Chapitre 12 : Retour en terre païenne

 

Une île, quelque part sur l’Equateur…

Un homme à la carrure d’athlète, les cheveux sombres aux reflets bleus, les yeux fermés, est assit au cœur même de l’enfer. Ou du moins, si ce n’est pas l’enfer, ça y ressemble fortement. Un volcan en activité permanente, gorgé de fumées nauséabondes, emplies de sulfure. Cet homme, nul n’ose troubler son sommeil. Nul être hormis un. Il ouvre les yeux d’un coup, sa conscience le mettant en garde contre une intrusion. La cosmo énergie que le Phénix ressent est multiple. Deux chevaliers aux intentions très claires. Ils sont venus le chercher. Ils auront probablement appris sa trahison envers le Sanctuaire et son désir de combattre aux côtés des chevaliers d’Athéna.

-« Je vous ai sentis ! Inutile de vous cacher ! »

-« Ah ! Ah ! Tu es malin Phénix, mais pas suffisamment pour te jouer de nous. Tu n’échapperas pas à ton destin cette fois ! »

-« Qui êtes-vous ? »

-« Chevalier Agora du Lotus et voici Shiva, chevalier d’argent du Paon ! »

-« Envoyés par le Pope, je suppose ? »

-« Nous ne sommes pas là pour répondre à tes questions et n’avons pas de temps à perdre ou bien notre maître risque d’être contrarié ! »

-« Votre maître ?!! »

-« Oui… il est probablement l’un des plus puissants de l’ordre »

-« Sache que c’est un chevalier d’or qui nous envoie !! »

-« !!!!!!!!! Un chevalier d’or vous dites ?!!! Mais comment est-ce que… ?!! »

-« Eh eh !! Surpris, pas vrai ? Tu n’étais probablement pas au courant de l’existence de plusieurs chevaliers d’or !. Cela prouve encore une fois votre infériorité, à vous autres, chevaliers de bronze ! »

-« Shaka de la Vierge est le plus sage, et sans aucun doute l’un des plus fort de toute la caste d’or, ses pouvoirs ne connaissent pas de limites »

-« Maintenant, assez parlé !!! Tu vas mourir Phénix !! »

Ikki eu un mouvement de recul, avant de parer les coups des deux chevaliers. Lorsqu’il se rendit compte que malgré sa feinte il avait été touché, il s’interrogea.

-« Etrange… ces deux chevaliers d’argent semblent être différents de ceux que j’ai pu croiser par le passé. Seiyar et les autres ont certainement dû se battre eux aussi. Je n’était pas au Japon pour les aider, ni avec mon frère… mais il valait mieux pour moi rester ici, le temps pour mon armure de devenir encore plus puissante qu’elle ne l’a jamais été, baignée pendant des semaines dans les fumées du volcan. Pourtant, malgré ma capacité à renaître en permanence… je ressens une cosmo énergie incroyable, une énergie qui pourrait tout détruire en une fraction de seconde… je me demande qui se cache derrière ces hommes en vérité… »

-« Et bien Phénix, tu sembles perturbé ? »

-« Je n’ai pas l’intention de vous laisser retarder la tâche qui m’a été confiée. Vous semblez très sûrs de vous, mais laissez moi vous dire que sur cette terre, vous n’êtes pas de taille »

-« Mais enfin, que dis-tu ? »

-« Je vous le répète. Vous avez posé les pieds sur l’île de la mort, le lieu où j’ai grandit et subit les pires tourments. Par conséquent vous avez un désavantage ! »

Les deux chevaliers se fixèrent d’un air entendu. Ils ne semblaient pas du tout effrayés par les menaces d’Ikki. Shiva le fixa avec mépris, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres.

-«Mais l’enfer a bien des visages, chevalier Phénix !!. Je pense que tu pourras facilement faire ton choix parmi  les multiples lieux de souffrance, que notre maître t’a réservé. Le chevalier de la Vierge a le pouvoir de t’envoyer même à distance, dans l’un des enfers de la Création. Son pouvoir est équivalent à celui d’un dieu ! »

Ikki n’eut pas le temps d’assimiler la remarque, le chevalier Agora se mit en position méditative, déclenchant du même coup une paralysie quasi-totale de ses muscles. Impossible de bouger !, Jamais encore il n’avait ressentit un pouvoir aussi grand !.

