Note: Ce chapitre est totalement inédit, c'est la partie 17 intégrale très attendue par certains. Désolée de vous avoir fait attendre, encore merci à Mégumichan et bonne lecture !
Chapitre 30 : La guerre de Perséphone, seconde partie – le début de la fin
Tout était noir sur la plaine où, désormais, combattaient marinas et chevaliers d’Athéna mêlés. Les deux dieux, Athéna et Poseidon, orchestraient les mouvements de leurs troupes en surveillant l’apparition éventuelle de Perséphone…
Sion, qui s’était relevé après l’attaque d’Eaque, lui dit :
« Tu as été mal inspiré, trop hâtif…je ne crains absolument rien de toi… »
Eaque ricana et dit :
« Prince de pacotille, tu ne fais pas le poids contre moi, et même tes écailles ne te protègeront pas… »
Son aura l’enveloppa de nouveau et il s’écria :
« Galactic Illusion ! »
Sion s’était souvenu d’un conseil de Sorrente : « Profite de la suffisance de ton adversaire et sache observer avant d’attaquer, même si c’est à tes dépends… ».
Il savait bien sûr que les écailles du Dragon des Mers le protègeraient efficacement, et il parvint à contrer de ses mains l’attaque de son adversaire, non sans reculer de plusieurs mètres et se blesser les mains. Serrant les dents, il se redressa et dit à Eaque :
« Toi qui me prenais pour un poisson facile à pêcher, tu vas à présent te rendre compte de ton erreur… »
L’aura bleue du jeune prince l’entoura, et il s’écria, fermant les yeux :
« Que l’ivresse des profondeurs t’envahisse ! »
Ayant hérité de puissants pouvoirs mentaux de sa mère, Sion, avec l’aide de Sorrente, avait développé cette technique particulière qui agissait directement sur le mental de son adversaire. Elle l’immobilisait en frappant directement ses centres nerveux, puis procurait les mêmes effets que l’ivresse des profondeurs ressentie parfois par les plongeurs novices, mais se terminait par la mort de l’adversaire qui plongeait dans un sommeil sans retour. Cependant, cela demandait beaucoup de concentration à Sion, et c’était le point faible de l’attaque…
Eaque, en face de lui, ne bougeait plus, les yeux écarquillés, mais cela ne dura pas longtemps et il dit en ricanant :
« Que ta maman ne serait pas fière de toi ! Tu n’as même pas été capable d’utiliser tes pouvoirs mentaux à leur paroxysme… »
Sion le fixa, de la haine dans les yeux, et la mer se mit à clapoter furieusement contre les falaises…
Triton, lui, était en plus mauvaise posture. Il avait réussi à éviter une partie de l’attaque de Thanatos, mais, malgré la protection de ses écailles divines, en avait reçu une partie. Son casque avait volé en l’air, et sa tête n’était plus protégée. Ce n’était pas qu’il craignît de mourir, il était immortel, mais ces deux dieux-là étaient connus pour leur cruauté, et il se pouvait qu’ils lui fassent payer au centuple la moindre petite blessure qu’il leur infligerait avec une imagination sans borne en ce qui concernait les tortures…
Les deux jumeaux le regardaient calmement, l’un avec un regard doré, l’autre avec un regard argenté aussi froid que la mort qu’il représentait. Hypnos s’avança alors et dit à son frère :
« Il s’accroche un peu trop à la vie à mon goût, Thanatos, mais je vais le faire lâcher prise…Eternal drowsiness ! »
Triton alors se sentit flotter, comme s’il était au-dessus de son corps et surplombait la bataille. Ses membres étaient lourds, lourds, comme du plomb, et il n’avait qu’une seule envie : fermer les yeux et s’abandonner à cette terrible lassitude qui s’emparait de tout son corps. Dans un sursaut de volonté, il se dit :
« Je ne dois pas…me laisser aller…je suis un dieu… »
Mais même cette évidence ne parvenait pas à le tirer des griffes d’Hypnos. Il ne sentait plus rien, le corps léger comme une plume, et glissait lentement dans le sommeil. Il banda toute sa volonté, et se dit :
« Je dois lutter…Sion m’a délivré du sort d’Arès au péril de sa vie, je ne dois pas me laisser tuer aussi facilement par deux dieux de pacotille ! Je n’arriverais plus à le regarder en face si je mourais comme ça ! »
Dans un hurlement de douleur, il fit jaillir son aura bleu-verte et ses yeux verts brûlèrent de colère alors qu’il disait :
« Jamais ! Jamais je ne vous laisserai gagner et étendre votre domination malsaine sur les océans et sur la terre ! »
Il leva les bras et s’écria :
« Que les forces de la mer vous punissent ! Conque sacrée, héritage des empereurs des Mers, viens à moi ! »
Un rayon de lumière troua l’obscurité, et dans les mains du prince héritier des Sept Mers apparut une conque, la conque dont il ne se séparait jamais…
Athena vit venir l’attaque de Minos, et, instinctivement, se protégea. Les fils de la Cosmic Marionnetion vinrent ricocher sur un mur presque invisible aux reflets verts. La jeune princesse serra les dents, maintenant la protection de toutes ses forces, car elle n’avait pas la facilité de sa mère dans cette situation.
Minos se rendit compte de la difficulté qu’elle éprouvait, et ricana :
« Hé bien, déjà fatiguée ? »
Mais la jeune fille n’était pas disposée à se laisser déstabiliser par son adversaire, et ne répondit pas, gardant sa concentration. Elle avait regardé attentivement son attaque, et cherchait activement un moyen d’y répliquer. Elle avait passé ces longs mois en compagnie des chevaliers d’or à mettre au point ses propres techniques de combat en utilisant à la fois l’héritage de sa mère, ces pouvoirs mentaux qu’elle contrôlait mieux que son frère jumeau, et les pouvoirs marins hérités de son père. Etait née de cette étrange association une attaque meurtrière…
Appliquant l’un des principes enseignés d’abord par Aphelia puis par Shaina, elle avait regardé attentivement les gestes effectués par Minos dans l’espoir d’y trouver un point faible. Malheureusement, elle n’en avait trouvé aucun, et ce serait difficile, vu le surplis supérieur du spectre, de le toucher directement. Une seule solution : compter sur ses pouvoirs mentaux…
Pourtant, Athena avait une impression dérangeante vis à vis du spectre, il avait une double aura, comme s’il avait une âme double dont l’une écrasait l’autre. Ayant à cœur de ne pas se laisser submerger par ses sensations, elle leva ses mains en garde et lui dit :
« Spectre, tu vas connaître le pouvoir conjugué de la terre et de la mer ! »
Elle avait développé cette technique avec l’aide de Kanon, d’Aldébaran, d’Aiolia et de Milo. Son aura jaune veinée de bleu l’entoura, et elle s’écria :
« Stella Maris ! »
C’était le nom qu’elle avait donné elle-même à son attaque, son frère Triton l’appelait parfois ainsi, ‘étoile de la mer’, et elle savait que c’était l’une des apostrophes que l’on donnait à la Vierge Marie dans la religion catholique car elle protégeait les marins. Cette attaque faisait appel à ses pouvoirs mentaux en paralysant son adversaire, puis se formait une énorme boule de lumière bleue formée de puissance marine pure qui l’achevait. Elle avait appris avec Aiolia à y mettre toute sa force, avait travaillé la puissance brute avec Aldébaran, appris à paralyser avec Milo et acquis le contrôle mental et les illusions de Kanon…du grand art…
Mû, immobile, jaugeait Myu tout en réfléchissant extrêmement vite quand elle ressentit les deux attaques de ses enfants. Cependant, elle ne perdit pas sa concentration, car elle savait qu’un centième de seconde de distraction signifierait sa mort. Le Papillon des Enfers était de force égale avec elle sur le plan des pouvoirs psychokinétiques, et elle devait veiller à ce qu’il ne puisse ni la paralyser, ni riposter…
Surtout, elle se souvenait de la tactique qu’elle avait employée pour le vaincre la première fois : Crystal Net puis Starlight Extinction, ce qui excluait pour cette fois ces deux techniques.
