Merci à Yotma, ma bêta lectrice qui a corrigé cette énorme annexe. Merci aussi à Mégumichan, qui continue à publier mes fics, à Alaiya, qui continue à m’encourager et à me lire et à Corinne, qui illustre superbement mes mots…

 

Annexe 2 : La couronne de glace
Histoire d’une femme parmi les grands maîtres : Helena de la Couronne Boréale

Chapitre 1 : L’évolution des mentalités

 

Le Sanctuaire, 17 septembre 1964

Les grand maîtres, d’ordinaire calmes et mesurés, parlaient tous en même temps. L’affaire était de taille, car il s’agissait d’accueillir le dernier d’entre eux, celui des Poissons, qui complèterait enfin le conseil et entraînerait le futur chevalier d’or gardien du douzième temple. Plusieurs candidats étaient en vue, mais ce qui générait tout ce débat était la présence parmi eux d’une femme, le chevalier d’argent Helena de la Couronne Boréale. Le règlement édicté voici plusieurs siècles par les premiers Grands Popes restait vague à ce sujet, et cette lacune donnait lieu à d’animés débats : devait-on lui permettre de concourir ?
Pedro de la Règle, le grand maître du Capricorne, était parmi l’un des plus farouches opposants à la participation d’Helena :

« Comment pourra-t-elle rivaliser avec des hommes et, de plus, former correctement le futur chevalier d’or ? Elle en fera une femmelette, oui ! »

La propension machiste de Pedro était bien connue, et il n’avait jamais considéré les femmes  chevaliers d’argent comme ses égales. L’Espagnol savait que beaucoup de ses collègues pensaient comme lui mais c’était cependant loin d’être la majorité du conseil, surtout pas du plus jeune d’entre eux, Chiron de la Flèche, onze ans seulement, le surdoué du lot. Le Grand Pope ne s’était pas encore exprimé sur le sujet, mais tous savaient que sa voix et son avis seraient décisifs. Le débat fut tellement vif qu’il fut décidé de le reporter au lendemain, en présence du Grand Pope cette fois.

Celle qui causait toute cette agitation en était loin, elle se trouvait au camp d’entraînement où elle surveillait les progrès des apprenties dévolues à sa garde. Helena était relativement grande, longiligne et sa peau restée pâle malgré le soleil de Grèce ainsi que sa luxuriante chevelure blonde attestaient qu’elle n’était pas originaire du lieu. Car c’était également un point sur lequel achoppaient les grands maîtres : Helena était Asgardienne. Elle était originaire de ce peuple issu des étendues glacées du nord de l’Europe, ces gens mystérieux alliés du Sanctuaire mais dont personne n’avait quasiment jamais vu de ressortissants. Helena était l’une des seules depuis des siècles à avoir été envoyée au Sanctuaire pour y être entraînée.
Comme cela était la tradition, personne n’avait jamais vu son visage, mais d’aucuns auraient été surpris de sa couleur d’yeux mordorée, rarissime, qui rappelait celle des félins. Sa chevelure épaisse, blonde et frisée, difficilement disciplinable, était le plus souvent nouée lâchement, et des boucles s’en échappaient.
Elle expliquait à une des apprenties devant elle comment parer efficacement quand un serviteur  vint s’incliner devant elle :

« Maître Helena, vous êtes demandée au palais… »

Étonnée mais sans plus, le chevalier d’argent prit néanmoins le temps de finir son explication avant de suivre le serviteur. Elle se doutait de la raison de la convocation : sa candidature au conseil des grands maîtres. Allait-on essayer de l’en dissuader ?
Dignement, elle marcha jusqu’à la lourde double porte en bois, bronze et électrum, puis les gardes la laissèrent entrer, visiblement prévenus de son arrivée. Calmement, elle marcha sur le sol de marbre poli et s’immobilisa à quelques mètres du trône en s’inclinant :

« Vous avez demandé à me voir, Altesse ? », demanda-t-elle avec respect.

