« Il finira par te réclamer… »





Derrière le Temple d’Athéna, la Forge divine avait atteint son rythme de croisière : Ikki et Aiolia se relayaient toutes les trois heures, assistés par Shunrei qui s’efforçait de leur rendre la tâche plus aisée ; Héphaïstos modelait les armures, pendant que Shiryu y répandait de la Poussière d’Etoile ; Mu, quant à lui, finissait de ciseler les détails à l’aide de ses outils célestes.
L’atelier se mettait en route au lever du soleil et ne s’interrompait que pour les repas, continuant tard dans la nuit car la lueur des cosmos en activité fournissait beaucoup de lumière. De temps en temps, d’autres Chevaliers passaient, principalement Aioros et Shura. Ils prenaient alors le relais pour chauffer la forge, mais leurs cosmos qui n’étaient pas basés sur le feu s’épuisaient beaucoup plus vite que ceux d’Ikki et Aiolia.
Les artistes avaient commencé par la Kamui d’Athéna, puis s’étaient attaqués aux armures divines des cinq héros. A présent, après deux jours de labeur intense, Héphaïstos était en train de déterminer la masse d’orichalque à utiliser pour l’armure du Bélier pendant qui Mu mettait la dernière touche à celle d’Andromède. Toutes les protection avaient la même nuance, celle de l’orichalque pur ; leurs couleurs propres ne viendraient que lorsqu’on les rendrait vivantes grâce à des offrandes de sang humain.
Shiryu se redressa un instant, étirant son dos douloureux, et jeta un coup d’œil à son frère qui se reposait, assis contre une colonne. Agenouillée à ses côtés, Shunrei lui passait un linge humide sur le front. Le poste du Chevalier du Dragon était déjà éprouvant, il n’osait imaginer ce qu’Ikki devait endurer en faisant brûler son cosmos à une intensité constante pendant deux heures, seulement relayé par Aiolia et de trop rares visiteurs. En effet, seule Ardanna semblait en mesure de résister à l’effort que cela demandait, mais Athéna lui avait ordonné de s’éloigner de la Forge la veille, lorsque la jeune fille avait entretenu la chaleur durant quatre longues heures avant de défaillir.
Shiryu aperçut une étincelle dans le regard de Shunrei et sourit intérieurement. Depuis quelque temps, ils s’étaient rendus compte que le lien qui les unissait, bien que très fort, n’était pas de nature amoureuse. Ayant été élevés ensemble, ils se considéraient plus comme frère et sœur… Ikki repoussa la main de la jeune fille en grognant et le Chevalier du Dragon fronça les sourcils. Shunrei ne semblait pas indifférente au charme ténébreux du Phénix, mais n’avait manifestement pas adopté la technique d’approche adéquate. Cependant, Shiryu soupçonnait Ikki d’agir par égard pour lui - tous croyaient plus ou moins que la jolie Chinoise et lui étaient ensemble - plutôt que par réelle antipathie envers elle. Du moins, il l’espérait… Il tenterait de lui parler le soir même.
Il répandit uniformément une pincée de Poussière d’Etoile sur la masse de métal en fusion qui sortait du foyer, puis en rajouta selon les instructions du dieu, tout en réfléchissant à ce qu’il pourrait dire à son frère. Penser ainsi aux autres l’empêchait de s’interroger sur ses propres sentiments. Car lui-même était en pleine confusion… Il lança un regard au Chevalier du Bélier installé non loin de là et ravala un soupir. Mu était un grand ami de son Maître ; il avait toujours soutenu Athéna et aidé les Chevaliers de Bronze durant leurs batailles, principalement en réparant leurs armures endommagées. Mais depuis deux jours, Shiryu sentait que l’estime qu’il portait à l’Atlante était en train de se muer en quelque chose de beaucoup plus fort, et ce changement l’effrayait un peu.