-« Bon sang, si je ne fais rien ils vont finir par avoir ma peau, je dois à tout prix réagir, AArghh !! »

Une douleur infernale lui saisit la nuque, les jambes et les bras. Phénix tenta de stabiliser sa cosmo énergie pour contrer l’attaque mentale du chevalier du Lotus, mais quelque chose l’en empêcha. Une personne agissait dans l’ombre. A travers les chevaliers d’argent, Ikki sentit un fluide de négativité le posséder. Ses sens vitaux furent touchés un par un progressivement. D’abord il ne sentit plus rien, ensuite sa vision se troubla. Il tenta de les détecter à leur odeur mais ce fut peine perdue. Les deux hommes lui avaient ôté le goût et l’ouie. Il priait intérieurement pour que le sens le plus essentiel ne soit pas atteint mais ils ne lui firent pas cette fleur. Le chevalier du Lotus lui supprima le toucher. Désormais Ikki flottait dans un brouillard épais, incapable de se mouvoir et d’anticiper. A leur merci… une poupée de chiffon tout juste prête à subir le coup fatal.

 

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 Sanctuaire, Grèce…

Un temple aux proportions harmonieuses. Là, assit en tailleur au cœur de la bâtisse, un homme médite. Ses yeux sont clos par le déni des sentiments, cherchant le réconfort face aux folies de ce monde, quelque part dans un ailleurs inaccessible au commun des mortels. On lui donnerait le bon Dieu sans confession, mais en vérité, derrière ce visage d’ange encadré par de soyeux et longs cheveux blonds, un être féroce sommeille. Quelque part au creux des univers qu’il parcourt, un oiseau de feu se trouve enfermé. Il sent, il sait, entend les moindres pensées de celui qu’il s’apprête à tuer. Il a confiance, les dés sont déjà jetés, c’est écrit. Comme le court de l’existence. Il a confiance en eux, ils le lui ramèneront plus mort que vif. Il songe…à l’idée que le chevalier entende le son de sa voix.

-« Orgueil, vanité que celle d’un être de chair visant à conquérir l’absolu. Tu dis être éternel Phénix, mais personne ne peu prétendre atteindre un tel niveau de perfection sans défier Dieu. Tu as voulu obtenir l’infini et tu vas payer pour ça ! … je ne peux pas me permettre de te laisser en vie. La volonté du Pope est celle d’Athéna.»  

Une lumière dorée traverse l’espace-temps… bientôt, Phénix ne sera plus. Non loin de là, le Pope se concentre lui aussi, ajoutant sa haine à la volonté de Shaka.

-« Oui… c’est cela… continue Shaka !! Qu’il ne reste plus rien de cet opportun !!. Qu’il meurt, ainsi il ne sera plus une menace pour nous !. Tu m’as trahit Phénix. Toi plus que quiconque aurait dû porter le flambeau de ma renommée !!. Au lieu de ça tu as préféré rejoindre les rangs ennemis !!. L’île de la mort ne te protègera pas cette fois !!! Ah ah ah ah !!!! »

 

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Ile de la mort…

-« Chevalier Phénix… le temps est venu d’abréger tes souffrances !! Dans sa grande clémence, notre maître t’accorde une mort rapide. Estime toi heureux !! »

Au moment où Ikki croit sa mort arrivée, quelque chose s’interpose. Dans le même temps, le Pope ressent une douleur aiguë dans son esprit, provoquant l’interruption de son influence sur Phénix. Shaka n’arrive plus à le visualiser correctement… il ouvre les yeux.

-« Par tous les saints, comment est-ce possible ?!!!!. Ca n’était encore jamais arrivé !! Qui peu posséder une énergie aussi intense ?. Je ne peux plus atteindre Phénix ! Bon sang !!»

Ikki patiente, mais rien ne vient. Aucune douleur, aucune souffrance. Le vide seulement, le noir absolu. Incapable de bouger, il a la sensation de ne faire plus qu’un avec l’infini. Il flotte… mais…

-« Une minute !! Comment puis-je avoir conscience d’un flottement puisque je suis mort ?... comment puis-je encore avoir la capacité de penser ?... impossible… mais quelle est cette lumière ? Une énergie bienveillante, douce et chaleureuse me guide. Oui je peux la sentir à nouveau, je l’ai déjà croisé quelque part… la princesse… c’est elle, j’en suis sur… »

Agora et Shiva ne ressentent plus la présence de leur maître. Quelque chose ne va pas. Pourtant Phénix ne bouge pas.

