Chapitre 8 : L’émergence d’une nouvelle génération

 

Pendant tout ce temps, dans la salle d’Athéna…

Athéna la petite finit par ouvrir les yeux un peu plus longtemps, et vit son jumeau à côté d'elle. La déesse, quand elle le vit, vint et se pencha sur elle:

« C'était fou ce que tu as fait là, tu aurais pu mourir... »

La petite fille sembla se rappeler quelque chose, et demanda d'une voix faible:

« Les généraux ?

-Tu les as vaincus. Je me demande encore où tu as puisé la force de faire cette attaque..."

Athena ne dit rien, mais des bribes de son combat lui revinrent soudain à l’esprit. Oui, c'était cela, c'était ce que sa mère avait appelé le septième sens. Sa colère lui avait permis de le découvrir. Elle s'était aussi souvenue d'une chose que lui avait dite Shaka autrefois, comme quoi se priver d'un sens concentrait et augmentait le cosmos. Sa sensibilité était affectée par les attaques des généraux, là était sans doute la clé.

Elle se tourna lentement vers son jumeau, et dit:

« Sion, j'ai la clé du septième sens... »

Il ouvrit des yeux ronds:

« Quoi ?

-Oui : Ma colère, plus la perte de sensibilité due à mes blessures. Cela a concentré et augmenté mon cosmos, comme me l'avait dit Shaka une fois quand j'étais petite... »

Sion resta rêveur:

« Tu as eu de la chance, tu aurais pu être broyée. Mais, si c'est bien le septième sens, alors tu es aussi puissante que notre mère désormais... »

Les autres enfants avaient écouté la conversation, et restaient ébahis en entendant la conclusion de Sion. Mais la déesse intervint:

« Non, elle est loin d'être aussi puissante qu'un chevalier d'or, car elle ne le contrôle pas encore. La situation a favorisé l'éclosion de son septième sens, mais elle mettra encore quelques années à le contrôler. Vous, les jumeaux, êtes encore au stade de l'entraînement, cela fait maintenant presque quatre ans que vous vous êtes éveillés à votre cosmos, et vous n'en contrôlez encore qu'une infime partie. Soyez patients... »

L'enfant était trop faible pour se lever, et Sion, trop faible lui aussi, ne pouvait la soulever par télékinésie ni la téléporter. Athena referma les yeux, et la déesse, toujours nimbée de son aura, se rassit sur son trône. Elle se concentra sur les combats. Tous les anciens chevaliers d’or avaient repris place dans leurs Maisons, elle savait qu’ils ne resteraient pas sans rien faire face à une menace pareille. Tous leurs adversaires avaient perdu la vie, ou presque. Hermès avait perdu, du moins il semblait. Mais, à ce moment, vingt enfants nimbés de vert apparurent dans la salle. Ils portaient une armure couleur fumée...

Shaka, bien que ses forces n'aient pas eu le temps de se reconstituer, forma immédiatement un bouclier protecteur autour du trône de la déesse, elle l'aida de son énergie. Sion, avec ses dernières forces, y porta sa sœur inconsciente. Doko ouvrit les yeux, et dit:

« C'est à moi maintenant de vous défendre... »

Mais Sion s'interposa:

« Non, ne fais rien, ton cosmos est en éveil, il va graduellement augmenter, mais tu ne le contrôles pas, ce serait trop dangereux de le faire exploser, tu risquerais d’y laisser ta vie. Athena et moi avons mis trois ans à avoir un contrôle partiel..."

Personne ne faisait attention à Camus, assis derrière eux. Il se concentrait afin de pouvoir regagner ses forces. Il se souvenait des leçons de son père, qui lui expliquait le mécanisme de glaciation, qu'il fallait arrêter le mouvement des atomes, le chaos même. Il fallait qu'il parvienne à maîtriser cela, il le pouvait, il le savait...

