Chapitre 14: Quand Sion rencontre Triton...

 

Cap Sounion, le même jour...

Sion descendit la sente qui menait à la plage à toute vitesse....Aujourd’hui, Sorrente l’avait libéré pour quelques heures, avec permission d’aller se baigner à la plage. Mais Thétis l’accompagnerait obligatoirement. Sion n’y pensait déjà plus, tout à sa joie d’aller se baigner. Il adorait nager, et le faisait dès qu’il en avait l’occasion.

Derrière lui, Thétis descendait, chargée du parasol en toile et de toutes les affaires nécessaires. Elle n’avait pas voulu que Sion porte quoi que ce soit, mais lui avait insisté pour prendre ses affaires de plages personnelles.

Il enleva sa tunique, et dit à Thétis, qui installait le parasol:

“ Pourquoi Sorrente n’est-il pas là ?

-Il devait accompagner notre maître dans un déplacement... ”

Sorrente était le garde du corps de Julian Solo-Poseidon, en sa qualité de dernier général des mers survivant. Là, estimant sans doute que Sion avait besoin d’un peu de repos, il l’avait libéré pour la journée.

Sion courut vers la mer, et s’y jeta sans préambule. Il s’y sentait bien, rafraîchi et comme dans un berceau. Il est vrai que la mer l’était quelque peu. Cela lui rappelait aussi quelques sensations prénatales, où il flottait au milieu de liquide dans le ventre de sa mère. Il se laissa un peu flotter, puis plongea franchement. Il s’éloigna de la plage, puis revint vers les rochers, où il se mit pour se sécher un peu.

C’est alors qu’il entendit quelqu’un l’appeler:

“ Pssst, Sion ! ”

Il se retourna, mais ne vit personne. A nouveau la voix l’appela...

C’est alors qu’il vit qui l’avait appelé. Il s’agissait d’un jeune homme, environ vingt-cinq ans, aux traits doux, mais Sion vit derrière lui deux queues de poisson. Il avait à la main une conque marine...

Sion resta là, sur la défensive, et regretta d’avoir laissé son trident sur la plage. Quelle imbécillité ! Mais l’ 'homme ' restait là, sans bouger, un sourire bienveillant aux lèvres. Puis il parla:

“ Bonjour Sion, cela fait longtemps que je souhaitais te connaître... ”

Nulle aménité dans sa voix, juste de la gentillesse, ce qui laissa Sion perplexe. L’autre le vit sans doute, car il dit:

“ Je ne te veux pas de mal...je suis Triton, ton demi-frère. ”

Finalement ce nom-là disait quelque chose à Sion. Il l’avait lu quelque part...ah oui, Triton était le fils de Poseidon et d’Amphitrite, le seul fils légitime qu’il eût. Après tout, Sion, lui, n’était qu’un fils illégitime. Triton reprit:

“ Je t’ai cherché longtemps, mais je n’ai su qu’il y a peu de temps ton existence... ”

Sion regarda les yeux écarquillés ce frère qui lui venait de la mer. Celui-là avait pourtant plus de chances de règner sur les Sept Mers que lui, Sion, simple petit mortel. Et leur père avait désigné Sion. Y-avait-il quelque chose de plus qu’il ne savait pas ?

Triton reprit:

"En tout cas il n'y a pas de doutes, tu es bien mon demi-frère, je ressens ton aura…"

Triton parlait toujours d'un ton aimable et lénifiant, qui surprenait quelque peu Sion. Cet homme était pourtant presque l'égal d'un dieu, parce que sa mère était l'équivalent d'une déesse. C'était sa grande différence avec Sion, l'un avait une mère qui était une Néréide et l'autre une mère qui pour être chevalier d'or n'en était pas moins une mortelle.

Triton continua:

"Puisque notre père t'a donné son trident, je n'irai pas contre sa volonté…

-Mais…ça devrait être vous l'héritier, moi je suis mortel…

-Je ne le peux pas, Sion, j'y ai renonçé il y a bien longtemps déjà…mais tu es le seul qui puisse m'aider…"

Sion fit un geste vague avec sa main, et dit:

"En quoi puis-je vous aider ?

-Tutoie-moi s'il te plaît, nous avons le même père après tout…Mais j'oubliais, je ne vois pas ici ta sœur jumelle, Athena…Où est-elle ?

-Elle s'entraîne au Sanctuaire d'Athena…Alors, de quoi s'agit-il ?

-Eh bien voilà, depuis des siècles je suis victime d'un sort…autrefois j'étais comme toi, j'avais des jambes et je pouvais aussi à volonté me transformer comme tu me vois maintenant afin de parcourir les mers. Mais j'ai été victime d'un sortilège, et je suis ainsi prisonnier des mers depuis de nombreux siècles. Il faut que tu trouves ce qui m'est arrivé, toi tu peux te déplacer à volonté…

-Sur Terre oui, mais pas dans les mers, je n'ai que des jambes et ne peux pas nager très longtemps sous l'eau parce que mes poumons ne me le permettent pas…

-Thétis, que je vois là, t'aidera…ainsi que le général Sorrente…

-Pour l'instant il ne le peut pas, il accompagne le…euh…réceptacle de notre père…

-Julian Solo, je sais…je t'en prie, Sion…

-Triton, je ne suis qu'un enfant de onze ans, ne l'oublie pas…mes pouvoirs sont encore en plein éveil, je n'en maîtrise encore pas certains, je suis potentiellement dangereux ! alors comment puis-je t'aider ?