-« Mais que se passe t-il ? Quelque chose ne va pas… »

-« Que veux-tu dire Shiva ? Regarde le, il est plus mort que vif »

-« Oui mais pourtant… n’as-tu pas senti ? »

-« Mmh ? Mais de quoi parles-tu ? »

-« Quelqu’un est intervenu. Maître Shaka a coupé le lien avec nous, je ne ressens plus rien. Nous devrions rester vigilants, je n’aime pas ça du tout !!»

-« Oh mais !! Non, c’est impossible, regarde le !! »

Devant leurs yeux ébahis, un halo rouge orangé se forme autour du corps d’Ikki. Ils n’en croient pas leurs yeux. Agora recule d’un pas.

-« Comment sa cosmo énergie peut-elle se manifester alors que ses sens ont été supprimés ?!!. La seule réponse possible : Phénix est entrain de s’élever au septième sens, et l’énergie positive intervenue pour lui permettre de prendre l’avantage lui a redonner la force de vaincre la mort !!. »

Au plus profond de son être, Phénix sent son énergie croître progressivement. Athéna est intervenue pour le sauver, il doit pouvoir sentir ses sens à nouveau. Progressivement, les effluves de terre brûlée imprègnent ses narines, il peut sentir la caresse du vent sur sa peau meurtrie, entendre le son de la terre qui gronde, presque goûter sur sa langue, les effluves charbonneuses échappées des fumées volcaniques. Oui… le moment est venu pour le Phénix, de renaître de ses cendres. Il ouvre les yeux progressivement. La lumière du jour l’éblouit, comme s’il vivait une seconde naissance. Jamais il n’aurait cru que le fait de sentir le vent soit si agréable, il mesure enfin la chance qui lui est donné. Il renaît en tant que guerrier du bien, en tant que chevalier d’Athéna. Le passé reste derrière… il n’oubliera jamais. Il compare les rayons solaires au sourire d’Esméralda. Elle non plus il ne l’oubliera pas, elle restera à jamais dans son cœur mais Ikki aura changé à tout jamais. Jamais plus il ne sera le même homme. Mais il était temps pour Phénix, de revenir à la réalité. Personne ne viendrait plus à bout de lui, il s’en fit le serment. Sa voix grave et puissante résonna à nouveau.

-« Je vous avait prévenu… vous ne quitterez plus jamais cette île ! »

-« Comment ?!! Comment as-tu fais pour revenir du monde des morts, c’est impossible !! »

-« Tout est possible lorsque l’on croit à la justice. Jamais plus vous ne commettrez d’actes répréhensibles, plus jamais de morts inutiles. Vous vous vantez d’être des saints !... d’être les disciples du plus spirituel de tous les chevaliers d’or !... mais en vérité, c’est dans les jardins de roses qu’on trouve les plus féroces épines. J’en ai encore la preuve aujourd’hui. Vous ne méritez pas de vivre, et je vais enfin pouvoir rendre justice ! »

-« Par la puissance du Phénix !! »

L’air brûlant se déchaîna dans une tempête de feu dévastatrice. Agora et Shiva pensaient parer le coup mais Athéna avait joint sa force à celle du chevalier de bronze. Shiva s’effondra.

-« Par l’enfer !! Relève toi Shiva !! Tu ne vas pas laisser ce gringalet gagner !!.. Maître Shaka ne nous le pardonnerait pas !! »

-« Aaaarhg !! »

Sous les yeux horrifiés de son compagnon, Shiva fut littéralement lacéré par les flammes pulsées à la vitesse du son. Un vent torride s’empara des lieux, Ikki fit un bond en avant. Un violent coup de pied atterri dans la mâchoire d’Agora qui trébucha et s’étala de tout son long au bord du précipice surplombant les flots déchaînés. Le chevalier du Phénix s’approcha de lui lentement. Dans ses yeux, Agora pouvait lire la détermination, une haine sans borne nourrie depuis des années. Il tenta de le dissuader.

