Tout reste à faire
(Kyo)
Nous étions revenus. Tous… Les douze chevaliers d’or
et les cinq chevaliers divins étaient de retour sur Terre. Athéna
nous avait fait tous recouvrir la vie grâce à son cosmos. Elle
avait recréé les corps des saints d’or et transféré
leur esprit à l’intérieur, et moi, elle m’a guérie
et sauvée.
Nous étions tous heureux de vivre, de pouvoir nous voir, de pouvoir
côtoyer les personnes qui nous sont chères, d’avoir sauvé
la planète. Tous, sauf moi. Aussi loin que je me souvienne, j’ai
toujours rêvé de vivre dans un monde sans barrières où
tous seraient heureux de vivre comme ils le sentent, sans que qui que ce soit
ne les commende. Oh oui, je croyais en ça, sans doute car j’étais
un orphelin. C’est d’ailleurs avec ce rêve que je me suis
toujours battu corps et âme durant les différentes batailles
que nous avons dû mener. Mais tout passe si vite… Nous avions
reconstruis le Sanctuaire d’Athéna. J’en étais heureux
car nous pouvions tous y vivre et assurer la protection de notre déesse.
Mais non. Je ne étais encore qu’un gamin. Ils sont tous partis
les uns après les autres chercher un enfant qu’ils allaient entraîner
pour qu’ils assurent leur descendance ou qu’ils devienne un chevalier
d’argent. Puis, ils sont revenus avec un enfant « sous le
bras ». Ils les ont amenés dans ce Sanctuaire si vide, froid
et sombre…
On a construis des murailles privées de lumière
Je regardais les entraînements qu’ils subissaient. Ces gosses, comme je le pensais, n’étaient pas du tout consentants. Je les voyais pleurer, crier, tomber… sous les yeux tristes de leurs professeurs. Je ne comprenais pas. Pas du tout. Je croyais pourtant qu’ils avaient compris à quel point c’était douloureux d’être emmené de force dans un lieu d’entraînement, privé de liberté, de joie, de chaleur humaine… Je croyais pourtant… Et moi qui ne souhaitais que de la joie pour ces enfants, garçons comme filles…
Rêvés de jardins, de fleurs
Mais pas de ce futur sombre, dans lequel ils devront entraîner d’autres mômes ou sinon se battre contre je ne sais quel dieu…
L'ombre et la poussière
Pour essayer d’égayer un peu les apprentis, j’ai construis des cabanes pour eux. Lors des heures de repos, ils venaient me voir pour jouer. Au début, ils n’osaient pas, mais heureusement, il y a Kiki. Sans lui, que deviendraient-ils ? Je n’osais l’imaginer. D’ailleurs, Je trouvais que Mû était vraiment le plus compréhensif de tous. Kiki était assez puissant pour devenir un chevalier d’argent, et pourtant le chevalier du Bélier trouvait toujours une excuse pour continuer à être son maître et de ne pas entraîner un autre élève. Je l’admirais pour ça, pour son sang-froid face au regard que les autres lui lançaient à chaque fois qu’il refuse de lâcher Kiki…
J'y ai fait quelques mondes, quelques endroits
Pour sa ténacité face à Saori. Combien de fois l’a-t-elle
convoqué ? Je n’en savais rien, mais très souvent.
Il commençait même à se faire rejeter, bien qu’Aldébaran,
Saga, Kanon et Shaka continuaient à lui parler. Les autres, rien.
Je marche vers le cratère. Souvent, je marchais au bord du chemin,
bordant la plage, menant à la falaise. Beaucoup venaient s’entraîner
ou simplement se promener sur cette plage. Quand les enfants étaient
là, on les espionnait et on riait bien. C’était bien l’endroit
que je préférais dans le Sanctuaire, car souvent Shina venait
s’y entraîner.