-Il faut que tu ailles voir mes ancêtres Phorcys et Céto, qui vivent dans un palais sous-marin au large de de la Sicile. Eux te diront ce qu'il faut faire, moi le sort m'empêche de m'approcher d'eux sous peine de mourir, comme de mes propres parents, mais ils n'ont pas pensé à toi, heureusement…En fait ce sont mes arrières grands-parents, mais eux sont immortels, comme moi…Ne t'inquiète pas, les dieux maintenant sont au courant de ton existence et de celle de ta sœur jumelle…"

Finalement Sion trouva Triton gentil, et décida de l'aider. Mais il lui fallait tout d'abord en parler à Thétis et à Sorrente. Justement, Thétis avait vu Triton, et s'approchait. Elle s'inclina en signe de respect.

"Votre majesté, cela fait si longtemps…

-Je sais Thétis, je suis content de te revoir…"

Et Sion expliqua à Thétis ce que Triton attendait de lui…Thétis objecta:

"Sion, il y a un an encore tu étais dans le coma, te sens-tu assez fort ?

-Je sais que je ne maîtrise pas certains de mes pouvoirs, mais j'en maîtrise un certain nombre…et je ne puis pas laisser mon frère ainsi…

-Comme tu voudras…Mais je te demande seulement d'en parler au général Sorrente avant…

-Je comptais le faire de toute façon…vous deux m'accompagnerez…

-Et nous en parlerons à ta mère aussi…"

C'était logique, Mû était la responsable légale de Sion avant sa majorité. Sion décida:

"Je vais aller la voir au Sanctuaire…et en même temps j'irai voir Athena, même si je sais qu'elle ne pourra pas vraiment m'aider…et aussi je dois informer la déesse de cet état de choses…Même si je suppose qu'elle doit être au courant…"

Sion était un enfant, mais réfléchissait déjà comme un adulte…

Asgard, palais de Hilda de Polaris

Camus et son cousin Hagen, assis près de la grande cheminée du salon, jouaient aux échecs. Hagen, malgré son plus jeune âge, était déjà un bon joueur…

Depuis une semaine, Camus était là, venu en visite chez son oncle et sa tante. Mais son maître l'avait accompagné, son entraînement ne devant pas s'interrompre.

Petit Camus n'était pas dépaysé, Asgard ressemblait beaucoup à son pays natal. De la neige et de la glace partout. Finalement il était content d'être ici, en compagnie de son cousin Hagen, de sa tante Freya et de son oncle Alexer. Il y avait aussi son autre tante, qu'il ne voyait pas souvent, Hilda de Polaris, la maîtresse de ces lieux…Elle l'impressionnait beaucoup, il émanait d'elle beaucoup d'autorité mais aussi une grande bonté.

Dans un coin de la pièce, était assis Camus du Verseau, en train de lire un livre. Ces années enfermées avec les autres chevaliers d'or 'défunts' lui avaient donné le goût de la lecture, après tout il n'y avait pas grand'chose à faire là-bas, à part jouer aux échecs avec Milo et les autres. Milo était le seul qu'il n'avait pas réussi à battre, même Saga, très logique maintenant que sa mauvaise partie avait disparu, avait fini par se faire battre aussi.

Il surveillait du coin de l'œil son élève…

Soudain, un serviteur entra et alla directement vers la porte du bureau d'Hilda. Hilda en ressortit, passa devant les enfants et sortit du salon. Hagen leva le nez de l'échiquier, tourna la tête et dit:

"Je me demande bien ce qui peut se passer… il ne se passe jamais rien ici…"

En fait, Freya venait de s'évanouir pour la troisième fois de la journée, et le médecin venait d'arriver. Hilda avait donc couru au chevet de sa sœur, inquiète de son état de santé. Personne n'avait encore rien dit au petit Hagen pour ne pas l'inquiéter tant qu'on ne saurait rien de plus…Alexer était au chevet de son épouse.

Un bon quart d'heure passa ainsi, puis Alexer entra rapidement dans la pièce, tout sourire. Il vint vers son fils et lui dit:

"Viens avec moi, Hagen, nous allons voir ta maman…tu peux venir aussi si tu veux, Camus…"

Il demanda la permission à Camus du Verseau, qui la lui accorda. Les deux enfants suivirent alors Alexer, qui les emmena jusqu'à une pièce que Hagen reconnut comme la chambre de ses parents. Il poussa la porte, et Hagen vit sa mère, couchée dans le grand lit à baldaquin. Elle paraissait pâle. Voyant son fils, elle sourit et l'invita de la main à s'approcher. Hagen courut vers sa mère et dit:

"Maman, tu es malade ? Ce n'est pas trop grave j'espère ?"

Freya sourit, et invita Camus à s'approcher aussi. Elle appréciait beaucoup son neveu, et lui le lui rendait bien. Alexer s'assit à côté d'elle, sur le bord du lit.

Alors Freya parla, et dit à son fils:

"J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer, Hagen…Tu vas être grand frère !"

Camus, comprenant, sourit lui aussi…Hagen dit:

"Où est-ce qu'il est ?"