-« Regarde toi Phénix… maintenant c’est moi qui agonise... Ce que tu vois n’est pas différent de toi… en fin de compte… tu resteras pour toujours un assassin, emplit de haine, habité par une soif de vengeance inassouvie !!. Tu iras en enfer quoi qu’il advienne… tu n’échapperas pas à ton sombre destin !! »

Ikki ne répondit pas. Il savait au fond de lui que la haine qui lui avait permis d’obtenir l’armure faisait sa force, mais pouvait également provoquer sa perte… il avait déjà tuer tellement de gens. Il avait de fortes chances de le payer un jour. Mais il souhaitait racheter ce sombre passé… un passé qui avait aussi apporté une lumière, une fragile lumière en la personne d’Esméralda. Sans oublier Shun, qui avait toujours eu une place au fond de lui, malgré sa détermination à lui nuire lorsqu’il avait prit la tête des chevaliers noirs. Il avait gagné une chose néanmoins. La disparition du Ikki d’avant. La fin de l’aveuglement. Car il avait ouvert les yeux. Peut être qu’il paierait… oui… après tout, même les chevaliers étaient des criminels… mais tuer au nom de la justice était un devoir, il était prêt à prendre le risque et à défier l’autorité divine. Il était prêt à mourir pour sa cause.

-« Tout dépend de ce qu’on entend par le terme de « justice ». Ton maître prétend être pur mais il envoie des hommes à la mort pour servir un être de haine qui souhaite dominer le monde. Peu importe que j’aille en enfer ou au paradis, l’essentiel c’est la direction que j’ai choisie de prendre aujourd’hui. Et mon chemin diffère du tien. J’ai choisis de rejoindre mes compagnons et de me battre à leurs côtés pour empêcher le Sanctuaire et son représentant de nuire à l’humanité !! »

-« Tu es fou Phénix… jamais tu n’arriveras là bas. Vous paierez pour cette infamie, vous paierez tous !!! »

-« Ca suffit !!!! Yaaaaaaaaaah !! »

Il le fit taire en portant un coup fatal au chevalier d’argent. Le regard de la victime, la énième victime du Phénix, devînt vitreux puis vide. La vie l’avait quitté à tout jamais. Ikki n’avait eu envers eux aucune pitié. Tuer ou être tuer… il maudissait son destin de chevalier… il maudissait l’obligation de faire couler le sang. Il admirait son frère. Alors qu’il s’éloignait en direction de l’antre du volcan pour se ressourcer à nouveau, il pensa :

-« Shun… je te prenais pour un lâche, un garçon trop sensible et je t’en voulais. Pourtant c’est toi qui avais raison. Ta force c’est justement cette bonté, ce refus de la violence en toute circonstance. Ton âme est pure et le restera longtemps. Un chevalier peu être profondément humain et refuser la violence. Pourtant l’amour est aussi une forme de violence… Athéna est le symbole même de cette contradiction. Un pouvoir d’une violence inouïe dans un corps de vierge. J’ai décidé de croire en elle moi aussi…je sens que je le regretterais… mais je m’en vais te rejoindre bientôt SHun. Oui… bientôt je serais là moi aussi, pour lutter contre le Pope ! »

Ikki disparu au cœur des fumées noires du volcan. L’île était à nouveau calme, à peine ébranlée par les grondements sinistres de l’âme du chevalier, accordés à ceux de la terre agitée à laquelle il avait abandonné ses jeunes années.

 

A des kilomètres de là, sur les hauteurs d’Athènes, le Pope enrageait.

-« Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ?!!!! Comment ?????????????????, !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »

Le silence glacé du palais sonna comme le glas de ses ambitions. Appuyé sur le balcon surplombant le vide, il serra les poings. Le marbre sous ses doigts se mit à céder dans un craquement inquiétant, témoignage concret de sa rage décuplée. La pierre éclata sous la pression. Une lumière dorée s’échappa de sous la toge immaculée. Saga se retourna, faisant soudain face à un visiteur invisible.

-« Toi ???????? Non… non va t-en immédiatement !! »

-« Pourquoi fuir la réalité ? De quoi as-tu peur ? De ton reflet ? »

-« Arghhhhh !! Hors de ma vue, tu n’es qu’une illusion. J’ai tué mon frère il y a des années !! Laisse moi en paix, je t’ordonne de partir !! »

Il saisit le morceau de marbre qu’il venait de briser et le lança dans un excès de fureur incontrôlée, en direction du miroir qui lui faisait face. Le marbre rencontra la matière réfléchissante et l’image tant redoutée éclata en centaines de larmes de verre. La glace implosa, le Pope lâcha un hurlement de rage. Il porta les mains à ses tempes, agité d’une torpeur qui ne semblât trouver son origine que dans une sorte de paranoïa compulsive. Pourtant il était bien conscient… la voix dans son esprit était réelle. Cette voix tant redoutée qui lui disait toujours quoi faire ou quelle attitude adopter. Il haïssait cette  voix, ce deuxième lui qui lui empoisonnait l’existence. Une seule solution : s’en débarrasser. Cet évènement désagréable, ajouté à la honte due à son incapacité à éliminer Phénix, finit d’achever le peu de patience qu’il restait en  lui. Désormais sa haine serait sans borne, il détruirait tout sur son passage, quitte à le faire de ses propres mains.

