Chapitre 3 : Le temps de l’éveil

 

Avril 1969

Le vent de la montagne jouait dans les cheveux de Mû, qui essayait de se concentrer sur le petit monticule de pierres qu’il était en train de méticuleusement façonner en forme de pyramide. Il venait d’atteindre ses trois ans, mais Dolma trouvait qu’il avait beaucoup changé, il s’était déjà assagi et passait des heures désormais à jouer seul, façonnant des formes avec les petites pierres qui étaient ses seuls jouets. Ses cheveux avaient poussé, et atteignaient ses épaules à présent, mais il refusait qu’on les lui coupe, permettant juste à Dorjee de les lui attacher avec un lien en cuir de yak.

Le caractère de l’enfant s’était affermi, mais il restait cependant doux et sociable. Si ses pouvoirs étaient en sommeil, ils n’en étaient pas moins présents en lui, et cela aiguisait son instinct et ses réactions. Dolma l’avait déjà emmené au temple, où, comme tous les enfants, il avait été examiné par les vénérables Lamas pour s’assurer qu’il n’était pas une réincarnation d’un Dalaï Lama décédé, et l’on avait fait pour lui les premiers rites bouddhistes, comme Shion l’avait souhaité…

Les moines avaient cependant repéré chez Mû des aptitudes exceptionnelles, et précoces, à l’étude et à la méditation, et auraient souhaité le garder comme novice au monastère, mais ce n’était pas là le destin de l’enfant, et Dolma le savait. Même si elle n’avait pas connaissance entièrement du mystère des chevaliers sacrés, elle devinait que c’était quelque chose qui dépassait son entendement de simple mortelle. Mû avait un destin beaucoup plus grand qui se révélerait bientôt à lui…

Le Sanctuaire, septembre 1969


Shion lisait un rapport adressé depuis la vallée du Gange en Inde par l’un de ses envoyés. Ils venaient de trouver là-bas un futur chevalier d’or nommé Shaka, un orphelin qui vivait dans un temple bouddhiste et présentait déjà des caractéristiques très particulières malgré son jeune âge. L’enfant était né le 19 septembre 1966, et avait donc le même âge que Mû à quelques mois près. Le rapport le lui décrivait – chose étonnante par ces latitudes – comme blond aux grands yeux bleu clair, et, d’après ce qu’avait pu en dire le supérieur du temple, il était à demi anglais et à demi indien, et avait été confié au monastère par sa mère mourante. L’envoyé disait avoir ressenti en face de lui quelque chose de particulier, au-delà de l’humanité, il ne pouvait précisément l’expliquer. En tout cas, une chose était sûre à propos de cet étrange enfant : il serait chevalier d’or de la Vierge…

Shion se souvenait de son prédécesseur, Shanti de la Vierge, un homme calme et mesuré, originaire d’Inde également. Une légende courait sur lui, comme quoi il aurait été la réincarnation de Bouddha, mais Shion n’avait pas eu le temps de le connaître assez pour le savoir. Pourtant, il avait toujours ressenti en sa présence une impression étrange, comme celle qu’on ressent lorsqu’on est en présence d’une divinité. Shanti était mort le premier, sauvant les autres, c’était en partie grâce à lui qu’ils avaient pu continuer le combat et vaincre Hadès…

Il secoua la tête, et se dit qu’à trop vivre dans le passé on en devenait vite prisonnier, il ne servait à rien de s’appesantir là-dessus, l’avenir seul comptait.