Il ouvrit les yeux, et interpella Sion:

« Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

-Moi rien, malheureusement…ou pas grand'chose. Shaka fait ce qu'il peut... »

Saori intervint:

« Unissons nos forces cosmiques, on parviendra bien à produire quelque chose, non ? En plus, toi, Sion, tu sais lancer l'énergie... »

Il n'était plus temps de se préoccuper de l'éveil du cosmos de Doko, il fallait faire quelque chose. Il se concentrèrent tous, et une aura les nimba, celle de Sion et celle de Doko.

Camus se concentra, visualisa ce que son père lui avait dit, et entendit une voix qu'il ne connaissait pas lui dire:

« Tu dois t'éveiller toi aussi, c'est le seul moyen de les vaincre. Tu as cette énergie en toi, je le sais, alors sois digne de ton père... »

Il prit une grande inspiration, et se concentra profondément, le plus profondément qu'il le put, pour trouver son étincelle de cosmos et l'allumer. Les autres dirent:

« Mais...qu'est-ce qu'il fait ? »

Sion hocha la tête:

« Je sais ce qu'il fait, il cherche à s'éveiller. Laissons-lui quelques minutes... »

Les enfants attaquaient, mais leurs coups ricochaient encore sur le bouclier de Shaka. Au bout des quelques minutes demandées, Camus n'était parvenu à aucun résultat. Il dit cependant, rouvrant les yeux:

« Faisons-le, maintenant... »

Mais la colère était en lui. Il n'était pas digne de son père, il n'était pas capable de s'éveiller lui aussi ! Il ferma les yeux, et lança sa tempête de neige de toute la force de sa colère. Avec un hurlement de rage, il tendit sa main et chercha à l'envoyer sur les assaillants. Cela ne marcha pas, et il tenta une deuxième fois, rageusement, avec des larmes dans les yeux.

Soudain, quelque chose se déclencha en lui, et une aura blanche le nimba. Sion lui dit:

« Ca y est, ton cosmos est éveillé ! »

Tous se concentrèrent, et envoyèrent par l’intermédiaire de Sion une vague d'énergie sur leurs assaillants. Un certain nombre allèrent voler en arrière, mais cela ne suffit pas. Alors Sion prit sa décision...

Sion se redressa, et dit aux autres:

« Reculez-vous... »

Les trois autres dirent:

« Pourquoi ?

-Le pouvoir de Poséidon, empereur des Sept Mers est en moi. Pas tout, une infime partie, mais j'y ai accès, il est indépendant de ma cosmoénergie. Sorrente m'a appris son existence et son contrôle partiel, et je crois que le moment est venu de m'en servir... »

Il ferma les yeux, et une aura différente, bleu clair, le nimba. Un trident apparut derrière lui, et il se rappela des paroles de Sorrente, il savait clairement qu’il risquait sa vie en le faisant sans vraiment le maîtriser, car son corps de mortel pouvait exploser sous le déchaînement d’énergie qui se produirait. Il se retourna vers le trône:

« Déesse Athéna, je vais utiliser dans votre temple la force de votre plus mortel ennemi, et je vous demande de me pardonner. C'est de ça que vous aviez peur quand je suis né, et vous aviez raison, je l'avais en moi... »

La déesse lui répondit:

« Non, Sion, ne fais pas ça...tu n'y survivras pas ! Tu es trop faible...

-Si, justement. Je suis né avec, il fait partie de moi, ce qui me protège de ses effets... »

Une petite aura bleue nimba Athéna, toujours inconsciente. Une part de Poséidon était en elle aussi, et voulait aider son frère jumeau…

Un raz de marée se forma derrière Sion, et celui-ci le libéra avec un hurlement. Une masse d'énergie énorme s'abattit sur les assaillants, les dispersant comme un fétu de paille. Sion chancela, mais resta debout. Il se retourna vers la déesse:

« Je suis désolé. Vous aviez confiance en moi, et je ne vous ai jamais parlé de cela... »

Et il baissa la tête. La déesse lui dit:

« Cela devait arriver, mais tu l'as utilisé pour défendre une juste cause... »

Comme si cela le rassurait, il tomba à terre. Camus se précipita, et dit, après avoir mis sa main sur son pouls carotidien:

« Il est inconscient...vivant mais drainé de toute énergie ! »

Shaka cessa sa protection, épuisé, et chancela lui aussi avant de tomber. Ne restaient que Camus, Doko et Saori. Elle dit:

« Je ne peux pas m'éveiller, je n'ai pas d'entraînement...mais vous, vous pouvez vaincre, je vous soutiendrai... »

Certains des assaillants se relevaient, et Shaka ne pouvait plus assurer aucune protection, les jumeaux non plus. Les deux enfants restants ne savaient pas utiliser leurs cosmos, et celui-ci irradiait d'eux sans contrôle...