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Lorsque Marine et Aiolia posèrent le pied sur la terre sacrée, ils ressentirent immédiatement l’atmosphère emplie de négativité du Sanctuaire. Ils avaient pris garde d’accéder au site à couvert, empruntant le bord de mer, à l’abri des rochers et des regards indiscrets. Marine s’inquiétait. Bien qu’Aiolia l’accompagnât, elle sentait que le Pope veillait. Il aurait vite fait de sentir leur présence, et sa rage n’en serait que plus vive. Ils avancèrent doucement, Aiolia ouvrant la marche, jusqu’à un passage secret dissimulé dans la roche qu’il lui indiqua en souriant.

-« C’est ici. Personne n’est censé savoir… regarde !»

-« Un passage secret ? »

-« Oui. Mon frère m’en avait indiqué l’emplacement lorsque j’étais enfant. Il ne pensait probablement pas que nous en ferions un jour l’usage pour nous préserver du Sanctuaire lui-même, mais plutôt pour fuir un ennemi venant de l’extérieur »

-« Où cela mène t-il ? »

-« Tout droit à la maison du Lion. La partie qui continuait jusqu’à la demeure de mon frère s’est effondrée. Suis moi, nous devons nous dépêcher avant que les gardes ne viennent par ici ! »

-« Oui, tu as raison. Allons-y maintenant !»

Ils s’engouffrèrent dans l’étroit passage et accédèrent après un long cheminement dans une semi obscurité, à la cinquième maison. Aiolia s’écarta pour la laisser passer. Lorsque Marine pénétra pour la première fois dans le temple du lion, elle éprouva des sentiments partagés. D’un côté elle était heureuse, de l’autre elle ne pouvait cesser de penser au danger qui les menaçait en restant ici.

-« Peut être aurions nous mieux fait de rester au Japon… »

-« Crois moi… nous serons plus utiles ici. J’ai un compte à régler maintenant »

La crainte de le perdre repris ses droits à nouveau. Marine le saisit par le bras.

-« Je t’en prie, ne fait pas ça !! Ne va pas là bas. Attend que tous les chevaliers soient réunis avant de t’en prendre à lui »

-« Marine… respire… »

Il posa sa main sur les cheveux bouclés, les caressant d’un geste tendre, ce qui eu pour effet de la calmer instantanément. Il prit sa main et la guida à travers les pièces, révélant à la femme qu’il aimait son intimité, longtemps voilée à son regard. Marine ôta son masque, ici elle n’en avait nul besoin. Elle resta bouche bée devant les métopes sculptées représentant l’épique histoire d’Hercule. La pierre était la même depuis des décennies, des siècles et des siècles d’histoire, de luttes acharnées pour la préservation de la paix et de la justice. Combien d’hommes ayant porté l’armure du lion était passés ici ?. Elle l’ignorait, mais elle s’y sentait bien et avait le sentiment étrange que dans cet endroit personne ne la toucherait jamais.

Aiolia la conduisit dans une pièce aménagée simplement, mais ouverte sur le ciel. Le jour filtrait entre les colonnes doriques de façon à ne pas éblouir le regard et l’air présent dans la pièce était plus frais qu’à l’extérieur.

-« C’est… c’est mon salon. J’y passe le plus clair de mon temps lorsque nous ne sommes pas de garde. Vient t’asseoir ici, tu te sentira mieux »

Marine acquiesça, ses craintes s’amenuisaient à mesure qu’elle l’écoutait. Ils s’assirent sur une banquette et soufflèrent un moment. Il passât un bras par-dessus ses épaules et la serra contre lui. Elle se laissa aller en soupirant.

