Chapitre 3: Le legs de Poséidon

 

Un nouveau professeur pour Sion

Sion restait un enfant calme, réfléchi, mais, peu après son huitième anniversaire, Mû remarqua un changement. Pas de doute, les pouvoirs marins jusque-là latents qu’il possédait étaient en train d’émerger…

Personne n'était en mesure de l'aider pour ça, même pas Kanon, qui avait pourtant été Dragon des Mers. Sion restait assis, sans rien faire, plongé en méditation profonde pour contrôler ses pouvoirs naissants, seule sa sœur jumelle, par la connexion qu'elle avait avec lui, comprenait ce qu'il ressentait. Mû souffrait elle aussi de voir son fils ainsi, mais, même avec la meilleure volonté du monde, elle ne pouvait pas l'aider. Ses pouvoirs énormes ne lui servaient à rien dans une situation pareille…

Athena dit à sa mère:

« Maman, on ne peut pas le laisser comme ça... on doit l'aider… »

-Je ne peux pas, cela relève du domaine maritime, je n'ai pas les pouvoirs correspondants... ah, je savais que ça allait arriver un jour...Toi, tu n'as pas ce problème, ton aura est terrestre dominante, comme la mienne...

-Mais, si ça continue... »

Mû vit dans le regard de sa fille une sombre détermination:

« Je vais me servir de notre lien télépathique pour l'empêcher de sombrer...

-Tu ne peux pas faire ça, tu ne le maîtrises pas assez...

-Que veux-tu faire d'autre ? Je suis la seule à pouvoir l'aider.. »

Mû acquiesça. Entre les jumeaux existait un lien particulier, chacun était le complément naturel de l'autre, si, quelqu'un pouvait quelque chose pour Sion, c'était bien sa sœur jumelle...

Athéna s'approcha de son frère jumeau, s'assit en face de lui et entra dans son esprit... Mû resta là, prête à intervenir s'il se passait quoi que ce soit, mais ses jumeaux étaient en symbiose totale, comme ils l'avaient été dans leur période prénatale. Sion paraissait déjà mieux, et le visage d'Athéna était reposé...

Ils restèrent près de douze heures ainsi, puis Mû sentit une cosmoénergie qu'elle ne connaissait pas derrière le brouillard. En sortit un jeune homme mince, environ vingt-cinq ans, aux cheveux violet clair, plus clairs que les siens, et aux yeux fuchsia. Il tenait une flûte traversière à la main, et un sac de voyage sur lequel était posé un étui était suspendu à son épaule droite, ainsi qu’une boîte dans son dos...Une impression de grande douceur se dégageait de lui.

« Chevalier Mû de Jamir, je présume ? », demanda-t-il très poliment.

Sur la défensive, elle acquiesça. Il reprit:

« Je suis Sorrente de la Sirène, le dernier survivant des généraux des Sept Mers. J'ai senti qu'on avait besoin de mon aide ici… »

Mû se détendit un peu. Qui était le plus indiqué pour aider son fils qu'un général marin ? Encore fallait-il qu'il le soit réellement. Mais elle sentait la formidable puissance de Sorrente, il ne mentait pas…

Sorrente reprit en regardant les jumeaux:

« Alors c'est vrai... Le rayon... »

Puis, vers Mû:

« Je sens votre méfiance... Mais rassurez-vous, je suis bien celui que je prétends être, la déesse Athéna vous le confirmera si vous le désirez...J'ai seulement senti un appel à l'aide, et je suis venu...C’était mon devoir… »

Mû hésita à interrompre la connexion des jumeaux, mais déjà ils ouvraient les yeux. Sion dit avec effort:

« Vous avez une force maritime... comme la mienne. »

Sorrente observa l'enfant un moment sans rien dire, puis finit par dire:

« C'est cela... je suis l'un des sept généraux des Mers, je viens t'aider... »

Le petit garçon n'eut pas la force de se lever. Athéna se mit devant lui, les bras en travers:

« Ne le touchez pas... »

Sorrente ne se départit pas de son calme olympien, et dit:

« Ne peux-tu sentir que je ne veux aucun mal à ton frère ? Si, je le suppose, je sens le cosmos qui se dégage de toi. Je veux seulement l’aider… »

Mû lui fit un signe, et Athéna s'écarta, non sans rester sur la défensive. Sorrente s'agenouilla devant Sion, et demanda:

« Quel est ton nom ?

