Chapitre 3

Grèce, Sanctuaire


Kanon se réveilla. Mais il n’ouvrit pas les yeux. Un mal de crâne fou l’empêchait de réfléchir et son corps était comme paralysé. Il se sentait fatigué, épuisé. Réfléchissant quelque peu, malgré son mal de tête, il ne se souvint que de son combat contre Rhadamanthe, puis le ciel, noir… Puis l’obscurité total… Il avait sans doute divagué dans les dimensions, suivant certains cosmos qu’il sentait faiblement, mais suffisamment pour les reconnaître en étant ceux des chevaliers d’or et divins. Il y avait celui de Saga… Lentement, il ouvrit les yeux.
Il était dans une pièce claire, qui lui piqua les yeux un moment. Mais, courageusement, il les maintint ouverts. Il reconnu une chambre de l’infirmerie. L’infirmerie… L’infirmerie du sanctuaire. Son cœur battit plus rapidement à cette pensée. Il était en Grèce… Au sanctuaire… Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Inconsciemment, il sentit qu’il allait les revoir… Tous… Ils allaient être de nouveau tous ensemble… Tous les quatorze… Il trouva le courage de se redresser en position assise. Ses os lui faisaient affreusement mal, mais qu’importait. Il était vivant, et c’était tout ce qui comptait. Il allait les revoir. Il ferma les yeux et se concentra. Il sentit faiblement des cosmos. Aioros… Milo… Aiolia… Saga… Il réchauffa légèrement son énergie, la dirigeant vers son frère. Il voulait le voir, le toucher, l’entendre… Sentir qu’il ne rêvait pas, qu’ils étaient bien vivants… À peine quelques secondes plus tard, il entendit des pas qui couraient vers sa chambre et la porte s’ouvrit d’un coup.
Saga était devant l’entrée. Il regardait Kanon, réalisant à peine ce qu’il voyait. Les larmes lui montant aux yeux, tous deux crièrent le nom de l’autre et Saga courut vers son frère, après avoir claqué la porte, alors que celui-ci lui tendait ses bras. Il le prit par la taille et tomba sur le blessé, commençant à sangloter. Kanon ne le repoussa pas, trop occupé à le serrer contre lui, trop heureux de le revoir. Son frère… Son jumeau… Il se mit lui aussi à pleurer son bonheur. Et oui, derrière ces désirs de conquête et de vengeance se cachait un cœur que seules certaines personnes pouvaient réchauffer…
Kanon desserra son étreinte et commença à caresser lentement le dos de son jumeau. Ce dernier commença à se calmer et se coucha entièrement sur son frangin. Loin d’être gêné, l’ancien Dragon des mers apprécia ce contact. C’était son frère, et il l’adorait, même s’ils avaient été séparés, même s’il avait voulu le tuer au Cap Sounion. Il n’était pas lui-même, en ce temps là, Kanon le savait. Il ne pouvait pas lui en vouloir.
Saga tourna la tête, cala son front contre le cou de son frère et commença à lui caresser la joue. Kanon glissa sa main droite dans ses longs cheveux bleus et fit de calmes va-et-vient. Il adorait ça, quand ils étaient plus jeunes. Il s’arrêta progressivement de pleurer. Saga ressemblait tellement à un enfant, comme ça, qui se réfugiait vers sa mère, à cause d’un gros chagrin. Saga était plus vieux que son jumeau de quelques minutes, mais Kanon toujours été considéré comme le grand frère. Plus jeune, ils habitaient sur l’île de Milo, dans un très pauvre village. Saga et lui y étaient très souvent battus par leurs parents, pour une quelconque raison. Ils y vivaient, avec leur sœur Misao, Aioros, Aiolia et Milo. Ils ne connaissaient pas ces trois derniers, jusqu’au jour où…

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« Saga ! Kanon ! »
La petite fille, dans la chambre de ses deux frères, criait leur nom. Kanon soupira. Mais ce n’était pas possible d’avoir une sœur aussi casse-pieds… Qu’il adorait pourtant… C’était une petite fille de deux ans qui ressemblait beaucoup à ses deux grands frères. Elle avait des cheveux bleu marin jamais coiffés, de grands yeux et un sourire à faire craquer n’importe quel passant. Elle était d’un naturel rêveur, joyeux et généreux, ce qui venait de Saga. Mais elle avait aussi hérité du sale caractère de Kanon, et n’hésitait pas à le défier quand il l’énervait. D’ailleurs, Saga avait droit à de bonnes disputes quand Kanon et Misao s’y mettait. De plus, la gamine, pour son âge, était d’une grande intelligence. Elle arrivait à parler normalement et avait le physique d’un enfant de quatre ans.
Leurs parents étaient de pauvres fermiers qui se cassaient le dos pour les nourrirent et les habiller. Et encore, les jumeaux travaillaient aussi, de quoi avoir un aperçu de leur richesse. Mais ils ne s’en plaignaient pas, car ils étaient tous les trois, et ça leur était suffisant.
« Saga ! Kanon ! » Cria-t-elle de nouveau.
Les deux garçons sentirent la peur dans sa voix. Kanon se retourna, en même temps que Saga, oubliant le sommeil. La petite de deux ans les regardait, le visage affolé.
« Misao ! Qu’est-ce qui se passe ? »
Tout à coup, un tremblement. À cause de la peur et de la surprise, Misao sauta dans les bras de Saga en hurlant. Elle se serra contre lui et se mit à pleurer.
« C’est un tremblement de terre ! Vite ! Dehors ! » S’écria Kanon.
Ils se levèrent et coururent dehors, la petite dans les bras de l’un. Vite, il fallait sortir, la sortir de là. La maison commença à s’effondrer. Kanon prit le col de la chemise de son frère et le tira sous la table de la cuisine. Elle était solide, mais allait-t-elle résister au poids des murs ? Saga se colla contre son jumeau et il l’entoura de ses bras. Ils avaient peur de mourir. C’était déjà arrivé, une fois, et leur père avait failli y rester.
