Chapitre XII

 

Une odeur de rose, entêtante, s'insinuant dans ses cheveux, ses vêtements, ses entrailles.

Death Mask avait bien du mal à émerger des limbes du sommeil. Ce qui ne l'empêcha pas de se souvenir du coup de crasse que lui avait fait ce satané Poisson.

Il avait relâché sa garde, avait eut un peu trop confiance en sa maitrise de la situation… Pour ce résultat là. C'était lamentable. Le petit Poisson allait le payer cher.

Il avait l'impression de ressentit un poids sur les cuisses, et constata que son bas-ventre était, lui, bien réveillé.

Il ouvrit lentement les yeux, et faillit avaler sa salive de travers.

Aphrodite assit sur lui, dans le plus simple appareil, en train de lui faire des choses… fort peu désagréable.

Mais lorsqu'il voulu approcher sa main, Aphrodite releva tout d'un coup un visage baigné de larmes. Leurs regards se croisèrent un bref instant, pour être brisé lorsque le Poisson tenta de s'enfuir. Death Mask lui attrapa les poignets et serra.

Il ne voulait pas qu'elle parte, pas question, c'était trop frustrant.

-Non, lâche-moi ! Ne me regarde pas !

Surpris, l'Italien ne pu s'empêcher de répliquer.

-Pour une fois que c'est toi qui viens sur mo… AIE !

Aphrodite venait de lui mordre un poignet et en profita pour se libérer. Mais il fit a peine quelques pas, qu'il fut obligé de s'arrêter, tombant a genoux, se tenant le ventre a deux mains.

Death se redressa sur un coude, observant la grimace déformant les traits du Chevalier.

Il soupira, passant une main dans ses cheveux, presque gêné.

-Pourquoi ? …

Aphrodite savait pourtant qu'en s'y prenant ainsi, il en souffrirait d'autant plus. S'il lui avait demandé, le Cancer l'aurait mis dans les prédispositions nécessaires. Mais non, il avait préféré le prendre en traître avec son thé empoisonné à la rose.

Devant le manque de réponse, Death Mask se redressa et alla se planter devant son collègue, toujours à terre. Passant son index sous le menton, il lui releva lentement le visage.

-C'est en rapport avec le Capricorne ?

Aphrodite détourna le visage, toujours silencieux, ce qui ne fit que confirmer les doutes du Cancer. Ce dernier soupira, franchement énervé.

-Qu'est ce qu'on n'est pas prêt a faire par amour. Ca me dégoûte.

Il se releva, dans la ferme intention se prendre ses affaires avant de s'en aller, quand il sentit une main retenir la sienne. Du moins, le bout des doigts… Il baissa la tête.

Cette fois, le Poisson daigna le regarder.

-Aide-moi… Murmura-t-il.

Death Mask haussa un sourcil, attendant la suite.

-Aide-moi… à changer…

Son interlocuteur éclata de rire.

-Pour que tu aille te taper Shura ensuite ? Tu te fous de ma gueule, là !

Il récupéra brusquement sa main, et sans un regard en arrière, s'habilla, et se dirigea vers la sortie de l'appartement. Il était furieux. Comme jamais il ne l'avait été…

C'était quoi cette proposition ? N'importe quoi !

Il s'arrêta soudain, la main sur la poigné de porte.

Pourquoi était-il aussi énervé ? Il aurait dû se réjouir d'une telle proposition.

Pourtant… Il sentait un goût amer sur sa langue… Comme l'impression d'être gagnant et perdant a la fois.

Death Mask serra les dents, dans une tentative de contenir la colère qui menaçait de monter d'un cran.

Il fit alors demi-tour, retournant dans la chambre, d'où Aphrodite n'avait pas bougé, prostré sur le sol.

Se retrouvant à genoux, Death Mask lui attrapa le visage entre ses mains, et l'embrassa passionnément. Lorsqu'il lui libéra les lèvres, il le regarda, posant son front contre le sien.

-Je suis d'accords. Mais je te préviens, je suis un professeur très exigeant.

Un faible murmure lui répondit.

-Je ne t'entends pas. Articule.

-O-Oui…

-Plus fort.

-Je t'ai dis oui, bon sang !