Doko se tourna vers Camus:

« Mon père m'a dit une fois que le cosmos pouvait exploser, et fournir une énergie énorme...il faut essayer... »

Camus lui répondit:

« Mon oncle Alexer m'en a parlé, mais nos corps ne résisteront pas. S'ils nous attaquent une fois, nous ne résisterons pas non plus... »

Ils savaient ce qu'ils risquaient, mais il décidèrent de le faire tout de même. Ils se concentrèrent pour augmenter leur cosmos et le faire exploser, même s’ils n’en avaient pas le contrôle. Une aide inattendue vint alors : Les armures du Cygne et du Dragon sortirent de leurs urnes, et vinrent se placer, la première devant Camus, et l'autre devant Doko. Les enfants se regardèrent, et dirent:

« Elles veulent nous protéger, nos pères veulent nous protéger... »

Mais les chevaliers, occupés à garder leurs maisons, n'y étaient pour rien. Ils étaient occupés à lutter contre les hordes d'Hermès, envoyées après l'échec de ses généraux. Les armures agissaient de leur propre initiative. Les servants d'Hermès à aura vertes lancèrent leur attaque. Les enfants ne pouvaient pas l'éviter, et n'avaient pas les moyens de l'esquiver. Doko suivit son instinct, mit son bras devant lui, et le bouclier du Dragon vint le recouvrir. Il se retrouva vêtu de l'armure de son père. Celle-ci était adaptable à la taille de son propriétaire, elle lui allait parfaitement.

Doko se recula, et concentra son cosmos. Le rayon qu'il lança alla frapper l’un des assaillants...

Au moment où Camus allait tomber, il fit un cercle de glace autour de lui, mais cela ne le protégea pas. Le bouclier du Cygne recouvrit alors son bras, et dévia l'attaque. A son grand étonnement, il découvrit que l'armure du Cygne le recouvrait. Il lança un rayon de glace, c’était tout ce qu’il savait faire instinctivement...

Les deux se réunirent, et allèrent frapper leurs adversaires de plein fouet. Ceux-ci leur dirent en ricanant:

« Ce n'est que ça, la force des chevaliers d'Athéna ? Sans votre camarade à la force de Poséidon, vous n'êtes rien ! »

Les deux enfants se redressèrent, et résolurent de faire un petit mensonge afin de gagner du temps. Camus dit d'une voix forte:

« Je suis Camus du Cygne, Camus du signe du Verseau me protège ! je vous vaincrai ! »

Il poussa son cosmos à l'extrême, et projeta des aiguilles de glace meurtrières. Plusieurs de ses adversaires furent transpercés de part en part.

Doko se redressa lui aussi, et dit:

« Je suis Doko du Dragon, et vous allez connaître ma fureur ! Dohko du signe de la Balance me protège ! »

Il canalisa sa colère, et lança un gros rayon d'énergie qui vint heurter de plein fouet ses assaillants. Il n'en restait plus, ils étaient tous morts...

Les deux apprentis chevaliers étaient épuisés, mais les armures ne les quittèrent pas. Souriant, ils se tournèrent vers la déesse Athéna, et celle-ci leur dit:

« Les armures vous ont protégés, elles vous ont reconnu comme leur prochain porteur... »

C'est à ce moment-là que Sion reprit conscience, et vit ses deux congénères revêtus des armures. Il sourit:

« Eh bien, je tourne le dos deux minutes et vous n'en faites qu'à votre tête ! »

Saori, elle, soignait Shaka et Athéna, toujours inconscients. Mais le dieu Hermès lui-même apparut face à eux. Athéna lui dit:

« Tu as perdu, Hermès. Vois, mes chevaliers me défendront jusqu'à la mort ! »

Hermès rit doucement:

« Regarde-les, ils ne tiennent plus debout. Ce sont des enfants, même avec la puissance de Poséidon dont dispose l'un d'entre eux tu ne pourras me vaincre. Ils viennent juste de s'éveiller, ils ne se contrôlent pas... »

Hermès était un dieu, après tout, donc omniscient. Un rayon se forma au bout de son doigt, visant Athéna, mais ricocha sur le bouclier du Dragon tenu par Doko. Le recul le fit buter sur les marches du trône. Il dit, ses yeux bleu-gris brillant de détermination:

« Nous la défendrons, comme nos parents le font et l'ont toujours fait... »

Camus le rejoignit, et s'interposa lui aussi. Leur cosmos irradiait hors d'eux, formant une barrière. Saori s'interposa elle aussi. Sion se leva, chancelant:

« Je ne te laisserai pas toucher à Athéna. S'il le faut je déchaînerai la fureur des océans ! »

Hermès rit, d’un rire mauvais qui ne lui ressemblait pas:

« Tu ne disposes pas de ce pouvoir, et tu le sais. Poséidon était affaibli quand il t'a conçu, enfermé dans son urne, quelle honte ! De toute façon, tu es trop faible pour faire quoi que ce soit... »

Hermès visa Sion, sans protection, mais retint son coup en voyant que l'écaille divine de Poséidon venait de s'interposer. Elle revêtit Sion pour le protéger.

La plus grande confusion se mit à régner dans la grande salle, les urnes des armures s'ouvrirent et prirent vie toutes seules. Celle du Phénix recouvrit Shaka, celle de Pégase Saori. Athena, quant à elle, reçut une écaille que seule la déesse reconnut: elle avait appartenu à Kanon autrefois, alors qu'il nourrissait de sombres rêves de domination mondiale par l'intermédiaire de Poséidon, et c'était celle du Dragon des Mers. Poséidon, ou Kanon, on ne sut, voulait protéger la petite fille inconsciente.

Tous les enfants avaient donc une protection. Sion tint son trident à bout de bras, suivant son instinct, mais, comme il ne disposait pas du pouvoir de destruction illimité de Poséidon, rien n'en sortit.

Hermès lança alors une boule de feu sur la déesse Athéna, privée de toute protection. Sion, qui disposait de la protection la plus couvrante, sauta et l'intercepta. Il vola en l'air, et retomba lourdement. Mais il se releva. Hermès lui dit:

« Tu n'es qu'un enfant, je peux te tuer facilement… »

Sion resta debout, le trident en main, fièrement. Il ne céderait pas, même drainé il combattrait...

Les Maisons, au même moment…

Ikki sentit son armure s’activer…et les pouvoirs de son fils décroître. Masque-de-Mort le regarda, tout en finissant de battre les derniers soldats d’Hermès :

« Tu ne te concentre pas. Un souci ?

-Pas vraiment. Mon fils est là-haut, avec la déesse, et mon armure vient de s’activer. Elle l’a recouvert… »

Masque-de-Mort éclata franchement de rire :

« Tu as un fils, toi ? le solitaire coupé du monde ?

-Eh bien oui, je me suis marié, il n’y a rien d’étonnant à cela. Mon fils, Shaka, a sept ans maintenant…

-Shaka, en plus ? Shaka de la vierge est son parrain ?

-Oui, et je viens de m’apercevoir que mon fils a un potentiel énorme et qu’il a commencé à lui apprendre des choses à mon insu… »

Masque-de-Mort rit plus fort, il trouvait manifestement très drôle le fait que Ikki se soit fait berner plus ou moins par le chevalier de la Vierge. Alors le Phénix, vexé, lui dit :

« C’est ça, ris, comment peux-tu comprendre ?… »

Mais Masque-de-Mort s’arrêta :

« Je comprends ton angoisse, mais je ne m’en fais pas, si Shaka lui a appris des choses il s’en sortira. Fais-moi confiance, je connais Shaka depuis très longtemps, depuis que je suis enfant... »

Et Ikki acquiesça…

Seiya, en train de terminer sa bataille en compagnie d’Aioros, sentit lui aussi son armure s’activer et l’étincelle de sa fille aînée. Aioros se retourna :

« Tu as l’air ailleurs…

-J’ai senti mon armure s’activer. Ma fille est là-haut…

-Avec Athéna ?

