtu. A l'arrivée des inconnus, le guerrier, l'homme en noir et le noble quittèrent la pièce sans un mot. Le géant n'était autre que le seigneur que Thrall devait rencontrer. Sa voix était forte, inspirait une autorité presque terrifiante mettant Thrall très mal à l'aise.
- Je sais que tu fais des rêves étranges depuis quelque temps. Voici un paquetage. Rejoins le port avant la prochaine lune. Tu dois te rendre à Argos, en Grèce. Voici de quoi payer ton voyage.
Thrall, surpris, n'osa rien demander à son seigneur. Il prit ceci comme un honneur  et accepta sans broncher de quitter sa terre natale. Il allait découvrir le vaste monde et reviendrait certainement auréolé de gloire dans son village. Peut-être deviendrait-il même un seigneur d'Asgard ! De retour dans son village, il fit ses adieux aux siens avant de partir à l'aventure. En route, il fit la connaissance d'Harald, jeune grec esclave depuis son enfance, que les vicissitudes de la vie avaient finalement conduit très tôt en Asgard. Tout comme lui, Harald faisait ce rêve étrange. Tout comme lui, il devait se rendre à Argos, cité mystérieuse, porteuse d'espérance et de crainte face à un avenir incertain. Le périple commença par une terrible tempête mais, après des mois de pénible voyage, les côtes grecques furent enfin en vue ...

 

La fleur

 

- Que fais-tu Shiro ? Il est temps, viens.
- Je regarde cette fleur de Lotus ; elle vient de s'ouvrir. J'aime le printemps car le monde renaît, prend un nouveau départ, comme nous deux, Yshba.
Yshba s'éloigna sans occulter son agacement : « Ta fleur ne nous fera pas avancer. Nous ne savons pas combien de jours de marche nous attendent, alors viens ».

C'est en plein hiver que les rêves commencèrent pour Shiro et Yshba. Rapidement, le grand sage du village, qui était aussi le père de Shiro, convoqua les deux adolescents et leur révéla le secret de leur pendentif; il leur raconta la rencontre étrange avec l'homme au lourd manteau, des années auparavant. Shiro se souvint très vite de la scène, Yshba était trop jeune pour s'en souvenir. Le voyage était inéluctable et le Shaman d'Imapacuit, ami du père de Shiro, consulta les augures ... le jour de la fête de la déesse forestière fut choisi comme date de départ. Shiro et Yshba ne se connaissaient pas plus que ça, le second passant le plus clair de son temps à la chasse dans la jungle voisine. Shiro avait hérité de son père une certaine sagesse, mais il différait dans son amour de la lutte. Shiro n'était pas un fou de guerre, il développait juste des pratiques nouvelles de combat à main nue. Après une première semaine de marche, les deux compagnons arrivèrent à la limite de la jungle : devant eux s'étendait la grande plaine de l'Indus.
- Dormons une dernière fois dans notre jungle, Yshba. Nul ne sait si nous la reverrons un jour prochain.
- Oui. Je pars chasser un peu.
- Comme tu voudras. Fais attention à toi.
- Ne t'occupe pas de moi, occupe-toi plutôt du feu.

Yshba était un solitaire, Shiro n'aimait guère la chasse. Les deux jeunes hommes composaient entre eux plus qu'ils ne s'appréciaient. A la tombée de la nuit, Yshba revint au campement de fortune avec deux gros lézards.
- Voilà pour ce soir. Nous aurons besoin de force ; je suis monté dans l'arbre le plus haut que j'ai vu : cette plaine a l'air sans fin, et il nous faudra sûrement traverser le fleuve à la nage.
- Bien, bien, répondit Shiro en se levant et en se dirigeant vers Yshba. Tu as fais bonne chasse, laisse-moi maintenant te rendre service ...

Pendant qu'il s'approchait de son compagnon, Shiro avait délicatement saisit une dague. Yshba s'en aperçut trop tard pour réagir. De toute façon il était trop chargé pour esquisser le moindre mouvement. La dague lui frôla le visage et alla se ficher dans un arbre.
- T'es complètement fou ! Tu vas voir sale traître, je vais te faire payer ton acte, tu n'aurais pas dû me rater, moi je ne rate jamais ma cible !
- Il ne t'a pas raté, ce n'est pas toi qu'il visait. Bien joué, depuis quand sais-tu ?
- Depuis trois nuits, j'attendais le moment propice ; la faim t'a fait sortir de ta tanière on dirait, ou serait ce la chaleur bienvenue d'un feu de camp ?