-Sion... »

Sorrente ferma les yeux, et les rouvrit presque aussitôt:

« Bien, je vais t'aider, ensuite tu iras t'alimenter et te reposer. Tu auras besoin de toute ton énergie… »

Sorrente posa la main sur celle de Sion, et sa cosmoénergie le nimba, ainsi que celle de l’enfant. Cela dura cinq minutes, et Sorrente ouvrit à nouveau les yeux:

« Voilà, ça ira pour l'instant, il faut qu'il se repose maintenant… »

Sion parvint à se lever seul, mais chancela. Athéna le rattrapa et l'emmena immédiatement dans la pagode par téléportation. Sorrente resta seul avec Mû, et lui demanda:

« Comment s'appelle la petite fille ?

-Athéna. C'est elle l'aînée des deux jumeaux. Il ne faut pas lui en vouloir, elle est toujours prête à défendre son cadet. Je devrais plutôt vous remercier, vous avez sauvé mon fils... »

Sorrente hocha la tête, et Mû lui dit:

« Venez, entrons. Je vous offre l’hospitalité, c’est le moins que je puisse faire…"

Et elle lui indiqua la direction avant de se téléporter, supposant à juste titre que Sorrente savait le faire aussi. Athéna sortait de la chambre quand ils apparurent, et dit:

« Il dort... »

Puis elle sortit de la pièce. Mû dit:

« Elle s'y fera, elle n'aime pas les bouleversements... Je savais que le problème des pouvoirs marins se produirait, mais je ne savais pas quand...Athéna elle aussi en possède, mais de façon moindre...

-Pour elle cela ne change pas fondamentalement, mais elle devra tout de même apprendre à maîtriser le peu qu’elle possède...

-Je m'excuse d'avoir été si impolie avec vous, mais je ne savais pas qui vous étiez...

-C'est bien normal, si j'avais de si beaux enfants moi aussi je me montrerais féroce... »

Un cri vint alors de la chambre de Sion:

"Aaaah !"

Mû se précipita, et vit son fils sur son lit, livide, tordu de douleur. Sorrente entra:

« Calme-toi, Sion, calme-toi... », dit-il en caressant le front en sueur de l’enfant.

Puis il s'assit, et commença à jouer de sa flûte. C'était la plus merveilleuse musique que Mû ait jamais entendu. En quelques minutes, Sion ne gémit plus, puis sombra dans un profond sommeil...

Mû couvrit doucement son fils, et tous deux sortirent de la chambre. Mû dit alors:

« C'est magnifique...

-Les sirènes pouvaient aussi être bénéfiques, Sion avait besoin de moi... »

Athéna entra dans la pièce en courant, et en hurlant:

« Sion !!!

-Il va mieux, ne t'inquiète pas... », la rassura sa mère.

Athéna se redressa, et reprit :

“ J'ai aussi entendu une musique magnifique..."

Elle vit alors la flûte que tenait encore Sorrente:

"C'est vous qui jouiez, monsieur ?

-Oui, c'était moi..."

La petite fille drapa son second châle autour de ses épaules, et demanda timidement:

"Vous pourriez jouer encore ? J'aime bien..."

Elle s'assit aux pieds de sa mère, sur un coussin, et Sorrente commença à jouer. Il joua la brise légère sur la mer les jours de beau temps, les vagues s'échouant sur la plage, les poissons dorés fendant les vagues... Puis il joua la tempête, et le retour au calme... sa musique était la mer elle-même, à l'humeur changeante mais immuable depuis la nuit des temps...

Quand il eut fini, Athéna dormait, appuyée contre les jambes de sa mère. Celle-ci la prit dans ses bras et alla la coucher. Sorrente lui dit quand elle revint:

"C'est une jolie petite fille... ils forment bien la paire...

-Plus que vous ne le pensez...Ils sont réellement sur la même longueur d'onde, plus même que des vrais jumeaux... Leur cosmos s'est réveillé en même temps, ils ne se connaissaient pourtant pas avant... La déesse avait occulté Sion et me l'a caché jusqu'à ses six ans, quand je l'ai découvert fortuitement, à l'occasion du réveil du cosmos d'Athéna...

-C'est vous qui vous chargez de leur éducation ?

-Pas seulement moi, les autres chevaliers d'or également... Ils sont un peu leurs enfants à eux aussi, et

ils les adorent... Venez, je vais vous montrer votre chambre..."

