Chapitre 13 : Nouveaux départs
“ Bon anniversaire , les jumeaux ! ”
Tous les convives présents levèrent leur verre. Sion et Athena, en bout de table, rougirent...
Pour leur onzième anniversaire, leur mère avait tenu à rassembler des gens qu’ils appréciaient particulièrement. Il y avait donc là les chevaliers d’or, ainsi que Sorrente, Thétis, Julian Solo, leur père biologique, Kiki, plus Doko, petit Camus, Saori et Shaka.
Mû, tout en bout de table, observait avec une certaine jubilation l’embarras de ses enfants, et se souvenait de leur naissance peu commune. Elle avait cru mourir au moins dix fois pendant ces trois jours, mais, malgré le souvenir de la douleur, elle était fière...fière d’avoir pu mettre au monde deux enfants aussi exceptionnels, fière de ce qu’ils étaient devenus. Onze ans déjà...
Elle leur sourit, mais ne dit rien ...C’était là leur fête, elle devait s’effacer le plus possible.
Ils déballaient maintenant leurs cadeaux, dans un joyeux brouhaha, et chacun des jumeaux se retrouva vite à la tête d’une montagne de cadeaux. Chacun avait mit son point d’honneur à offrir un cadeau aux jumeaux, de préférence fait à la main. Le sourire des jumeaux illuminait la pièce.
A la fin de la journée, chacun rentra chez soi, et, l’excitation de la fête retombée, les jumeaux s’effondrèrent sur leur lit.
Sorrente raccompagna Julian Solo en Grèce, et celui-ci lui dit, alors qu’ils étaient assis dans le salon:
“ Quels extraordinaires enfants...au fait, comment progresse Sion ?
-Pas trop mal, il faut qu’il apprenne encore cependant....maîtriser le trident lui demandera encore beaucoup d’efforts...
-Alors retourne à Jamir, veille sur eux pour moi...va... ”
Sorrente inclina la tête, et repartit immédiatement pour Jamir...un ordre de son maître ne se discutait pas. Mû était encore là quand il y arriva, elle terminait le rangement et la vaisselle, et il se mit à l’aider.
“ Les jumeaux sont déjà couchés ?
-Oui, ils étaient épuisés...Ils grandissent, alors....
-Je repartirai demain pour le cap Sounion avec Sion...souhaitez-vous que je prenne Athena avec moi ?
-Non, je l’emmènerai au Sanctuaire avec moi, la déesse a souhaité lui parler... ”
Le stage d’Athena à Rozan avait été salutaire, elle avait changé un peu et avait appris à mieux maîtriser son septième sens en éveil...
Thétis était au salon, en train de finir d’essuyer des verres...quand Mû lui dit qu’elle pouvait aller se coucher, elle lui obéit, consciente qu’elle était bien plus haut placée qu’elle. Mû dit à Sorrente:
“ Elle est vraiment très gentille...
-Très...elle aime beaucoup les jumeaux, aussi, et je crois qu’ils le lui rendent bien...
-Avec elle et vous aux côtés de Sion, je suis sûre qu’il ne lui arrivera rien...
-Et Athena ? Que fera-t-elle ?
-Justement....nous le saurons demain, quand elle aura vu la déesse....c’est elle qui décidera... ”
En effet, se dit Sorrente, il était temps pour Athena de savoir ce qu’elle ferait. Son cas était difficile à statuer...
Le lendemain, dès le réveil de sa fille, Mû lui dit de vite prendre son petit déjeuner et de s’habiller correctement...Athena, bien qu’elle eût peur, n’en montra rien. Elle connaissait la déesse Athena, et tenta de se rassurer en se disant que c’était une déesse de paix et bienveillante.
Mû embrassa son fils cadet, et lui dit qu’elle viendrait le voir quand elle le pourrait.