Cette année et celle qui suivrait étaient des années clé, il le savait, l’ordre achèverait sa reconstitution. Bientôt Mû aurait quatre ans, l’âge requis pour commencer son entraînement, et ses pouvoirs endormis depuis presque deux ans s’éveilleraient de nouveau. Shion retrouverait alors la maison de Jamir, qu’il n’avait pas vue depuis des années, pour y entraîner l’enfant, comme son propre maître avait fait pour lui autrefois…

Il serait alors temps pour lui de faire appel à des pouvoirs depuis bien longtemps enfouis au fond de lui, à cette partie de lui en sommeil depuis deux cents ans, et il savait que le processus risquait de faire se rouvrir des blessures mal cicatrisées, mais il n’avait pas le choix, il devait le faire…

Le bruit de la lourde porte métallique de la salle qui s’ouvrait le tira de ses pensées, et entra l’un des grands maîtres du Sanctuaire, Chiron de la Flèche, celui qui entraînait Aioros. Il s’agenouilla devant lui et dit :

« Altesse, les pouvoirs du petit Aiolia se sont éveillés, devons-nous commencer son entraînement ou est-ce encore trop tôt ? »

Aiolia, le frère cadet d’Aioros, avait le même âge que Mû, mais Shion savait qu’il était un peu plus chétif que lui, c’était donc un peu tôt pour lui. Il savait cependant que l’enfant, à l’image de sa constellation protectrice, était un vrai petit lionceau vif qui serait sans aucun doute un excellent combattant, mais il n’avait pas le même caractère que son frère, il avait davantage tendance à douter et à se poser des questions.

Shion demanda à Chiron :

« Mettent-ils sa vie en danger ? »

Chiron secoua la tête :

« Non, Altesse, il a juste expérimenté un accès de télékinésie, très court et peu intense, mais c’est le signe de son éveil… »

Shion hocha la tête :

« Très bien, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour l’instant mais il va falloir le surveiller, et commencer à l’entraîner dès l’année prochaine… »

Chiron s’inclina, et sortit, laissant Shion seul. Le Grand Pope consulta le parchemin qui contenait son emploi du temps du jour, et résolut de consacrer cette heure libre à continuer de mettre ses affaires en ordre en prévision de son départ pour Jamir, qui aurait probablement lieu dans quelques mois. L’intérim serait exercé par Kyrillos et les grands maîtres du Sanctuaire, qui auraient toute latitude pour régler les problèmes quotidiens sans lui en référer. En cas de problème plus grave, il reviendrait immédiatement, usant de ses pouvoirs de chevalier d’or…

Il se leva de son trône, et se rendit dans le bureau qui jouxtait la salle du trône afin de continuer cela. Il ne pouvait se permettre de partir si longtemps sans tout prévoir, et sa longue expérience l’y aidait grandement…

Mais il ne pouvait passer son après-midi à cela, il était attendu au village de Rodorio, qui se trouvait près du Sanctuaire et qu’il visitait régulièrement. Les gens qui vivaient là étaient très pauvres, et il s’efforçait du mieux qu’il pouvait de les soulager…

Dehors, le vent de printemps masquait quelque peu la chaleur qui régnait déjà sur la Grèce, mais Shion, pourtant enseveli sous sa longue tunique, son casque et son masque, y prêtait peu attention. Rodorio était peu éloigné du Sanctuaire, et, accompagné de sa suite, il ne mit qu’un quart d’heure pour y arriver. Ses prédécesseurs s’y rendaient en palanquin, mais lui tenait toujours à faire le chemin à pied, pour être plus proche encore des pauvres gens qui s’y trouvaient. Après tout, s’il n’avait pas été repéré dans son enfance par son propre maître, Ashen du Bélier, il serait resté un orphelin pauvre sans aucun avenir…

Comme toujours, à l’annonce de son arrivée, les gens étaient massés sur les bords du chemin, le long des maisons, criant leur joie et leur dévotion. Shion agitait de temps en temps sa main, et bénissait les enfants qu’on lui apportait en leur imposant les mains au nom d’Athéna. Soudain, une femme arriva vers lui et tomba à genoux devant lui :

« S’il vous plaît, Votre Altesse, sauvez mon enfant, je vous en supplie ! Il est très malade, il va mourir… »

Le sang de Shion ne fit qu’un tour, et il demanda qu’on le conduisît tout de suite auprès de l’enfant. Posé sur un lit de fortune, il délirait, trempé de sueur, et semblait au-delà de toute aide…

Shion s’agenouilla près de lui et demanda :

« Depuis combien de temps est-il dans cet état ? »

La femme répondit :