« Ne vous inquiétez pas… On va s’en sortir… »
Ces doux mots que Kanon avait prononcés les calmèrent quelque peu. Ils se resserrèrent tous les trois et fermèrent les yeux. Les murs s’écroulèrent soudain sur eux. C’était la fin…
Tout à coup, leur corps se réchauffa. Ce n’est pas seulement le contact entre eux, mais ça de l’intérieur d’eux-mêmes. Ils rouvrirent leurs yeux. Une aura dorée entourait leur corps, ainsi que celui de Saga. Ils refermèrent leurs yeux. L’aura grandit et créa une bulle de protection autour d’eux.

Quand ils rouvrirent les yeux, un cercle s’était formé autour d’eux, les murs abattus ne dépassant pas la limite. Ils sortirent de dessous leur refuse, Misao toujours collée à Saga. Ils ne comprenaient pas trop ce qui c’était passé. Mais ils étaient vivants, c’était le principal.
Ils regardèrent autour d’eux, cherchant une quelconque personne pouvant les aider. Soudain, ils virent un jeune garçon brun, qui devait avoir l’âge aux deux jumeaux, s’avancer, avec deux enfants dans chaque bras. Un lui ressemblait beaucoup, et l’autre avait des cheveux océan. Les gamins s’accrochaient à lui comme s’ils avaient peur qu’il parte. Le grand avait un visage calme, bien que l’incompréhension se lisait dans ses yeux verts.
« Ça va ? Pas trop de mal ? Leur demanda-t-il gentiment.
- Non, ça peux aller, lui répondit Kanon. Sais-tu ce qui s’est passé ?
- Heu… Non pas tellement… Alors que la maison s’effondrait, j’ai été protégé par une… aura dorée…
- Il nous est arrivé la même chose.
- Comment t’appelles-tu ? Et qui sont ces enfants ? Lui demanda Saga.
- Lui, commença-t-il en tournant la tête vers l’enfant de droite, c’est mon frère, Aiolia. Et lui, en se tournant vers la gauche, c’est Milo. Il a perdu sa mère, il n’y a pas longtemps. Moi, c’est Aioros.
- Enchanté. Quel âge avez-vous ?
- Eux deux ans et moi neuf. Et vous ?
- Je m’appelle Kanon et lui Saga et nous avons dix ans…
- Misao a deux ans, continue timidement l’autre jumeau en montrant la fillette. Où devons-nous allez maintenant ?
- Je ne…
- Avec moi. »
C’était une voix rauque et sévère qui avait dis ces paroles. Les deux jeunes garçons se crispèrent à Aioros, le faisant sursauter et se pincer la lèvre, sans doute de douleur. Ils retournèrent vers la voix. C’était un homme au visage sévère, avec des cheveux d’une horrible couleur gris châtain et des yeux noir. Il était très grand, très gros à leur goût, et portait une drôle de couverture en métal argentée qui lui couvrait une partie du corps.
- Qui êtes-vous ? Demanda Kanon.
- Je suis Hercule, chevalier d’argent d’Héraclès. Suivez-moi maintenant et pas de question. »
Saga n’osait pas marcher. C’est homme lui faisait très peur, entouré de cette grosse boite de conserve grise. Il resta derrière son frère. D’un commun accord, Kanon et Aioros commencèrent à suivre ledit chevalier, l’autre jumeau restant près de son frère.
Bientôt, ils arrivèrent près de la mer. Les enfants étaient épuisés, surtout Aioros. Kanon avait prit entre temps Milo, voyant la fatigue du brun. Malgré que le jeune garçon soit réticent, il se laissa quand même faire, après avoir vu l’état de fatigue de son porteur.
Ils arrivèrent vers un bateau, assez grand pour eux sept. Hercule monta dans l’embarcation et leur ordonna de le suivre. Héraclès leur montra une cabine où ils rentrèrent. Aioros s’avança vers le lit le plus proche et posa Aiolia, qui s’était endormi. Kanon vint coucher Milo et Saga Misao. Ils les couvrirent, puis le brun fit remarcher ses articulations des bras en les pliant et dépliant.
« J’en pouvait plus.
- Je te comprends bien, approuva Kanon.
- Vous devriez aller vous coucher. Il y a un lit, là-bas.
- Mais et toi ? S’inquiéta Saga. Où vas-tu dormir ?
- J’ai l’habitude de dormir assis devant la table de la cuisine. Ne vous inquiétez pas pour moi, finit-il avec un sourire.
- Désolé, mais la moindre des choses sont que tu dormes toi aussi sur un lit ! On va se serrer un peu, et on va bien dormir tous les trois ! S’exclama Kanon, apparemment outré.
- Mais…
- Pas de « mais » qui tienne ! »
Kanon sourit et tous trois s’installèrent dans un lit. Ils étaient serrés, mais étaient quand même bien. Saga, au milieu, se colla contre son frère qui le prit dans ses bras. Ils ne tardèrent pas à s’endormir.

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Il y eut ce tremblement de terre. Cette nuit-là, tout avait basculé pour eux. Ils étaient devenus par la suite de bons amis. Mais, à cause du mal inconnu qui avait pris Saga, ils avaient été séparé, plus ou moins brutalement. Aioros était mort et Kanon avait été emprisonné. Il ne savait rien sur les autres, mais ça ne devait pas être mieux.
« Kanon ?
- Hum ?
- Me pardonneras-tu ce que je t’ai fait ?
- Evidemment, espèce de crétin ! »
Saga se resserra contre son frère. Kanon sourit. Ce fossé qui s’était creusé commençait à se remplir. C’était si bon de se sentir aimé…
Saga se redressa, aidant Kanon à s’asseoir.