Mû se retourna une fois son fils et Sorrente disparus, et vit sortir sa fille de sa chambre. Elle portait une belle tunique en tissu moiré, reçue pour son anniversaire, un pantalon court de belle qualité lui aussi, des sandales en beau cuir de Thessalie, cadeau d’Aiolia pour son anniversaire. Et, en sautoir, ce que Sorrente lui avait offert, une écharpe blanche en velours avec un trident d’argent brodé dessus. Sion possédait la même, mais avec un trident d’or, montrant bien sa qualité d’héritier du royaume des Sept Mers.
Athena tenait tout de même à arborer cela, afin que l’on n’oubliât pas non plus sa partie marine.
Mû, elle, n’arborait pas de signe distinctif particulier, toujours habillée de la même façon. Elle mettrait son armure pour visiter la déesse, marque de respect mais aussi de protection.
Elle posa la main sur l’épaule de sa fille, et dit avec gravité:
“ On y va... ”
Grèce, Cap Sounion
Sion, debout, regardait la mer droit devant lui. Sorrente l’interpella:
“ Si tu ne prêtes pas un peu plus attention aux techniques de combat que je t’apprends, tu risques de te faire tuer un jour ! ”
Sion se retourna:
“ Parce que j’aurai à combattre aussi, là où je serai ?
-Tu dois savoir te débrouiller seul, afin de sauver ta vie le cas échéant. .c’est très important, tu dois apprendre à te défendre seul... ”
Sion soupira et posa son trident à terre:
“ Alors sans trident aussi...à mains nues ! ”
L’adolescent était piqué au vif...
Sorrente lui lança un coup de pied, que Sion para, et répliqua...Sorrente, plus rapide et plus expérimenté, sauta en arrière. C’étaient des techniques de corps à corps de base, mais il était apparu pendant la guerre d’Hermès que Sion, pourtant éveillé et très avancé dans certaines domaines, ne maîtrisait pas certaines techniques de combat. Sorrente avait donc décidé de mettre l’accent dessus. Sion essayait parrallèlement de comprendre comment se servir du trident que son père lui avait donné.
La même remarque pouvait se faire pour Athena, déjà très puissante mais dont les techniques de combat n’étaient pas du tout au point...
Le Sanctuaire...
Mû, cette fois en armure, posa la main sur l’épaule de sa fille en disant:
“ Viens... ”
Athena n’avait pas peur de la déesse, elle savait très bien ce qu’elle allait lui dire. Elle ne pouvait devenir ni chevalier d’Athena, ni même marina, cela elle le savait très bien...mais peut-être ses capacités pourraient-elles être utilisées tout de même ?
Tout le temps que dura l’ascension des marches menant à la salle d’Athena, Athena la petite réfléchit. Que pourrait-elle dire ? Sa formation n’était pas finie, elle avait encore beaucoup à apprendre de sa mère, de son père, de Sorrente et des autres chevaliers d’Or. Elle savait aussi que l’énergie qu’elle avait dans le corps, bien qu’elle en maîtrisât maintenant une grande partie, pouvait être meurtrière mal utilisée...Cela, elle ne le voulait à aucun prix...
La vision de la grande porte d’or et de bronze la tira de ses pensées. Mû la regarda, et toutes deux entrèrent. La déesse était assise sur son trône, au fond de la salle. A côté d’elle, son sceptre, qui ne la quittait jamais. Depuis qu’elle vivait quasiment en permanence au Sanctuaire, elle portait un péplos blanc brodé, qui mettait en valeur sa peau de lait qui s’était cependant un peu hâlée au fur et à mesure des années. Une expression souvent grave empreignait ses traits, mais la déesse Athéna, alias Saori Kido, n’était âgée que de vingt-cinq ans...
Un sourire fendit son visage quand elle vit les arrivantes. Mû s’inclina profondément, ainsi qu’Athena.
Elle leur indiqua des sièges, devant son trône, et commença:
“ Je sais que tu dois te poser beaucoup de questions, Athena, et c’est bien légitime...mais rassure-toi, je ne te veux pas de mal... ”
Elle posa son regard sur Mû, puis sur sa fille, et continua:
“ Tu as onze ans maintenant, tes pouvoirs continuent à grandir et tu travailles à les maîtriser...c’est très bien, mais il te manque pour continuer ton dévellopement psychique quelque chose d’essentiel: la fréquentation des gens. Non, laisse-moi continuer...je sais que tu vois beaucoup de monde, mais il s’agit là de gens du même milieu que toi. Tu dois connaître autre chose. Comprends-tu ? ”
Athena hocha la tête et demanda:
“ Oui, dans l’ensemble...Vous voulez m’envoyer dans le monde réel ?