-« Si je comprends bien, je suis assignée à résidence, c’est bien cela ? »

-« … je préfèrerais te laisser voler. L’aigle aime sentir la caresse du vent sur ses ailes. Mais c’est plus sûr pour toi, de demeurer ici. Shaïna est probablement sur le retour elle aussi et j’ignore comment elle agira une fois rentrée »

-« Elle n’ira pas voir le Pope. Pas après ce qui s’est passé au Japon. Si elle le faisait, ce serait la fin de tout… et par la même occasion l’anéantissement total du peu de bien qui reste encore en elle. Je crains d’avantage le Pope et les autres chevaliers d’or »

-« Quoi qu’il arrive, promet moi de rester ici. La maison du lion est protégée par mon cosmos. Seule une énergie plus puissante que la mienne serait susceptible de briser la protection. A présent je dois y aller »

Marine ne dit rien. Elle savait que s’était inutile. Elle aurait beau tenter n’importe quoi pour l’en empêcher, rien n’y ferait. Elle murmura…

-« Tu ne renonceras pas… »

-« Marine… »

-« Laisse !!. Je devrais m’y faire… ça fait partie de notre devoir de toute façon. Nous n’aurions peut être pas dû nous emporter comme ça »

-« Que veux-tu dire ? »

-« J’aurais aimé ne pas souffrir. Aimer c’est douloureux… j’aurais dû savoir… »

Aiolia fronça les sourcils. Il revînt vers elle et tenta de répondre mais elle posa une main sur ses lèvres, ainsi scellées.

-« Non, ne dit rien. Quoi qu’il arrive je t’appartiens, si tu partais… si tu partais tu serais toujours avec moi, et inversement »

-« Il ne m’arrivera rien, je t’en fait la promesse. Ait confiance en moi Marine »

-« J’ai confiance… »

-« Je serais de retour rapidement. C’est promis ! »

Elle tenta de se convaincre qu’il disait vrai. Elle lui sourit du mieux qu’elle put et le regarda s’en aller impuissante, en direction de la maison du Pope. Le baiser qu’ils avaient échangé, avait le goût du désespoir.

-« Mon Dieu, faite qu’il en réchappe ! »

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-« Saori !!, Saori !!! »

-« Il y a du nouveau ?? »

La princesse était assise dans le laboratoire secret de la fondation Graad, suivant avec attention les centaines d’images diffusées en permanence sur les ordinateurs de contrôle, encastrés au dessus du pupitre de commandement. Les employés scrutaient dans les moindres détails les reliefs affichés, afin de déterminer le meilleur emplacement en cas d’attaque surprise au Sanctuaire. Les possibilités étaient analysées à la loupe, au prix de longues heures de veille. Lorsqu’elle entendit la voix de Seiyar derrière elle, elle s’était empressée de recueillir les dernières nouvelles.

-« Oui… apparemment l’armure a été localisée. Elle serait quelque part, au fond de l’océan. Je pense que c’est une façon de rester à l’écart. Le chevalier ne nous prêtera sa force qu’en temps voulut, lorsque la véritable bataille commencera.

-« Sans doute. Pour le moment, la priorité n’est plus l’armure du Sagittaire. Je sais qu’Ayoros sera là quand il faudra. Nous devons prendre une décision et attaquer par surprise. Tout est prêt pour partir dans deux jours, as-tu pu rassembler tes compagnons ? »

-« Tout le monde est prêt, je pense que Shyriu et les autres sont comme moi. Ils ont hâte d’en finir avec tout ca. Des nouvelles de Phénix ? »

-« Ikki va bien… je peux sentir sa présence »

-« Athéna… »

-« Difficile de s’y habituer pas vrai ? »

Seiyar avait du mal en effet. Il était difficile de savoir quand Saori était elle-même à 100%, étant habitée la plupart du temps, par l’esprit de la déesse Athéna. Mais ce pouvoir avait du bon. Seiyar sentait qu’Ikki allait bien. Elle veillait au grain »

-« Sais-tu ce qui nous attend là bas ? »

Il reprit ses esprits

-« Pas vraiment… pourtant le Sanctuaire j’ai connu !. Je préfère éviter d’y penser et me dire qu’on risquera notre vie utilement. On n’a rien à perdre. Pas de famille, seulement des compagnons d’armes. Je compte là-dessus aussi pour nous motiver. Et puis il y a tous les enfants de l’orphelinat, tous ces gens à travers le monde qui souffrent en silence. On sera là pour les aider »

-« Tu as raison… peu importe nos vies si on se bat pour une cause juste. J’ai confiance, tout ira bien… »

Saori plongea son regard dans celui de Seiyar. Il était clair et limpide. Elle sentit l’infinité de son cosmos et le sourire qu’elle esquissa intrigua le chevalier. Deux images succinctes traversèrent son esprit. Le regard de Saori et celui de Shaïna, les deux se superposèrent. Où était-t-elle en ce moment ? Il s’éloigna de la princesse et rejoignit la salle d’entraînement. Quelque part il le sentait, la femme chevalier luttait pour sa survie.