« Je suis vraiment content que tu te sois réveillé.
- Et moi donc ! Dis, elle est toujours ici ?
- Qui ?
- Lys. »
Le sourire de Saga se figea. Son cœur se serra à l’étouffer. Lys… Mais bien sûr, il aurait dû s’attendre à cette question. Mais… Qu’allait-il lui dire ? Comment lui dire ça ?
Kanon, inquiet, regarda Saga dans les yeux. La peur commençait à l’envahir.
« Saga… Où est Lys ?
- Lys… Elle…
- Elle… ?
- Elle est… morte…. »
Kanon sentit comme un poignard s’enfoncer brutalement dans son cœur. Sa respiration se fit saccadée, ses yeux lui piquaient. Sa bouche était entrouverte, ses yeux écarquillés. Des larmes ne tardèrent pas à envahir son visage. Il prit sa tête dans ses mains. L’inquiétude se lisait sur le visage de Saga.
« Kanon…
- Non, c’est pas vrai… C’est pas vrai !
- Kanon !
- Elle n’avait pas le droit de mourir ! Elle n’avait pas le droit !!
- Kanon !
- Pourquoi ? POURQUOI ?! »
Kanon criait. Les larmes ne cessaient de couler sur son visage. Saga ne savait que faire face à cette réaction. Il la redoutait. Oh oui, à quel point il la redoutait. Lys était la meilleure amie de son frère, il tenait à elle comme à la prunelle de ses yeux. La perdre… C’était comme se condamner à mort. Saga savait bien à quel point son frère adorait cette fille… Comme tout le monde l’aimait… Mais elle…
Prenant son courage à deux mains, Saga prit Kanon par les épaules et le secoua un bon coup.
« Kanon, du calme !
- Comment veux-tu que je me calme ?! Elle est morte !!
- Je sais que c’est difficile, mais n’oublie pas que tu n’es pas le seul à souffrir ! Pense à Aioros !
- Et moi alors ?! Elle est morte, elle n’avait pas le droit de mourir !! »
Kanon repoussa violement son frère qui tomba par terre. La chute lui fit un peu mal. Saga le regarda, apeuré.
« Saga… Qui a fait ça ? Que je le tue… »
Ça s’annonçait mal… Le gémeau avait de plus en plus peur. Il fallait qu’il arrête ça, qu’il calme son frère. Sinon, il pourrait devenir très dangereux… Il savait à quel point Kanon pouvait être violent, quand il était énervé, et seule elle était capable de le calmer, dans ces moment-là…
« Si je te dis… Qu’elle s’est laissée tuer… Tu me crois ?
- Hein ?
- C’est Shura qui l’a fait tomber du cap Sounion, après avoir tué Aioros. Lys avait refusé de ramener… de me ramener l’armure d’or… Mû a essayé d’empêcher Lys, mais elle n’a rien voulu entendre. Elle n’a rien fais pour se défendre, comme si elle avait voulu mourir… Je suis désolé, Kanon… »
Cette fois, la colère avait disparut de son visage, laissant place à une profonde tristesse. Son cœur saignait. Il avait mal, si mal… Lys, sa meilleure amie… La personne qui l’avait compris, l’avait accepté, avec qui il pouvait tout faire sans ne rien craindre… sa complice… sa rivale… son amie… Il l’avait perdue… Elle le lui avait dit… Elle l’avait prévenue…
« Kanon… Si jamais tu t’en sort et que tu reviens au sanctuaire, ne m’attends pas, je ne serais pas là…Je ne serais plus de ce monde quand tu reviendras au sanctuaire… »
Voyant la détresse soudaine de son jumeau, Saga se releva et le prit dans ses bras. Il se laissa aller, effondré. Saga connaissait son frère, mais la jeune fille blonde le connaissait encore mieux. Jamais ils ne se quittaient, jamais… Saga manquait vraiment tact, c’était fou… Le cœur serré et à deux doigts de pleurer aussi, il berça son frère, essayant de remplacer la personne perdue.

Chine, Pékin


Une pluie torrentielle battait sur Pékin, depuis le midi. C’était vraiment dommage, surtout pour les chevaliers du Caméléon et de la Vierge, qui venaient tout juste d’arriver dans le pays.
Shaka était au bord d’une fenêtre, pensif. Il voulait sortir dehors, mais June préférait qu’il restât à l’hôtel. Elle était très attentionnée avec lui, cette petite. Enfin petite… Elle n’avait que six ans de moins que lui, mais Shaka avait toujours l’impression d’être plus vieux, à cause de son esprit calme et assez développé. Tout le monde le considérait comme un être à part, mais pas seulement à cause de sa force, mais par le fait qu’il se montrait rarement en public. En fait, le jeune blond était assez renfermé, dû à son passé, mais aussi assez timide. Peu de personnes avaient vu son véritable visage. Trois seulement. Mû, Aphrodite et… Lys. La première personne à avoir vu ma face cachée.
« Derrière cette apparence calme et posée se cache quelqu’un de très timide, de curieux et qui a besoin de présence humaine. Un homme normal, quoi. » Disait-elle.
