Chapitre 11 : Rencontre au sommet…

 

Soudain, Sorrente se retourna et pâlit. Mû vit alors arriver un homme aux cheveux bleus dont la teinte ne lui était pas inconnue. Il était plus jeune qu'elle et portait un costume soigné. Son intuition lui souffla immédiatement qu'il s'agissait là de Julian Solo, le père biologique de ses jumeaux. Mais elle resta là, digne, debout…et ne manqua pas de remarquer la ressemblance certaine entre Sion et lui. Il parut surpris, mais fut content de voir Sion debout. Athena salua alors son père, puis décida de prendre les choses en main, après tout, ce ne serait pas si mal que ses parents se soient vus au moins une fois. Elle mit la main sur le bras de sa mère, et dit:

"Voici notre mère, Mû de Jamir, Chevalier d'or du Bélier…Maman, voici monsieur Julian Solo, notre père biologique…"

De toute façon, Mû savait parfaitement que Julian Solo était le réceptacle terrestre de l'esprit de Poseidon. De son côté, Julian Solo ne savait pas trop quoi dire, lui pourtant habitué aux mondanités. Il voyait en face de lui cette jeune femme d'une trentaine d'années, habillée simplement d'une tunique et d'un pantalon large. Elle avait des sandales aux pieds et un châle en tissu léger, sans doute d'origine hindoue, couvrait ses épaules. Ses cheveux étaient très longs, seulement retenus à mi-dos par une sorte de ruban beige. Sa peau pâle et le double point sur son front indiquaient bien qu'elle n'était pas grecque. En tout cas, il ne pouvait nier la ressemblance entre elle et Athena. Mû ne se départit pas de son habituelle gravité, et dit seulement:

"Enchantée, monsieur Solo…"

En tout cas, lui non plus ne pouvait nier être le père de Sion…Le petit lui ressemblait suffisamment. Mais Mû ne savait pas quoi dire. Elle et lui étaient si différents…

Il commença en disant à sa fille:

"Ainsi voici votre mère…mais je ne savais pas que les femmes pouvaient devenir chevalier d'or. "

Mû dit alors:

"Elle le peuvent pas en temps normal, je suis la seule et l'unique…"

Alors Julian regarda Mû, et lui sourit:

"Je suis impressionné par votre courage…élever ces enfants n'a pas dû être très facile…"

Mû se dit que c'était vraiment un euphémisme, mais Julian Solo lui parut sympathique. Il continua:

"Je dois vous présenter des excuses…Ces enfants sont les miens aussi, en quelque sorte car je ne me souviens pas encore de tout ce qui s'est passé autrefois, et c'est également mon rôle de les prendre en charge. Heureusement, Sorrente l'a fait pour moi pendant toutes ces années. Mais je n'ai su leur existence que très récemment. Si je peux faire quoi que ce soit…"

Mû esquissa un léger sourire, et répondit:

"Ce n'était pas votre faute, ce n'est pas la peine de vous excuser…"

Mais elle ne pouvait rien dire de plus, elle n'était pas très à l'aise en société. Il continua:

"Si, justement, la place d'un père est d'être auprès de ses enfants, et j'ai lâchement abandonné les miens…

-Il aurait déjà fallu que vous sachiez qu'ils existaient…"

"J'ai une faveur à vous demander…", dit alors Julian Solo, "je voudrais pouvoir contribuer à l'éducation des jumeaux et les voir de temps en temps…"

Mû fut surprise avec quelle humilité cet enfant gâté, héritier d'une grande famille et habitué à avoir tout ce qu'il voulait, lui demandait cette faveur. Elle dit alors:

"Vous êtes leur père, même si vous n'êtes que très peu intervenu dans leur conception, je ne peux vous refuser cela…"

Athena et Sion, qui se tenait bien debout, sourirent et dirent:

"Génial !!!!"

Ils aimaient bien leur père, même si ils ne le connaissaient pas beaucoup. Sion demanda alors en désignant le cap:

"Est-ce que je pourrai aller là-haut ?

-Oui, pourquoi pas ?"