Elle lui montra une pièce très simple au second étage de la pagode. A la tibétaine, elle était ornée de peintures et le lit était un matelas posé par terre...mais elle donnait sur un des balcons. Les peintures étaient l'oeuvre de l'apprenti de Mû, Kiki, artiste à ses heures. Elle-même dormait en bas, tout près de la chambre des jumeaux. Il y avait assez de pièces dans la pagode pour plusieurs personnes, mais les jumeaux avaient insisté pour partager la même chambre. Mû avait donc transformé la chambre d'Athéna en chambre double. C'était une grande pièce claire, ornée elle aussi de peintures. L'ameublement était l’œuvre d'Aldébaran du Taureau, menuisier à ses heures, qui avait déjà fabriqué le berceau d'Athéna, et un mobile représentant les douze signes du Zodiaque était suspendu au centre de la pièce. Il avait été fabriqué par Milo et Canon et offert à Athéna pour ses trois ans. Chacun des jumeaux avait son coin, sa petite étagère...certaines peintures de Sion, artiste à ses heures, ornaient les murs...

Avant de se coucher, Mû entrouvrit la porte de la chambre des petits, comme elle le faisait tous les soirs, et les regarda dormir un moment. En tenue de nuit, installée dans son lit, elle ne parvint pas tout de suite à trouver le sommeil. La déesse lui avait dit qu'elle craignait à l'origine que Sion ne soit une réincarnation de Poséidon, mais ce n'était pas le cas. Mais il en avait une partie, car le général Sorrente avait senti ses problèmes à distance. De toute façon, il y avait quelque chose de... divin dans ses enfants. Malgré cela, ils étaient précoces, mais cependant tellement humains !

Le lendemain matin, Athéna se réveilla la première, et sortit de sa chambre sans réveiller son frère, toujours endormi. Il était six heures du matin, et elle admira du balcon intermédiaire le lever de soleil sur l'Himalaya. Elle entendit le pas familier de sa mère:

"Bonjour, ma grande... déjà levée ?"

Athéna regarda sa mère, et sourit. Mû savait que sa fille appréciait ces heures matinales, où elle était en totale symbiose avec la nature, et où elle avait sa mère à elle seule, comme autrefois. Sion était un plus grand dormeur que son aînée parce qu’il avait eu un peu plus de mal à s’adapter au climat, ce qui permettait à Athéna de profiter de sa mère tôt le matin. Ce n'était pas pour ça qu'elle détestait son cadet, au contraire...

Mû dit à sa fille en lui mettant la main sur l’épaule:

"Tu as bien dormi ?

-Oui…

-Allez, va vite faire ta toilette et prendre ton petit déjeuner..."

Athéna détala, et sortit quelques minutes plus tard de la salle de bains, impeccable, les cheveux nattés. Mû la regarda, et trouva qu'elle embellissait. Bientôt, elle serait une adolescente... Il n'y avait aucun doute, elle était destinée à devenir chevalier sacré, dès qu'elle serait assez grande elle serait envoyée au Sanctuaire pour son entraînement. Sion, lui, avait encore besoin d'entraînement supplémentaire, dû à sa particularité.

Elle s'assit sur le sol, et regarda le soleil monter progressivement derrière les montagnes. Sion sortit alors, accompagné de Sorrente. Le petit garçon bâillait encore, mais il allait mieux, indéniablement. Sorrente, lui, était égal à lui-même, souriant et aimable.

"Bonjour à tous", dit-il, "Je ne sais pas si c'est l'air mais j'ai merveilleusement bien dormi..."

Mû et Athéna sourirent, et tous rentrèrent dans la maison pour y prendre le petit déjeuner. Puis Sorrente et Sion commencèrent leur entraînement, alors que Mû s'occupait d'Athéna, comme à son habitude.

Alors qu'Athéna traduisait de vieux textes en tibétain, chose qui lui déplaisait souverainement mais à laquelle sa mère tenait particulièrement, Mû alla voir Sorrente, qui entraînait Sion derrière la pagode et lui dit:

"Peut-être auriez-vous besoin de connaître quelques données supplémentaires sur Sion ?

-Ca pourrait être utile, au cas où..."

Elle lui tendit le constat fait à sa naissance, ainsi que son carnet médical...Une page avait été utilisée pour les deux jumeaux, et une autre avait été faite à l’usage de Mû, avec seulement les constantes d’Athéna:

-Athéna:

-3,450 kgs, 51 cms

-groupe sanguin: A (identique à celui de sa mère)

-Date de naissance: 8 avril

-Heure de naissance : 10h30

-Lieu de naissance: Athènes, Grèce

-Sion:

-3,330 kgs, 51 cms

-Groupe sanguin: O

-Date de naissance: 8 avril

-Heure de naissance : 10h38

-Lieu de naissance: Athènes, Grèce

Suivait tout une liste de considérations médicales, les examens effectués par le médecin...Sorrente parcourut cela, et dit:

"C'est une preuve s'il en fallait encore que ce sont de faux jumeaux..."