Le Grand Pope, assis devant elle, abaissa sa tête masquée vers elle mais il resta silencieux un instant, comme s’il voulait la jauger ou lire son aura. Il était impressionnant dans sa tenue rituelle mais elle pouvait sentir s’exhaler de lui une profonde bonté. Enfin, au bout de plusieurs secondes, il consentit à répondre :

« Oui, je souhaitais vous voir à propos de votre candidature au conseil des grands maîtres… »

Helena, bien qu’elle subodorât ce qu’il allait lui dire, se releva au geste qu’il lui fit et attendit calmement, dans une attitude ouverte mais respectueuse. Le Grand Pope semblait la jauger encore, mais que voulait-il au juste ?
Elle choisit soigneusement ses mots pour répondre :

« J’ai souhaité concourir car aucune loi ne me l’interdit, parce que je remplis les critères et que je ne vois pas pourquoi le futur chevalier d’or des Poissons ne serait pas bien entraîné par une femme. Depuis que j’ai obtenu mon armure, voici un an et demi, je m’occupe du camp d’entrainement, j’ai donc l’expérience qu’il faut…»

Eh bien oui, pourquoi pas elle ? Ce n’était pas parce qu’elle était une femme qu’elle était un mauvais professeur, y compris pour enseigner des techniques d’or. De plus, elle commençait à en avoir assez du mépris de certains grands maîtres envers les chevaliers féminins du Sanctuaire, il fallait que ça change et elle n’avait pas trouvé d’autre moyen de faire entendre leurs voix que de déclarer haut et fort qu’elle concourrait pour le poste de grand maître restant. De toute façon, elle répondait aux critères de date de naissance et d’expérience et, en bonne Asgardienne têtue, elle resterait sur ses positions.

Contrairement à ce qu’elle croyait, le Grand Pope n’avait aucune intention de la décourager de participer, au contraire. Il désirait la jauger et confirmer ce que son don de prescience lui soufflait depuis quelques temps. Helena n’avait rien de commun avec les autres, elle avait une indépendance de pensée et, de plus, la revendiquait. Pourtant, on ne pouvait la prendre en défaut, elle accomplissait son devoir à la perfection. L’Asgardienne avait une force de caractère peu commune, cela se voyait déjà rien qu’à son maintien. Pourtant, de cette force rien ne transparaissait à l’extérieur, sur sa mise d’une simplicité extrême. En toutes saisons ou presque, elle se contentait d’une tunique de coton brut beige et d’un pantalon court cousu dans la même matière, le tout accompagné de sandales de cuir. Aucun bijou, aucun décorum particulier mais une impression profonde de simplicité mêlée à une grande bonté.
Shion, le Pope, était un atlante pourvu d’une longue vie, et son expérience lui soufflait que cette jeune femme insoumise pourrait bien réussir à donner une bonne leçon aux grands maîtres qui, malgré leur jeune âge, étaient quelque peu rétrogrades. Et puis, aussi, son pouvoir de prémonition qui faisait un peu ce qu’il voulait cependant ne s’était jamais trompé jusque-là…

« Très bien, déclara-t-il de son ton sentencieux, je vous autorise à concourir avec les hommes. Allez, maintenant… »

Il n’en dirait pas plus, aussi Helena se retira-t-elle, l’esprit confus. Elle avait cru recevoir un savon en règle, voilà que le Grand Pope l’autorisait à concourir. Cependant, elle avait pu percevoir qu’il avait une idée derrière la tête. Pourtant, qui pouvait se targuer de savoir ce qu’il pensait ? Personne ne le connaissait vraiment, tout ce qu’on savait c’est qu’il était un chevalier de la précédente génération, et donc qu’il devait avoir près de deux cents ans, mais il avait bien su préserver son mystère. Il était réputé être d’une grande sagesse, et donc elle en conclut qu’il devait savoir ce qu’il faisait.
La décision du Grand Pope provoqua un tollé dans le conseil mais personne n’osa protester en sa présence. Cependant, Dion de l’Octant, le grand maître du Scorpion, ne put s’empêcher de dire tout haut ce que tout le monde pensait :

« Elle va se faire laminer… »