Hagen n'avait que sept ans, alors il se posait forcément des questions. Freya dit, échangeant un regard avec son époux:

"Il est dans mon ventre pour l'instant, mais tu pourras le voir dans quelques mois…"

Hagen resta perplexe et dit:

"Mais je ne le vois pas…

-C'est parce qu'il est minuscule pour l'instant, mais bientôt tu t'apercevras qu'il est là…"

Camus embrassa sa tante, et la félicita. Cela lui ferait un cousin ou une cousine de plus. Alexer dit alors:

"Il faut la laisser se reposer, vous reviendrez plus tard…"

Les deux enfants sortirent de la pièce. Hagen demanda:

"C'était comme ça aussi pour toi quand tu as eu ton frère ?

-Oui…maman était énorme, et elle m'a dit que le petit frère était là, dans son ventre…et un jour je l'ai vraiment vu, papa m'a emmené dans la chambre de maman…Isaak était là, dans son berceau, tout petit et tout rouge…il est mieux maintenant !"

Hagen dit alors:

"Eh bien, il va être bien petit le petit frère…on le voit même pas, maman n'a pas changé !

- Pour l'instant pas, mais tu verras que ta maman va grossir…"

Camus avait l'expérience d'être grand frère déjà, et Hagen était curieux de savoir comment naissaient les enfants. Mais Camus n'en savait pas plus, il n'avait que quatre ans quand son frère était né…

Le Sanctuaire…

Athena, à moitié affalée par terre et le dos appuyé contre un mur, attendait que son maître revienne. Saori était assise à côté d'elle, et Aphélia de l'Octant et Shaina parlaient encore. Athena demanda:

"Tu as des nouvelles de Shaka?

-Non, il est encore dans son monastère en Inde je crois…et toi ?

-Non…je n'en ai pas non plus de Doko…

-Oh, pas de nouvelles bonnes nouvelles…

-Et Camus ?

-Il est à Asgard en 'vacances' pour quelques mois…

-Ben ça ne doit pas beaucoup le changer..le climat est sensiblement le même là-bas…

-Et tu as des nouvelles de Sion ?

-Il m'a prévenue hier qu'il viendrait aujourd'hui, une affaire assez grave m'a-t-il dit…il doit voir la déesse et je dois aller avec lui…plus…enfin tu vois qui…"

Saori comprit qu'il s'agissait de Mû…

Aphélia de l'Octant appela Athena:

"Tu es appelée par la déesse elle-même, maître Shaina elle-même va te conduire, et elle te ramènera…"

Athena connaissait Shaina depuis longtemps, bien que celle-ci ignorât ses liens avec Mû. Shaina fit signe à Athena de la suivre, et toutes deux se mirent en route. Elles gravirent les marches menant à la salle d'Athena, et croisèrent Sion et Sorrente qui arrivaient également. Tout cela se passait trois jours après la rencontre de Sion avec Triton, Sorrente était revenu entretemps et Sion l'avait mis au courant.

Shaina se montra surprise de croiser Sorrente ici, mais celui-ci lui dit qu'on lui avait donné comme mission d'escorter le jeune Sion. Shaina se posa des questions: que faisait un général de Poseidon dans le sanctuaire d'Athena ?

Athena embrassa son frère, heureuse de le revoir…

A la porte de la salle d'Athena, Shaina dit:

"Je vais attendre là…"

Juste après, Mû arriva…

La déesse, assise sur son trône, les attendait. Elle demanda à Sion:

"Bonjour Sion…Pourquoi voulais-tu me voir ?"

Sion se redressa, et dit:

"Il y a trois jours, Sorrente m'avait laissé quelques heures de liberté, alors je suis allé me baigner. Alors que je me reposais, assis sur des rochers, j'ai fait la rencontre de quelqu'un qui s'est présenté comme mon demi-frère, Triton…"

La déesse Athena dit:

"Triton ? Oui, en effet, c'est ton demi-frère…

-Eh bien il m'a dit qu'il était victime d'un sort, que moi seul pourrais lever…

-C'est vrai, je me souviens de ça, il ne peut plus s'approcher de ses parents, ni sortir de la mer…c'est mon frère Arès qui lui avait jeté ce sort aux temps mythologiques…

-Il m'a dit que je devrais aller voir ses arrières grands-parents Phorcys et Céto, quelque part au large de la Sicile…

-Ce sont deux divinités marines très anciennes…Ce sont tes ancêtres aussi…

-Il m'a dit que je devrais me faire aider de ma sœur, de Sorrente et de Thétis…"

Athena réfléchit. Bien sûr, elle savait qu'un sort avait été jeté à Triton autrefois, mais pas la teneur…Sion continua:

"En fait, il m'a expliqué qu'autrefois il pouvait se transformer, sortir de la mer, mais là il ne le peut plus… il ne peut plus non plus s'approcher de sa famille sans mourir…c'est affreux…

-Arès n'a toujours causé que problèmes et destruction…c'est un de ces nombreux dieux qui ne pensent qu'à détruire autour d'eux…Là, il a détruit la vie et l'âme de Triton…

Après tout c’est normal qu’ils se soit adressé à toi, qui es son demi-frère, car Arès ignorait à l’époque que tu viendrais au monde.

-Que puis-je faire ? Ai-je assez de pouvoir ? Comme je le lui ai rappelé, je n’ai que onze ans, des jambes et des poumons, ce qui signifie que je ne peux pas rester longtemps sous la mer...