Mais elle avait aussi usé sur lui de la Stardust Revolution lorsqu’il était à l’état de larve, ce qui compliquait singulièrement les choses. Elle ne doutait pas qu’il trouve une parade aux deux attaques qu’il avait déjà vues, fût-ce dans une autre vie…
Elle eut soudain l’illumination : Myu ne maîtrisait aucune attaque directe, il ne combattait jamais lui-même, voilà la faille qui lui permettrait d’obtenir l’avantage. Pendant son entraînement auprès de Shion, elle avait appris à combattre à mains nues et avait fortifié son corps pour encaisser les coups, cette partie de l’apprentissage de son maître allait lui servir à présent. Myu ne touchait jamais directement ses adversaires, ne se servant que de sa télékinésie, là était son point faible, elle le savait !
S’arc-boutant sur ses jambes, elle décolla brusquement et lui porta plusieurs coups de pieds ultra-rapides qui l’envoyèrent à plusieurs mètres. Un filet de sang coulant de sa tête, Myu se releva et dit :
« Tu as réussi à me toucher cette fois, mais pas deux… »
Mû retomba sur ses jambes dans un léger froissement de sa cape blanche, et se remit en garde, sachant que la partie était loin d’être gagnée. Pourtant, quelque chose la dérangeait vis à vis du spectre…
Kanon, arborant toujours le même air calme et posé, retint d’une main la Greatest Caution de Rhadamanthe en disant :
« Si tu t’es réincarné, moi je me souviens de ton attaque, spectre, et elle ne m’affectera pas plus qu’un courant d’air… »
Pour bien montrer ce qu’il avançait, il referma le poing et le secoua comme s’il chassait une poussière, faisant disparaître la lumière aveuglante qui avait un instant troué les ténèbres environnantes. Oh non, Rhadamanthe ne devait pas le sous-estimer, il avait toujours été très puissant mais ses pouvoirs avaient augmenté ces dernières années, et l’âge n’était en aucune façon un handicap pour lui. Il posa son regard bleu sur le spectre mais resta mentalement en garde…
Kanon était un guerrier expérimenté, et qui possédait un pouvoir supérieur de lecture d’aura. Quelque chose, ce quelque chose qui avait déjà frappé Athena chez Minos, le frappa lui aussi, et il comprit : l’âme du spectre et celle de l’humain qui était son hôte habitaient le même corps, il ne fallait donc pas qu’il tuât l’infortuné qui abritait l’âme noire de Rhadamanthe…
Pour cela, une seule solution : utiliser ses dons de contrôle de l’esprit pour juguler l’aura du spectre et la forcer à quitter son enveloppe humaine…
Dans le sanctuaire sous-marin se tenait Illia de Scylla, face à Rune de Balrog qui venait de déchaîner contre elle sa plus puissante attaque, Reincarnation. Celle-ci avait pour effet de lui faire revivre tous les péchés qu’elle avait commis, même involontairement, depuis sa petite enfance, ainsi que les moments les plus pénibles de son existence...
Illia serra les dents, tenta de se protéger mais, en quelques secondes, elle vit passer devant ses yeux ses péchés d’enfant sur l’île de San Felix, le suicide de son frère aîné, la mort de ses parents, la mort de son frère jumeau, ses soupirs égoïstes devant la petitesse de sa condition de marina…
Elle se sentit vaciller, serra les dents pour ne pas hurler sa douleur devant les images qui envahissaient son cerveau. Etait-elle si responsable de la mort de son frère aîné ? Elle n’avait que quatre ans à l’époque, comment pouvait-elle l’être ? Quant à Io, il s’était battu jusqu’au bout pour une cause à laquelle il croyait, même si elle avait appris plus tard qu’il avait été manipulé par Kanon. Elle les avait perdus à jamais, cette douleur et cette culpabilité latente pourtant demeuraient, elle n’avait rien pu faire pour eux et c’était sans doute cela que Rune appelait son ‘péché ‘.
Serrant davantage les dents, elle se redressa et jeta à Rune :
« Non, tu ne parviendras pas à me rendre folle, spectre… »
Rune, tranquillement, fit apparaître un parchemin qu’il parcourut du regard avant de dire :
« Tu portes ta part de responsabilité dans tout ce que je t’ai montré, général de Scylla, aussi vais-je te donner ton châtiment… »
Une sueur froide coula le long de l’échine d’Illia, mais elle tenta de n’en rien laisser paraître. Et dire qu’elle ne possédait aucun pouvoir mental…
Ce jour-là, un court instant, elle se maudit d’avoir accepté de devenir un général, mais cela ne dura pas, et elle recouvra rapidement son calme. Son maître et Sion lui avaient confié pour mission de défendre le sanctuaire sous-marin, elle ne les décevrait pas…
Sur la côte qu’il gardait, Sorrente avait réussi, par quelques notes, à se protéger de la puissante attaque de son adversaire. La poitrine encore douloureuse, il se redressa et se dit que son adversaire, fût-il féminin, allait lui donner du fil à retordre.
De plus, son regard pourpre avait peine à s’habituer à l’obscurité maintenant presque totale, cela avait toujours été son point faible et il n’avait pas pris le temps de s’en prémunir, voilà qui allait probablement jouer contre lui s’il ne faisait rien.