« Depuis quelques jours, mais il délire depuis quelques heures seulement… »

Elle s’interrompit et reprit d’une voix penaude :

« Je sais que j’aurais dû appeler le médecin, mais je n’avais pas l’argent pour le payer… »

Alors surgit du plus profond de Shion le chevalier d’or du Bélier qu’il avait été, qu’il était encore jusqu’à ce que Mû le devienne à son tour, celui qui était capable de tout soigner, les hommes, les animaux et les armures. Non, il ne laisserait pas cet enfant mourir…

Il se tourna vers la femme :

« Comment s’appelle-t-il ? »

La femme répondit :

« Milo… il va avoir trois ans dans quelques jours, Seigneur…»

Résolu à agir le plus vite possible, Shion dit :

« Laissez-moi seul avec lui… »

Une fois seul, il se débarrassa de son casque, de sa longue tunique et surtout de ses gants, et apparut en tunique et pantalon, la taille ceinte d’un ruban de soie tibétaine. Il posa ses mains sur l’enfant, se concentra, laissant remonter à la surface ces pouvoirs oubliés depuis si longtemps, et resta ainsi, plongé dans la concentration la plus extrême, assis en tailleur auprès de l’enfant. Il eut une sorte de choc au contact, et, ouvrant les yeux pour en trouver la nature en faisant une lecture d’aura, il put voir clairement dans l’aura de cet enfant…un scorpion d’or. Il venait de trouver un des futurs chevaliers d’or !

Cette idée le conforta dans sa concentration, et il laissa beaucoup de ses forces pour sauver l’enfant dont l’état général était très mauvais, probablement à cause de la malnutrition. En sueur, le regard voilé, il sortit de sa concentration, et se moqua de lui-même :

« Shion, tu as vieilli, tes pouvoirs se sont amoindris ! Autrefois, une seule guérison ne t’aurait pas mis dans un état pareil… »

L’enfant reposait à présent paisiblement, sauvé, et Shion le regarda alors plus en détail. Il avait des cheveux bleus, des traits délicats et sa peau était mate…

Il caressa doucement son front, et lui dit :

« Milo, futur chevalier d’or du Scorpion…nous nous reverrons bientôt… »

Il passa sa main sur son front, et, oubliant sa faiblesse, se releva et se rhabilla rapidement. Quand il sortit, il dit à la mère :

« Il est sauvé, il dort, il faudra le faire boire et manger lorsqu’il se réveillera… »

La femme laissa alors éclater des sanglots de soulagement, et embrassa les mains du Grand Pope dans un élan de gratitude.

Shion, un peu gêné, dit alors :

« Il faut le nourrir davantage, et venir à la distribution de nourriture, c’est le seul moyen pour qu’il aille bien désormais… »

En effet, toutes les semaines, Shion faisait distribuer de la nourriture au village, et il se promit de doubler ce qu’il envoyait, pour éviter que d’autres enfants n’en souffrent…

Quand il rentra au Sanctuaire, il convoqua les grands maîtres et leur dit :

« J’ai découvert un des futurs chevaliers d’or à Rodorio, il s’appelle Milo et sera le chevalier d’or du Scorpion…je pense que son éveil adviendra bientôt, nous devrons nous tenir prêts…de plus, je souhaite que soit doublée la quantité de nourriture que nous donnons au village, il y a encore trop de malnutrition là-bas… »

Les grands maîtres s’inclinèrent, puis sortirent. Shion se leva de son trône, et s’approcha de la loge pour regarder le soleil se coucher sur la mer, au loin. Sa faiblesse après la guérison de Milo lui avait rappelé son âge réel, deux cents quarante quatre ans, même s’il paraissait avoir seulement cinquante-cinq ans ce n’était qu’illusion…maya, comme on disait dans son pays natal. Le temps ne l’avait pas épargné, il s’était juste écoulé plus lentement sur son corps dans une seule optique : remplir la mission que la déesse lui avait imposée, et il devait oublier ses sentiments d’homme pour faire cela au mieux.