Death Mask se mit à rire, avant de l'embrasser de nouveau. Plus sauvagement.

C'est avec plaisir qu'il sentit les frissons parcourir la peau du Chevalier aux roses.

Ho oui, il aimait dominer ses victimes, qu'elles le craignent… Dans ces moments là, il avait l'impression d'être le plus fort.


Aphrodite n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Il avait honte, comme a chaque fois, mais il se sentait étrangement comblé. Comme si, enfin, il avait enfermé ses peurs au fond d'un coffre. Certes, il avait encore mal, mais c'était parce qu'il se crispé, n'arrivait pas a se détendre suffisamment pour accepter l'Italien en lui.

Il se mordit légèrement la langue en y repensant.

Death Mask avait été beaucoup moins violent que lors de leurs ébats précédents, lui procurant des sensations qui en avaient fait rougir Aphrodite. Ce n'était plus des gémissements de douleur qui s'était échappé de ses lèvres, mais bien de plaisir… Pour la première fois de sa vie, le Poisson avait ressentit ce qu'il avait maint et maint fois entendu sans vouloir y croire.

Une jouissance telle, qu'il s'était surpris à en redemander.

De nouveau, le Chevalier se mit à rougir. Il voulut se cacher le visage dans ses draps, dans un geste puéril, mais sentit que quelque chose les retenait.

Il n'était pas seul dans son lit.

Epuisé, aussi bien moralement, que physiquement, Aphrodite s'était assoupit presque immédiatement une fois l'acte consommé. Et dans les derniers instants de son éveil, il avait sentit le Cancer se glisser a ses côtés.

A présent, il osait à peine esquiver le moindre geste, ni même respirer. Il se contenta alors de regarder droit devant lui, fixant le mur pâle.

Petit a petit, l'Italien se réveilla a son tour, étira longuement chacun de ses muscles, puis se retourna dans le lit. Le Poisson pouvait sentir sa respiration sur sa nuque, ce qui lui arracha quelques frissons.

Tout comme la main qui se posa sur sa hanche, caressant doucement sa peau du bout des doigts.

Que disait-on dans ces circonstances ? Se demanda Aphrodite.

-Bien dormis ? Dit alors le Cancer, le précédant dans ses pensés.

-Hm…

Il tenta d'enlever la main de l'Italien, mais se retrouva soudain sur le dos, et de nouveau chevauché par Death Mask. Ce dernier commença à attaquer son cou de baisers, quand Aphrodite protesta.

-S'il te plait… Pas dés le matin…

-Je t'avais pourtant prévenu.

-S'il te plait…

A sa grande surprise, Death Mask s'allongea sur le matelas, lui laissant le champ libre. Le Poisson se leva alors, en embarquant l'un des draps.

-Je t'ai déjà vu toute nue…

-Je m'en fiche, fit Aphrodite dans sa toge improvisé.

Et il s'enferma dans la salle de bain, sans plus de cérémonie.

Avec un soupir de fin du monde, Death Mask tâtonna le sol a la recherche de son pantalon, mais quand il sortit son paquet de cigarettes de l'une des poches, il changea d'avis. Laissant le tout retomber sur le dallage, il décida de s'approprier l'oreiller du Suédois pour y enfouir son visage.

Depuis quand préférait-il l'odeur d'une autre personne a celle de la nicotine ?

Il se sentait ridicule.

Il rejeta l'oreiller plus loin et se redressa, un peu furieux contre lui-même. Lorsqu'il eut terminé de se vêtir, Aphrodite revint a ce moment là et semblant surprit.

-Tu t'en vas ?

-J'ai pleins de choses à faire aujourd'hui.

Le Poisson ouvrit la bouche, dans l'intention de rajouter quelque chose, mais se ravisa à la dernière seconde.

-Pourquoi cet air déprimé ? Je vais te manquer ?

-Pas du tout. Vas-t-en.

Death Mask eut un sourire sournois avant de s'en aller. Lorsqu'il ferma la porte de l'appartement derrière lui, il s'y adossa en poussant un long soupir. De l'autre côté, Aphrodite fit de même.

Ils venaient tout deux de prendre une nouvelle direction, sans vraiment savoir où cela allait les mener…


Shura venait de revenir de mission, après deux semaines passé dans la savane africaine. Il avait attrapé des coups de soleil sur les épaules et manqué de s'être fait bouffer par un régiment de moustiques.