L’Egyptienne rit, d’un rire cristallin, et dit, mettant sa main délicate sur sa lyre :
« Tu dois ton salut à ta flûte, mais tu ne t’en tireras pas si facilement ! »
Le général resta imperturbable, et répondit de sa voix douce :
« Ne me sous-estime pas, spectre, tu pourrais le regretter… »
Il porta sa flûte à sa bouche et dit :
« Retourne au royaume des morts ! Je suis magnanime, je t’y envoie en musique ! »
Il commença alors à jouer sa Dead End Symphony, et les notes aériennes de sa mélodie mortelles trouèrent la nuit…
Non loin de lui, Indra de Chrysaor était aux prises contre Sylphilde du Basilic, mais il put se défendre contre son anihilation flap meurtrier en utilisant sa muraille d’énergie issue de ses shakras. Il se servait essentiellement de son instinct, et, vu qu’il s’agissait là de son tout premier combat, s’efforçait de rester serein et de garder l’esprit clair, sans laisser la panique l’envahir. Il assura sa prise sur sa lance d’or, qu’il fit tourner dans sa main d’un geste probablement hérité de ses prédécesseurs avant de dire :
« Voici ta première erreur : tu m’as sous-estimé… »
Il résolut d’attaquer et d’utiliser la capacité de sa lance à fendre l’air jusqu’à son adversaire. Ceci sembla fonctionner vu que Sylphilde fut coupé au bras sans avoir vu le coup venir. Il poussa un grognement, porta la main à son bras en disant d’un ton vindicatif :
« Tu vas payer pour avoir osé me toucher, moustique ! »
Il leva les bras et hurla :
« Anihilation Flap !!! »
Mais Indra, s’il n’était qu’un combattant sans expérience, savait néanmoins que la même attaque ne fonctionne pas deux fois sur le même guerrier, fût-il marina ou chevalier d’Athéna. Là, il savait quoi faire…
Il prit une longue inspiration, son aura apparut et il fit tourner sa lance dans sa main, se servant d’elle comme catalyseur pour sa puissance. Le cercle délimité par la lance devint alors un bouclier, sur lequel ricocha l’attaque du spectre écumant de rage…
Quelque peu rassuré, le général se redressa, désormais confiant car il avait enfin vu le point faible de son adversaire…
A cet instant, Athena, toujours face à Minos, comprit que les sensations de double aura qu’elle ressentait depuis un bon moment n’étaient pas que des sensations, il s’agissait de la réalité. Deux âmes, celles de l’humain hôte et celle du spectre luttaient dans le même corps, mais celle du spectre écrasait l’autre, il fallait impérativement agir et elle ne le pouvait seule…
Son premier réflexe fut d’utiliser sa liaison télépathique pour prévenir son frère de ne pas tuer son adversaire. Sion, surpris, fut déconcentré quelques secondes et n’eut que le temps de se protéger pour ne pas recevoir de plein fouet l’attaque d’Eaque, qui en avait profité.
Le prince, tout en luttant pour ne pas se retrouver cible facile, demanda télépathiquement à sa sœur :
« Tu es sûre de ce que tu me dis ? »
Athena, en même temps qu’elle faisait un geste de la main pour dévier une boule d’énergie, lui répondit :
« Plus que jamais ! Il ne faut absolument pas les tuer, sinon nous aurons commis un crime et abattu des innocents ! »
Mû, de son côté, avait réussi à clarifier cette impression étrange qu’elle avait eue à propos de Myu, et sentait sa belle sûreté s’effriter. Elle savait bien sûr quoi faire : neutraliser l’âme du spectre pour sauver celle de son hôte, mais c’était bien plus facile à envisager qu’à exécuter. Même en utilisant ses grands pouvoirs mentaux, elle ne pourrait le faire sans risquer la vie de l’hôte, c’était une situation quasi inextricable…
Sion diffusa l’information à Sorrente, puis à Indra et Illia, et fit en sorte qu’elle arrive jusqu’aux deux dieux présents. Poseidon, s’il s’en montra assez peu surpris, donna des ordres en conséquence, et la déesse Athena, dans son grand respect de la vie humaine, donna les mêmes afin qu’on épargne le plus possible les corps des hôtes.
Entendant cela, Seiya se tourna vers Ikki, non loin de lui, et lui dit :
« Tu te souviens de quelque chose de semblable à l’époque, toi ? »
Mais ce fut Shun qui lui répondit :
« Les spectres habituellement se réincarnent directement dans des corps humains, mais, cette fois, l’âme de la personne qu’ils parasitent existe aussi, ce qui provoque des conflits entre les deux… »
Il savait très bien de quoi il s’agissait, lui qui avait abrité l’âme d’Hadès autrefois, et il en frémit rétrospectivement. Cette impuissance à pouvoir s’opposer à la sombre volonté du seigneur des Enfers, sans autre espoir que sa propre mort pour l’empêcher de mettre ses desseins à exécution, lui remonta à l’esprit, provoquant un léger malaise qui par chance ne dura pas.
Mais le temps n’était pas aux réminiscences, les troupes des Enfers semblaient gagner du terrain, ce qui ne laissait pas d’inquiéter les dieux. De plus, la déesse avait senti qu’une autre offensive avait lieu au Sanctuaire au même moment, ce qui ajoutait à son inquiétude, mais elle avait désormais toute confiance en Saga et ses compagnons pour endiguer cette marée démoniaque…
Kanon était en difficulté face à Rhadamanthe. Lui qui avait un grand pouvoir de contrôle sur l’esprit découvrait qu’il n’était pas si simple de combattre une âme, surtout quand celle-ci était celle d’un Juge des Enfers aussi puissant. Il sentait du sang couler le long de son visage, poisser ses cheveux bleus, et se maudit d’avoir voulu combattre sans casque. Il fallait qu’il se ressaisisse, et vite !
Ah, s’il n’avait pas dormi étant petit pendant les cours de tactique, il aurait eu au moins un plan B. S’il avait également exercé ses pouvoirs mentaux correctement, aussi…
Bon, il n’était plus temps de regretter son enfance de cancre, il fallait qu’il agisse. Dans un violent effort, il résolut de faire appel à cette puissance qui sommeillait au fond de lui depuis des années, qu’il n’avait quasiment jamais utilisée et qui pouvait l’amener au niveau de son frère, voire le surpasser…
Le seul qui n’était pas concerné par toute cette agitation était Triton, qui savait très bien que Thanathos et Hypnos disposaient de leurs corps mythologiques. Il les fixa de ses yeux verts, sa conque à la main, sans rien dire. Malgré la douleur qui lui tenaillait le corps, il savait qu’il pouvait les vaincre avec sa conque. Celle-ci, son emblème, lui servait à produire les mugissements des tempêtes mais, aussi, à catalyser son propre pouvoir.
Il se campa fermement sur ses deux jambes et dit :
« Que la puissance des océans vous anéantisse ! »
Une boule de lumière bleu-verte troua l’obscurité…
Un nouveau général fait son apparition
Les dents serrées, le corps sanglant malgré la haute protection de ses écailles, Illia se releva une énième fois après avoir évité le fouet meurtrier de Rune. Non seulement il avait réussi à la déstabiliser, mais encore il possédait une force d’attaque non négligeable avec son fouet de feu. Pourtant, les deux dernières fois, elle avait réussi à se prémunir plus ou moins en utilisant sa tornade, mais elle ne parvenait pas à attaquer efficacement. En effet, bien qu’elle fût de fait général, elle avait peu pris le temps de maîtriser les attaques des six bêtes sauvages de Scylla, attaques que son frère jumeau, lui, maîtrisait à la perfection. Par chance, elle maîtrisait la Big Tornade, mais ne parvenait pas à y mettre toute la puissance qu’elle aurait voulu…
Lucide, elle comprenait bien toute la problématique de sa situation, mais s’accrochait autant qu’elle le pouvait car elle refusait d’être battue. Jamais elle ne laisserait les forces de l’ombre gagner, elle l’avait juré à son dieu et surtout à Sion, pour lequel elle avait une véritable affection. Il était plus que temps qu’elle assume entièrement son rôle de Général des Mers défenseur du pilier du Pacifique Sud…mais comment faire sans tuer le corps de son adversaire ?