Mais personne, à l’exception de son ami Dohko, n’avait cependant connaissance de sa solitude, cette solitude qui parfois lui ôtait le sommeil la nuit mais contre laquelle il ne pouvait rien, car c’était son destin…

C’était en effet une certaine ironie que d’être entouré en permanence et d’être toujours si seul, si retiré en soi-même qu’on croit que rien ni personne ne pourra plus venir vous atteindre. Pourtant, le petit Mû avait réussi à faire reparaître l’ancien Shion rien qu’en souriant, prouvant par là que cette carapace qu’il s’était construite au fur et à mesure des années n’était plus si solide. Mais quel humain aurait pu supporter deux cents vingt ans d’une vie pareille ? Ce n’était pas qu’il fût privé de tout contact humain, c’était même le contraire, mais il ne restait plus ici quelqu’un à qui il pût se confier librement, qui le connût pour ce qu’il était. Il ne restait que Dohko, qui était si loin, et absorbé par sa propre charge…

Il ôta brusquement sa tenue de Grand Pope, comme si elle lui eût soudainement brûlé la peau, et s’assit sur son lit. Pourquoi se sentait-il si mal ces temps derniers ? Même sa méditation ne parvenait plus à l’apaiser. Bien sûr, juste après la dernière Guerre Sainte, lorsque, après sa convalescence, la déesse lui avait donné la direction du Sanctuaire, il avait traversé des moments difficiles, mais avait vite retrouvé son équilibre. Que lui arrivait-il donc ? Etait-ce la naissance de Mû qui provoquait en lui ce bouleversement, parce qu’elle signifiait la fin de son mandat de chevalier d’or du Bélier ? Pas seulement, c’était également le fait de voir l’ordre des chevaliers d’or se reconstituer, de voir de jeunes gens prendre la place de ses amis morts au combat, qu’il ne pouvait oublier malgré les siècles écoulés. Ce n’étaient pas des pensées dignes d’un Grand Pope, il le savait très bien, mais il sentait l’émotion le submerger en regardant vers l’étagère qui jouxtait son lit. Là était posé un tableau datant de deux siècles montrant les douze chevaliers d’or, juste à la veille de la Guerre. Ils avaient dix-huit ans, et souriaient de toute la force de leur jeunesse…que restait-il de tout cela ? Qui entretiendrait leur souvenir lorsque Dohko et lui seraient morts ?

Ce tableau avait été peint par l’un d’entre eux, Atlantis du Sagittaire, qui avait un vrai tempérament d’artiste et à propos duquel tout le monde se demandait si les envoyés ne s’étaient pas trompés lorsqu’ils l’avaient sélectionné. La suite avait prouvé que non, lorsqu’il avait abattu lui-même l’un des trois Juges des Enfers…

Shion regarda un instant cette image plus jeune de lui-même, puis son regard passa au géant debout près de lui, Amedeo du Taureau. Il s’était dès le début bien entendu avec lui, Amedeo avait une personnalité riche et ouverte. Près d’Amedeo se tenait Amphialaos des Gémeaux, dont le frère jumeau Aristeios avait pris la place quand il avait été tué et qui avait fini par mourir lui aussi dans les bras de Dohko lors de la grande bataille finale…

Près des jumeaux était assis Donadieu du Cancer, originaire de France, affichant le sourire gouailleur qu’il lui avait toujours connu. Celui-ci était le boute-en-train des Douze, et Shion se souvenait de parties de cartes mémorables avec lui. Ephrem du Lion, juste à côté de lui, appuyé contre un tronçon de colonne, semblait ramassé comme un félin qui observe sa proie. Il n’avait pas un très bon caractère, était rancunier et imprévisible, mais cachait derrière cette apparence bourrue un cœur d’or…

Shanti de la Vierge, debout près de Donadieu et d’Ephrem, tenait entre ses mains jointes un rosaire de prière bouddhiste en ambre, celui qui ne le quittait jamais. Personne ne le connaissait vraiment, et il n’était pas très sociable, mais c’était de loin le plus puissant d’entre eux…probablement la légende qui courait à son sujet était-elle vraie.