-Oui…

-Tu as une fille ?

-Tu sais, je me suis marié, et j’ai deux enfants, Saori, l’aînée, est là-haut, son frère plus jeune, qui porte ton nom d’ailleurs, est avec mon épouse… »

Aioros sourit :

« Je suis flatté. Mais rassure-toi, si la déesse est avec elle, elle ne risque rien. Avec un peu de chance, elle s’éveillera elle aussi, comme ses camarades… »

Il tentait lui aussi de se convaincre de cela…

Shiryu s’arrêta…et sentit que son armure s’était une fois de plus activée. Le cosmos de son fils était encore là. Il comprit ce que cela signifiait, Doko devait actuellement porter son armure…

Malgré la situation critique, il sourit largement et mit à terre son adversaire. Shura frappa lui aussi, et dit :

« Qu’est-ce qui te fait sourire ? »

Il ne restait plus de membres des hordes d’Hermès dans la Maison, et Shiryu se redressa en disant :

« Tu n’as pas senti ?

-Quoi ?

-Mon armure s’activer…

-Toute seule ? je sais qu’elle le peut, mais… »

Shura ne comprenait pas. Alors Shiryu, rempli de fierté paternelle, lui dit :

« Mon fils aîné est là-haut. Son cosmos vient de se réveiller, et mon armure le recouvre… »

Shura ouvrit de grands yeux :

« Tu es père, toi ?

-Tu sais, dix ans ont passé. Je me suis retiré de la chevalerie, et je me suis marié, en fait. J’ai deux enfants, Doko, qui a presque neuf ans, et Shura, qui a trois ans… »

Shura sourit :

« Eh bien, tu n’as pas perdu ton temps, hein ? je suis flatté que ta fille porte mon prénom. Ton fils est là-haut, avec la déesse, et tu n’es pas inquiet ?

-Oh si, mais la déesse est avec lui. Je sais qu’elle les défendra… »

Shura acquiesça fortement…

Hyoga se retourna, et frappa son dernier adversaire. Son armure s’était activée, et il sentait le cosmos de son fils aîné. Lui aussi était éveillé maintenant. Mais il le sentait quelque peu perdre pied…

Camus retomba sur ses jambes, et vit le pli de souci de son ancien élève :

« Tu t’inquiètes pour Athéna ?

-Non…enfin si, mais mon fils aîné est là-haut, avec elle. Il vient de s’éveiller, et mon armure l’a recouvert… »

Camus acquiesça. Il avait senti les doutes de ce petit garçon qui lui avait paru proche, et l’avait aidé. Alors il était le fils de Hyoga ?

Il demanda :

« Tu as un fils ?

-Oui, je suis marié maintenant. Mon fils aîné porte votre nom, il a huit ans maintenant… »

Camus manqua de sourire : ce petit garçon lui avait semblé vraiment proche, maintenant il savait pourquoi. Hyoga reprit :

« J’ai un second fils, Isaak, qui a quatre ans… »

Alors les yeux bleus cobalt du chevalier d’or brillèrent, signe chez lui de son contentement. Il dit à son ancien disciple:

« Je te félicite. En fait, ton fils aîné avait des doutes, il n’arrivait pas à s’éveiller. Je ne sais pourquoi, je l’ai senti et je l’ai plus ou moins aidé... »

Hyoga sourit lui aussi:

« Alors lui aussi aura bénéficié de votre enseignement. Camus est un garçon courageux lui aussi, je suis sûr qu’il va s’en sortir... »

Camus vit tout de suite l’inquiétude de son disciple, et acquiesça fermement...