Mon préféré, celui d'où je te vois
J’avais mit tout mon cœur à la reconstruction de ce sanctuaire, espérant qu’il servirait à autre chose qu’à entraîner de pauvres enfants soit abandonnées, soit arrachées à leur parents, même s’il n’en restait qu’un seul, comme pour moi. J’avais aidé autant que j’ai pu, malgré ma grande maladresse, à la reconstruction des temples zodiacaux, espérant que plus jamais un ennemi ne vienne poser les pieds à l’intérieur.
J'y ai mit tout mon coeur et tout mon savoir faire
Mon bonheur de retrouver les miens, d’être en vie, de pouvoir rebâtir le lieu où j’ai vécut durant six ans m’avait donné une force herculéenne. Je me sentais capable d’accrocher le ciel et la Terre ensemble. C’était peut-être un peu exagéré, mais je me sentais si bien et j’étais si heureux de ne pas être mort, que ma déesse m’ait offert la chance de pouvoir vivre avec ceux que je désirais tant connaître… J’accomplissais beaucoup de taches et tout le monde m’en remerciait, car grâce à ça, tout avait été reconstruit rapidement.
Rassemblé tout mes efforts
L’'horizon et la terre
J’étais heureux. Tellement heureux… Mais il a fallut
que Saori me convoque de nouveau. On devait partir chacun de notre côté
pour trouver un apprenti, et j’avais refusé. Seulement, je n’avais
jamais de bonne raison pour ça, et on avait commencé à
me crier dessus, à se montrer réticent… agressif envers
moi. Et la déesse en a eu marre et m’a convoquée. Tous
étaient là et elle avait commencée à me parler
méchamment en m’ordonnant d’entraîner quelqu’un.
J’avais de nouveau refusé et elle a essayé de me convaincre,
puis les autres ont commencés à me crier dessus. Mais, j’avais
continué à refuser et je me suis mis à les provoquer,
tellement j’étais énervé. Puis, Aiolia m’a
frappé. Je lui ai rendu son coup et on a commencé à se
battre sérieusement.
J’ai perdu. J’ai perdu ce combat. Je me suis senti trahis. D’un
côté, personne ne voulait me comprendre, et de l’autre,
je refusais un ordre d’Athéna. J’avais les larmes aux yeux.
Puis, ils avaient commencé à partir. Mû s’était
approché de moi pour m’aider mais Kanon l’avait violemment
pris contre lui.
« Ne t’approche pas de lui. »
Le jeune homme allait répliquer, mais l’ancien général
l’en avait empêché en l’embrassant. Mon cœur
s’était serré et j’avais tourné la tête.
Shina était debout, à quelques mètres de moi.
Et tu m'as vu, une ou deux fois près de toi ramper
Elle a tournée les talons et elle est sortie de la pièce.
Cette fois, mes larmes ont coulé sur mes joues.
Et maintenant, elle ne m’adresse plus ni un regard, ni un mot.
Depuis tu n’m'as plus jamais regardé
Je l’aimais… Je pensais pouvoir le lui avouer et ensuite vivre avec elle quelque part, n’importe où du moment qu’elle serait heureuse. Je pensais qu’elle me comprendrait, qu’elle saurait interpréter mes paroles et mes réactions que les autres semblaient ne pas accepter du tout. Mais non, rien de tout ça ne pourra se faire…
Tout reste à faire
Car elle ne m’aimais pas vraiment. Je l’ai bien compris au moment où elle a détourné le regard, quand j’étais à terre. Elle semblait dégoûtée. Ça ma fait mal, si mal. J’en ai tellement pleuré…
Tout reste à faire
Kiki est venu un soir en cachette me consoler, ainsi que Mû. Mes frères
ne sont même pas venus. Shiryu était en Chine, Hyoga en Sibérie,
Shun sans doute sur l’île d’Andromède avec June et
Ikki sur l’île de la mort. Même Seika ne me parlait plus,
m’en voulant trop et étant occupée avec Jabu. Ils m’ont
tous laissés, abandonné. Et je ne l’avais réellement
réalisé qu’à ce moment-là. Entre les bras
de Mû et Kiki, j’avais pleuré comme je n’avais jamais
pleuré. J’avais même crié, au bout d’un moment.