Caché derrière un arbre, un homme venait de faire son apparition. La dague de Shiro avait transpercé sa tunique au niveau de la jambe. Entendant l'inconnu, Yshba avait juste eu le temps de se retourner et de le mettre en joue avec son arc, laissant tomber le produit de sa chasse.
- Tout doux, tout doux le chasseur. Je ne veux pas de confrontation avec vous.
- Qui es-tu ? demanda Shiro en faisant signe à Yshba de baisser son arc, ce que ce dernier ne fit pas.
- Je suis ... l'Etranger, tel est mon nom. Je vous ai entendu parler ces derniers jours .... Je vous suis depuis votre départ. Je fais le même rêve que vous, moi aussi je vais en Grèce.

Le silence se fit sur ces mots. Yshba baissa son arc et rangea sa flèche dans son carquois. L'Etranger n'était visiblement pas plus âgé qu'Yshba et Shiro. Ce dernier invita tout le monde à s'asseoir auprès du feu. En signe de paix, l'Etranger partagea sa nourriture et Shiro offrit un peu de sa part de lézard (qui de toute façon ne l'enthousiasmait pas beaucoup). Tous trois parlèrent toute la nuit, Yshba se contentant de répondre par quelques phrases très courtes. Conscient de ce qui les unissait, ils décidèrent de faire route ensemble. Le périple les amena tout d'abord à traverser l'Indus qui semblait peu de chose au regard des majestueuses montagnes qu'il semblait protéger de toute intrusion. Terrible épreuve pour Yshba qui ne nageait pas très bien .... Sans Shiro il aurait perdu la vie. Aucun ne savait réellement combien de temps le voyage allait durer. Après l'Indus ce fut l'épreuve des montagnes de l'Hindu Kush .... De longues semaines de marche, des cols innombrables. La science de survie d'Yshba fit merveille contre les engelures. Grâce au fruit de sa chasse quotidienne, les forces ne manquaient pas. Au désert de pierres succéda la terrible épreuve du Désert Salé. En pleine tempête de sable, l'Etranger parvint à trouver un abri de fortune : une petite grotte improbable en ces lieux hostiles. Finalement, chacun était redevable des deux autres dans ce périple. Rejoignant enfin les terres plus clémentes du Caucase, les trois compagnons embarquèrent sur un navire marchand grec qui les mena à Argos. Quelques jours avant l'arrivée, le navire fit escale sur une île du nom de Lemnos. Alors que tout le monde embarquait, Shiro restait assis, regardant à ses pieds.

- Que fais-tu Shiro, nous embarquons ! demanda l'Etranger en s'approchant.
- Je regarde cette fleur, elle vient de s'ouvrir. C'est sûrement le printemps, la nature prend un nouveau départ, comme nous. Non ce n'est pas le printemps, c'est un nouveau printemps .... Nous ne devions partir que pour quelques jours de marche ... mais nous avons fait un périple d'une année ...
- Une année, reprit-il songeur. Nous ne sommes plus qu'à deux journées de notre but, viens, notre destin nous attend !

 

Rencontres en Dalmatie

 

Comme convenu avec son père, Asturias était parti de bon matin, sans adieux prolongés. Après quelques jours de marche, il avait rejoint la route principale menant à la Grèce. La Dalmatie était une région peu peuplée et peu développée. Contrée austère, elle constituait un refuge de choix pour de nombreux groupes de bandits grecs. Au nord, les pillards germains n'étaient pas en reste, ce qui faisait de cette route un endroit particulièrement dangereux pour un voyageur seul. Asturias n'avait pas le choix, il devait de toute façon rejoindre la Grèce ... et cette route était la seule qu'il connaissait ! Après une nouvelle journée de marche, le Dalmate fit la rencontre d'un homme étrange qui, agenouillé devant une petite statuette,  parlait une langue qui ne lui était pas familière.

***

Quelques semaines auparavant, au fin fond de la Germanie .