Quand le fait qu’elle était autorisée à concourir fut rendu officiel, elle fut entourée de toutes les femmes et les apprenties qui la portèrent presque en triomphe. C’était aussi pour défendre leurs intérêts qu’elle faisait cela, et elles l’en remercièrent chaleureusement. Cependant, rien n’était gagné encore, les autres candidats, qu’elle connaissait, étaient des adversaires redoutables et elle refusait de les sous-estimer. Issue des dangereuses forêts du nord, Helena comptait sur son sens de l’observation proverbial pour feinter son adversaire et découvrir rapidement son point faible.
Ce soir-là, seule dans sa chambre, elle ne parvint pas à trouver le sommeil. N’avait-elle pas voulu trop en faire ? Elle avait toujours été têtue, jusqu’à se persuader elle-même à l’âge de six ans qu’elle pouvait retrouver son chemin seule dans une tempête de neige. C’était son frère aîné Asketill, avec leur père Eskill, qui était venu la chercher dans la forêt, à demi morte de froid. Cette obstination ne risquait-elle pas cette fois de lui coûter cher ?
Pour la première fois depuis longtemps, son froid et neigeux pays lui manqua. D’avoir évoqué ce souvenir lui rappela une période heureuse de sa vie, son enfance dans le manoir familial…

Nord d’Asgard, 1954

« Helena, Gislinde, Ragnhild, venez ici ! »

La replète nourrice courait après trois fillettes rieuses, qui venaient visiblement de faire un bon tour. La plus âgée des trois, Helena, avait déchiré sa robe et probablement entraîné les deux cadettes dans une aventure dont elle avait le secret. Une haute silhouette se détacha alors, figeant les fillettes sur place : leur mère, Svanhilde. Grande, comme beaucoup d’Asgardiennes, elle avait été une guerrière autrefois et ses enfants la craignaient tout autant qu’ils l’adoraient.

« Helena, viens te changer. Gislinde et Ragnhild, retournez dans votre chambre et apprêtez-vous ! », Dit-elle d’un ton sans appel.

Helena était son troisième enfant, sa fille aînée, et, dès son plus jeune âge, il s’était fait jour qu’elle avait hérité de son caractère de guerrière et en remontrait même parfois à ses deux frères aînés, Asketill et Einar.
Elle l’emmena dans sa chambre, la débarrassa de sa robe déchirée et lui dit sévèrement :

« La prochaine fois que tu déchireras ta robe, tu la recoudras toi-même. As-tu compris ? »

La fillette leva son étrange regard mordoré sur sa mère avec un air de défi, et ne répondit rien. Elle était la seule de sa famille à avoir hérité de cette curieuse couleur d’yeux féline, presque dérangeante. Depuis qu’elle était capable de marcher, elle ne rêvait que d’imiter sa mère et que plaies et bosses, au grand désespoir de ses parents et de sa nourrice.
Svanhilde ouvrit l’armoire de bois ouvragée, y prit une robe de velours et, après avoir débarbouillé la fillette, la lui passa sans tenir compte de ses protestations.

« Nous allons au palais, tu devras bien t’y tenir sinon je sévirai encore… »

Helena ne broncha pas, et Svanhilde ne céda pas non plus. Elle avait été une fière combattante voici des années, et ce n’était pas sa propre fille de sept ans qui allait lui tenir tête. Elle prit une brosse et, immobilisant l’insoumise, entreprit de mettre de l’ordre dans la luxuriante chevelure blonde de la fillette qu’elle disciplina avec un ruban bleu. Ceci fait, elle demanda à la gouvernante de rassembler les enfants. Arrivèrent enfin Asketill, quatorze ans, Einar, douze ans, Gislinde et Ragnhild, cinq ans, qui se mirent en rang devant leur mère et près de leur sœur, sachant plus ou moins ce qui allait leur être dit.
Svanhilde regarda chacun dans les yeux et dit :

« Nous allons partir au palais. Qu’aucun de vous ne s’avise de faire une seule bêtise, sinon vous serez punis… »

Aucun d’entre eux ne broncha. C’était la première fois qu’ils étaient autorisés à aller au palais, et ils savaient parfaitement qu’ils n’avaient pas droit à l’erreur.
Dans la cour du manoir, les serviteurs préparaient le chariot bâché qui conduirait Svanhilde et sa progéniture au palais. Le père, Eskill, chevaucherait sur son étalon bai qu’on était en train de seller. La gouvernante se chargea de superviser l’habillement des enfants pendant que leur mère achevait de se préparer. Svanhilde posa un voile court sur sa chevelure blonde dont avaient hérité tous ses enfants et le maintint par un diadème d’argent dont la partie avant représentait un cygne en vol stylisé. Elle fit bouffer rapidement sa chevelure d’un geste machinal, puis posa sur sa robe de velours rouge une épaisse cape de fourrure.
Elle descendit dans la cour, souleva élégamment le bas de sa robe pour monter dans le chariot et ne put retenir un sourire face à l’exclamation d’Einar :