Ah, Sion avait déjà attrapé de mauvaises habitudes. Mû dit sur un ton plus sévère:

"Je viens de te dire non, Sion…"

Ah, son fils avait bien grandi. Un simple non ne lui suffisait plus. Elle décida de temporiser:

"Attends de mieux marcher, Sion, et nous en reparlerons…"

Sion parut accepter cette réponse. Julian Solo reprit:

"Seraient-ils en état pour venir boire une tasse de thé chez moi ? Vous êtes tous invités, bien sûr, Sorrente et Thétis également…"

Mû refusa, elle ne pouvait pas sortir du Sanctuaire longtemps, il fallait qu'elle y retourne, mais elle donna aux jumeaux la permission d'y aller. Elle embrassa ses enfants, puis salua les autres et disparut. Julian Solo dit alors aux jumeaux:

"Je suis très heureux d'avoir pu faire la connaissance de votre mère…"

Au fond de lui, il pensait que la personnalité extraordinaire de Mû avait su faire des jumeaux des personnes intéressantes, cultivées et ouvertes au monde malgré leur différence…

Sorrente fit monter Sion sur son dos, et tous se rendirent à la maison Solo. Julian Solo fit visiter la maison à ses enfants, et ceux-ci, qui n'avaient jamais vu de maison aussi grande, furent ébahis. Puis il emmena tout le monde dans le grand salon, et fit servir le thé…Il demanda aux jumeaux leurs impressions, et s'enquit de leurs besoins éventuels. Mais ils n'avaient besoin de rien, ils avaient tout ce qu'ils voulaient au Sanctuaire. Il les vit partir avec un certain regret, puis dit à Sorrente, debout derrière lui:

"Ces enfants sont vraiment extraordinaires: ils n'ont que rarement vécu en société, mais ils s'y comportent très bien. Malgré tout ce qu'ils ont vécu, ils parviennent à rester optimistes, à croire en la vie. Sion a échappé de peu à la mort, mais il veut absolument aller au cap Sounion, n'ayant cure de ses blessures…Et moi je voudrais en faire des enfants normaux, avec des désirs normaux ? Je suis vraiment très fier d'eux, et j'ai hâte de les connaître mieux…"

Sorrente eut un léger sourire qui en disait long. Il aimait ces enfants comme s'ils avaient été les siens et comprenait bien ce que Julian, leur père, pouvait ressentir…

Julian Solo resta longtemps sur la terrasse, les cheveux au vent, à regarder la mer s'agiter doucement sous la brise du soir. La mer se reflétait dans ses yeux couleur bleu-vert océan, semblait y trouver une similitude et une tranquillité, sans doute un reste de Poseidon. En fait, il ne savait pas vraiment comment se comporter paternellement avec ses enfants. De plus, ils étaient déjà grands, bientôt ce serait des adolescents, ils en avaient déjà le physique d'ailleurs, car ils lui avaient expliqué qu'ils avaient deux ans d'avance pour leur dévellopement physique. A quoi pourrait-il leur servir ?

Toutes ces pensées l'agitaient tellement qu'il eut beaucoup de mal à trouver le sommeil…

Cap Sounion, une semaine plus tard…

Sion, assez bien assuré sur ses jambes, grimpait avec l'aide de sa sœur la petite sente qui grimpait au sommet du cap Sounion. Thétis et Sorrente les accompagnaient, sur recommandation expresse de Mû et de Julian Solo. Si Sion expérimentait n'importe quelle manifestation de pouvoir, Sorrente serait là pour faire quelque chose. Thétis pourrait aussi prêter son assistance.

L'air de la mer aiguillonnait Sion, qui respirait à plein poumons les embruns. Athena soutenait son frère. Elle estimait que c'était son rôle en tant que sœur aînée, mais Sorrente s'assurait discrètement qu'elle ne se fatiguait pas plus que de raison. Bien que moins atteinte, elle avait été cependant sérieusement blessée, et elle avait tendance à surprotéger son frère cadet en s'oubliant elle-même. Thétis et Sorrente, ainsi que Mû quand elle le pouvait, y avaient mis bon ordre, et Athena s'était reposée et avait guéri assez rapidement.

Un frais vent marin soufflait sur le cap, mais c'était une belle journée. Le ciel était bleu et les mouettes criaient avant de venir s'abattre sur la surface de la mer. Celle-ci était d'huile, seules quelques vaguelettes déformaient sa surface. Quand Sion arriva en vue des ruines du temple, il s'immobilisa, et dit:

"Ainsi voilà l'endroit où mon père résidait aux temps de la mythologie…"

Mais il ne dit rien de plus, se contentant d'observer les quelques tronçons de colonnes doriques encore debout, et les pierres des murs de la cella, ainsi que les morceaux d'entablement et de frise éparpillés un peu partout. Ces ruines avaient jadis été un temple dorique magnifique, chef d'œuvre de l'art classique grec. Sion avait demandé à se documenter, et Sorrente lui avait apporté des livres. Il avait alors appris que le temple de Poseidon du cap Sounion datait de 440 av. J-C, à l'apogée de la période classique grecque, où Athènes était puissante et règnait sur les mers.