-Tu as assez de pouvoir, là n’est pas la question, mais auras-tu assez de forces pour lever le sort ? Généralement Arès prend bien soin que ses sorts soient définitifs...tu as ma bénédiction, mais fais bien attention à toi... ”

Mû intervint:

“ Sorrente et Thétis t’accompagneront, où que tu ailles, et ne te quitteront pas...je veux bien que tu ailles jouer les héros, mais Arès est un dieu redoutable, ne l’oublie pas, et tu n’es qu’un demi-dieu mortel... ”

Sion sourit à sa mère, du même sourire charmeur que son père:

“ Maman, il ne m’arrivera rien...La lance d’Arès ne pourra rien contre le trident de mon père, qui a été aussi forgé par Hephaistos...

-Mais tu ne maîtrises pas encore sa puissance, ne l’oublie pas...surtout pas d’imprudences ! ”

La ‘petite’ Athena intervint:

“ Et moi, qu’ai-je à faire dans cette histoire ? Je n’ai pas de forces marines... ”

Sion se tourna vers sa soeur jumelle et dit:

“ Même si tu ne peux pas faire grand’chose, je voulais que tu sois au courant au moins... après tout il est ton demi-frère à toi aussi... ”

Athena se contenta de hocher la tête.

Sion continua son plaidoyer:

“ Déesse, je dois l’aider, je suis le seul à le pouvoir...je suis le seul descendant de la branche des empereurs des mers encore vivant...je dois le faire... ”

Sion semblait accorder tellement d’importance à cela que la déesse décida de le laisser faire. Malgré son jeune âge, il était très mûr, très sûr de lui, aussi décida-t-elle de lui laisser sa chance. Thétis et Sorrente l’accompagneraient, et elle savait que Phorcys et Céto accueilleraient à bras ouverts le dernier rameau de la dynastie. Ils ne faisaient pas beaucoup parler d’eux, sauf par leurs nombreux rejetons tous aussi hideux les uns que les autres. Scylla, les Gorgones, Echidna la femme-serpent en faisaient partie. Malheureusement, Nereus était aussi leur frère, mais Athena savait que Phorcys et Céto n’étaient pas du tout comme lui, c’étaient des dieux assez bienveillants, ne demandant rien à personne et vivant tranquilles dans leur palais sous-marin au large de la Sicile. Dieux marins primordiaux, de la première génération de dieux, ils avaient laissé ensuite leur place à Poseidon quand Zeus, vainqueur des Titans, avait confié le monde à deux de ses frères, à Hadès les Enfers et à Poseidon la partie marine et fluviale.

Elle sourit alors et dit à Sion:

“ Bien, Sion, je te laisse faire...C’est maintenant à ton père et à ses généraux d’assurer ta protection et de t’aider dans ton entreprise. ”

Athena regarda son jumeau et haussa les épaules:

“ Je ne puis pas t’être d’une grande aide, Sion...je suis désolée...mais je te donnerai mes pouvoirs si tu en as besoin... ”

Et elle serra son médaillon dans sa main...

Sion sourit à sa soeur:

“ Je sais... ”

Ces deux-là avaient à peine besoin de mots pour se parler...Depuis leur enfance c’était ainsi.

Sion s’inclina:

“ Je vous tiendrai au courant, par Athena... ”

Puis, accompagné de Sorrente, il se retira. Mais la déesse retint Athena:

“ Ca se passe bien ?

-Oui, très bien, merci... ”

La déesse avait remarqué les meurtrissures supplémentaires sur les bras d’Athena, mais elle ne dit rien. La petite avait besoin encore d’apprendre, c’était nécessaire.

A la sortie, Mû attendait sa fille et lui dit:

“ J’ai dit à Shaina que je te raccompagnerais... ”

Athena sourit à sa mère, et lui dit:

“ J’espère que Sion réussira...

-J’en suis sûre, ne t’inquiète pas...il s’en sortira...Votre père interviendra si ça tourne mal... ”

Athena voulait le croire, et elle s’accrocha de toutes ces forces à cette affirmation...

Puis sa mère lui demanda:

“ Tout se passe bien ?

-Oui...mais mon maître est très sévère...

-Comme tous les maîtres, j’ai connu ça moi aussi...Tu as déjà fait beaucoup de progrès, continue, accroche-toi...

-Plutôt que rester là je préfèrerais aller aider Sion...

-Je sais, moi aussi, mais là nous ne pouvons rien faire...Toi aussi tu auras ton heure... ”

Athena hocha juste la tête, et sa mère continua:

“ Cette semaine, certains des chevaliers d’or qui en ont fait la demande viendront te rendre visite...C’est prévu, la déesse a confié une mission à ton maître pendant une journée afin de ne pas trop éveiller l’attention...”

Athena hocha juste la tête en signe d’acceptation, et sourit. Mû dit:

“ La déesse ne le voulait pas, mais Aiolia lui a dit que tu allais devenir complètement folle si on t’ôtait totalement tes repères, alors elle a accédé à leur requête. Mais tu n’as pas l’air désorientée du tout...