Et Mû rit en ébouriffant la tignasse bleu clair de son cadet...Sion regarda sa mère, et dit:

« Je serai un chevalier sacré, hein maman ? »

Mû sourit, mais se dit qu’en fait elle ne savait pas si son fils le pourrait...il porterait sans doute plus une écaille de mer qu’une armure. Pour Athéna ce serait sans doute plus facile...

Sorrente envoya Sion rejoindre sa soeur, puis dit à Mû:

« Il a un potentiel énorme...je ne sais pas encore vraiment son étendue, mais sa nature est assez difficile à juger... »

Mû acquiesca, et alla rejoindre Athéna en renvoyant Sion à Sorrente. Celui-ci ne s’occupait pas de Sion en tous temps, l’après-midi était laissé à Mû, pendant que Sorrente s’occupait d’Athéna. Mû et Sorrente mirent au point un roulement pour s’occuper à tour de rôle des jumeaux...Au départ, Sorrente s’occupa exclusivement de Sion, mais il apparut très vite qu’il fallait aussi s’occuper d’Athéna...Il s’aperçut vite qu’il fallait les enseigner en même temps, les deux étant liés. Il fallait aussi qu’il apprenne à les connaître, voir comment ils interagissaient...Il ne fallut que quelques mois pour qu’Athéna contrôle plus ou moins le peu de pouvoir marin qu’elle possédait, mais pour Sion il vit immédiatement qu’il y avait autre chose de beaucoup plus puissant...

Ce soir-là, six mois plus tard, Mû referme la porte de la porte des jumeaux. Sorrente est assis dans la salle principale, il sirote son thé. Mû le rejoint, et s’assied en face de lui:

« Ils se sont effondrés, comme d’habitude... »

Sorrente regarde sa tasse, et dit:

« J’ai encore du mal à appréhender la véritable puissance de Sion...mais je peux vous rassurer dés maintenant, il n’est pas une réincarnation de Poséidon...Mais il en est très proche, il lui faudra du temps pour contrôler tout ce qui s’y rattache... »

Mû pose le verre qu’elle tient, et dit:

« J’en avais l’intuition... de ce point de vue il est très différent de sa soeur, elle n’a hérité que de peu de pouvoirs marins...

-Encore une bizarrerie de plus...mais Sion dispose des deux pouvoirs, il a une cosmoénergie et possède des pouvoirs marins, les deux pouvant se grouper en cas de besoin...il va falloir que je lui apprenne comment les séparer, comme à les contrôler, c’est ça qui prendra le plus de temps...Par contre, j’ai remarqué qu’Athéna avait beaucoup d’oreille, elle a le sens inné de la musique...je voulais vous demander si je pouvais lui apprendre la musique et la flûte... »

Mû sourit, et répond:

« Mais bien sûr, cela ne pourra lui faire que du bien...j’avais remarqué depuis longtemps que mes enfants avaient un sens artistique très dévellopé, Sion peint, mais Athéna n’avait jamais semblé vouloir développer cela...c’est une bonne idée d’essayer, cela ne pourra lui faire que du bien... »

Sorrente se lève, et dit:

« Bon, je vais me coucher, à demain... »

Et il se dirige vers l’escalier pour gagner sa chambre. Avant de quitter la pièce, il voit Mû prendre la tasse et le verre et les emmener vers la cuisine. Il secoue la tête, et commence à monter l’escalier...il l’envie d’avoir une telle force d’âme, d’élever des enfants qui au départ lui avaient été imposés, sans craquer ni même leur en vouloir. Elle aime ses enfants, ça se voit vraiment...mais elle est chevalier d’or avant tout, il a vu l’armure conservée pieusement dans une des pièces de la maison. Il est vrai qu’il a un peu tendance à l’oublier parfois...

Il sourit en fermant la porte de sa chambre...

Quelques mois plus tard, Sion et Sorrente sont derrière la maison, et Sorrente dit à son élève:

« Très bien, Sion, tu vas réessayer de concentrer ton énergie entre tes mains...utilise uniquement tes pouvoirs marins... »

Sion se met devant un gros rocher, lève ses deux bras et réunit ses mains...son aura le nimbe, et Sorrente voit une vague apparaître derrière lui. Sorrente retient son souffle: son élève a réussi le premier degré...