-Non, il ne s’agit pas de cela...je parle de te socialiser un peu, de te faire rencontrer des filles et des garçons de ton âge...Je voudrais te mêler, incognito bien entendu, aux filles de ton groupe d’âge...Qu’est-ce que tu en penses ? ”
Athena ne répondit pas tout de suite. Elle réfléchit un instant, puis remarqua:
“ Certaines des filles de mon âge sont déjà chevaliers...
-C’est assez rare toutefois...alors, tu acceptes ?
-Oui... ”
Athena était déchirée à l’idée d’être séparée de son frère jumeau, qui serait au cap Sounion, et de sa mère, qu’elle ne verrait plus souvent, mais l’idée d’apprendre et de voir autre chose lui plut. Et puis sa mère n’était pas si loin, et le cap Sounion pas si loin non plus. Et sans doute reverrait-elle cette petite Mélia, qui avait été sa compagne d’entraînement autrefois...
Pendant que l’adolescente réfléchissait, la déesse la regardait. Comment pourrait-elle passer pour ce qu’elle était réellement, une enfant de onze ans ? Déjà elle en paraissait treize ! Du haut de ses 1,72 m et de ses 56 kgs, Athena était mince, mais robuste. Elle était très musclée cependant, du fait de son long temps d’entraînement.
Mais la déesse décida tout de même de la placer parmi les filles de son âge, cela ne pourrait que lui faire du bien...
Athena reprit, regardant la déesse:
“ Je suppose que je n’ai pas le droit de me servir de mes pouvoirs...
-Evite tout de même, mais je ne te l’interdis pas...je préviendrai tout de même ton professeur que tu es déjà éveillée, cela je ne peux le dissimuler, elle le sentira...tu verras, elle est très gentille... ”
Athena acquiesca. Elle demanda cependant:
“ Dois-je à nouveau dissimuler mon identité ? Et puis-je garder mon médaillon ? Mon père m’a dit de ne jamais m’en séparer...
-Ce ne sera pas nécessaire cette fois...Tu seras connue comme une de mes pupilles, et ta mère sera ton oncle, bien sûr...Pour ton médaillon, je t’autorise à le garder, mais il ne faudra pas le montrer, sous aucun prétexte... ”
Athena sourit et remercia d’un sourire et d’un hochement de tête la déesse pour sa permission. Mais celle-ci était bien consciente de l’attachement qu’Athena avait pour le présent de son père, on lui enlevait déjà sa mère, autant qu’elle garde tout de même un de ses repères...
Mû sourit à sa fille, et dit:
“ Tu n’auras pas de problèmes cette fois... ”
Et Athena répondit au sourire de sa mère. Entre ces deux-là existait une profonde complicité.
La déesse dit alors:
“ Demain, ta mère t’emmènera au camp d’entraînement, je vais faire le nécessaire... ”
Athena se risqua alors à demander:
“ Et je devrai y rester combien de temps ?
-Nous verrons...Bien, retire-toi, j’ai à parler avec ta mère... ”
Athena s’inclina, et dit:
“ Je vous remercie de votre bonté... je serai digne de votre confiance...
-Je le sais...A bientôt... ”
Et l’adolescente sortit de la pièce, munie de l’autorisation d’aller rendre visite à son frère jumeau...
La déesse s’adressa alors à Mû:
“ Et toi, qu’en penses-tu ?
-Je ne me fais pas de souci, Athena est une enfant agréable, ouverte, .cela devrait bien se passer...et ne peut que lui faire que du bien...
-Elle a beaucoup changé ces derniers temps...
-Elle devient adulte...je crois aussi que, pour les filles de son âge, elle est déjà trop mûre...