Elle se redressa et riva son regard marron dans le regard gris pâle de son adversaire. Le spectre ricana et lui dit :
« Général, tu ne fais pas le poids contre moi, tu ne peux même pas éviter correctement mon fouet… »
Illia ferma les yeux, leva les bras et s’écria :
«Big Tornade ! »
L’air se mit à tournoyer de plus en plus vite, et elle parvint à en faire une protection tout autour d’elle alors qu’une autre partie attaquait son adversaire. Il fallait qu’elle tienne le coup, sinon…
Une aura inconnue attira alors son attention, et l’un des coups de fouet de son adversaire manqua l’atteindre. Se défendant une fois de plus, elle parvint tout de même à discerner que cette aura était une aura bienveillante, marine, en plus, et très puissante…
Elle allait attaquer de nouveau lorsqu’un homme sortit de l’ombre. Son pas était tranquille, mesuré, et Illia s’aperçut avec stupeur qu’il portait l’écaille du général du Kraken, qu’elle reconnaissait pour l’avoir maintes fois admirée dans la salle des Ecailles. Malgré la faible luminosité, elle put voir qu’il avait les cheveux blonds, d’un blond presque pâle, et des yeux bleus très clairs, perçants.
Pourtant, il avait quelque peu l’air étrange, comme dans une sorte d’état second. Il jeta à peine un regard sur elle et dit au spectre :
« Ta place n’est pas ici, je vais te renvoyer aux Enfers… »
Illia ne comprenait pas tout, mais elle avait saisi au moins une chose : cet homme était, comme elle, un général, défenseur de l’Empire des Sept Mers. Ceci tendit à la rassurer, mais elle resta en garde, on ne savait jamais…
Le spectre ricana et dit :
« Tiens, un autre comique…d’où sors-tu, général ? »
Les yeux bleus perçants de l’homme se durcirent et il dit :
« Je suis Athanase, général du Kraken, et d’où je sors importe peu puisque tu vas mourir… »
Il ne prêtait aucune attention à elle, aussi lui dit-elle télépathiquement :
« Tout général que tu sois, ceci est mon combat… »
Il ne se retourna même pas et resta là où il était, sans bouger, toujours jaugeant son adversaire. Pourtant, Illia avait cru voir dans ses yeux de l’amitié, comme s’il la connaissait…quel était donc ce mystère ?
Il répliqua en utilisant la même technique :
« Tu n’es plus en état, Illia, il vaut mieux que j’achève ton combat… »
Le ton qu’il avait employé la surprit encore plus, on aurait dit qu’il la connaissait bien. Ecoutant son instinct, elle se recula et le laissa faire…
Eaque, malheureusement, prenait le dessus sur Sion. Le Juge était vraiment très puissant, et, bien qu’il n’ait pas commis l’erreur de le sous-estimer, il s’en rendait compte à ses dépends. Il allait falloir qu’il cesse de se défendre et qu’il agisse désormais, le temps lui était compté…
Le prince des Sept Mers avait un caractère plus calme que sa sœur jumelle, et il s’apercevait que dans ces conditions il aurait bien aimé avoir ne fût-ce qu’un quart de l’impulsivité de sa tête brûlée de sœur. Il fallait qu’il trouve seul le moyen de juguler l’âme du spectre, et sans délai !
Il était temps de se servir de l’héritage maternel, ces prodigieux pouvoirs mentaux qu’il avait appris ces derniers mois à contrôler et à utiliser à leur puissance maximale. Pour cela, il ne devait surtout pas douter, et se concentrer au maximum, mais comment faire avec Eaque qui riait férocement et pérorait ? :
« C’est ça, l’illustre rejeton de la famille impériale des Sept Mers ? Pauvre garçon, ils sont vraiment tombés bien bas ! »
Sion gardait son calme, tentant de ne pas se laisser démonter par les paroles moqueuses de son adversaire. Il n’était pas question qu’il laisse prise aux sarcasmes du Juge, il devait avoir confiance en ses propres pouvoirs pour combattre jusqu’au bout…
Il devait retrouver sa capacité de se retrancher en lui-même apprise par sa mère et Shaka lorsqu’il était petit, puiser dans sa force intérieure afin de pouvoir utiliser ses pouvoirs mentaux à leur puissance la plus forte…
De son côté, Athena en était quasiment au même point. Elle ne faisait presque que se défendre contre Minos, sans pouvoir placer une attaque. Même si elle avait beaucoup progressé ces temps derniers, il lui était encore difficile de gérer un combat de cette ampleur. Elle avait pourtant bénéficié de l’enseignement non seulement de sa mère et de Sorrente, mais aussi des chevaliers d’or, il allait bien falloir qu’elle l’utilise un jour. Malheureusement, dans le feu de l’action, c’était le trou noir le plus absolu. Les fils de l’attaque de Minos lui devenaient de plus en plus difficile à éviter, il fallait vraiment qu’elle agisse à présent…
Si elle ne faisait rien pour entrer véritablement dans le combat, Minos aurait immanquablement raison d’elle. Il fallait surtout qu’elle cesse de douter, et qu’enfin elle retrouve confiance en ses véritables capacités. Ici, personne ne pouvait lui venir en aide, elle devait trouver le moyen de s’en sortir seule…
La stratégie à utiliser était simple, mais encore fallait-il qu’elle réussisse à la mettre en œuvre : empêcher le spectre de l’attaquer tout en se servant de ses pouvoirs psychiques pour l’atteindre directement sans mettre en danger le corps de son hôte. Chose relativement aisée pour sa mère qui possédait d’énormes pouvoirs psychiques, mais pour elle…
Non, elle ne devait pas se laisser gagner par le doute, sinon son adversaire aurait d’ors et déjà gagné. On lui avait assez répété cela tout au long de son entraînement, elle devait commencer par mettre cette règle simple en pratique…
Minos dit alors :
« Le sang divin de ton père s’est dilué dans le sang impur des humains, t’ôtant ainsi toute chance de me vaincre… »
Les yeux violets de la princesse flamboyèrent sous l’insulte portée à ses parents, et, si sa respiration s’accéléra, elle ne répondit rien, se contentant de fixer le spectre de son regard violet nuageux pailleté de bleu-vert...
Minos vit alors avec stupéfaction une aura jaune et bleue extrêmement puissante environner Athena. Elle était enfin parvenue à se retirer en elle-même et à atteindre son pouvoir scellé. S'il dit quelque chose, elle ne l'entendit pas et déclencha une énorme attaque psychique qui n'aurait pas déshonoré sa mère et ses ancêtres...
De leur côté, Camus du Cygne et Doko du Dragon avaient fort à faire. C'était en fait leur premier véritable combat en tant que chevaliers d'Athéna de plein droit, et les deux cousins luttaient côte à côte contre de puissants spectres. Il semblait que Perséphone ait battu le rappel de tout ce que les Enfers comptaient de combattants, et la partie était loin d'être gagnée.
Camus du Cygne, plus enclin à l'impulsivité que son cousin, restait cependant calme mais ses yeux bleu pâle hérités de son père flamboyaient, enflammés par la fièvre du combat. Le prince de Blue Graad calme et posé avait fait place à un combattant qui n'était pas très conforme à l'idéal de son maître et homonyme, mais, à cet instant, le chevalier du Cygne n'en avait cure. Sa propre expérience du combat, bien que très limitée, lui dictait qu'il fallait parfois savoir sortir de la réserve froide et distante prônée par Camus du Verseau pour combattre plus efficacement...
