Chapitre I

 

Death Mask n’était pas d’une patience légendaire. Au bout d’une semaine, sa tête bourdonnée de toutes les tortures possible et inimaginable qui se promettait de faire subir au Poisson pour l’avoir fait attendre. C’est en sortant de son temple, qu’il faillit le percuter. Aphrodite se tenait devant lui, impassible. Pardessus son pantalon, il portait une tunique lui arrivant a mi cuisses, avec des manches suffisamment longues pour lui recouvrir en partie les mains.

-Tu aurai pu te mettre un peu plus en valeur, Aphro.

-Je n’ai pas de temps a perdre. Je suis venu parce que tu me l’as demandé, alors dépêche toi.

Toute autre personne aurait vu sa tête sauter pour avoir parler ainsi a Death Mask. Mais ce dernier s’amusait trop pour avoir envie de réduire ce joli minois en bouillis. Il avait d’autres projets.

-On va parler a l’intérieur. Tu préfère être discret, pas vrai ?

Le Poisson ne lui répondit pas et passa devant lui, l’odeur de rose qui l’accompagner constamment titilla les narines de Death Mask et excita ses bas instincts.

Même s’il était associable, immonde, cruel, et les termes pour désigner le chevalier du Cancer faisait très vite défaut, il savait néanmoins comment accueillir ses hôtes. Il posa une tasse de café devant son collègue et pris place dans un fauteuil en face de lui. Il croisa ses jambes, joignant ses mains sous son menton, ménageant ses effets.

Aphrodite ne toucha pas a la tasse, il se tenait droit, digne, Son regard azur soutenant celui de Death Mask.

-Je l’ai pas empoisonné. Ca, c’est ta spécialité.

Aucune réponse.

Un long moment s’écoula, avant qu’Aphrodite ne se décide a parler.

-Dis-moi ce que tu me veux.

Death Mask savait que le Poisson n’était pas stupide.

-Combien de personnes sont au courant ?

Aphrodite tiqua…Puis décida de mentir.

-Tu es le seul.

-Je suis flatté.

-Ta gueule.

-Tu me parles sur un autre ton la poiscaille, ou tu vas vraiment le regretter…

Aphrodite se tu. Il n’avait jamais eu peur de Death Mask. Il avait finit pas le considérer comme un insecte nuisible dont on ne pouvait se débarrasser, juste s’habituer a sa désagréable présence, jusqu'au jour où on pouvait l’écraser sous le talon de sa chaussure.

Et a présent, les rôles étaient inversés.

-Tu sais pourquoi je t’ai fait venir ?

-Pour me faire chanter.

Death Mask se mit a rire. C’était métallique, froids, très déplaisant a entendre. Comme le grincement d’une porte, la nuit, dans une maison abandonné et lugubre.

-Je veux que tu deviennes mon jouet.

Il laissa les mots pénétrer l’esprit d’Aphrodite, avant d’enchaîner.

-Si tu fais tout ce que je te dis, je ne révélerai ton secret a personne. Mais si tu fais mine de te rebeller, tu sais ce qui t’attends.

Aphrodite serra les poings, les traits de son visage se crispèrent, sous le coup d’une colère sourde. Death Mask se leva, et s’installa a côté du Poisson, sur le canapé. Il eut même l’audace de passer un bras autour des épaules, et de rapprocher sa bouche d’une oreille.

-Crois-moi, tu y gagnes beaucoup, princesse. Je suis un très bon coup.

Aphrodite sursauta, et mit le plus de distance possible entre lui et cet être immonde.

-JE NE FERAI JAMAIS LA PUTE ! JAMAIS !

Un cri de douleur lui échappa. Le Cancer avait saisit une poignée de sa chevelure azur pour le ramener violement vers lui.

-Qui as dis que tu avais le choix, Aphrodite ?

Sa voix n’était plus caressante, mais glaciale, celle qu’il utilisait avant de mettre a mort ses ennemis. Puis il embrassa Aphrodite. Le baiser fut violent, aussi brutal qu’un coup de poing pour le Poisson. Il aurait pu serrer les dents, refermer brutalement la mâchoire sur sa langue… Ainsi Death Mask n’aurait plus aucun moyen de parler… Mais il n’aurait fallu que peu de temps pour que le Grand Pope découvre le pourquoi du comment. Et Aphrodite aurait tout perdu.

Alors il ferma les yeux et se laissa faire. Après tout ce n’était qu’un mauvais moment a passer, et il serait tranquille…Jusqu'à ce qu’il découvre un moyen d’éliminer ce sale cafards de la surface de la terre.

Il sursauta de nouveau. Death Mask avait passé sa main sous sa tunique, et entreprenait d’ouvrir son pantalon.

-N-NON !

Le Poisson leva son poing et cogna Death Mask. Ce dernier poussa un grognement de douleur tandis que ses bras se refermèrent sur du vide. Aphrodite se précipita vers la sortie, mais avant d’avoir pu en franchir le seuil, se prit une formidable baffe, suivis par un coup de poing dans l’estomac. Il s’écroula sur le sol, un peu sonné par la brutalité légendaire du Cancer.

-Tu vois a quoi tu m’obliges ?!

De nouveau, Aphrodite se retrouva allongé sur le dos, avec l’Italien au-dessus de lui, sur lui, pesant de tout son poids. Ses pupilles carmines étrécies par la colère et…par un désir bestial.

-Je voulais être sympa avec toi, prendre tout mon temps… Mais pour ta première fois, je crois que tu vas sévèrement morfler, princesse !