Les deux jumeaux Gémeaux, eux, sentaient avec un peu moins de précision ce qui se passait en haut. Kanon dit:

« Il se passe vraiment de drôle de choses, là-haut... »

Il sentait encore le cosmos des jumeaux, mais celui d’Athena était très faible. Par contre, celui de Sion avait changé de nature, sublimé par quelque chose, mais il ne savait pas quoi. Saga lui dit:

« Tu as l’air inquiet...

-J’ai...des personnes chères...là-haut...c’est leur premier combat... »

Alors Saga comprit, et dit:

« Les jumeaux de Mû sont là-haut ? »

Kanon ouvrit de grands yeux:

« Mais…tu es au courant ?

-Ils ont découvert notre retraite il y a quelques jours. Ils sont absolument phénoménaux...

-C’est vrai. Tu sais, je connais Athena, l’aînée, depuis sa naissance, Sion à partir de ses six ans, et je peux te dire qu’ils feront de grandes choses... »

Saga sourit en imaginant son frère, toujours consumé d’ambition, penché au dessus d’un berceau en train de faire des mines à un bébé. Mais Kanon semblait vraiment changé, plus calme. Etait-ce le port de l’armure des Gémeaux qui l’avait changé à ce point ? De plus, lui qui n’avait jamais eu aucune attache, il semblait vraiment tenir à ces enfants. Saga regarda mieux les yeux bleus de son frère, il n’y avait plus aucune trace de haine, seulement un peu d’inquiétude...

Kanon était inquiet pour les jumeaux, c’était leur premier combat, et ils n’avaient étudié que peu de techniques de combats, l’effort s’étant porté jusque là plutôt sur le contrôle de leur cosmos et de leurs pouvoirs. Mais, vu qu’ils étaient dotés du fort caractère et de la ténacité de leur mère, il ne se faisait pas trop de souci pour eux. Il sentait aussi tous les changements, les éveils de cosmos et les armures qui s’activaient. Sortirait de cette bataille une nouvelle génération de chevaliers, sans aucun doute...

Sion serra fortement le trident de l’armure, et interpella directement Hermès:

« Comme tu le vois, mon père veut me protéger. Le temps de la guerre avec Athéna est terminé... »

Athena reprit conscience à ce moment-là, regarda son armure et dit:

« Je crois que mon père est intervenu... »

Saori l’aida à se relever. Athena ne sentait presque pas le poids des écailles sur elle, et en déduit que le peu de capacités marines qu’elle avait l’aidait à la supporter. Elle se tint debout, et regarda elle aussi fièrement Hermès:

« Je ne suis pas battue non plus, Hermès... »

Hermès lui rit au nez:

« Et que veux-tu faire, dans l’extrême faiblesse où tu te trouves ? tu tiens à peine debout... »

Les autres qui portaient une armure se rapprochèrent, mais Athena leur barra la route:

« Non, ne faites rien. Même votre armure ne pourrait pas vous protéger contre lui... »

Sion se tourna vers sa sœur. La situation était très serrée. La déesse ne pouvait rien faire, son cosmos étant non-offensif. Et Hermès avait vraiment envie d’en finir avec Athéna...

L’irruption d’Hermès dans la salle d’Athéna fut ressentie par tous, et surtout les chevaliers d’or. Les ‘défunts’ coururent alors vers la salle d’Athéna, laissant les ‘survivants’ et les nouveaux garder leurs Maisons.

Le chemin n’avait pas changé, et ils grimpèrent le plus vite possible vers la salle...

Sion serra plus fort le trident de l’armure dans sa main, et réfléchit à grande vitesse. Ni sa sœur ni lui-même ne pouvaient plus rien faire, Shaka non plus, qui venait lui aussi péniblement de reprendre conscience. L’armure de son père le recouvrait, et il resta à genoux un petit moment, le temps de mieux en appréhender le poids. Quant aux deux autres, casqués et armurés, ils commençaient à donner des signes de fatigue certains, et leur cosmos fusait encore...

C’est alors que les chevaliers d’or ‘défunts’ firent irruption dans la pièce. Ce qu’ils virent les surprit presque. Des enfants en armure de bronze et Sion avec les écailles de Poséidon. Puis ils virent Athena, elle aussi revêtue d’une écaille de mer.