-On le serait à moins...mais cela va lui permettre de vivre un peu de son adolescence normalement, au milieu d’autres filles...une soupape de sécurité en quelque sorte. ”
Mû acquiesca fermement...
Cap Sounion...
Sion, assis près de Thétis, demandait:
“ Cela ressemble à quoi ? ”
Thétis lui sourit et demanda:
“ Mais quoi, Sion ?
- Le sanctuaire sous-marin...tu l’as déjà vu non ? ”
Thétis sourit, et dit:
“ Bien sûr...mais je ne sais pas vraiment s’il ressemblera à celui que j’ai connu... ”
Sion dit:
“ Dis toujours... ”
Le regard bleu de Thétis se perdit dans l’horizon, et elle dit:
“ Il y avait les piliers, les sept piliers soutenant les 7 océans du globe, si grands qu’on pouvait les voir de n’importe quel lieu du sanctuaire. Et puis le plus grand de tous, contenant la salle du sacrifice dans laquelle Athena entra volontairement, tu connais cette histoire. Et, devant le pilier principal, le temple de Poseidon, aux hautes colonnes qui s’élancaient vers la mer, au dessus...A l’intérieur il y avait la salle des écailles de mer, ainsi que la salle du trône, réservée exclusivement à notre maître... ”
Sion n’avait pas de mal à imaginer les piliers, ni même la salle. Et il se retourna, regardant en comparaison les tristes pierres du temple de Poseidon sous le soleil. Ce temple datait de l’époque classique, époque prestigieuse de la Grèce, et il n’en restait plus que quelques ruines visitées de temps en temps par des bus de touristes. Le sanctuaire sous-marin devait être dans cet état lui aussi, tentant de se reconstruire à la vitesse de ses progrès.
Thétis sourit à Sion:
“ Allons, ne te fais pas de soucis, il se reconstruit et continuera à se reconstruire... ”
L’air soudain triste de l’enfant la frappa. Quelque chose souciait Sion. Gentiment, avec sa patience habituelle, elle demanda:
“ Qu’est-ce qui ne va pas ? ”
Sion eut un sourire triste, et demanda:
“ Qu’est-ce qui m’arrivera si je ne suis pas à la hauteur de ma mission ? Je ne suis qu’un mortel après tout...
-Si ton père, notre maître, a dit que tu serais son héritier, c’est qu’il sait que tu en as les capacités...ne t’inquiète pas... ”
Et elle ajouta:
“ Je suis plus mortelle que toi...tu as du sang divin en toi... ”
Cela, Sion n’en doutait pas, mais ce sang divin se manifestait parfois de bien étrange façon. Mais cela, il n’y pouvait rien, il lui fallait contrôler tout cela sous peine de détruire tout ce qui était autour de lui. Y compris le trident confié par son père. Il avait lu dans un livre récemment que ce trident était capable de provoquer des raz-de -marées, des tempêtes mais également des tremblements de terre.
Il prit le trident en main, et dit rêveusement:
“ Il y a tant de puissance là dedans, autant que dans une mer déchaînée... ”
Il savait qu’en fait le trident n’était qu’un canalisateur pour l’énergie contenue à l’intérieur de lui, qui était partie mortelle, léguée par sa mère, et en partie divine, léguée par son dieu de père.
Thétis sourit à Sion:
“ Mais ne t’inquiète pas, tu finiras par y arriver, j’en suis sûre... ”
Sion finit par sourire...
Le Sanctuaire...
Athena, debout à côté de sa mère, observait le camp d’entraînement. Elle avait un masque sur le visage, comme tous les aspirantes et chevaliers féminins. Mû lui sourit et dit:
“ Allez, vas-y...Cette fois, je ne viendrai pas te voir souvent, tu n’as plus six ans... ”
Athena hocha la tête, et vit alors arriver une femme devant elle. Il s’agissait de son maître, une jeune femme athlétique, au justaucorps noir cintré et aux jambes couvertes de bas verts. Elle s’inclina devant Mû en signe de respect, et dit:
“ Alors voilà votre nièce Athena ?