Sorrente et Thétis restèrent au fond du cap, laissant les héritiers de l'empire des Sept Mers découvrir le plateau du cap. Sion s'approcha du bord, et regarda l'horizon…Il entendait le bruit désormais familier des vagues se brisant sur les rochers à pic…Il savait que là, en dessous du cap, se trouvait une prison destinée à enfermer les ennemis de la déesse Athena. Kanon lui avait dit que lui-même y avait été enfermé par Saga des Gémeaux, son propre frère jumeau, et sauvé par Athéna elle-même.

Quelque chose de familier fit alors se retourner d'abord Sorrente, puis Thétis et enfin les jumeaux. Une puissance qu'ils connaissaient bien. Au bout du cap se trouvait Poseidon, possédant le corps de Julian Solo, casqué, armuré, le trident à la main. Les jumeaux restèrent là, debout, saisis de surprise, alors que Sorrente et Thétis mettaient un genou à terre. En fait, les jumeaux étaient très surpris et, en dehors de cela, ignoraient complètement comment se comporter en présence de leur 'vrai' père. C'était tout de même l'Empereur des Sept Mers. Athena, reprenant ses esprits la première, voulut s'agenouiller, mais son père l'en empêcha:

"Non, ma fille…"

Athena resta alors debout, et attendit que son père parle. Sion s'appuyait sur elle, et tentait de se tenir le plus droit possible. Poseidon regarda alors longuement ses enfants, puis commença à parler.

"Vous savez sans doute que je suis retenu par le sceau d'Athéna, qui m'empêche de nuire mais ne m'empêche pas de me manifester. Je ne vous connais pas encore, mes enfants, mais Julian Solo vous aime beaucoup. Avec le temps nous serons en symbiose, ne vous inquiétez pas, mais pour l'instant il ne peut pas vous parler. Il est temps que vous sachiez pourquoi vous êtes nés, je vous ai vus combattre et j'ai pensé que le temps était venu, vous êtes assez grands pour savoir la vérité. La première raison pour laquelle vous êtes nés est que je voulais faire la paix avec Athena. Cela fait des siècles que nous nous combattons, et elle gagne sans cesse, il est temps d'arrêter ce combat stérile. Lorsque j'ai lançé ce rayon, par l'énergie du désespoir, je ne pensais pas que ce serait un chevalier d'or qui le recevrait, je ne savais même pas du tout si ça marcherait. Mais vous êtes là, et le fait que votre mère soit un chevalier d'or vous procure un avantage supplémentaire…"

Il resta silencieux quelques minutes, puis reprit:

"Mais vous êtes là, et vous êtes mes héritiers naturels…surtout toi, Sion. Ton aura a muté après ton combat contre Hermès, signe que je ne me suis pas trompé. Ton rôle sera, lorsque tu seras plus grand et mieux entraîné, de superviser le sanctuaire sous-marin. Mais tu dois encore t'entraîner. Il a commencé à se reconstruire lorsque tu as utilisé ton pouvoir particulier, que tu tiens de moi, contre Hermès. Il mettra encore longtemps, mais ce sera ton rôle, en tant que prince héritier des Sept Mers, de t'en occuper…"

Son visage s'adoucit en regardant Athena:

"Toi, ma fille, mon aînée, Ton aura est restée double, signe que ton rôle sera d'être une liaison entre le Sanctuaire terrestre et l'empire des Mers. Tu es l'aînée, la protectrice naturelle, et ton frère jumeau devra toujours t'appuyer, même si il est de fait l'héritier. Tu es la gardienne, le lien entre la déesse dont tu portes le nom et mon monde, le monde sous-marin…L'élément féminin nécessaire."