Et elle avait raison. Mû, par la suite, avait aussi appris à le connaître. Plus jeune, il était d’une curiosité incroyable et était mignon à faire fondre n’importe quelle femme. Shaka l’aimait beaucoup car il pouvait lui parler sans qu’il ne répétât quoi que ce soit. Bien qu’il soit curieux, il n’était pas du genre à répéter tout ce qu’il entendait à celui qui voulait bien l’entendre. De ce côté-là, c’était un vrai coffre-fort. Tout rentrait mais rien ne sortait. Comme sa sœur. Le chevalier de la Vierge pouvait être naturel avec lui, et ce n’était pas pour rien que le Bélier était son meilleur ami. Et enfin, Aphrodite. Shaka s’était rendu compte, vers ses six sept ans, qu’il était tombé amoureux de lui. Au début, il avait eu peur. Il ne voulait pas être homo et que les autres se moquassent de lui, Aphro le premier. Il avait pris son courage à deux mains et en avait discuté avec Mû. Il n’en avait pas ri et en avait lui-même parlé à sa sœur. Une semaine plus tard, Shaka et Aphrodite s’étaient avoués leurs sentiments l’un pour l’autre et, quelques fois le soir, ils se promenaient ensembles. Lys les avait rassuré, en prenant Mû pour exemple.
« Tu sais, Shaka, tu n’as pas à t’inquiéter. Regarde Mû. Depuis qu’il est tout petit, il est très attiré par la gent masculine. »
Oui, Mû aimait un jeune homme, à l’époque. Shaka ne comprenait ce sentiment, au début, mais il avait finit par saisir les sentiments de son meilleur ami.
June rentra dans l’appartement. Elle portait un plateau de nourriture chinois qu’elle posa sur la table de la salle à manger. Ils étaient arrivés en Chine la veille et ils partageaient un « appartement » trois pièces dans un hôtel.
« Viens manger Shaka. Ça va refroidir. »
Elle avait pris l’habitude de le tutoyer, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Le blond n’aimait pas tellement que ses proches ou amis le vouvoient, et après être venu en Inde, June avait développé une espèce d’amitié entre elle et le chevalier.
Shaka se redressa de la fenêtre où il s’était appuyé depuis un bon moment et se dirigea vers la table. Ses yeux n’étaient plus fermés. Il ne voulait plus se cacher et être naturel. La guerre était finie et son cosmos était à un niveau des plus bas.
June servit le repas et Shaka s’assit. Ils commencèrent à manger.
Tout à coup, June se figea. Shaka la regarda, étonné. Elle attendait, ou plutôt écoutait quelque chose. Le saint d’or se retourna vers la fenêtre. Le ciel était étoilé et une « étoile filante » se dirigeait vers eux. Shaka ne comprit pas sur le coup, mais ça fit « tilt » dans l’esprit de la jeune fille. Elle se leva et le prit par la taille avant de sauter contre un mur.
La comète percuta l’immeuble, rentrant dans l’appartement. June et Shaka crièrent de peur et de douleur, la boule de lumière leur faisant traverser un mur sous la pression du choc. L’immeuble commença à s’effondrer, des cris de panique se faisaient entendre. Heureusement, tout le monde était au restaurant en bas, sauf les deux chevaliers. L’immeuble manqua de s’écrouler complètement, mais resta quand même sur pied.
Shaka et June, blessés, ne pouvaient plus bouger. Le blond avait un peu de mal à comprendre ce qui se passait. C’était si rapide… Un peu plus, et il serrait mort. June l’avait sauvé…
Une foule de gens courut vers le responsable du bruit et hurlement retentit quand ils virent la personne à demi morte. Des hommes vinrent voir les autres deux blessés, qui étaient dans un état pas possible. Shaka avait un bras cassé, June s’était tordue la cheville et tout deux étaient en sang. Percuter un mur, sans armure, ce n’était pas rien.
Rapidement, des ambulances arrivèrent et évacuèrent les trois blessés. Shaka et June purent voir Dohko, dans un brancard, un masque à oxygène sur la bouche. Ils sourirent, heureux de le voir en vie, parmi eux…

Avion, direction la Grèce


Voilà quelques heures que l’avion avait décollé du Japon. Bientôt, ils allaient atterrir en Grèce, et les voyageurs pourraient enfin retrouvé leur pays. Shiryu était heureux. Il avait retrouvé ses frères et revu Shunreï. Dés qu’elle l’avait vu en vie, elle lui avait sauté aux lèvres. Le Dragon n’en avait été gêné, il était trop heureux de retrouver les personnes auquel il tenait pour rougir de honte. D’ailleurs, les autres n’avaient pas ris, approuvant intérieurement cette idée. Et c’était dans son pays natal que Shiryu avait avoué son amour à la jeune fille. Les nombreuses batailles qu’ils avaient menées les avaient écartés, mais à ce moment-là, il n’y en avait plus et ils allaient tous profiter de la vie qui leur avait été offerte.
Elle, Miho, Seika et Irina avaient décidé de les suivre au sanctuaire. Les deux japonaises ne voulaient plus lâcher Seiya et la blonde, à leur grand étonnement, ne voulait plus quitter Ichi. C’était le grand amour entre eux deux. Tous croyaient que Hyoga en aurait eut le cœur brisé. Mais il l’a accepté, au contraire, souhaitant le plus de bonheur possible à Ichi.
Shunreï posa sa tête contre l’épaule de Shiryu et il passa son bras autour de sa taille. Avant, il ne faisait jamais ces gestes, mais à ce moment-là, ils étaient comme naturels. Plus rien ne pouvait les séparer.
Une voix féminine leur demanda d’attacher leurs ceintures. Shun, derrière son demi-frère, lui tapota l’épaule. Shiryu et Shunreï se tournèrent vers lui.
« Franchement, je suis content d’avoir un grand frère et pas une grande sœur » Chuchota-t-il en leur faisant un signe de tête vers la gauche.