« Comme tu es belle, maman ! »

Son second fils était déjà sensible à la beauté féminine, et avait toujours été très proche d’elle, même après qu’il ait quitté le giron maternel pour la férule de son précepteur.
Les fausses jumelles, Gislinde et Ragnhild, vinrent s’installer auprès d’elle et se blottirent contre elle. Helena se contenta de regarder sa mère, et n’eut aucune réaction à part la lueur d’admiration furtive qui passa dans ses yeux mordorés. Svanhilde savait que sa fille aînée n’était pas très expansive, mais elle accueillit le furtif hommage à sa juste valeur.

L’habitation n’était pas très loin du palais mais tous les bruits étaient étouffés par la neige qui recouvrait le paysage et partiellement la route. Les enfants, surtout les filles, qui sortaient peu, ne quittaient pas du regard le monde ouaté du royaume enneigé, et les jumelles poussèrent un cri de joie en voyant apparaître le palais, brillamment éclairé. Svanhilde fit à ses enfants les dernières recommandations alors que le chariot entrait dans la cour du château.
Une grande fête avait été organisée pour les épousailles du roi d’Asgard, et tous les nobles avaient été invités avec leurs familles. C’était l’occasion pour eux tous de se rencontrer et de mettre au point diverses choses, dont parfois les épousailles entre familles. Pourtant, Svanhilde était contre cette pratique et elle ne s’était pas privée de le faire savoir. Ayant fait un mariage d’amour, elle espérait bien que ses enfants auraient cette chance.
Un serviteur vint écarter le rideau et aida la famille à descendre, pendant qu’un autre tenait l’étalon d’Eskill. Gardant leur nichée autour d’eux, les parents entrèrent dans le palais et furent ensuite annoncés par les huissiers à l’entrée de la salle du trône :

« Comte et comtesse Eskill et Svanhilde Eldssen ! »

Précédés de leur progéniture, ils entrèrent et allèrent s’incliner devant le couple royal. Les fillettes, impressionnées, parvinrent quand même à faire la révérence que leur mère leur avait apprise, pendant que les fils aînés s’inclinaient correctement. D’un œil, Helena put voir la reine d’Asgard, une femme blonde, assez jeune, longiligne, au regard bleu aimable. Elle avait l’air à la fois doux et ferme, ce qui impressionna immédiatement Helena, qui resta là, incapable de faire un mouvement. Le regard de la reine s’appesantit sur elle, et elle lui sourit. Svanhilde s’excusa, et saisit sa fille par la manche :

« Tu n’en feras jamais d’autres, Helena ! »

Elle s’inclina pour s’excusa et entraîna la fautive à l’écart, à la suite du reste de la famille. L’un des membres du clan du tigre à dents de sabre, un de ses parents, l’avisa alors et lui dit d’un air narquois :

« Ton petit monstre a encore fait des siennes ? »

C’était de sa parenté avec ce clan qu’Helena tenait son regard mordoré, et elle ne baissa pas le regard, regardant l’homme d’un air de défi. Svanhilde poussa sa fille en avant :

« Helena, va jouer avec ton cousin Niall… »

Ledit Niall était le fils du chef du clan, un enfant aux cheveux verts et aux yeux mordorés comme les siens, qui jouait déjà avec Gislinde et Ragnhild. Il regarda arriver Helena d’un air
goguenard :

« Encore une fille ? Il n’y a que ça ici ou quoi ? », Dit-il d’un air ennuyé et condescendant qui irrita la petite fille.

Helena réagit au quart de tour :

« Tu vas voir ! », s’exclama-t-elle vivement.