-Pourtant, Sion me manque, tout le monde me manque, mais je sais que je n’ai pas le choix ...un ordre de la déesse ne se discute pas...même si je m’épuise à essayer de retenir mes coups en permanence quand je m’entraîne avec les autres filles... ”

Mû comprenait bien cela, si Athena frappait avec toute sa puissance cela pouvait tuer son adversaire. C’était presque plus fatiguant de retenir ses pouvoirs et ses coups que de les utiliser. Mû dit alors à sa fille:

“ C’est normal, j’aurais dû t’apprendre à le faire quand tu étais petite, ça fait toujours ça au début et ensuite tu vas t’habituer, ne t’inquiète pas... ”

La porte du camp d’entraînement des filles était en vue, alors Mû s’en retourna. Athena retourna seule au camp, la mort dans l’âme...Son maître ne l’interrogea pas, mais, au vu de son air triste, quatre filles parmi les plus fortes et les plus roublardes s’amusèrent à la provoquer. C’en était trop pour Athena...Celle-ci se contenta de jeter un regard derrière elle, vit ses adversaires la narguer. A la vue de son aura celles-ci se reculèrent, mais ce ne fut pas un problème pour Athena. Celle-ci se contenta de lever un seul bras, et les filles volèrent en l’air avant de retomber lourdement sur le sol. Athena se retourna, et dit:

“ Je croyais qu’une leçon vous avait suffi, on ne dirait pas, en voici une deuxième, et si ça ne suffit pas ce sera pire la prochaine fois... ”

Puis elle rejoignit son maître. Celle-ci lui demanda:

“ C’est une bonne chose que tu viens de faire, au moins elles se calmeront, tu n’es pas la seule qu’elles ennuient, certaines des plus jeunes aussi...mais on n’a jamais de preuve !

-Elles ont essayé de me voler une nuit, j’ai réagi instinctivement et je les ai jetées contre le mur, mais ça n’a pas suffi...

-Je crois qu’elles ne reviendront pas cette fois...Allez viens, à l’entraînement maintenant... ”

Le maître sentait qu’Athena avait en elle une part d’ombre, mais elle ne pouvait pas la cerner. Cette petite cachait bien son jeu, elle sentait aussi qu’elle ne dévoilait jamais sa véritable puissance...

Cap Sounion, maison de Sion...

Thétis et Sorrente étaient assis dans le salon de la petite maison que Julian Solo avait fait construire pour son fils. Thétis demanda:

“ Sion dort ?

-Oui...du moins je crois...Je crois que cette affaire le turlupine cependant...

-Il y a de quoi, c’est perturbant pour un adolescent de cet âge...Tu crois qu’il y arrivera ?

-Ce petit a une volonté de fer, il va essayer jusqu’à ce qu’il y arrive, crois-moi...

-Mais cette fois c’est très grave, ça concerne quelque chose de divin...

-Notre rôle est de lui obéir et de le seconder, c’est ce que nous ferons... ”

Thétis s’inclina sous l’autorité de Sorrente, son supérieur hiérarchique. Demain, ils partiraient pour la Sicile, eux savaient où se trouvait le palais de Phorcys et Céto, ils y amèneraient Sion. Thétis entrouvrit la porte de la chambre de Sion...Sion avait l’air de dormir, à moitié hors des draps, et sa main droite dépassant du lit tenait son trident. D’habitude il se contentait de le poser à côté de son lit, ça suffisait à le sécuriser, mais le fait qu’il le tienne indiquait clairement qu’il avait peur...

Il y avait de quoi cette fois...refermant doucement la porte, Thétis se retourna et dit à Sorrente:

“ Le petit a peur... ”

Sorrente hocha la tête...Thétis aimait beaucoup Sion, et s’inquiétait pour lui comme une seconde mère...Il sourit et dit:

“ Tout ira bien... ”

Il voulait aussi s’en convaincre: lever un sort lancé par Arès ne serait pas facile, loin de là...

Le Sanctuaire...

Malgré l’heure tardive, Athena ne dormait pas...Autour d’elle, les autres filles sommeillaient, certaines bougeaient et parlaient dans leur sommeil...

Athena se sentit le besoin d’aller prendre l’air...elle dormirait mieux après. Rapidement, elle se faufila hors du dortoir des filles, et sortit dans la cour d’entraînement. Savoir Sion avec une mission si difficile la souciait vraiment, cette fois il risquait d’y laisser la vie...

Se sentant etouffer, elle sortit du camp en se téléportant et commença à marcher au hasard dans la lande. Des odeurs de thym et d’herbes diverses se mélangeaient au vent léger qui soufflait. Il n’y avait plus de lumière, sauf celles de veilleurs...

Elle marcha un long moment, essayant de se calmer et humant à pleins poumons l’air de la nuit. Soudain, elle sentit une cosmoénergie qu’elle ne connaissait pas très bien arriver, et se retourna. Aioros du Sagittaire sortit au détour d’un fourré, et sourit légèrement en la voyant:

“ Je te croyais au camp d’entraînement, Athena...car c’est bien ton nom ? ”

Athena ne connaissait qu’à peine ce chevalier, bien qu’elle sût qu’il s’agissait là du sauveur de la déesse. Elle lui répondit:

“ Oui, c’est bien mon nom...et j’avais besoin de sortir, je n’arrivais pas à dormir... ”

L’air soucieux de l’adolescente sauta aux yeux d’Aioros, qui dit, toujours prêt à venir en aide :

“ Tu veux en parler ? ”

Athena dit:

“ Alors promettez-moi que vous ne serez pas surpris...

-Tu es la fille de Poseidon, alors rien ne le peut vraiment... ”

Il s’assit dans l’herbe, et dit:

“ Alors, quel est ton problème ?