Ils sourirent. Seiya, assit à côté de Seika, côté couloir, dormait à poings fermés et n’était pas décidé à se réveiller, malgré les appels des deux jeunes fille. Miho était assise devant Seiya et Hyoga, juste à côté, tentait de se retenir de rire. Le chevalier de Pégase avait dû s’endormir en les écoutant parler. Il était incorrigible. Shun avait tout à fait raison. Ce dernier tenta de réveiller son frère qui dormait à côté de lui. Ikki avait bien changé, et était plus sympathique qu’avant. Tous les cinq avaient frôlé la mort, et il voulait profiter de la vie qu’on lui offrait. Shun le secoua, mais c’était peine perdue. Ikki, Hyoga, Shiryu et Seiya avaient porté tous les quatre tous les bagages. De plus, ils étaient partis la nuit. Ce n’étaient que lorsque l’avion atterrit qu’il entrouvrit les yeux. Il s’étira. Son dos craqua, le faisant grimacer. Shun, Shunreï et Shiryu riaient en silence.
« Y’a rien de marrant. » Répliqua-t-il.
L’avion s’arrêta. Les autres passagers se dépêchèrent de sortir, alors que les dix autres descendirent tranquillement, sans se presser. Ils retrouvèrent la chaleur de Grèce. Enfin de retour chez eux. Ça leur faisait un bien fou de sentir ce beau soleil leur caresser la peau et cette chaleur les réchauffer. Ça faisait quand même presque un mois qu’ils étaient restés au Japon. Hyoga, Shun, Ikki et Seiya se pressèrent d’aller chercher les bagages. Seiya voulaient surtout échapper aux filles. Ils revinrent un peu plus tard avec deux ou trois valises dans les mains. Ils sortirent de l’aéroport.
Arrivé dehors, ils restèrent bouche bée. Quatre voitures de taxi les attendaient avec Aiolia, Milo, Aphrodite et Aioros. Ils coururent vers eux. Ils se serrèrent la mains, s’étreignirent, heureux de pouvoir se revoir. Celui à qui on accordait le plus d’attention fut Aioros. Ce dernier ressemblait beaucoup à son frère, si ce n’est la couleur plus foncée des cheveux et une expression plus calme et sage se lisant sur son visage. Il n’avait pas la forme d’un garçon de quatorze ans mais de celle d’un homme de vingt-sept ans. Il avait dû en avoir, des conquêtes.
« Allez ! On rentre au sanctuaire ! Les autres vous attendrent ! » S’exclama joyeusement Milo.
Tous montèrent dan les voitures réservées et rentrèrent au sanctuaire.

Japon, Tokyo


« Alors, t’as eu combien à la dictée ?
- J’ai eu quinze. Et toi ?
- T’es chiante ! J’ai eu onze !!
- Yes !! Je t’ai battu !! »
Elle l’avait encore battu. Elle qui avait souvent des notes en dessous de lui, elle l’avait battu en dictée. Un vrai big boss. Stéphane était au bord des larmes. La jeune fille tapa son ami dans son dos.
« Allez Stéph’ ! Courage !
- Mais je vais être privé de Game Cube !
- Mais c’était un essai !
- Même. Mes parents vérifient toutes mes notes, en ce moment.
- T’inquiète ! Je t’accompagne et si t’en es privé, t’y joueras chez moi !
- Merci Misao !
- C’est ça un pote ! »
Ils allèrent à l’arrêt de bus. Le lendemain, ils seraient en vacances. Misao était aux anges. L’éclipse était finit, et elle allait bientôt pouvoir rentrer au sanctuaire. Cela faisait des années qu’elle n’y était pas retournée, et elle avait récemment reçu une lettre lui disant que quelqu’un viendrait la ramener. Elle allait revoir Camus, Saga, Kanon, Mû, et tous les autres. Enfin… presque… Rien ne serait plus comme avant, sans elle… Durant des années, elle n’avait eu aucunes nouvelles de personne. Son réconfort, c’était Stéphane, son meilleur ami depuis qu’elle était au collège. Elle lui avait parlé des chevaliers et du domaine sacré d’Athéna. Ça lui faisait du bien de se vider un peu. D’ailleurs, elle avait découvert que Stéphane, un français, était un ancien ami de Camus, quand ce dernier vivait encore en France. Stéphane avait déménagé, et le Verseau, durant un petit moment, était venu de temps en temps au Japon lui rendre visite. Mais depuis dix ans, il n’avait plus fait aucune réapparition.
Misao avait sentit en lui un cosmos, qui pourrait faire de lui un chevalier d’argent, avec un bon entraînement. Stéphane était un sportif hors paire, un entraînement au sanctuaire ne lui ferait pas de mal. Mais ça étonnait la jeune fille qu’il accepte, de même pour ses parents.
Contre un mur, était assis un homme blond, d’une vingtaine d’années, très musclé, qui avait l’air aussi stupide qu’il était moche. Stéphane et Misao passèrent devant lui. L’homme blond lui prit l’épaule.
« Salut poupée. Tu sais que t’es mignonne ?
- Je sais, on me le dit souvent.
- Ça te dirait de sortir avec moi ?
- Non, je ne sors pas avec les abrutis.
- Qu’est-ce t’as dit, là ?! »
Il la retourna et leva le bras pour la frapper. Le blond baissa son bras que Misao arrêta net.
« Non mais ça va pas ! On ne frappe pas une fille !! »
Énervée, elle commença à se battre contre lui. Elle enchaînait les coups de poings et de pieds, le garçon perdant le fils du combat. On aurait cru voir Kanon se battre, mais en version fille. Stéphane regardait, sans rien faire, de peur d’être frappé et habitué à ce genre de combat. Ce n’était pas la première fois qu’on arrêtait la jeune grecque dans la rue pour sortir avec elle. Mais elle n’était jamais sortie avec personne, étant depuis toujours amoureuse de Camus.
Misao avait l’avantage, l’homme encaissant sans rien faire. La fille le frappa dans le ventre, puis dans le point « sensible ». Il hurla de douleur. Elle lui attrapa le t-shirt et leva son point, prête à frapper.
« Salut Misao. »
Cette voix… Cette langue… Cet accent… C’était lui… Elle tourna la tête, le poids toujours en l’air.