Sa maîtrise du froid, cette capacité à arrêter le chaos même, nécessitait beaucoup d'énergie de sa part, et il se rendait compte du bien-fondé des conseils de son maître à ce sujet parce qu'il se sentait quelque peu faiblir. Il avait lancé plusieurs fois la Poussière de diamant mais cela ne semblait pas avoir le moindre effet sur le spectre en face de lui. Bien sûr, il maîtrisait les autres attaques du Cygne, mais, jusque-là, il avait craint de les utiliser. Mais, à présent, comment faire autrement vu que son attaque principale n'avait aucun effet ? Une sueur froide coula le long de son échine et il sentit la panique le gagner, quelque effort qu'il fît pour garder son calme...
Doko du Dragon, près de lui, arborait son éternel air calme et posé. Nulle fièvre ni flamme dans ses yeux gris métallique si semblables à ceux de son père Shiryu. Le jeune chevalier du Dragon combattait calmement, sans laisser son adversaire avoir prise sur lui. Pourtant, il avait toujours à l'esprit le fait que son attaque, bien que puissante, mettait son cœur à découvert pendant un centième de secondes. Son père lui en avait parlé longuement en s'appuyant sur sa propre expérience, et Doko, loin de faire preuve de la suffisance de Shiryu à ses débuts, avait ainsi appris à se méfier de cela. Pourtant, la pratique et la théorie étaient séparées par un gouffre, et il s'en rendait compte à ses dépends.
Le jeune chevalier du Dragon évita une fois de plus un dangereux coup, mais, quand il vit le suivant, se demanda s'il parviendrait à l'éviter. Il se mit en garde, les deux mains en avant pour repousser la boule d'énergie qu'il vit arriver sur lui. Ebloui, il ferma à demi les yeux et les rouvrit aussitôt, ne sentant rien dans ses mains, ni chaleur, ni douleur, ni brûlure. Il vit alors que quelqu'un s'était interposé, qu'il ne reconnut pas. En tout cas, au vu de l'armure, il s'agissait d'un chevalier d'or, mais lequel ? En tout cas, le spectre avait volé loin en arrière et était pour l'instant inconscient...
L'homme se retourna alors, abaissa le bouclier d'or qu'il tenait encore en main et demanda:
« Tu n'as rien ? C'était péremptoire de ta part de vouloir repousser à mains nues cette boule d'énergie, pourquoi n'as-tu pas utilisé ton bouclier ? »
Intrigué, car cet homme le connaissait au point de le tutoyer, Doko ne répondit rien. L'homme reprit:
« Il ne faut pas que tu fasses de mal à son corps, tu dois réussir à tuer uniquement l'âme et l'aura du spectre... »
Doko regarda davantage l'homme qui lui parlait et put en voir quelques détails malgré la semi-obscurité ambiante. Ses cheveux sombres mi-longs étaient ébouriffés et ses yeux verts posés sur lui le regardaient avec gentillesse. Ces yeux-là ne lui étaient pas inconnus, mais où les avait-il déjà rencontrés ? Son aura aussi lui était familière...
L'homme dut s'apercevoir du flottement du jeune chevalier de bronze en face de lui et dit:
« Allons, ne me dis pas que tu ne me reconnais pas... je t'ai appris à faire une lecture d'aura, il me semble, non? »
Il fixa de nouveau son bouclier à son avant-bras et reprit:
« J'avoue que tu ne me connais pas sous cette forme, mais tu devrais savoir qui je suis... »
Enfin Doko acheva sa déduction, mais elle était tellement impossible qu'il secoua la tête: non, ce ne pouvait être... Dohko de la Balance ! L'aura était la même, mais absolument pas l'apparence...
Comment le Vieux maître, petit et chétif, et cette montagne de muscles en armure d'or pouvaient-il être la même personne ?
« Vieux Maître ? », dit-il avec méfiance.
L'homme sourit malgré la précarité de la situation et dit:
« Tu en as mis du temps, mais je t'expliquerai tout plus tard, pour l'instant il est urgent que tu achèves ton combat... »
En effet, le spectre, seulement sonné, se relevait avec difficulté. Dohko dit à son disciple:
« Si tu veux le vaincre, tu dois utiliser ta force mentale... »
« Quelle force mentale ? » , se demanda le pauvre garçon. C'était de notoriété presque publique que les chevaliers du Dragon n'avaient aucun pouvoir psychique, mais Dohko coupa court à ses atermoiements en lui disant:
« Vois ce qui est invisible, l'aura du spectre, et tu parviendras à le vaincre... »
Voir quelque chose d'invisible ? Cela devenait quelque peu compliqué. En plus, la semi-obscurité n'aidait pas...
Il parvint pourtant à comprendre ce que Dohko suggérait: une lecture d'aura – art qu’il lui avait lui-même enseigné – , ceci afin de séparer celle du spectre de celle de son hôte, puis attaque sur un être sans corps…difficile exercice pour un simple chevalier de bronze mais, avec le potentiel dont disposait Doko, c’était possible pour lui…
Camus du Cygne, lui, s’efforçait de retrouver un semblant d’assurance sous les coups incessants de son adversaire. Il savait quoi faire, et, se redressant, dit à son adversaire sans forcer sur sa voix qui, malheureusement, était en train de muer, à croire qu’il n’avait pas de chance :
« Tu vas connaître le froid de ta vie, spectre ! »
Qu’aurait-il pu dire de plus ? L’inspiration ne lui venait pas, et, de plus, il n’avait jamais été bien doué pour inventer des phrases. Il fit une rapide lecture d’aura, repéra celle, sombre, du spectre, puis prit sa décision…
‘De l’action, encore de l’action’, telle était la devise de son maître, et, là-dessus, il était bien d’accord. Il se positionna de façon idoine, leva les bras puis s’écria :
« Aurora Thunder Attack! »
Athena, en entrant en concentration profonde, avait ‘vu’ l’aura sombre qui constituait l’âme du spectre et c’était celle-ci qu’elle avait visée. La puissance psychique héritée de sa mère s’était mariée avec la puissance marine, formant une énorme vague d’énergie, alla frapper le spectre qui hurla et disparut dans un flot de lumière. Lorsqu’elle se dissipa, le corps de l’hôte était étendu à terre, inerte, le surplis replié à côté de lui. De l’autre côté, Athena, bien que protégée par son écaille, gisait elle aussi inconsciente…
Mû sentit le cosmos de sa fille flamboyer, puis s’éteindre, mais, malgré toute son inquiétude, elle resta concentrée sur son propre combat, sans faiblir. C’était une des premières leçons de son maître Shion alors qu’elle n’était encore qu’une toute petite fille de quatre ans : le combat est une bulle dans laquelle sont enfermés deux adversaires, et rien d’extérieur n’y a sa place. Cette simple vérité, si facile à suivre en temps normal, devenait douloureuse lorsqu’elle savait ses enfants en train de combattre des adversaires si puissants...
Le plus inquiet fut indéniablement Sion, mais son lien avec sa sœur lui dictait qu'elle n'était pas morte, elle reprenait juste des forces pour la suite du combat. En tout cas, il en fut rasséréné, car, si sa sœur avait pu vaincre un Juge, lui le pouvait aussi. Là, il fallait qu'il fasse jouer les pouvoirs hérités de sa mère, ces pouvoirs mentaux dont l'apparition avait ponctué ses premières années jusqu'à le faire désigner comme ayant le mauvais oeil par les personnes du petit village où il était en nourrice, même si, à Rodorio, on n'ignorait pas l'existence de ce genre de pouvoirs paranormaux.