Puis il s'avança jusqu'à se trouver près des jumeaux. Il continua sur le même ton de voix:

"Je vais vous faire un cadeau à chacun, le signe que je vous aime et que je veille sur vous. Approche-toi, Sion…"

Il lui tendit son trident, et dit:

"Je te le donne…Il veillera sur toi pour moi. Personne d'autre que toi, moi ou ta sœur jumelle ne pourra l'utiliser. En temps qu'héritier du trône, tu dois apprendre à maîtriser ses pouvoirs. "

Sion prit le trident en main, et celui-ci se mit à briller, lui rendant l'énergie qui lui manquait encore. Sion n'eut plus mal aux jambes, et se tint droit et fier…Poseidon se tourna ensuite vers Athena:

"A toi, ma fille, je donne ce médaillon. Garde-le toujours sur toi, il te viendra en aide si tu en as besoin…Il est ma façon de te garder, de veiller sur toi…"

Le médaillon était une plaque d'or, gravée finement d'un trident. Sur le revers était gravé cette inscription: 'A ma fille Athena, avec tout mon amour paternel'. Elle serra le pendentif, et ses yeux se mirent à trembler d'émotion.

Sion serrait le trident contre lui, souriant. Le trident était le symbole de la royauté des Sept Mers. Il avait déjà ce symbole sur une écharpe et sur sa plaque de ceinture…

Poseidon reprit alors:

"Je ne peux me maintenir plus longtemps, mes enfants…Soyez heureux, je suis fier de vous et je veillerai sur vous autant que je le pourrai. Je vous aime, mes petits…"

Et, dans un éclair de lumière, il disparut. Les jumeaux restèrent là, ébahis, presque convaincus d'avoir rêvé. Mais Sion, se secouant, vit que le trident qu'il tenait en main était bien réel. Ce n'était donc pas un rêve. Athena serrait dans son poing le médaillon, symbole qu'elle n'avait pas rêvé.

Sorrente fut le premier à reprendre ses esprits, mais lui sentait bien qu'il n'avait pas rêvé. Surtout quand il vit Sion bien debout, ayant apparemment retrouvé toutes ses forces, courir dans la sente vers la plage. Le médecin du Sanctuaire, où l'emmena immédiatement Sorrente, confirma que Sion allait très bien, mieux que la dernière fois où il l'avait examiné. Mû sut immédiatement que ses enfants étaient là, qu'il s'était passé quelque chose, mais elle s'inquiéta encore plus quand elle vit le trident, dont Sion ne voulait pas se séparer. Elle se fit raconter exactement ce qui s'était passé, et finit par dire à son fils:

"Je ne peux te permettre te garder un tel objet…Seule la déesse le peut…"

Sion eut beau protester, dire que son père le lui avait donné, Mû refusa toute discussion et l'emmena derechef devant la déesse. Elle se conduisait de façon très brusque, mais elle avait eu très peur…mais de voir son fils remis, marcher normalement, ayant retrouvé toute sa santé... Sion expliqua qu'au moment où il avait pris le trident en main, il avait senti ses forces lui revenir, et qu'il s'était senti beaucoup mieux. Mû, en y réfléchissant bien, se dit que l'énergie du trident était très proche de celle de Sion, c'était l'explication la plus logique.

Athena avait suspendu son pendentif à son cou, mais sa mère lui fit la même réflexion. Mais, pour elle, il n'y avait eu aucune manifestation particulière, elle se sentait bien mais sans plus…D'avoir rencontré son père rendait l'adolescente rêveuse et accentuait sa tendance à la réflexion. Pourtant, elle aussi dut subir un test médical très poussé…qui ne révéla rien.

Sorrente, lui, eut le temps de réfléchir à fond. Ce qu'il présupposait depuis un certain temps était arrivé: son élève venait d'être désigné comme héritier de l'empire des Sept Mers. Et, de plus, il possédait maintenant le trident, l'insigne royal par excellence…encore du travail pour lui, le temps que Sion apprenne à se servir de tous les pouvoirs qu'il contenait. Mais, dans ce cas, lui-même ne pourrait pas tellement l'aider, Sion devrait apprendre seul à cerner les pouvoirs du trident…Mais, pour le reste, il devrait continuer à l'entraîner, Sion avait encore beaucoup à apprendre.

La déesse, convaincue de l'urgence de la chose, consentit à recevoir le plus rapidement possible Mû, ses jumeaux, ainsi que Sorrente et Thétis, en tant que témoins.