- Artholos, noble fils des Kymris du village de Valbasia, rejoins-moi à présent !
Le jeune homme se rendit devant la jeune femme qui avait prononcé ces mots. Sans la regarder, il se mit à genoux.
- Te voici maintenant membre de la caste des grands guerriers ! Honore notre déesse mère, défends les innocents, pourfends ceux qui attisent le mal.
La jeune femme se retourna vers une statue informe, visiblement très ancienne et, après avoir prononcé quelques mots incompréhensibles, elle se retira dans une hutte au toit de chaume. Artholos rejoignit à son tour sa propre hutte car la nuit tombait.

Le jour se levait sur le village de Valbasia. Artholos avait mal à la tête car, durant la nuit, il avait fait un rêve paraissant étrangement réel. Il n’avait jamais fait un tel songe ... une femme l’appelait et lui disait de se rendre à Hattousa. Le jeune guerrier prit un léger repas, tout en continuant à penser à cette vision qui le perturbait énormément. Il était inquiet.
- Qui est cette femme et pourquoi veut-elle que j’aille à Hattousa ? Je ne sais même pas où ça se trouve ! Il faut que j'aille en parler au vieux sage dans le temple, lui seul pourra comprendre ce qui m’arrive.

Traversant hâtivement le village embrumé, Artholos se rendit dans le temple principal du village dédié à Donar . Le vieux sage qui y résidait saurait lui apporter des réponses : ainsi le jeune homme lui expliqua son histoire et lui fit part de ses inquiétudes.

- Mon petit, il est impératif pour toi d’aller là-bas ; suis cette voix sans te poser de question. Ton destin est écrit dans les étoiles depuis que tu as reçu, quelques temps après ta venue au monde, ce pendentif qui orne ton cou, dit-il d'une voix lente.
- Mais pourquoi, qui est cette femme ?
- Je ne peux t’en dire plus Artholos, aie confiance et vas .... Prends le chemin du sud, rejoins le pays des Hellènes ;  tu te rendras dans la cité d'Argos, tu trouveras un navire qui te conduira vers ta destinée. Pars sur-le-champ !
- Mais je dois aller avertir ma sœur Alesia !
- Surtout pas ! s'emporta le vieux sage en fixant durement le jeune guerrier. Tu ne dois en parler à personne, pas même à ta sœur. Garde cela pour toi. Le vieil homme se retourna et prit un sac. « Tiens, prends cela. Tu y trouveras de l’or pour le voyage et de quoi te défendre dans ton long périple. »
Artholos n'en croyait pas ses oreilles. Son sang ne fit qu'un tour. « Mais ma sœur ! Hier soir elle m'intronisait guerrier, je ne peux la quitter ainsi ! »
- Aie confiance en moi, ne lui dis rien, elle doit se consacrer pleinement au culte de notre divinité tutélaire...   elle ne comprendrait pas.
Artholos prit le sac et partit.  Une dernière fois le vieil homme fit une prière pour son protégé, « Que les dieux te protègent, mon petit ».

Après quelques pas dans la forêt, Artholos se retourna et regarda une dernière fois l’ensemble de son village...
- Puisses-tu me pardonner, petite sœur, mais le vieil homme a raison, tu me prendrais pour un fou si tu venais à savoir ce qui me pousse à partir.

***

Asturias s'approcha doucement d'Artholos, en faisant bien attention de se signaler par un petit toussotement afin de ne pas l'effrayer.
- Excusez-moi, vous me comprenez ?
- Encore en train de gémir devant ta statuette Artholos ! Et toi, qui es-tu ?

Deux inconnus venaient de surgir derrière Asturias. Chacun portait une arme.
- Je suis un simple voyageur, je me nomme Asturias de Dagorlad. Je ne vous veux aucun mal, vous êtes simplement les premières personnes que je croise depuis des jours.
- Je pense bien que tu ne représentes aucun danger, laisse-moi rire, tu es plus freluquet qu'un jeune frêne. Je m'appelle Inyan, et voici mon frère Frank. Lui c'est Artholos, on l'a récupéré en chemin voilà un mois. Nous allons en Grèce.