La nuit était déjà bien avancé lorsqu’Aphrodite sortit du temple du Cancer. Il tenta de marcher droit, mais chaque pas lui apporter une douleur insupportable dans le bas ventre. Ses membres étaient engourdis par la douleur, une migraine lui battait les tempes, et il sentit sa vue se troubler. Il avait l’impression de se retrouver lors de son arrivé au sanctuaire, avec les entraînements qui s’enchainer, le laissant ensuite épuisé moralement et physiquement durant des jours.

C’est ainsi qu’il devait voir ce chantage, comme une forme d’entraînement, une épreuve. Aphrodite avait développé cette habitude de pouvoir se résigner a pratiquement tout, surtout lorsqu’il n’avait pas le choix. Il sentit un goût cuivré dans sa bouche. Il s’était mordu la langue au sang en sentant les larmes lui monter aux yeux.

Il n’était ni une femme, ni un homme… Il était un Gold Saint.

Il se répétait cette phrase, s’accrochait a cette idée, pour ne pas perdre la raison.

Aphrodite ravala ses larmes en même temps que sa fierté. Ce n’était pas grâce a elle qu’il était devenu le chevalier des Poissons.

Ses nerfs a vifs lui permit de sentir le cosmos de deux autres chevaliers. Les quasi inséparable Camus et Milo, respectivement le Verseau et le Scorpion.

Aussitôt, il se redressa, enjoignant a ses muscles de se la fermer, et demandant a son cerveau de se mettre en mode automatique. Lorsqu’ils arrivèrent a sa hauteur, Camus se contenta de hocher la tête en guise de bonjour, comme a son habitude, mais Milo lui claqua l’épaule, suivis d’une exclamation joyeuse. Ce simple geste fit tressaillir le Poisson et il dû serrer la mâchoire pour ne pas laisser échapper un gémissement de douleur.

-Aphrodite ? Ca ne va pas ?

Un pli soucieux barra le front du Verseau.

-Si… Ca va.

Il n’avait qu’une envie, c’était de retourner dans l’abri réconfortant de son temple. Aussi, il se força a sourire pour rassurer ses compagnons.

-Tu es sûr ? Demanda à son tour Milo. Tu as l’air épuisé…

Aphrodite regarda le Scorpion. Ce dernier avait toujours été un compagnon franc et juste, qui ne supportait pas l’injustice. C’était écrit sur son front en lettres capital. Et si, il avait réussit a dégeler Camus, sans mauvais jeux de mot, cela prouvait qu’il était un être exceptionnel. Et si, le Poisson lui demandait son aide ? ….Et si…

-Salut, Laurel et Hardy. Tient, Aphrodite…

Ce dernier se raidit. Il n’avait pas besoin de se retourner, il suffisait de voir les expressions de ses deux compagnons, et de sentir cette main se poser sur son épaule.

-Camus et Milo, ca suffira, répondit sèchement le Verseau.

Death Mask sourit, comme un chat a deux souris.

-Je me disais que j’avais un peu trop malmené Aphrodite, et que j’allais le raccompagner a son temple.

Milo afficha une expression surprise en regardant le Poisson.

-Ha…Vous vous entrainiez…

-Oue, même si on est en paix, je préfère ne pas perdre la main. Aphrodite est d’accords avec moi, alors on s’entraine de temps en temps. Pas vrai ?

Il resserra ses doigts sur l’épaule, mais le Suedois répondit presque aussitôt.

-Oui. Il vaut mieux ne pas relâcher son attention, on ne sait jamais…

-Bonne soirée, alors.

Milo s’éloigna, et Camus le suivit peu après, non sans avoir longuement regardé le Poisson.

-Avance, murmura Death Mask.

Aphrodite obéit par automatisme, la tête vide, ses yeux regardant l’escalier qu’il monter d’une démarche raide, épaulé par Death Mask qui le poussait pour qu’il se dépêche. Arrivés au douzième temple, le Cancer le regarda, menaçant.

-N’essaie pas de demander de l’aide. Personne ne sera de ton côté si le Sanctuaire apprends ce que tu es. Contente toi d’être une parfaite petite poupée bien docile, et je te ferai peut-être un peu moins mal la prochaine fois.

Il claqua un baiser sur les lèvres d’Aphrodite qui ne répondit pas.

-Princesse… murmura-t-il d’un ton lourd de menaces.

Aphrodite s’exécuta, maladroitement, mais cela paru suffire a Death Mask qui lui caressa doucement les cheveux.

-Je t’appellerai, dors bien.

Il descendit les marches, les mains dans les poches tout en sifflotant. Cela devait être une mélodie très gaie, mais elle résonna aux oreilles du Suédois tel un chant funèbre.

Quelques instants plus tard, Aphrodite se tenait sous le jet d’eau brulante de la douche, se frottant vivement la peau. Partout, là où Death Mask l’avait touché, embrassé, caressé… Vite, effacé les preuves de sa culpabilité, ces immondes souillures… Il ne s’arrêta qu’au moment où des traces carmines se mêlèrent à l’eau. Il laissa tomber le gant de toilette, le savon, et ferma les yeux. Son corps fut parcouru de violents tremblements et sa respiration s’emballa.

Il devait se calmer, ce n’était pas si grave que ca…Du moment que son secret était préservé, il devait se laisser faire…

Aphrodite se frotta les bras doucement, contrastant avec la violence, il y a quelques minutes.

Il était un Gold Saint. Juste un Gold Saint. C’était tout ce qui compter…

 

A suivre...