-Mon frère jumeau va risquer sa vie pour sauver Triton d’un sort...et moi je suis là, inutile, je ne peux rien faire pour l’aider...Il a hérité de presque toute la puissance marine de notre père à lui tout seul, moi j’en ai très peu... ”

Aioros comprenait le difficile dilemme de cette fille hors du commun...Dépositaire d’un pouvoir particulier, le rôle de Sion était tout tracé, alors qu’elle, bien que l’aînée, ne savait pas vraiment quel serait son destin...

Aioros dit alors:

“ Nous sommes tous sur Terre pour une mission précise, Athena, toi aussi...Moi j’ai eu une seconde chance, ma mission n’est pas encore terminée...la tienne ne fait que commencer...

-Je sais, ma mère me l’a déjà dit...

-Ne t’inquiète plus, je suis sûr que ton frère vaincra, parce qu’il se bat pour quelque chose de juste... ”

Aioros ne savait pas tellement quoi dire à cette adolescente qui était d’un niveau supérieur à lui à cause de son sang divin, et qui, manifestement, était en pleine crise. Il était mort très jeune, mais il disposait d’un discernement très aiguisé, au point que Sion du Bélier l’avait choisi comme héritier. Et cette petite avait besoin d’aide...

Il continua:

“ Je sais bien que tu t’inquiètes pour ton frère, je sais ce que c’est, j’en ai un plus jeune, comme toi, et dans votre cas c’est plus particulier, vous êtes jumeaux...

-Pour ça pas du tout, cependant... ”

Aioros se leva, et dit:

“ Je crois savoir que ton frère dispose du trident de Poseidon....tout le monde sait ce qu’il symbolise, y compris ici, au Sanctuaire...même les dieux...alors ne t’inquiète plus, va dormir maintenant... ”

Et il posa sa main sur le front d’Athena...Celle-ci se sentit remplie de confiance, cette confiance qui lui manquait tellement ! Elle se leva et dit:

“ Merci de m’avoir écoutée... ”

Puis elle courut en direction du camp pour retourner se coucher. Aioros, debout, la regarda partir et sourit: cette gamine avait encore beaucoup à apprendre, mais, dès qu’elle aurait la mesure de sa pleine puissance, elle serait absolument un des personnages du Sanctuaire avec qui compter. Cette demi-déesse sortirait de son cocon bientôt...

Le lendemain matin, au lever du soleil, Sion sortit de son lit. A moitié réveillé, il poussa la porte de sa chambre, traversa le salon comme un somnanbule sans faire attention à Sorrente qui se trouvait là, et sortit devant la maison.

Une belle journée se levait, les rayons du soleil inondaient le cap et faisaient scintiller la mer, très calme à cette heure...il faut dire que Sion l’était aussi, en plus de mal réveillé, il avait toujours eu plus de mal que sa soeur à se lever.

Il se frotta les yeux et bailla profondément pour essayer de se réveiller. Dans une heure, ils partiraient pour la Sicile, et ensuite...eh bien advienne que pourrait. Il bailla une seconde fois à se décrocher la mâchoire et rentra à l’intérieur pour prendre son petit déjeuner. Sorrente était déjà assis devant la table, habillé, presque déjà prêt à partir...Voyant que l’oeil de Sion était plus clair, il le salua et dit:

“ Viens, ton petit déjeuner est prêt... ”

Sion se retourna, et vit Thétis, qui s’affairait dans la cuisine. Elle posa sur un plateau un bol de lait chaud, quelques tartines au beurre et au miel, qui venait de l’Hymette, un mont bordant Athènes, ainsi qu’un verre d’un breuvage de plante que Mû confectionnait elle-même et qui aidait la croissance de Sion...Athena devait elle aussi en boire un verre tous les matins, puis elle l’apporta sur la table et s’assit elle-même après s’être assurée que Sion avait tout ce qui lui fallait.

Sion déjeuna sans rien dire, mais, à la fin, demanda:

“ Dois-je revêtir quelque chose de particulier pour y aller ?

-Si tu veux, ne t’inquiète pas, tu ne seras pas mouillé, je créerai une bulle autour de toi qui te permettra de respirer sous la mer... ”

Cela abattait le seul problème posé par la physiologie humaine de Sion. Sion dit:

“ Mais dois-je emporter le trident avec moi ?

-Bien sûr... ”

Sion disparut alors dans sa chambre, et en ressortit vêtu de sa plus belle tunique, en moire verte, son écharpe au trident d’or en sautoir. Un pantalon court de tissu noir couvrait ses jambes, et il avait une paire de sandales. Il avait discipliné sa chevelure bleue, et tenait en main son trident. Thétis se retourna, et fut frappée par la ressemblance avec son père...Sion sourit, et Sorrente reconnut le sourire charmeur de son père....Puis il leva juste un doigt, il y eut une lumière, et il se retrouva vêtu de son armure. Thétis fit la même chose. Sion n’avait jamais vu son armure, et eut un petit sourire en coin. Puis il dit:

“ Allons-y ”

Le tout dit de sa voix la plus autoritaire, un peu ridicule vu qu’il commençait à muer, chose normale à treize ans, moins à onze...mais qu’y pouvait-il ?