-Oui...Je souhaite que vous continuiez sa formation...
-Ce sera avec plaisir...la déesse m’a dit qu’elle était déjà très avancée...
-C’est vrai, mais vous le verrez vous-même... ”
Mû regarda sa fille, et dit:
“ Tout se passera bien...suis bien tout que ton maître te dira, surtout...
-Oui..compte sur moi... ”
Et elle s’inclina elle aussi, signe de respect...Puis Mû tourna les talons, sa cape blanche flottant derrière elle, avec tout de même un petit pincement au coeur.
Athena resta seule avec son maître, et celle-ci lui dit:
“ Es-tu déjà restée au Sanctuaire ?
-Oui..j’en ai déjà suivi l’entraînement quand j’avais six ans...mais depuis mon oncle m’a entraînée...
-Bien...je suis le chevalier Aphelia de l’Octant, je vais t’entraîner à partir de maintenant...Viens avec moi... ”
Elle l’emmena dans le dortoir commun des filles de son âge, lui désigna un lit et lui dit:
“ Tu dormiras là...dépose tes affaires... ”
Puis elle l’emmena dans la cour, et dit:
“ Tu es éveillée, m’as-t-on dit...jusqu’à quel point ? ”
Alors Athena, appuyant sur le jaune de son aura et tentant de masquer le peu de bleu qu’elle contenait, lui démontra son niveau. Le chevalier dit alors:
“ Eh bien, tu te débrouilles déjà très bien...et les techniques de combat ?
-Je n’en ai pas appris beaucoup...
-Je vois...as-tu d’autres capacités ?
-Oui...je sais me téléporter, et j’ai des pouvoirs télékinétiques...mais je les maîtrise... ”
Athena apprit vite à ses dépends qu’il s’agissait là d’un chevalier d’argent. Bien que ses capacités de vitesse aient fortement augmenté lors de son ‘stage’ à Rozan, elles ne suffisaient pas encore...
Elle n’était pas ménagée, son maître n’avait aucune pitié pour elle, et souvent Athena, le soir, serrait dans son poing le médaillon de son père pour ne pas craquer. Parfois, dans un des rares moments de solutude et de calme que son maître lui laissait, elle regardait la mer, en pensant à son frère jumeau. Sion avait bien de la chance, lui...
Une nuit, une semaine environ après son arrivée, Athena dormait en serrant dans son poing le médaillon de son père quand une des plus anciennes filles essaya de le lui voler. Athena, réveillée en sursaut mais néanmoins lucide, réagit instinctivement et l’envoya promptement s’encastrer dans le mur d’en face à l’aide de sa télékinésie. Puis elle se rendormit, ne se souciant de rien d’autre.
La nouvelle fit vite le tour du camp des filles, et aucune d’elle ne lui chercha plus de noises. Son maître fut ébahie par la mesure des pouvoirs d’Athena, mais ne dit rien, après tout ce qui était arrivé était légitime, elle n’avait cherché qu’à se défendre...Elle sentait que cette adolescente avait une puissance énorme, mais elle n’en pouvait avoir la mesure...pourtant elle la maîtrisait parfaitement...
Un soir, alors qu’Athena regardait une fois de plus la mer, une autre fille vint lui parler:
“ Tu te souviens de moi ? tu étais Aurora autrefois....je suis Mélia... ”
Malgré le masque, Athena sentit que c’était bien elle...Elle sourit sous le sien et dit:
“ Oui, c’est moi, cette fois sous mon véritable prénom...
-Tu t’appelles vraiment Athena ?
-Oui, c’est la déesse qui a permis qu’on me donne son nom, sur proposition de mon oncle vu que ma mère était morte...et toi, où en es-tu ?
-Je serai bientôt chevalier...mon épreuve finale aura lieu dans quelques mois...et toi ?
-Je dois continuer mon entraînement...mais je ne sais pas ce que la déesse décidera pour moi ensuite...c’est elle qui régit mon destin... ”
Mélia continua:
“ Tu regardes souvent la mer...