Près de Shanti se tenait Dohko, avec toute la force et la sûreté de soi qu’il avait à cette époque, une lueur brillant dans ses yeux verts. A quoi ressemblait-il maintenant ? La déesse lui avait-elle, à lui aussi, accordé le don de vieillissement ralenti ? Shion l’ignorait…

Assis sur une pierre, juste à côté de Dohko, on pouvait voir Aghelos du Scorpion. C’était le plus petit en taille d’eux tous, mais il n’en avait pas moins une puissance énorme. C’était aussi un homme sage et réservé, qui parlait peu mais avait une énorme capacité d’écoute…

Atlantis du Sagittaire, bien qu’il ait peint le tableau, s’était figuré dessus, et Shion se souvenait bien de lui, de cet homme fluet et délicat qui recelait cependant une puissance énorme…

Kayla du Capricorne, les bras croisés, était appuyé contre un tronçon de colonne, non loin d’Atlantis. Ce descendant des Mayas originaire du Honduras avait toujours été une énigme pour Shion…ce qui n’était pas le cas de Ladislas du Verseau, dont les yeux bleus calmes semblaient luire de vie sur le tableau. Ladislas avait un cœur d’or et était toujours prêt à aider son prochain, quel qu’il soit, ce qui en faisait quelqu’un de très estimé au Sanctuaire.

Harmonie des Poissons était une énigme, qui avait été levée lorsqu’on avait découvert qu’il s’agissait en réalité d’une femme. Elle n’avait cependant pas démérité, se battant jusqu’au bout contre les spectres et en tuant un grand nombre avant de succomber elle-même…

Les larmes qu’il tentait de retenir coulèrent alors sur ses joues, emportant toute la tristesse qu’il restait en lui et le confortant dans sa mission. L’âme de ses amis reposait en lui, ainsi qu’en Dohko, et ils lui donneraient la force d’accomplir sa mission sans faillir…

Il se sentait plus léger à présent, en harmonie avec lui-même, et comprit que c’était justement parce qu’il refusait de laisser partir la peine qu’il ressentait depuis tant d’années qu’elle avait menacé de l’engloutir. Le passé était le passé, mais seul comptait l’avenir à présent…

Gyantsé, 27 mars 1970

C’était l’anniversaire de Mû, et Dolma, qui adorait le petit garçon, lui avait apporté un cadeau. Fébrile, il ôta le papier et souleva un rosaire de prières bouddhiste, nanti d’une bénédiction à son nom.

Doucement, il l’enroula autour de son poignet, et prononça l’un des mantras que Dorjee, sa nourrice, lui avait appris. Il avait beaucoup grandi et s’était fortifié ces derniers mois, mais ses traits ronds gardaient encore la trace du bébé qu’il avait été.

Plusieurs fois, il avait demandé à Dolma pourquoi ses parents n’étaient pas avec lui, comme les autres enfants, mais elle n’avait pas répondu à sa question, le pensant trop petit encore. Il n’avait plus jamais abordé le sujet, mais, en ce jour frais de printemps, il demanda à Dolma et à Dorjee :

« Où sont mes parents ? Est-ce que je les verrai un jour ? »

Dolma se pencha sur lui et dit d’un ton lénifiant, espérant calmer l’enfant :

« Peut-être, je ne sais pas, sois patient… »

Mû se renfrogna, et, dans sa colère, donna un coup de pied dans un caillou qu’il atomisa, sous le regard résigné de Dolma et Dorjee, alors qu’une légère aura jaune apparaissait fugitivement autour de lui.

L’enfant, effrayé par ce qu’il venait de faire, bégaya :

« Qu’est…qu’est-ce qui m’arrive ? »

Dolma s’approcha de lui et dit :

« Rien de grave…ton destin s’ouvre à toi, Mû… »

Elle savait que Shion ne tarderait pas à arriver, et qu’une nouvelle vie commencerait pour l’enfant, loin d’elle. Ses yeux s’embuèrent, mais elle se retint pour éviter que Mû voie ses larmes…

Le jeune Bélier était prêt à affronter son destin…

A SUIVRE