Il avait rarement détesté autant une mission, qu'il n'avait pas pu boucler au plus vite, car elle avait demandé beaucoup de doigté et de médiation.

A chaque fois qu'il partait du Sanctuaire, c'était avec une boule dans la gorge à l'idée de laisser son ami seul, avec son tortionnaire.

En pénétrant dans son appartement, il fut surprit de le trouver dans une semi obscurité. L'endroit le plus lumineux était la table du salon, constellé d'une multitude de bougie, dressé, avec sa plus belle nappe. Celle qu'il ne sortait qu'une ou deux fois par an.

Il déposa l'urne de son armure a côté de son fauteuil, et s'approcha, se demandant pour quelle occasion la table était en fête. Ce n'était pourtant pas son anniversaire, encore moins noël…

Il tourna la tête en direction de la cuisine, de laquelle Aphrodite en sortit… habillé en femme.

Heureusement pour Shura qu'il avait posé son armure avant, sinon elle serait sans doute tombé sur ses pieds.

Aphrodite rosit doucement, baissant la tête. C'était un ensemble très sage, une jupe blanche lui arrivant aux genoux, et un t-shirt échancré, mais pas trop, bordé de quelques perles de couleurs. Sa chevelure était relevée en une demi-queue de cheval, retenu par des piques en bois ouvragés.

-Bienvenue, Shura.

-M-Merci…

-Tu ne t'installe pas ?

-S-Si.

Il prit place en bout de table, toujours abasourdit, ses neurones refusant de faire la connexion entre elles. Pendant tout le repas, il fut incapable d'avoir un semblant de conversation, se contenant de répondre par monosyllabes.

Quand ce fut finit, et qu'Aphrodite l'entraîna sans sa chambre, c'est là qu'il réussit à faire surface.

-Aphrodite… Tu… Tu es tellement belle…

-Shht… Murmura-t-elle en posant son doigt sur les lèvres du Capricorne.

Il se laissa tomber sur le lit, Le Poisson sur lui, qui lui saisit le visage entre ses doigts fins pour l'embrasser. Doucement, tendrement…

Il n'osa pas poser ses mains sur ses hanches, de peur qu'elle s'enfuie, comme c'était arrivé tant de fois, alors ce fut Aphrodite qui le guida.

Shura commença alors a explorer du bout des doigts, les courbes, et les plats, la peau douce et satiné, lorsqu'il se rendit compte qu'il venait de rentrer de mission, et qu'il n'avait pas encore prit de douche. Lorsqu'il voulu protester sur ce fait, Aphrodite le fit taire d'un nouveau baiser.

Le Poisson avait tout pris en main. Shura n'avait eut qu'a se laisser faire, juste a apprécier ces douces caresses, ces baisers… Il avait eut peur de lui faire mal, mais Aphrodite l'avait rassuré.

Maintenant, tout allait bien, tout allait de mieux en mieux… Avait-elle murmuré dans le creux de son oreille.

Au petit matin, Aphrodite avait reprit ses vêtements d'homme, laissant les autres soigneusement pliés dans le placard du Capricorne. Cachés, tout au fond, comme un secret honteux.

Shura était resté allongé sur son lit, le regardant partir. Le changement soudain de son compagnon le surprenait. Comment pouvait-on se métamorphoser autant en deux semaines ? A moins que… Cela avait commencé bien avant ? Petit à petit ?

Il se retourna sur le matelas, plus heureux que jamais.

Si Aphrodite allait mieux, c'était tout ce qui comptait.

Il se réjouissait au fond de lui, que son ami ai réussit à se soustraire de l'influence néfaste du Cancer.

Sans se douter qu'Aphrodite n'avait pas encore l'intention de couper les ponts avec Death Mask. Pas tant qu'il lui resterait le moindre doute, la moindre amertume…

Après tout, se disait le Poisson, ce qu'était qu'une question de temps. Il pouvait très bien faire des allers et retours entre les deux hommes, il pensait en être capable…

Jusqu'à ce qu'il se sente mieux, aussi bien dans son corps, que sa tête.

A suivre…