Ce qu’ils ressentirent en rentrant dans la pièce, c’est une énorme lassitude. Sion, malgré la magnificence de son écaille divine, était très pâle, il semblait même que c’était son trident qui l’aidait à tenir debout, et deux de ces enfants étaient en train d’être totalement drainés par le cosmos qui fusait hors d’eux. Il y avait donc urgence...

Masque-de-Mort serra les poings, et dit:

« A nous maintenant... »

Saga acquiesça...suivi par tous les autres. Ils coururent se mettre devant la déesse, et devant les enfants. Sion voulut protester, mais Shura le repoussa:

« Reste-là, tu n’es plus en état de combattre...ni toi ni les autres d’ailleurs... »

Il fit un sourire à Doko, qui ne comprit pas pourquoi...il n’y avait pas à dire, il ressemblait à son père. Il en avait le courage également...

Camus poussa Athena la petite, qui protesta, mais pour la forme puisqu’elle tenait à peine debout. Il en profita pour jeter un regard à son homonyme, revêtu de l’armure du Cygne. Lui aussi chancelait sur ses jambes, mais il ne renonçait pas. Il ressemblait lui aussi à son père, et il avait environ le même âge que lorsqu’il l’avait connu...

Les anciens chevaliers d’or formèrent un cordon autour du trône, et Hermès dit:

« Mais...vous êtes tous morts ! »

Aioros lui répondit:

« Je crois que la nouvelle de notre mort était quelque peu exagérée... »

Hermès rit plus franchement:

« Que comptez-vous faire ? »

L’attitude des chevaliers d’or était une réponse en elle-même. Alors la déesse se leva, et son cosmos, se liant à celui de ses chevaliers d’or, irisa toute la pièce. Sion s’avança légèrement, toujours revêtu de l’écaille divine de son père. Malgré sa petite taille, elle lui donnait une prestance supplémentaire. Mais il attendit de voir et n’intervint pas. Athena se plaça à son côté, et la lumière se refléta sur son écaille...

A ce moment-là, tout le Sanctuaire fut baigné de cette lumière dorée, tous les autres chevaliers se concentrant autour d’Athéna. Le cosmos doré de Kiki, l’apprenti de Mû, se réveilla lui aussi, c’était la première fois que cela lui arrivait. Jusque-là, il n’avait que le cosmos induit par sa constellation, la Chevelure de Bérénice.

Les enfants de la salle d’Athéna ne furent pas sensibles à cela, sauf les jumeaux. Ce qu’il restait de son aura fusa hors de Sion, et Athena se retrouva vite environnée de son aura dorée-bleue.

Alors Hermès commença à hurler et à disparaître. Au bout de quelques minutes, il ne fut plus qu’une traînée de lumière verte. Il réussit tout de même à dire avant de disparaître:

« Je reviendrai ! »

Sion chancela, mais se retint à son trident. Quant aux autres, ils tombèrent face contre terre, complètement épuisés. Athena la petite, elle, tomba à genoux, une main au sol.

Sion leva la tête, dit seulement:

« Merci, père... »

Et tomba à genoux…

Ce qui suivit fut très flou. Les hordes d’Hermès vaincues, les autres chevaliers firent irruption dans la salle d’Athena, du moins ceux qui pouvaient marcher. Ils s’assurèrent de la santé de la déesse, puis chacun s’occupa de ses enfants...

Mû ouvrit de grands yeux en voyant ses jumeaux ainsi vêtus:

« Il semblerait que votre père ait voulu vous venir en aide, mes enfants... »

Sion, un genou à terre, essaya de s’appuyer à son trident pour se relever:

« Oui... »

Et il tomba lui aussi à terre, suivi par sa sœur...

Les équipes médicales entrèrent à ce moment-là, et prirent en charge les blessés. Mû saignait abondamment de la tête, son casque avait volé dans la bataille, et elle partit donc avec les autres. Les armures présentes, à part des armures d’or, se reformèrent, et celles de Poséidon et du Dragon des Mers disparurent…

A SUIVRE