J’avais bien cru qu’ils allaient partir, mais ils étaient
resté avec moi jusqu’au matin. Kanon avait bien engueulé
son amant le lendemain, mais ce dernier n’en avait que faire et lui
a répondu qu’il faisait ce qu’il voulait et l’a regardé
avec une indifférence totale. Si Kiki n’avait pas été
là, je suis sûr que Kanon aurait cru qu’il s’était
passé quelque chose entre nous et il aurait essayé de me tuer.
Plus tard, Shina est venue me voir. Elle s’est excusée pour l’autre
jour et m’a avouée qu’elle m’aimait et qu’elle
avait souffert de n’avoir pas pu m’aider. À ce moment,
c’est comme si un couteau venait de me transpercer le cœur. Elle
s’excusait, m’avouait des choses auxquelles je ne pouvais plus
croire, et tout ça après ma crise de larmes. Elle me dégoûtait.
Elle pensait vraiment que j’allait la pardonner, alors qu’elle
s’occupait plus de l’image qu’elle donnait qu’à
moi ?
Si tu viens éclairer mon âme quand j'en ai besoin
Alors qu’elle n’était pas venue me voir, juste après pour me consoler de la honte que j’avais eu ? C’est Mû, un homme que je ne connaissais que depuis peu de temps qui a répondu à mon appel de détresse. C’est lui, accompagné de son disciple, qui est venu sécher mes larmes au risque de perdre l’homme qu’il aimait.
Si tu viens desserrer les lames autour de mes mains
J’ai cru que j’allais de nouveau pleurer. De tristesse, de détresse,
de colère, de rage, de haine ? Je ne sais pas, mais mon cœur
me faisait affreusement mal.
« Seiya… Pourquoi refuses-tu de prendre un apprenti ?
De te mettre ainsi la honte devant tout le monde ? »
Je ne lui ai pas répondu. Je ne lui ai rien dit. Pourquoi ? Parce
qu’elle n’avait pas été là pour moi quand
j’ai eu besoin d’elle, elle n’avait pas essayé d’apaiser
le poids que j’avais sur le cœur. Si elle l’avait fait, je
lui aurais tout dit. Mais à quoi bon, elle ne pouvait pas comprendre.
Personne ne le pouvait et deux pouvaient m’écouter. Et ces personnes
étaient le chevalier du Bélier et son jeune apprenti.
Je pourrais t'expliquer la chute libre
Les bons choix
Te montrer les couleurs qui ne vont pas
Mais maintenant, c’est fini. Je n’en peux plus de tout ça. C’est un vrai cauchemar qui ne cesse d’empirer. Je suis séparé de toutes les personnes que j’aime, de tous mes compagnons d’arme, de ma sœur. Seuls les apprentis égayent ma vie, que je vois à présent comme une masse grise, encore plus sombre que lors de mes années d’entraînement. Même lors d’une bataille, quand tout était presque perdu, je me sentais beaucoup mieux que maintenant. À présent, je suis sur un volcan qui va bientôt commence à entrer en irruption. Je sens déjà la terre trembler. C’est peut-être un geste lâche de se suicider ainsi, c’est peut-être contre tous mes idéaux, mais après tout, à quoi bon vivre, si cette vie est sans bonheur et contre tous les espoirs qui avaient fais ma force ? Personne ne me regrettera. Si, peut-être. Kiki et Mû, que j’ai embrassé sur le bouche juste avant de m’enfuir. Il a fais une drôle de tête, mais je n’ai pas pu résister.
Tout reste à faire
La Terre a encore un bon nombre années à exister et à
être protégée. Mais jamais, au grand dieu jamais, elle
ne sera un monde de paix comme je l’avais imaginé. Jamais personne
ne sera vraiment en sécurité et confiance avec qui que se soit.
Enfin, malgré ce que je pense, j’espère que personne ne
pensera la même chose que moi. Je ne le souhaite à personne.
Le volcan explose et la lave commence à couler. Il va m’atteindre…
Adieu Kiki… Adieu Mû…
…
Tout reste à faire