« KIAAAAAAH !! CAMUS !! »
Elle lâcha l’imbécile qui se ramassa par terre et courut vers Camus. Il l’attrapa au vol et elle lui enlaça le cou. Il était vivant… son amoureux… son français… son chevalier des neiges…
Elle commença à pleurer. Ça faisait si longtemps qu’elle ne l’avait pas vu. C’était si bon de le sentir l’enlacer… De le voir… Et il était devenu si beau, avec les années, c’était fou.
« Allez, calme toi ! Je suis vivant ! Pas besoin de m’agripper comme ça ! »
Effectivement, elle le serrait de toutes ses forces, essayant inconsciemment de se persuader qu’il était bel et bien en face de lui. Elle relâcha sa gorge, un sourire gêné sur les lèvres, alors qu’il se massait la nuque. Stéphane s’avança timidement vers eux, les larmes aux yeux. Il le revoyait… enfin… Ses larmes étaient incontrôlables. Camus lui sourit et le brun courut dans ses bras. Après quelques minutes, ils s’écartèrent et le Verseau passa un bras derrière sa taille. Misao s’avança, Camus lui prit aussi la taille. Les deux autres passèrent un bras sur ses épaules et ils partirent, tous les trois, sans se lâcher.

Grèce, sanctuaire


Ça y est, ils étaient rentrés. De nouveau chez eux. Il ne manquait plus que Camus et Misao. Sion était arrivé à Jamir, alors Mû et Kiki étaient allés le chercher là-bas.
Aphrodite marchait dans le sanctuaire. Il faisait nuit, seuls les étoiles brillaient et apportaient une petite lumière. Tout était calme, tout était finit. Il ne lui manquait que deux choses. La première, c’est son cosmos. Il avait très peu d’énergie en lui, malgré l’entraînement qu’il faisait avec les autres, qui n’en n’avaient plus aussi. Ça le dégoûtait. Il n’était à peine capable de réveiller son énergie intérieure. Et Athéna qui n’était toujours pas revenu… Ça l’inquiétait beaucoup. La deuxième chose qui lui manquait, c’était Shaka. Il n’avait pas eu l’occasion de lui parler seul, ces temps-là, avec leur retour spectaculaire. Shaka… C’était lui qui lui avait le plus manqué, avec Camus. Au début, le chevalier de la Vierge et Aphrodite s’aimaient, mais depuis la fameuse nuit où Aioros est mort, tout avait changé, et tous deux s’étaient plus que séparés. Ils ne se voyaient que rarement, leurs sentiments enfuis au plus profond de leur cœur.
Une douce brise caressa ses cheveux bleu pale. Ça lui faisait du bien. Il avait l’impression de ressentir sa main… Lys… sa main… Des gouttes d’eau perlèrent ses cils. Elle aussi lui avait énormément manqué. Mais ce n’était pas pareil. Il ne l’avait pas revu depuis quatorze ans. Pourtant, il donnerait tout ce qu’il avait pour qu’elle revienne parmi eux. Les chevaliers divins l’apprécieraient beaucoup, il en était sûr. Elle était aimée de tout le monde au sanctuaire…
Il tomba à genoux et mit sa tête dans ses mains. Sanglotant, des larmes amères et douloureuses coulèrent sur ses joues pâles. Il les avait retenus depuis si longtemps… Il n’en pouvait plus de se retenir, de l’oublier, de l’effacer… Il l’aimait tant… Pourquoi était-elle morte ? Pourquoi s’était-elle laissée tuée ? Pourquoi n’a-t-elle pas repris l’armure du sagittaire pour se rebeller ensuite contre le sanctuaire ? Tout aurait été moins dur… Tout aurait été moins douloureux… Tout aurait été plus facile…
« Ça va Aphrodite ? »
La voix si douce lui serra le cœur. Shaka… Il ne dit rien et releva pas la tête. Il voulait qu’il parte, qu’il ne le voie pas de cet état, les yeux rougis et les joues humides. Mais Shaka, inquiet, s’accroupit à coté de son ami et passa son bras autour de ses épaules. Il écarta ses mains et prit le menton du jeune homme.
« Pourquoi tu pleures ? » Lui demanda-t-il doucement.
Aphrodite avait la gorge nouée. Derrière ce masque féminin et ironique ce cachait un homme sensible sue le moindre changement choquait. La Vierge aux cheveux d’or le regarda avec ses beaux yeux bleus. Le suédois ne pouvait pas répondre, il n’en avait pas la force. Le blond lisait en son ami comme dans un livre ouvert, et devina ce qui le tracassait. Il s’agenouilla.
« Je suppose que c’est à propos de Lys ? Chuchota-t-il.
-Oui… »
Il rapprocha son visage et lui embrassa la joue. Aphro’ aimait sentir ces lèvres sur sa peau. Shaka l’attira vers lui et le prit dans ses bras. Le Poisson se serra contre son torse, lui enlaçant le cou. Le blond lui caressa doucement le dos, dans de longs et doux va-et-vient. L’homme aux cheveux bleu n’avait pas honte de montrer ses sentiments avec lui. Camus, bien qu’étant mon meilleur ami, n’était pas la personne qu’il aimait. Ce n’était pas pareil. Avec Shaka, il pouvait tout faire. Jusqu'à l’embrasser. Ils s’aimaient. C’était tout.
Doucement, Aphrodite se recula de lui et le remercia. L’autre lui répondit par un sourire et l’aida à se relever. Debout, il lui enlaça la taille, ils partirent vers la plage. Le suédois aimait être avec lui. Plus qu’avec tout le monde… mais elle…


« Allez ! Debout espèce de faignant !
- Encore cinq minute Aioros…
- Les cinq minutes deviendront cinq heures ! Allez ! On a entraînement aujourd’hui !