Il n'était pas seulement le fils du dieu des océans, mais aussi celui d'un chevalier d'or aux pouvoirs psychiques impressionnants, ça devait bien pouvoir faire la différence, même si, dans son cas, l'aspect marin prévalait sur le terrestre...
Non loin de là, Thanatos et Hypnos eurent la surprise de leur vie en voyant arriver vers eux une énorme boule d'énergie marine déclenchée par un Triton fort énervé. Ces deux dieux mal élevés commençaient vraiment à lui taper sur le système, et cela avait décuplé la force du dieu océanique. Les deux jumeaux des Enfers avaient fini par comprendre – mais trop tard ! - qu'on ne sous-estime impunément pas un autre dieu sans en payer les conséquences. La lumière les enveloppa entièrement et ils disparurent un instant... pour réapparaître enfermés dans un filet d'énergie. Triton croisa les bras et dit:
« Quel effet ça fait d'être en position de faiblesse ? »
les deux dieux écumaient de rage, mais, rien à faire, ils ne pouvaient sortir du filet d'énergie marine.
Triton posa son regard vert sur chacun d'entre eux avec une lenteur délibérée, puis leur dit:
« Votre erreur a été de sous-estimer mon pouvoir, ainsi que celui des mortels... »
Il leur désigna la plaine où de nombreux combats avaient lieu et où, de plus en plus, la terre et la mer prenaient l'avantage, puis acheva:
« Votre mépris des mortels a causé votre perte, et je vais maintenant vous renvoyer là d'où vous n'auriez jamais dû sortir ! »
Thanatos lui dit alors:
« Comment toi, un dieu, as-tu pu condescendre à t'allier avec de faibles mortels ? »
Triton répondit calmement:
« Parce que j'ai compris cela: les mortels gagnent à être connus parce qu'ils ont des qualités que vous autres dieux suffisants et égoïstes n'avez pas, c'est cela que vous refusez de comprendre. Si mon frère, un simple mortel, n'avait pas risqué sa vie pour moi, aucun d'entre vous ne l'aurait fait, et voilà le gouffre qui vous sépare de ces mortels que vous méprisez et que vous refusez tant de comprendre... »
Une lumière l'environna, et apparut dans ses mains un objet que connaissaient bien les deux jumeaux: l'urne d'où ils sortaient. Les yeux verts de Triton flamboyèrent et il dit gravement:
« Recevez votre punition, et puisse le sceau des Sept Mers vous retenir à jamais dans cette urne d'où vous n'auriez jamais dû sortir !
Il ferma les yeux, et, hurlantes, les âmes des deux dieux entrèrent dans l'urne qu'il scella et qu'il envoya reposer à plusieurs milliers de mètres de fond. Ceci fait, il s'épousseta les mains puis ses yeux percèrent la semi-obscurité et il se précipita vers Athena pour s'assurer qu'elle allait bien...
L'énergie des shakras d'Indra l'enveloppait à présent tout entier, et formait une barrière invisible sur laquelle les attaques de Sylphilde ricochaient. Pourtant, le général de l'Océan Indien n'avait pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin, et résolut d'utiliser une capacité particulière de sa lance. En effet, elle pouvait non seulement tout transpercer mais, comme la lance de Shiva, chasser le mal et les démons, quelque forme qu'ils puissent avoir. Son aura bleu-vert l'entoura et son regard sombre chercha à percer les ténèbres pour trouver l'aura tout aussi sombre du spectre. Il respectait les ordres du prince, et allait épargner le corps de l'hôte.
Il ferma alors les yeux, fit un geste avec sa lance d'or dont la lumière fendit l'obscurité et dit:
« Que Shiva me vienne en aide ! »
Un jaillissement de lumière eut lieu, qui engloba entièrement Sylphilde alors que le général des Mers allait puiser au tréfonds de lui-même. Il était bien plus puissant qu'il ne l'aurait cru et la force destructrice qu'il libéra rappelait celle des vents violents de la mousson sur les côtes de l'Inde, renvoyant instantanément l’âme du spectre à son point d’origine…
Kanon, lassé de la démonstration de force du spectre en face de lui, résolut d'utiliser son pouvoir de contrôle sur les esprits. C'était quelque chose qu'il avait assez peu pratiqué aussi bien lors de ses entraînements que plus tard, ce serait une grande première...
Il respira bruyamment, sentant la cosmoénergie de la petite Athena brûler au maximum puis s'éteindre. Cette adolescente était la prunelle de ses yeux depuis l'âge du berceau, et il espérait qu'elle allait s'en sortir...
Pris d'une flambée de haine pour Minos qui avait mis la fille de Mû dans cet état, il posa son regard bleu assombri par la colère sur Rhadamanthe avant de dire:
« Profite bien de ton nouveau corps, car tu vas vite devoir t'en trouver un autre... »
Et, sans lui laisser le temps de réagir, il s'écria:
« Genrômaoken ! »
Cette attaque permettait de prendre possession de l'âme de son adversaire et de lui projeter des illusions. C'était l'une des particularités des chevaliers d'or des Gémeaux que de posséder cette capacité de contrôle mental, et Kanon en avait hérité, même s'il l'avait moins travaillée que Saga, qui la maîtrisait à la perfection.
Rhadamanthe, alors, se retrouva aux Enfers, devant Pandore. Ebahi, il dit:
« Ai-je été vaincu ? »
Pandore le regarda d'un air méprisant et dit:
« Oui, tu as été lâche et tu as couvert de honte l'ordre des spectres... Sa Majesté Hadès est furieuse contre toi ! »
Et elle lui lança une volée d'éclairs, dont son surplis ne le protégea pas et qui le firent souffrir le martyre. Haletant, le spectre tenta de se justifier mais il n'en eut pas le temps car une seconde volée le frappa, le laissant pantelant sur le sol...
Le Juge se tenait debout devant Kanon, les yeux exorbités, et le chevalier d'or ne put retenir un léger sourire sadique. Ses instincts cruels revenaient à la charge, encore augmentés par ce qui était arrivé à sa fille de cœur. Il détestait ressentir cela, mais il ne pouvait pas s'en empêcher à cet instant...
Le spectre immobilisé, il lui suffisait à présent de l'achever. Il repéra rapidement son aura sombre et lui porta l'estocade finale, détruisant l'âme noire qui habitait le corps d'un innocent. Un éclair de lumière éblouit le chevalier des Gémeaux et, quand il put retrouver l'usage de la vue, le corps de l'hôte était à terre, son noir surplis reformé à côté de lui…
Mû observa une nouvelle fois Myu campé devant elle avec un air de défi. Elle avait pris sa décision, et pour le vaincre elle allait délibérément mettre sa propre vie en danger. Descendante des Atlantes, elle possédait une force psychique incommensurable en elle mais, dès son enfance, son maître Shion l’avait mise en garde, et elle l’avait volontairement scellée en elle. Cette force était à double tranchant : si elle suffirait à détruire le spectre, elle pouvait tout autant la détruire, elle, par les dommages qu’elle causerait à son organisme. Ce pouvoir scellé était l’héritage de son peuple, et Shion lui avait toujours dit de ne s’en servir qu’en ultime recours. Elle savait ce qu’elle risquait, mais elle devait prendre le risque, aussi important soit-il…
« Je vous aime, mes enfants » , se dit-elle mais elle évita soigneusement de leur transmettre pour ne pas les inquiéter.