Dès que les lourdes portes de bronze de la salle se furent refermées, la déesse s'adressa à Sion:

"Dis-moi exactement ce qui s'est passé, mon garçon…"

Sion expliqua tout, faisant appuyer son récit par sa sœur et les deux marinas présents. Elle pria Athena de raconter elle aussi sa version de la chose, puis resta silencieuse un moment. Finalement Poseidon avait décidé de faire de Sion son héritier, mais cette fois il n'y aurait pas de guerre…les jumeaux étaient la garantie vivante que la guerre éternelle entre elle et Poseidon était belle et bien finie, et que le brandon enflammé de la Discorde ne se rallumerait plus jamais. Sion apprendrait à utiliser le trident de son père, Il paraissait y être si attaché. Quand à Athena, même si elle le montrait moins, elle paraissait elle aussi posséder un attachement certain pour le cadeau que lui avait fait son père. Sion présentait une prestance nouvelle, et la déesse pensa alors à son père…Il lui ressemblait tellement ainsi !

Alors elle prit sa décision:

"Sion, tu dois me promettre d'en faire bon usage…"

Sion fixa ses yeux violets dans les yeux de la déesse, et dit sans ciller, le ton de voix grave:

"Je vous le jure sur ma vie, que vous avez sauvée autrefois…"

Athena renchérit:

"Moi aussi je vous dois la vie, je vous jure que je ferai bon usage de ce que mon père m'a donné"

La bataille et les événements récents avaient donné à Sion et Athena une gravité certaine. La déesse leur dit:

"Votre père est un dieu, tout comme moi. Tu peux garder le trident, Sion, il te revient de droit…Comme il l'a dit, la guerre est terminée…"

Le sourire qui éclaira le visage de Sion fit chaud au cœur de la déesse. Athena s'approcha, mit la main sur le trident qui s'éclaira doucement. La déesse fit un sourire, et dit:

"Je suis fière de vous, héritiers de l'Empire des Sept Mers…"

Les deux enfants sourirent, et la déesse accompagna ce sourire pendant qu'ils sortaient de la pièce.

Mû se sentit presque rassurée…mais savoir que son fils était l'héritier désigné de Poseidon la surprenait presque. Elle regarda ses enfants, assis un peu plus loin, en train de parler. Dire qu'il n'y a pas si longtemps ils étaient petits…Ils avaient soudainement grandi. Sorrente observait la scène en même temps qu'elle, et il dit:

"Sion et Athena ont acquis une si grande assurance en si peu de temps…"

Mû acquiesça, et continua:

"Mais ce sont encore des enfants…Il nous faut prendre garde à ne pas les faire grandir trop vite. Même s'ils sont nés avec des caractéristiques extraordinaires, que leur physique présente une avance de deux ans sur la normale, nous ne devons jamais oublier leur véritable âge. Sion, malgré ses pouvoirs, n'a que dix ans, même s'il en paraît facilement quatorze ou treize. Athena c'est la même chose, même si les premiers signes de son avance viennent d'apparaître…"

De cela Sorrente était au courant. Il se dit alors que la période la plus difficile allait commencer…Là-bas, autour des jumeaux, venaient d'arriver Doko, Camus, pour une fois dispensé pour un court moment d'entraînement, Shaka et Saori. Tout ce petit monde devisait gaiement, même si Mû n'entendait pas ce qui se disait elle en devinait parfaitement le thème. Tous semblaient se méfier quelque peu du trident posé prés de Sion, comme s'il était source de menace. Sion gardait sa main dessus, comme pour les rassurer, et il y réussit très bien…

Ce soir-là, Mû entra dans la chambre des jumeaux. Sion tenait encore son trident en main. Elle lui dit:

"Lâche ce trident, Sion, tu ne vas tout de même pas dormir avec…"

Mais Sion refusa, et le posa près de son lit en disant péremptoirement:

"Il veille sur moi, il doit aller partout où j'irai…"

Elle réussit à obtenir tout de même qu'il ne se promène pas avec dans le Sanctuaire, la plaque de ceinture en argent suffisait déjà largement. Mais Mû comprenait parfaitement le prix qu'il y attachait, c'était en fait l'image de son père qu'il y voyait…

Une grande période de la vie des jumeaux allait commencer, la maturité, l'accession à l'âge adulte…Sion, héritier de la royauté marine, aurait beaucoup à apprendre. Quant à Athena, son pouvoir était en plein essor, et ce serait à elle de continuer son entraînement…Un grand tournant s'opérait.