Sion se concentre, il ferme les yeux....et réussit à produire un petit rayon bleu qui frappe le rocher et le désintègre en partie. Sion chancelle sur ses jambes, et Sorrente l’assied en disant:

« Tu as réussi...tu as eu accès à tes pouvoirs marins à volonté. » 

Sion sourit, mais cette projection d’énergie l’a épuisé. Sorrente lui dit:

« Reste assis un moment, jusqu’à ce que tu sois capable de te téléporter, puis tu iras te reposer...Tu apprendras progressivement a mettre plus d’énergie dans tes coups sans être dans cet état... »

Athéna apparaît alors, et se précipite vers son frère, mais Sorrente la rassure:

« Il va bien, il est juste un peu fatigué...puisque tu es là, reste, c’est l’heure de ton cours de flûte... »

Il lui tend la sienne, dont il ne se sépare jamais...Athéna ouvre la partition qu’il lui a donné à travailler, et commence à jouer...Sorrente écoute, puis l’arrête:

« Il faut jouer ton si moins fort, ici, tu vois...et essaye de mettre un peu plus de sentiment... »

Athéna ne se débrouille pas trop mal, et Sorrente a découvert avec peu d’étonnement sa capacité à assimiler assez vite les bases de la musique. Elle a cependant plus de mal avec les accords, mais Sorrente fait preuve d’une patience énorme.

Mû regarde la scène, et ferme le vieux livre qu’elle tenait à la main. Sorrente est un excellent professeur, patient et aimable, et il semble vraiment apprécier les enfants. Les petits aussi l’apprécient, il représente un peu pour eux l’image de leur père absent, qu’ils n’ont jamais vu et qui, d’après ce qu’elle en sait, est enfermé dans une urne pour quelques 250 ans. Sorrente la voit alors, et l’appelle avant de dire:

« Sion est sur la bonne voie...il a réussi la vague jaillissante... »

Et il montre le rocher cassé. Mû hoche seulement la tête, et dit à sa fille:

« As-tu réussi enfin à jouer ce morceau ?

-Presque, maman... »

Sion est là, encore assis par terre, et Mû le prend dans ses bras pour le ramener à l’intérieur. Au moment où elle va sortir de la chambre après l’avoir couché et couvert, Sion lui retient la main, et dit:

« Maman...ne t’inquiète pas pour moi, je vais bien... »

Mû s’assied, et dit en caressant le front de son fils:

« Je ne m’inquiète pas...repose-toi maintenant. »

Puis elle sort...Elle entend alors Athéna jouer dehors le fameux morceau, cette fois sans erreur. Elle voit alors son apprenti apparaître devant elle...

« Kiki ! », s’écrie-t-elle.

Il sourit, et dit:

« On m’a laissé quelques congés au Sanctuaire, alors j’en ai profité...le Vieux Maître a pensé que cela vous ferait plaisir... »

Mû regarde son apprenti, et constate qu’il a encore forci. A presque dix-sept ans, il ressemble cependant encore au petit garçon farceur qu’il était. Mais une gravité nouvelle empreint ses traits. Elle dit alors:

« Je ne t’ai pas revu depuis que tu as obtenu ton armure...je te félicite... »

Kiki hoche juste la tête, et montre l’urne qui contient l’armure d’argent de la Chevelure de Bérénice (Coma Berenices), qu’il a obtenue quelques mois plus tôt au terme d’un entraînement très difficile. Mais, vu qu’il est le futur chevalier du Bélier, Mû doit continuer à l’enseigner...Il demande alors:

« Et les jumeaux ? Comment vont-ils ?

-Bien, bien...ils sont avec leur professeur, Sorrente de la Sirène...tu le connais peut-être ?

-Sorrente de la Sirène ? Bien sûr que je le connais ! Je ne savais pas s’il avait survécu, je constate que oui...mais qu’est-ce qu’il fait là ?

-Sion a expérimenté l’éveil de ses pouvoirs marins il y a maintenant sept mois, et Sorrente l’a ressenti, il est venu l’aider...il lui enseigne comment les maîtriser, comme il l’a fait au début pour Athéna...Maintenant il lui enseigne la musique... »

Kiki hoche la tête...il se souvient bien de Sorrente, le seul général qui ait survécu à cette folie. Mû lui dit d’aller déposer ses affaires dans sa chambre et d’aller se reposer...

Les jumeaux lui firent fête, et il reprit pour quelques temps sa place dans le quotidien de la maison.