- Justement. »
C’était déjà le matin. Aiolia n’avait pas du tout envie d’aller s’entraîner. Son cosmos était aussi faible que celui d’un apprenti d’un an, et il n’avait plus de force. Il voulait rester au lit et dormir. Mais Aioros ne le voyait pas de cet œil-là et tira sur l’oreiller, coincé entre les bras et la tête de son frère. Ce dernier tint bon. Il ne voulait pas sortir, ce qui provoqua le mécontentement de son aîné.
« Aiolia ! »
Il ne bougea pas. Le Sagittaire commençant à perdre patience, il souleva le drap. Il prit les chevilles de son frère et le tira du lit, comme quand ils étaient enfants. Ça avait toujours le don de le réveiller. Aiolia se débattit comme un beau diable, mais les sept ans qui les séparaient ne comptaient pas pour du beurre et il finit par glisser, ou plutôt tomber par terre, se cognant le menton. Il cria sur son frère, qui ne le lâcha pas pour autant, et continua à le tirer tant bien que mal. Le Lion bougeait ses jambes dans tous les sens, l’oreiller toujours dans sa main, mais Aioros avait la poigne ferme quand il voulait. Il le traîna jusqu'à la cuisine, où il le lâcha enfin. Fâché après avoir fait tout le trajet sur le ventre, Aiolia cria sur son aîné.
« Pourquoi tu m’as tirée du lit ?! Je suis fatigué !!
- Justement ! C’est pour te réveiller ! En plus, on a entraînement aujourd’hui.
- Mais à quoi il peut nous servir ? Nous sommes raplapla. On a plus une onde de cosmos.
- Je sais… Mais c’est pour ça qu’il faut s’entraîner ! File te laver ! Tu mangeras après. »
Ah les grands frères. C’était vraiment saoulant. Il avait vingt ans, mais il continuait pourtant à l’écouter. Il n’avait pas changé. Toujours à lui donner des ordres, mais toujours pour son bien-être. Il avait toujours raison.
Dans la salle de bien, il se déshabilla et rentra dans la douche. L’eau tiède lui coula dans le dos, le réveillant complètement. Une bonne odeur se fit sentir. Du chocolat. Aioros était en train de préparer son petit-déjeuner. Ça lui rappelait son enfance. Ses parents, pauvres, s’occupaient rarement de lui. Aioros avait été comme sa mère. Quand il avait eu son armure, à douze ans, il avait pris la peine de prendre en charge l’entraînement de son cadet. Enfin… après avoir été convaincu par Lys. Sans elle, Aiolia ne serait pas devenu le chevalier d’or du lion. C’était l’amoureuse d’Aioros. Il les avait surpris un soir, avec Mû et Milo, en train de s’embrasser. Le brun n’avait pas arrêté de l’embêter, le lendemain. Mais ça ne l’avait pas énervé, au contraire. Il en avait rit et avait été étonné de ne pas les avoir vu. Lys avait dû nous sentir, par contre. Elle était capable de sentir un cosmos à des kilomètres à la ronde et de connaître son possesseur. Mû n’avait pas été grondé non plus. Il ne l’avait jamais été. Elle l’avait même félicité d’avoir caché son cosmos à Aioros. Qu’est ce que c’était bizarre les sagittaires. Et qu’est que ça mourrait jeune…
« Aiolia ! Qu’est-ce que tu fais ?! » Cria soudain Aioros.
Le grec se dépêcha de se sécher et courut dans la cuisine en tenu d’entraînement. Assit, Aioros lui tendit un bol fumant qu’il porta à ses lèvres. Aiolia regarda l’heure. Dix heures et dix. Il faillit s’étouffer. Aioros rit et lui passa une serviette.
« Il est dix heures dix ?!
- Et bien oui.
- Mais t’aurais pu le dire avant ! Les autres vont me tuer ! »
Normalement, ils avaient tous rendez-vous pour neuf heures et demi. Là, il allait se faire tuer. Et encore, il y avait Aioros, il allait arranger le coup.
« On y va maintenant ! »
Aiolia se leva, prit le bras de son frère et sortit en vitesse. Il fait chaud dehors, par rapport à l’intérieur de chez Aiolia. Nous sommes bientôt rejoint par Misao et Stéphane qui sortent du temple des Gémeaux. Elle avait dû comme le Lion rester au lit et son copain avait dû essayer de la réveiller. Ça faisait bizarre de voir ce jeune rouquin de vingt ans au sanctuaire et qui, quand ils auraient tous retrouvé leur cosmos, deviendrait l’apprenti de la sœur des Gémeaux. Il lui en faudra, du courage. Raphaël n’était pas très doux, vu comment il s’était occupé de Mû, il y avait quatorze ans. Aiolia se demandait vraiment comment ces deux-là avaient pu tomber amoureux. Le problème, c’était que Misao était éprise de Camus. Elle ne pouvait pas être avec deux hommes à la fois. Quoique…
Ils arrivèrent aux arènes. Tous les chevaliers étaient là, les filles dans les gradins. Aphro’ vint à notre rencontre, un sourire moqueur aux lèvres.
« Alors, mes chéris, on est en retard ?
- Désolé Aphrodite… commença Aioros.
- … ils ont eut une petite panne d’oreiller… poursuivit Stéphane en faisant un signe de tête vers nous.
- … alors ont les a réveillés comme on a pu » Finit l’aîné.
Aphrodite était devenu plus familier avec les autres. Mais pas seulement lui. Tout le monde, en fait. Les chevaliers divins, de bronze et d’argent, s’étaient aussi très bien intégrés au groupe. Ils étaient comme dans une famille, bien que les liens de sang n’existassent pas vraiment.