Elle se précipita vivement sur lui et lui asséna un coup de poing magistral. L’autre, moins vif qu’elle, tomba sur ses fesses mais se remit vite sur pied :

« Tu combats bien, pour une fille ! »

Mais le combat ne put se poursuivre car Svanhilde intervint :

« Ca suffit ! », s’écria-t-elle en retenant Helena.

Elle allait encore la sermonner lorsqu’une voix intervint :

« Ne la réprimandez pas, elle n’a voulu que se défendre… »

Svanhilde, ébahie, vit arriver la jeune reine dans un froissement de soie.

« Quel est ton nom, jeune fille ? », Demanda-t-elle gentiment à la petite fille. 

Pour une fois intimidée, l’enfant parvint à répondre :

« He…Helena… »

La reine, Elfride, possédait un don et elle perçut soudainement la différence d’Helena. Furtivement, un flocon de neige brillant d’un éclat argenté apparut derrière la fillette, mais ce n’était pas là la marque des Guerriers Divins destinés à défendre le royaume. Non, c’était clairement une constellation. Troublée par sa découverte, elle dit à Helena :

« Cela ne sert à rien de te battre… »

C’était une banalité non adaptée, mais elle n’avait rien pu trouver d’autre. Cependant, la fillette avait perçu son trouble, même si elle n’en avait rien montré, l’esprit concentré sur la punition qu’elle n’allait pas manquer de recevoir.
Svanhilde saisit sa fille par le bras et, s’inclinant, dit : 

« Excusez-la, Majesté, je vous assure qu’elle sera bien punie pour avoir osé se battre en votre présence… »

Derrière la mère étaient arrivés les frères aînés et le père, attirés par l’attroupement. Elfride avisa Eskill et lui demanda :

« Accepteriez-vous de me confier cette jeune fille pendant quelques jours prochainement ? »

C’était là un grand honneur, et les parents confondus n’osèrent pas refuser, même s’ils ne comprenaient pas vraiment pourquoi la reine souhaitait avoir auprès d’elle la plus rebelle de leurs filles.

« Très bien, je l’enverrai chercher dans quatre jours… », conclut la jeune souveraine avec un sourire, puis elle se retira, les laissant interloqués.

Gislinde dit d’un air contrarié :

« C’est pas juste ! Helena fait des bêtises et elle est invitée au palais sans nous ! »

Svanhilde calma derechef les protestations de sa nichée, et la soirée se poursuivit sans anicroche. Elle prit soin de garder Helena non loin d’elle, n’ayant cure de son impatience et de son énervement. Sa fille devait absolument apprendre qu’on ne faisait pas n’importe quoi en société, cela lui serait vraiment utile pour plus tard, lorsqu’il faudrait qu’elle devienne une bonne épouse. La reine la chapitrerait probablement à ce sujet, après tout…

Mais Svanhilde était vraiment loin du compte. En se couchant ce soir-là, Elfride dit à son époux :

« Tu voulais envoyer un apprenti au Sanctuaire d’Athéna, non ? »

Surpris par la question, le roi acquiesça simplement et elle acheva :

« Je crois que j’ai une candidate toute trouvée : la jeune Helena Eldssen… »

Il réfléchit avant de dire avec un sourire compréhensif :

« Ah, cette jeune tête bouillante qui se prend pour une guerrière ? »

Elfride croisa les bras.

« Elle a une aura de future guerrière d’Athéna, et je ne me suis pas trompée… »

Le roi Hjalmar posa la tunique de lourd velours qu’il venait d’enlever et se redressa. Il savait que sa jeune épouse possédait des pouvoirs liés à son devoir de prêtresse mais pas qu’ils étaient développés à ce point.

«  En es-tu sûre ? »

La reine ôta son voile.

« Oui, absolument : cette petite est sous la protection d’une constellation qui n’a rien à voir avec les guerriers d’Asgard… »

Le roi secoua la tête pour remettre ses boucles d’une couleur étrange, bleu gris, en place et dit :

« Alors je te laisse t’en charger… »

La reine croisa les bras :

« C’est déjà fait : elle viendra ici quelques jours, et je pourrai mieux la jauger ainsi que faire ce qu’il faut… »

La crâne sûreté de son épouse amusa franchement le roi.

« Très bien, je te laisse te charger de ce...cas… », dit-il seulement en caressant sa chevelure blonde.

A suivre