Inyan et Frank avaient rencontré Artholos lors d'un orage. Les deux frères avaient trouvé une grotte pour se protéger de la fureur des éléments. C'est là qu'ils rencontrèrent Artholos qui avait eu la même idée. Très vite les trois hommes sympathisèrent. Découvrant qu'ils partageaient aussi le même but de voyage, ils décidèrent de faire ce bout de chemin ensemble. Inyan était visiblement un fier guerrier, sûr de sa force. Son éloquence montrait une certaine forme d'éducation. Son frère paraissait plus timide mais son visage inspirait confiance et sa carrure montrait qu'il devait aussi savoir se battre.
- Une voix nous guide vers ...
- Mais tais-toi, Frank ! s'emporta Inyan. « C'est peut-être un ennemi, un de ces sauvages germains ! » Il se tourna vers Artholos et le regarda avec condescendance : « Je ne parle pas pour toi, je te rassure ; tu ne ferais pas de mal à une mouche ! »
- Moi aussi je rêve, intervint Asturias. Un songe me conduit vers Argos, faites-vous le même rêve ?
- Non, c'est à Hattousa que nous allons, rétorqua le Germain d'une voix assurée. Artholos se releva et rangea soigneusement sa petite statuette. Prenant son sac il reprit. « Argos n'est qu'un point de rendez-vous. Nous devrions rejoindre les montagnes avant la nuit, ici nous sommes à la merci des bandits ».
- Tu as raison Artholos. Inyan, cesse donc de menacer Asturias, il m'inspire confiance. Le destin nous a réunis ici. Veux-tu te joindre à nous ?
- Avec joie. Si effectivement notre destination est Argos, du moins pour le moment, faisons chemin ensemble. Nous pourrons confronter ce que nous savons, et messire Artholos pourra m'en dire plus sur « Hattousa » répondit Asturias en souriant.
Inyan pesta en levant les yeux bleus gris au ciel : « Ben voyons ! Et voilà, les frères Thall attirent les égarés comme des mouches ! Bon, j'espère au moins que tu sais chasser, Dagorlad. »
- Asturias, Asturias de Dagorlad, rectifia le Dalmate en serrant sa ceinture.

Les quatre hommes traversèrent donc les montagnes dalmates ensemble. Le reste du voyage vers la  Grèce s'effectua sans trop d'encombre. Asturias portait un calepin qu'il noircissait régulièrement de notes. Il avait ainsi remarqué que les bêtes étaient particulièrement agressives. Ses cheveux courts et ses yeux noirs rajoutaient à son air sérieux. Artholos, dont les cheveux bruns foncés descendaient en cascade sur ses épaules, parlait assez peu, mais faisait une prière tous les jours devant sa statuette. Sa barbe naissante lui donnait un aspect négligé, presque barbare, tranchant avec sa dévotion. Frank appréciait visiblement beaucoup Asturias et lui faisait partager sa passion des plantes médicinales. Inyan pestait tout le temps, mais n'était pas peu fier d'avoir sauvé le groupe en tuant un ours enragé lors d'une sombre nuit  dans les forêts de Thessalie ..... Ils atteignirent la plaine d'Argos après une nouvelle semaine de marche. Le spectacle fut éblouissant. Les quatre compagnons prirent le temps de prendre la mesure de ce magnifique paysage. Une vaste plaine s'étendait devant eux par-delà un petit muret de pierre à demi détruit. Entourée de montagnes couvertes de forêts d'oliviers et de chênes, la plaine semblait se jeter dans la mer qui brillait au loin sous les rayons ardents de l'astre solaire. Inyan fut le premier à entrapercevoir les murailles imposantes d'Argos qui émergeaient de la brume marine.

- Et bien, ce n’est pas trop tôt ! La voilà cette fameuse cité !

 

 

 

    Cité antique du delta du Nil.

    Proche-Orient actuel, correspond précisément au littoral libanais.

    Irak actuel.

    Terre mythique d'Odin. Asgard se situe au nord de la Scandinavie actuelle, à proximité du pôle nord.

    Région de l'Asie centrale, englobant une grande partie de l'Afghanistan actuel.

    Par commodité la Germanie regroupe ici l'ensemble de l'Europe centrale actuelle.

    Divinité germanique identifiée à Thor.

    Région du nord de la Grèce boisée et montagneuse.