L’enfant ouvrit la marche, et les deux marinas le suivirent, comme c’était leur rôle. Arrivés au bord de la mer, Sorrente s’approcha de Sion, et dit:

“ Téléportons-nous en Sicile... ”

Cela n’était pas vraiment pas un problème pour Sion, la Sicile ne se trouvant pas trop loin de la Grèce et se trouvant surtout sur le même continent. En un battement de cil, tous trois se trouvèrent sur la côte sicilienne, près de l’ancienne Herakleia. Sorrente dit:

“ Bien, maintenant je vais t’entourer de la bulle...ferme les yeux... ”

Sion obéit, et Sorrente fit autour de lui un cercle avec sa flûte. Une bulle apparut autour de lui...Sion rouvrit les yeux, assura sa prise sur son trident et dit:

“ Allons-y maintenant... ”

Encadré de ses deux marinas, il sauta à l’eau...Au départ, il ne vit que de l’eau, et le foisonnement de la vie sous-marine. C’était magnifique, qui pouvait encore penser aux agitations de la Terre en voyant ce spectacle grandiose. Ils descendirent plus bas, encore plus bas, jusqu’à atteindre le fond de la mer. Sorrente indiqua un groupe de rochers, une ouverture s’y fit, et ils descendirent encore, mais au sec. Sion ne mesura pas le temps passé, mais, quand il finit par déboucher dans un endroit éclairé et regardant au dessus de lui, il vit la mer formant plafond au dessus de lui. Manifestement, il était arrivé...

Il ôta seul sa bulle, et se redressa en demandant:

“ Nous y sommes ?

-Oui... ”

Une escouade de soldats marinas arriva alors, et leur chef demanda:

“ Qui êtes-vous ? ”

Voyant Sorrente, il s’inclina:

“ Veuillez nous pardonner, nous ne savions pas que certains des généraux de Poseidon avaient survécu...

-Je suis le seul, en fait...j’escorte ici sa majesté Sion, le fils de Poseidon, qui vient rendre visite à leurs majestés Phorcys et Céto... ”

Le chef des marinas regarda Sion, reconnut manifestement le trident, s’inclina et dit:

“ Nous vous emmenons, votre majesté... ”

Sion, quelque peu ébahi parce qu’il n’avait pas l’habitude d’être appelé ‘votre majesté’, se redressa et suivit les marinas. Ils entrèrent dans un bâtiment rond à colonnes de style grec (tholos), qui donnait sur un autre bâtiment. Tous les murs étaient incrustés de nacre, de coquillages et de pierres précieuses.

Au bout d’un certain temps, ils finirent par arriver dans une salle claire, dont les murs étaient entièrement garnis de nacre. En face d’eux, assis dans des trônes de nacre incrustés d’or, d’argent et de pierres précieuses, étaient assis deux personnes d’un certain âge, habillés de blanc...tous deux avaient un sourire bienveillant sur le visage. Une grande sérénité et une grande autorité se dégageaient de l’homme, qui était Phorcys. Quant à Céto, ses doux traits et ses yeux bleu océan exhalaient la bienveillance. Elle avait des cheveux châtains magnifiques, noués à la grecque et retenus par un diadème d’or. Elle était vêtue d’une robe blanche, un péplos, comme le reconnut Sion. Phorcys, lui, avait un chiton long drapé autour de lui et une tunique blanche. Les soldats marinas, Sorrente et Thétis s’inclinèrent, mais Sion, surpris, resta debout. Phorcys parla le premier:

“ Je me demandais si tu viendrais un jour, toi le dernier rameau de la maison des empereurs des Sept Mers...Sion, c’est bien cela ton nom ?

-Oui...enchanté de vous connaître... ”

Et il s’inclina doucement. Phorcys continua:

“ Je savais que tu existais, mais je ne sais pas tout de toi...les nouvelles vont lentement ici...vois, tu as déjà douze ou treize ans...

-Euh...onze seulement...

-Comme je te le disais, nous sommes un peu oubliés ici, ce sont les dieux de la génération suivante qui régentent tout maintenant, mais ce n’est pas plus mal, je me repose, j’ai assez fait autrefois...en tout cas tu ressembles à ton père...et en plus tu possèdes son trident... ”

Sion sourit doucement...Céto reprit:

“ Nous savions qu’un enfant de Poseidon était né, qui avait hérité d’une partie de son pouvoir, mais nous ne pouvions te localiser...

-Je suis né au Sanctuaire d’Athena...

-Voilà la raison alors...mais qu’a-t-elle à voir là-dedans ?

-Ma mère...enfin notre mère est un chevalier sacré d’Athena...

-Pourquoi dis-tu nous ?

-Parce que je ne suis que le second, j’ai une soeur jumelle qui est mon aînée de quelques minutes, elle s’appelle Athena et, elle, elle n’a quasiment aucun pouvoir marin... ”

Phorcys sourit, et se leva:

“ Bien, passons à côté, nous allons boire une tasse de thé, après tout tu es un lointain descendant...tes gardes peuvent venir, bien sûr... ”

Sion les suivit dans une large pièce où se trouvait une grande table...sur un signe de Céto, quelques servantes sortirent pour aller chercher le thé. Phorcys désigna un siège à sa droite et dit à Sion:

“ Quelle est la raison de ta visite ?