Pour la première fois depuis la naissance des jumeaux, elle voyait clairement ce qu’elle devait faire et surtout ne se laissait plus entraver par ses scrupules.
Elle ferma les yeux et murmura dans la langue perdue de son peuple :
« O Atlantes mes ancêtres, aidez-moi, donnez-moi le pouvoir hérité des temps immémoriaux… »
Son aura dorée alors prit des proportions énormes et, quand elle rouvrit les yeux, libéra une vague d’énergie psychique incommensurable contre laquelle Myu ne put rien…
Mû sentit ses muscles se tendre à éclater, et serra les dents sous la douleur que son corps endurait. Il fallait qu’elle tienne, elle en était capable !
Deux vaisseaux sanguins de son visage, ainsi que sur ses bras et ses jambes, se rompirent, et elle se mit à saigner abondamment. C’était cela le contrecoup, le danger de ce pouvoir…
Elle en avait cependant vu d’autres dans sa vie, et parvint à rester debout alors que de Myu il ne restait plus que son hôte inconscient.
Elle sourit malgré la douleur et murmura :
« Maître, j’ai réussi… »
Elle dédiait cette attaque à l’homme à qui elle devait tout, celui qu’elle ne savait pas être son père mais qui avait toujours tenu cette place dans son cœur.
Sion, le seul des jumeaux à être encore debout, ressentit fortement l’attaque puis la faiblesse de sa mère mais parvint à en détacher son esprit pour achever son combat contre Eaque. Même si sa mère représentait énormément pour lui, l’adolescent tentait de modérer ses émotions…
Cependant, malgré toute sa volonté, elle finit par s’effondrer dans une mare de sang…
Non loin d’elle, Milo, qui combattait un spectre lui aussi, sentit ce pouvoir énorme qui n’avait rien à voir avec l’aura à laquelle elle l’avait habitué, puis perçut l’extinction de sa cosmoénergie. Ses yeux bleus, pourtant, résistèrent à la tentation de se tourner vers le lieu du combat de Mû, mais un changement se produisit dans sa physionomie et sa manière de combattre….
Personne, ni ses pairs ni la déesse, ne l’avait jamais vu à ce point empli de colère froide et de haine. Ses yeux bleus qui pouvaient être si chaleureux avaient perdu leur expression bienveillante pour se transformer en deux lacs sombres insondables.
Cette rage n’étonnait pas, vu qu’il était en condition de combat et qu’on le savait parfois sujet à la fièvre inhérente à cela, mais le seul qui sut additionner deux plus deux fut, curieusement, Aldébaran.
Le représentant du signe du Taureau avait une finesse d’esprit que démentait son apparence physique, et il fit immédiatement la corrélation entre la fin du combat de Mû et le changement de Milo. Cependant, il se garda bien de dire quoi que ce soit, et continua d’exterminer proprement tous les spectres qui s’approchaient trop près de la déesse…
Aldébaran connaissait bien Milo, et savait qu’une seule chose avait pu le mettre dans cet état. Cela le surprit, mais, en pleine objectivité, il le plaignit sincèrement. Comme il devait souffrir !
Le Scorpion d’or était devenu un combattant sans aucune pitié, mais cependant lucide. Il n’était pas dans ses habitudes de se laisser submerger par ses sentiments, mais voir Mû dans cet état lui insupportait. Il fallait qu’il la sauve !
Il savait bien ce que cela voulait dire, mais ce n’était absolument pas le moment de penser à ce genre de choses alors que la Terre était menacée. Utilisant son pouvoir mental de restriction, il l’utilisa sur le spectre qu’il combattait qui, enfin, finit par débarrasser son infortuné hôte de son âme noire.
Milo bondit alors vers l’endroit où gisait Mû, la mit sur le dos, l’appuya sur son genou et exerça une pression sur un point secret situé sur sa poitrine pour arrêter l’hémorragie. Le souffle incertain, le cœur dans un étau, il la prit dans ses bras et résista à la tentation de la secouer pour hâter son retour à la conscience…
Quand enfin elle ouvrit les yeux, il se composa rapidement sa mine habituelle et l’éloigna de lui, brutalement gêné, avant de dire pour essayer de cacher son trouble :
« Ne garde pas cette manie de répandre ton sang comme ça… »
Mû, le regard encore flou, reconnut son ami de toujours et lui sourit. Milo, voulant cacher l’émotion qui l’étreignait devant ce sourire qui lui faisait un si fort effet, lui dit :
« J’ai arrêté ton hémorragie, mais tu devrais rester allongée encore un moment… »
Mais elle ne l’entendait pas ainsi, et, tremblante sur ses jambes, parvint à se relever en disant :
« Nous n’avons pas le temps… »
Sion, de son côté, porté par l’exemple de sa mère et de sa sœur, ses yeux violets pailletés de bleu-vert fixés sur Eaque, était prêt à porter l’attaque qui avait pour objectif de tuer l’aura du spectre. Il ferma les yeux, leva les bras et, n’écoutant pas les paroles d’Eaque, força l’âme noire à quitter son infortuné hôte. Il serra les dents, et sentit un vaisseau sanguin exploser à sa tempe, puis encore un autre, mais il tint bon, le visage en sang, les muscles tendus à l’extrême, puisant dans ses forces les plus cachées…
Le prince des Sept Mers se servait à la fois de son expérience, mais aussi des conseils de tous ceux qui l’avaient enseigné, à un moment ou à un autre, et accomplissait quelque chose que son homonyme atlante n’eût pas désavoué, loin de là. Il en connaissait les risques, mais, comme sa mère, n’avait hésité une seule seconde à les prendre…
S’il échouait, la Terre basculerait dans une ombre perpétuelle, il n’avait pas le droit à l’erreur et en était parfaitement conscient. Les humains n’avaient à payer pour de stupides querelles divines, et il avait à cœur de les protéger vu que lui-même partageait avec eux la mortalité.