-Oui...elle m’apaise...elle me fait penser au début du monde... ”
Comment expliquer qu’en fait la mer était son héritage ?
Cap Sounion...
Sion, harassé de chaleur, s’assit par terre. Il avait toujours été plus bronzé que sa soeur jumelle, ayant vécu plus qu’elle en Grèce, mais, ces temps derniers, sa peau commençait franchement à prendre des teintes caramel. Il ne craignait pas les coups de soleil, juste les insolations, alors que sa soeur, elle, avait la peau un peu plus pâle, même si elle colorait aussi un peu du fait de son séjour en Grèce.
Sorrente l’interpella:
“ Déjà fatigué ? ”
Sion secoua la tête, et dit:
“ Je sens quelque chose, une présence...tu ne la sens pas, toi ? ”
Sorrente regarda autour de lui quelques secondes, puis s’arrêta et dit:
“ Non, je ne sens rien...Qu’est-ce que tu sens exactement ?
-Je ne sais pas...quelque chose ou quelqu’un qui a une énergie presque semblable à la mienne, mais je serais bien incapable de te préciser quoi que ce soit...tout ce que je peux dire c’est qu’elle n’est pas hostile... ”
Sion paraissait vraiment perplexe. Puis il dit tout à coup:
“ Je ne la sens plus... C’est bizarre... ”
Avec le temps, Sorrente avait appris à faire confiance à l’intuition de Sion, héritage maternel qui lui avait nombres de fois servi. Sion, par instinct, saisit son trident et ne le lâcha plus...Il avait bien sûr pensé à Nereus, qui l’avait enlevé une fois, et il voulait pouvoir se protéger cette fois....il en avait la puissance...
Le Sanctuaire...
Athena, épuisée, se laissa tomber par terre. Elle en avait vraiment assez de cet entraînement ! Voilà trois semaines qu’elle y était, et elle comptait déjà plus de blessures qu’en onze ans de vie et une grande bataille. Sa vitesse ne suffisait pas, malgré les conseils que lui avait donné le Vieux Maître à Rozan, et les progrès qu’elle avait fait. Elle mesurait aussi l’insuffisance de ses connaissances en combat pur. Et son maître ne la ménageait pas non plus, elle était inflexible avec elle...
Que n’aurait-elle pas donné pour être au Cap Sounion avec son frère jumeau ? A quoi cela servait-il d’être éveillée au Septième Sens et de ne pas pouvoir en disposer quand il le fallait ? Elle n’y arrivait plus, pourtant elle l’avait appris à Rozan.
Elle avait besoin de méditer, c’était ça...là elle trouverait le problème...Elle se mit donc en position de méditation, comme Shaka le lui avait appris, et médita pendant une heure. Finalement, elle pensa que c’était dû au fait que son éveil soit récent...
Par contre, et son maître s’en rendit vite compte, son intuition n’était pas diminuée, loin de là. Athena l’utilisait très souvent...Elle pouvait ainsi sentir quelqu’un l’approcher, et sentir même si ses intentions étaient hostiles.
En plus de tous ces enseignements pratiques, son maître lui enseigna le corps humain, ses faiblesses, et la façon d’exploiter celles de son adversaire. Elle dut suivre attentivement tout ce qu’elle lui disait, malgré la fatigue qui lui dictait parfois de fermer les yeux...Jamais sa mère ne l’avait poussée jusqu’à ses limites, le Vieux Maître l’avait en partie fait, et Aphélia de l’Octant achevait ce travail. Elle fut cependant horrifiée de voir les cicatrices qui couvraient le corps d’Athena. Celle-ci, consciente qu’elle ne pouvait pas parler de sa participation à la guerre d’Hermès, expliqua qu’elle était tombée dans un ravin à Jamir...L’excuse était grosse mais son maître l’accepta.
Pourtant, Athena fit des progrès, ce que Mû constata quand, un mois plus tard, elle vint lui rendre visite. Elle trouva Athena plus etoffée, mais épuisée...se souvenant de son propre entraînement, elle n’insista pas, et la laissa continuer...