-Il y a quelques jours, alors que je me baignais, Triton m’a appelé. Il m’a dit qu’il était victime d’un sort, qu’Arès lui avait jeté, et que j’étais le seul à pouvoir lever...puis il m’a dit de m’adresser à vous, en me faisant aider par Sorrente et Thétis, qui ordinairement m’entraînent et me gardent. Voilà toute l’histoire... ”

Phorcys et Céto se regardèrent, et Phorcys dit:

“ Ce pauvre Triton....c’est normal qu’il se soit adressé à toi, tu es son demi-frère...et en effet, étant plus vieux qu’Arès, je sais ce qu’il faut faire...mais tu devras avoir beaucoup de courage, petit... ”

Sion se redressa, et dit:

“ J’ai déjà combattu Hermès, j’ai défendu la déesse Athena au péril de ma vie, je ne manque pas de courage...

-Je m’en doute, je sens tes pouvoirs... ”

Sion but une gorgée de son thé, et Phorcys lui dit:

“ Tu devras combattre un monstre marin qui garde un coquillage...quand tu l’auras, tu le rempliras d’eau et tu en feras boire à Triton...Arès avait pris ses précautions, le sort réduit presque à néant les pouvoirs de Triton, en sorte qu’il ne peut pas tuer lui-même ce monstre...N’oublie pas, c’est un monstre marin, ton trident ne marchera peut-être pas... ”

Sion prit bonne note du conseil de Phorcys. Son esprit aux aguets enregistrait tout...

Il reste encore un peu auprès de Phorcys et Céto, puis prit congé, s’étant fait apprécier des deux divinités. Céto dit à son mari une fois qu’il fût parti:

“ Tu crois qu’il y arrivera ?

-Je pense...ce petit a une grande volonté, je le sens, et il a en lui un pouvoir plus grand qu’il ne veut bien se l’imaginer...si cela peut lui servir de tremplin... ”

Et le dieu sourit...

Sion retourna au cap Sounion, toujours escorté de Thétis et Sorrente. Il ne dit pas un seul mot de tout le voyage de retour, aussi court fût-il. Puis il se retourna et dit à Sorrente:

“ Comment vais-je faire pour trouver cet endroit ? ”

Sorrente s’assit, posa sa flûte sur son genou et dit:

“ Thétis connaît les parchemins qui cartographient le fond de la mer et les lieux sacrés, elle te guidera... ”

Sion joua avec son écharpe, et dit:

“ Même si c’est difficile, je dois le faire, une vie en dépend... ”

Elevé parmi les chevaliers d’or, Sion avait un sens des responsabilités très dévellopé. Et une volonté de fer...Sorrente savait tout cela, et espérait que tout se passerait bien...

Le Sanctuaire...

Athena bondit en arrière, évita le coup que son maître lui destinait et retomba sur ses jambes. Son maître lui dit:

“ J’ai enfin compris...tu retiens tes coups ! Ne les retiens plus ! ”

Athena secoua la tête, et refusa...Son maître insista:

“ Allons ! ”

Athena n’avait plus le choix. Consciente du danger, elle détruit le rocher derrière elle. Son maître, ébahie, dit alors:

“ Je pensais que tu étais forte mais pas à ce point-là...qui es-tu vraiment, Athena ? ”

Athena eut une sueur froide, mais ne répondit rien...elle fut sauvée par l’arrivée de Shaina, qui dit:

“ Aphélia, voici votre mission... ”

Athena respira, et, une fois son maître partie, vit arriver Kanon, Saga, Aiolia, Milo et certains autres qui les suivaient. Saori les accompagnait, car elle était dans l’autre camp, réservé aux classes d’âge plus jeunes. Athena sourit, et Aiolia demanda:

“ Eh bien, tu en fais une tête ? Tu n’es pas contente de nous voir ?

-Si...mais j’ai eu quelques démélés avec mon maître...elle m’a demandé de ne pas retenir mes coups ! ”

Et elle désigna la falaise, puis expliqua ce qui lui arrivait. Milo intervint:

“ Allons, allons, ne t’inquiète pas....viens avec nous, cela te reposera... ”

Ils marchèrent un moment, puis finirent par s’asseoir. Saga déposa son sac et dit:

“ Tiens, j’ai amené quelques raffraîchissements...bois, ça te fera du bien... ”

Athena accepta avec reconnaissance un verre de jus d’orange bien frais. Elle s’était habituée au soleil de Grèce, mais elle mourait de soif.

Puis tous devisèrent gaiement...

Un peu plus tard, une autre surprise: Sion. Il expliqua ce qu’il savait, et Athena l’écouta, sans chercher à le dissuader, car elle savait et croyait, qu’il s’en sortirait.

Mû, elle, arriva un peu plus tard. Elle embrassa ses enfants sur le front, légèrement gênée à la vue des autres chevaliers d’or. Elle n’aimait pas les démonstrations d’affection en public, cela lui rappelait trop sa différence par rapport à eux...mais elle était femme, elle était mère, et cet état de choses durerait toute sa vie.

Ses enfants étaient presque des adultes, même si ils avaient encore beaucoup à apprendre. Déjà la morphologie de Sion était adulte, celle d’Athena presque aussi...Même si elle ne se voyait pas sous sa tunique, elle avait déjà de la poitrine, et ses formes étaient plus féminines. Les chevaliers d’or plaisantèrent un peu sur ce sujet, mais Sion dit:

“ Je me passerais bien de grandir si vite... ”

Athena pensait de même, et elle était plus embarassée que son frère...

Une grande mission attendait Sion, Mû le savait. Quant à Athena, elle continuait à mûrir et à progresser, finalement la déesse avait eu une bonne initiative...

Mais, sur le chemin de l’âge adulte, beaucoup d’écueils attendaient les jumeaux...