Ils se mirent par groupe de deux et commencèrent à s’échauffer. Ikki, avec Aiolia, se montra assez brutal. Sans doute à cause de son absence. Il lui lançait des coups de pieds et de poings que le Lion réussit à arrêter ou à éviter. Certains lui échappaient. En fait, le phénix essayait surtout de le réveiller. Et le meilleur moyen pour quelqu’un qui vient juste de se lever, c’est de frapper.
« Arrête Ikki !! »
Tout le monde se retourna vers Aiolia, qui venait de crier. Le phénix le regarda, très étonné. Aiolia se sentait mal. Il avait l’impression qu’il allait se passer quelque chose… mais surtout, c’était à l’intérieur de lui. Il sentait comme une chaleur agréable, qui ne lui était pas inconnu, le réchauffer de l’intérieur, se répandre dans tout son corps. Il ferma les yeux et se concentra. Une aura dorée entoura son corps. Son cosmos perdu commençait à revenir doucement à l’intérieur de lui. Mais il n’était pas le seul à le retrouver. Tout autour de lui, les autres chevaliers recouvraient aussi leur cosmos. Ils se sentaient bien, serein… Leurs pieds quittèrent le sol de plusieurs centimètres. Ils sentirent soudain une énergie caresser leur cœur. Une seule personne pouvait avoir un tel cosmos… Une telle douceur…
Leur cœur et leur gorge à nous treize hurlèrent :
« LLLLLLYYYYYYYYYYSSSSSS !!! »
C’était elle, ça ne pouvait être qu’elle… Leurs cosmos baissa en intensité, mais resta dans leur cœur. Aiolia rouvrit les yeux. Les chevaliers divins, y compris Dohko, les regardaient tous les quatorze, stupéfaits et ne comprenant pas se qui leur est arrivés. Ils ne pouvaient pas comprendre, ils ne pourraient jamais…
« KIAAAAH !!! »
Un cri féminin se fit entendre. C’était Misao, les fesses par terre, qui avait hurlée. Un autre corps se dédoublait de celui de la jeune femme. Kanon, inquiet, lui dit de se dégager vers la gauche. Elle le fit et un jeune homme avec les cheveux en pagaille blond, portant une veste et un pantalon en cuir noir à reflet, resta au sol.
« RAPHAËL !! »
Personne n’en croyait ses yeux. Raphaël… Raphaël s’était dédoublé du corps de Misao…
Son histoire remontait à longtemps. Il y avait des années, un soir, Misao avait disparut. Elle n’était pas revenue à la cabane où les apprentis chevaliers d’or, en majorité, dormaient la nuit. Ils étaient inquiets pour la petite et, une fois la nuit complètement tombée, ils étaient partis à sa recherche. Saga et Kanon était beaucoup trop inquiets pour leur petite sœur, qui n’avait que quatre ans, à cette époque. Ils l’avaient cherché, tous les treize, chacun de leur côté. Enfin, ils s’étaient tous retrouvés à la plage. Et là, ils avaient retrouvé la petite. Elle était allongée sur le sable, une épée en or plantée dans le ventre. Tout l’avaient cru morte, Saga et Kanon et s’étaient même mis à pleurer. Mais Lys, loin de s’en faire, s’était avancée près du corps et avait retiré la larme. Elle était partie sans faire couler la moindre goutte de sang, refermant la plaie en même temps. Et Misao s’était réveillée. Depuis ce jour, elle était capable de se transformer à n’importe quel moment de la journée en un garçon blond d’une quinzaine d’année, du moins à l’époque. Un démon des enfers avait réussit à ressortir du monde des morts et avait pris possession de la petite. Heureusement pour elle, ce jeune homme n’était pas du genre « je vais tous vous tuer et conquérir la terre ». C’était quelqu’un de sympathique, en qui on pouvait avoir confiance, bien que Lys s’en soit méfier, quand Mû était tombé amoureux de ce blondinet.
Raphaël, ayant un corps de vingt ans à ce moment-là, resta assit par terre et regarda ses mains, qu’il plia et replia. Il se toucha les bras et les jambes, et regarda les autres, sans comprendre.
« Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Demandèrent en chœur Misao et Ralph’.
- Ça ne se voit pas ? Dit Milo. Vous vous êtes dédoublés !
- Mais c’est impossible ! S’écria le blond. Je suis né dans son corps !
- T’es un homme quand même ! Répliqua Misao. J’en avais un peu marre de me transformer en fille et en garçon dans la même journée. Le plus gênant, c’est de changer d’entrejambe.
- Et puis, tu as ton corps à toi, maintenant » Poursuit mon Shura.
Raphaël n’avait pas l’air très content de la nouvelle. Il devait aimer être dans le corps d’une fille au si jolie et qui avait d’aussi belles formes que Misao. Il fit une moue dégoûté, ce qui lui valu un bon coup sur la tête de la part de la grecque.
Soudain, ils sentirent une présence. Une présence divine, qui avait repris sa place dans son temple. Ils sourirent. Ça y est, elle était revenue… Dans un même élan, ils mirent à courir comme des malades vers les temples.
Arrivé au treizième, Sion ouvrit les portes de la salle du trône. Ils y découvrirent celle que ils attendaient depuis des mois, des semaines, des jours, allongée par terre, inconsciente.
Athéna… était revenue… à ce moment-là, personne ne manquait à l’appel. Le sanctuaire allait pouvoir vraiment revivre. Marine s’approcha de la jeune fille divine aux cheveux violets et prit son pouls. Il était normal, elle était juste fatiguée. Elle appela Saga pour qu’il vienne la porter jusqu'à une chambre. Il accepta, la prit doucement dans ses bras et sortit de la pièce. Les autres le suivit. Seul Aiolia resta. L’Aigle se demanda bien pourquoi. Elle s’approcha de lui et posa sa main sur son épaule.
« Aiolia… Est-ce que ça va ?
- Non… J’ai l’impression que ça va recommencer…
- Quoi donc ?
- La guerre. »