 

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Aldébaran avait reçu l’ordre de faire sa ronde du côté de la frontière, de la bouche même du Pope… ou plutôt de celle de celui par qui le Pope parlait, à savoir de la bouche de Shaka. Il ne l’avait jamais tout à fait apprécié… mais là c’était le comble. Débonnaire par nature, le fier chevalier du Taureau n’avait pas la moindre intention de se départir de sa bonne humeur matinale. C’est donc le cœur indolent qu’il s’engagea sur le sentier menant aux murailles de démarcation. Elles séparaient de toute leur hauteur le camp d’entraînement des aspirants chevaliers du mont Star Hill où se trouvaient les temples du Zodiaque. L’air était vivifiant, charriant çà et là les embruns en provenance de la Méditerranée. Un parfum légèrement différent s’imposa à lui, imprégnant ses narines comme un coup de fouet. Mélange doux amer de crainte saupoudrée de jasmin.

-« Sal temps pour les roses… si j’étais elle je renoncerais à faire ça ! »

Ses yeux s’étaient fixés sur un point minuscule à l’horizon, dissimulé près des arènes du camp des femmes chevaliers. Il ne s’était pas trompé, il s’agissait bien de l’Ophiuccus. De son côté, n’ayant pas vu que le chevalier la surveillait attentivement, Shaïna poursuivait sa tentative risquée d’accéder à son chez elle sans trop se faire remarquer. C’est à cet instant précis qu’il lui barra la route.

-« Dis donc toi !! Je peux savoir d’où tu viens ? Si je ne me trompe pas ça fait un petit moment que tu nous as quitté. Tu sais ce qui arrive aux déserteurs ? »

-« Aldébaran ! Tu te trompes sur mon compte. Je n’ai pas déserté. Au contraire… le Pope m’avait confié une mission et me voici de retour »

-« Oui… le Pope… Peu importe en tout cas !!. Tu ne devrais pas rester dans le coin si j’étais toi. Autrement tu risques d’avoir des ennuis… »

-« De ta part je présume ? »

ShaÏna tentait de garder contenance, mais devant une telle masse de muscles ça semblait difficile. De plus, quelque chose lui disait au fond, qu’Aldébaran essayait seulement de la sortir de là. Il la fixa du haut de son mètres quatre-vingt, calme et stoïque comme à l’accoutumé, avant de détourner le regard en disant :

-« Je passais dans le coin.  L’histoire de prendre un peu l’air, là haut ils commencent tous sérieusement à me les gonfler !. Tu ferais mieux de rentrer… moi ce que j’en dis !. Mais … c’est mauvais signe. Le vent se lève… »

Sur ce, il continua sa route comme si de rien n’était. Il aurait tout aussi bien pu ne jamais l’avoir croisé. Shaïna l’avait échappée belle. Aldébaran était bon. Il préférait se taire plutôt que de faire du mal à une faible créature, même si dans le cas de Shaïna, il aurait eu affaire à une rebelle.

-« Imbécile, en faisant cela c’est ta propre vie que tu mets en danger ! »

Sans plus attendre, elle escalada le mur d’enceinte du camp des femmes et rejoignit d’un bond sa modeste maison, sans croiser âme qui vive. Une fois la porte fermée, elle souffla d’un coup, comme pour soulager la torpeur qui l’avait habité quelques secondes plus tôt. Elle avait bien cru ne pas en sortir vivante… il faut croire que la chance lui avait sourit cette fois. Au cœur de la pièce noyée dans la pénombre, tout était calme. Tout… excepté une ombre de forte stature, adossée au mur de torchis, face à elle. La femme chevalier épuisée, eut un mouvement de recul mais le mystérieux visiteur la dissuada.

-« Si j’étais toi je ne chercherais pas à fuir… tu ferais mieux de venir avec moi ! »

Le visage que Shaïna découvrit avait un sourire carnassier. Cette fois elle en était sûre : aucune chance d’en réchapper !.