Il ouvrit de nouveau les yeux et, avec un hurlement, acheva l’aura sombre…
Flageolant sur ses jambes, un voile rouge devant les yeux, il tenta de retrouver ses esprits avant de rejoindre Triton au chevet de sa sœur jumelle. Le dieu regarda son frère et lui dit :
« Tu es à faire peur, mais…bien joué ! »
Le prince chercha le pouls de sa sœur, et respira mieux quand il le sentit sous ses doigts. Il dit à son frère :
« Il faut que tu la mettes en sécurité, vite, il ne faut pas qu’elle reste ici… »
Une voix familière lui parvint alors :
« Pas question, je ne partirai pas d’ici… »
Athena ouvrait les yeux, et sourit à ses frères avant de dire :
« Je ne suis pas encore morte… »
Une autre voix les interrompit, soulagée :
« Votre Altesse Impériale, je suis heureux de savoir que vous allez mieux… »
Les deux princes héritiers levèrent la tête pour reconnaître Indra de Chrysaor, sa lance en main. Son combat avait laissé des traces sur son corps et ses écailles, mais il n’était que peu blessé…
Athena, encore faible, s’assit et demanda à son jumeau :
« Et maman ? »
Sion la rassura d’un sourire :
« Elle s’en est sortie… »
La princesse chercha à se mettre debout et dit :
« Aidez-moi à me lever, on a encore besoin de nous là-bas… »
Et elle fit un signe au marina en chef de ses escouades pour avoir un rapport…
Non loin de là, Poséidon, par des signes et des gestes du bras, guidait ses troupes dont à présent une partie se trouvait sur la plaine, là où étaient regroupés la plupart des spectres. Thétis, pendant qu’Athena était inconsciente, avait assumé son rôle et défendu son coin de côte au péril de sa vie, mais n’avait pu se précipiter à son chevet de la jeune fille. Elle empêchait pour l’instant des spectres de s’approcher de Poséidon, et se battait avec toute la force du désespoir, soucieuse de protéger le dieu de son cœur…
Egalement père inquiet, il avait senti l’aura de sa fille s’éteindre, mais Triton l’avait rassuré un peu plus tard, elle était bien vivante. Sion ne paraissait pas non plus en très bon état, mais le dieu des océans savait qu’il avait connu largement pire et qu’il résisterait…
Quelque chose cependant l’inquiétait : des auras noires envahissant le sanctuaire sous-marin, mais il avait senti sans l’ombre d’un doute l’apparition d’un nouveau général qui semblait arriver à point nommé. Ils ne seraient pas trop de deux pour empêcher les spectres de passer…
Sous les yeux d’Illia sanglante et quelque peu déroutée, l’aura blanche d’Athanase apparut autour de lui, et il ferma les yeux en disant :
« Retourne aux Enfers, spectre ! »
Illia intervint :
« Ne tue pas son corps, son hôte n’est en rien responsable… »
Athanase ne se retourna même pas, et son aura grandit encore alors que Rune, en face de lui, se mettait en garde. Soudain il s’écria :
« Aurore Boréale ! »
Une lumière aveuglante envahit le champ de bataille, forçant Illia à fermer les yeux, puis le silence se fit, un silence lourd…
Quand elle ouvrit de nouveau les yeux, l’aura sombre du spectre avait disparu, et Athanase la regardait avec un sourire étrange. Il lui dit :
« Très bien, ma mission ici est accomplie, il est temps pour moi de retourner reposer… »
L’évidence, pourtant folle, frappa le cerveau embrumé d’Illia qui dit :
« Isaak ? »
Il sourit et dit :
« Il fallait bien que je te donne un petit coup de main, non ? J’ai profité de l’apparition d’Athanase pour le faire, voilà tout…je vais retourner au royaume des morts à présent, mais j’ai été très content de savoir que tu es devenue général, tu l’as toujours mérité. »
Illia lui sourit, d’un sourire tremblant, et il acheva :
« Poursuis ta tâche, je sais que tu ne failliras pas, mais je voudrais t’en confier une autre : aider Athanase, il va avoir besoin de ton aide… »
Illia, autrefois, avait connu Isaak de Kraken avec lequel elle s’était quelque peu liée d’amitié avant la bataille, et était touchée de son geste. Elle hocha la tête et dit :
« Compte sur moi… »
Après un dernier sourire, l’âme du général s’en alla rejoindre son lieu de repos éternel et, alors, Athanase sembla sortir d’un long sommeil. Ses yeux clairs se posèrent d’abord sur lui-même, puis sur Illia, une expression surprise se peignit sur son visage avant qu’il dise, dans un langage qu’elle ne comprenait pas :
« Où suis-je ? »
Alors Illia comprit, à son expression, que son aide allait vraiment être très utile pour accompagner le pauvre général perdu…
Dans l’obscurité de la plaine montaient les notes de la Dead End Symphony de Sorrente. Le général, concentré, modulait la puissance de son attaque pour ne toucher que l’immatériel, l’âme du spectre. Exercice d’école assez difficile qu’il n’avait jamais vraiment pratiqué, mais il fallait bien un début à tout…
Manque de chance, Pharaon, en face de lui, était un rude adversaire, aussi réincarné dans une femme fût-il, et c’était loin d’être une partie de plaisir. Celle-ci possédait le même type d’attaque que lui, mais il n’avait aucune envie de rendre visite à Osiris pour l’instant, il était bien trop jeune pour subir son jugement sur la balance d’Anubis…
Par chance, il était le plus expérimenté des généraux dont disposait Poséidon, et c’était loin d’être son premier combat. Même si Pharaon tentait de le feinter, il s’en sortirait…
Son aura l’environna, et il put voir clairement celle du spectre pour s’attaquer directement à elle. Se coupant du monde pour augmenter sa force, il s’écria :
« Dead End Climax! »
La dernière note de sa symphonie funèbre troua l’obscurité et, lorsque Sorrente ouvrit de nouveau les yeux, il vit l’hôte à terre et le surplis reformé. La sueur au front, car il avait fourni un énorme effort mental, il abaissa sa flûte…
Après de la déesse Athéna, on trouvait Aldébaran, Aiolia et aussi Shaka. Ceux-ci étaient chargés de la protection rapprochée de la déesse, que des spectres de plus en plus nombreux assaillaient. Les chevaliers d’or devaient fournir un effort de plus en plus important pour les tenir à distance…
Dohko de la Balance avait assisté à la fin du combat de son élève, qui venait de réussir à achever son spectre, mais ce n’était pas encore tout à fait le cas pour Camus. L’adolescent commençait à paniquer sérieusement en voyant qu’aucune de ses attaques ne semblait avoir un effet durable sur son adversaire, et, lorsqu’il vit une boule d’énergie arriver sur lui, il n’eut plus la force de se protéger. Il ne sentit rien et, lorsqu’il ouvrit les yeux, il vit un mur mental devant lui formé par…petit Shaka. Son cousin, dissimulé dans une anfractuosité de roche non loin de là, avait vu arriver l’attaque sur lui et l’avait protégé…
Cela ne l’étonnait pas, car il savait qu’il deviendrait à terme chevalier d’or de la Vierge, mais il se sentit à la fois penaud et encouragé. Fixant l’aura du spectre, il parvint enfin à la rendre au Enfers d’une attaque glacée précise…
Shaka de la Vierge fronça les sourcils, tourna la tête dans la direction où se trouvait son élève et, furieux qu’il ne lui ait pas obéi, lui jura de le vouer aux pires démons s’il ne se retirait pas. L’enfant obéit en maugréant mais n’alla pas aussi loin que l’aurait voulu son maître. Il voulait combattre, prouver ses capacités…
Les deux dieux présents savaient que les spectres avaient également attaqué leurs sanctuaires respectifs, mais ils avaient confiance en ceux qui les protégeaient. De toute façon, il le fallait bien, vu la situation…
La déesse, ainsi que son homologue Poséidon, avaient fait immédiatement transporter les corps des hôtes inconscients en dehors du champ de bataille, et des médecins s’occupaient de ceux qui avaient besoin de soins.
L’obscurité était maintenant totale sur la plaine, et les chevaliers présents, qu’ils soient marinas ou du Sanctuaire d’Athéna, devaient faire appel à leurs pouvoirs spéciaux.
La mort de leurs Juges ne semblait pas avoir désorganisé les troupes des Enfers, et les deux dieux, cependant, savaient qu’immanquablement Perséphone, en voyant cela, ne tarderait pas à faire son apparition…
A SUIVRE