Le soleil était déjà couché depuis une bonne heure lorsque Héphaïstos alla déposer l’armure du Bélier auprès de son propriétaire, qui finissait celle de Shun. Puis le dieu décréta que la journée était terminée et tourna les talons en souhaitant une bonne nuit à ses compagnons, imité par Aiolia qui avait sans doute hâte d’aller retrouver Marine. Pour des raisons de commodité, tous logeaient dans le Temple d’Athéna qui, par bonheur, était immense. D’ailleurs, la déesse se réjouissait de l’agitation régnant dans sa demeure d’ordinaire si austère.
Shiryu fit signe à Shunrei de partir devant, tout en se promettant de revenir aider Mu après avoir parlé à son frère.
- Ikki ? Peux-tu m’accorder une minute ?
Le Phénix acquiesça et le suivit un peu à l’écart. Ils s’assirent sur une colonne effondrée et restèrent un instant silencieux, à admirer les constellations. Au bout de quelques minutes, Ikki rompit le silence :
- Je t’écoute.
Shiryu hésita à aborder le sujet directement, puis se décida :
- Je voulais te demander… as-tu remarqué un changement chez Shunrei, récemment ?
- Elle commence à développer un cosmos.
Le Dragon sourit. Lui aussi l’avait vu, ils en avaient déjà parlé avec Athéna et Dokho. La jeune fille commencerait bientôt son entraînement, même si elle avait dépassé l’âge requis.
- Je sais. Ce n’est pas de cela dont je voulais te parler.
Le Phénix lui lança un regard exaspéré.
- Si tu as quelque chose à dire, fais-le, et cesse de tourner autour du pot !
Shiryu soupira et se jeta à l’eau.
- Je sais que tout le monde croit que nous sommes… plus que des amis, elle et moi. Dans un sens, ce n’est pas faux… Nous nous considérons comme frère et sœur, vois-tu ?
Devant le silence d’Ikki, il continua :
- En tant que tel, mon rôle n’est pas de la pousser dans les bras de mon psychopathe de frère, mais je pense qu’elle est assez grande pour choisir par elle-même, tu comprends ?
Le Chevalier du Phénix mit un petit moment pour assimiler ce que son frère venait de dire. Puis il le regarda et dit d’un ton mi-moqueur, mi-furieux :
- Me prendrais-tu pour un imbécile, Shiryu ?
- Pas du tout, répondit celui-ci avec un petit sourire qui, même dans l’obscurité, n’échappa pas au regard de lynx d’Ikki. Je te donne tous les éléments afin que tu puisses y réfléchir.
- Tu devrais ouvrir une agence matrimoniale, marmonna Phénix. A propos, qu’en est-il de toi ?
- Moi ? fit Shiryu, la bouche soudain sèche.
- Oui, toi. Toi et ton air énamouré à chaque fois que tu poses les yeux sur un certain Chevalier d’Or. Tu as beau être discret, je l’ai remarqué.
- Rien ne t’échappe, murmura le Dragon après un instant de silence.
- En effet. Je suis très perspicace, déclara Ikki d’un air tellement suffisant que son frère, malgré son humeur sombre, éclata de rire. Qu’attends-tu ?
- J’attends que tu admettes que Shunrei ne te laisse pas indifférent, répondit Shiryu, son sérieux retrouvé.
- Et moi qui me trouvais perspicace… (Le Chevalier du Phénix marqua une pause.) Tu sais très bien que l’amour et moi ne pouvons vivre ensemble. Il meurt, je survis. Je survis, mais une part de moi meurt avec lui. Je ne veux pas exposer Shunrei à ce danger.
Le Dragon fut ému par l’amertume extrème qu’il décelait dans la voix de son frère. Les larmes aux yeux, il parvint quand même à articuler :
- Elle est beaucoup plus forte que tu ne le penses. Crois-moi.
- Elle a déjà failli mourir à cause de l’affection que tu lui portes. Que se passera-t-il si nous sommes deux à tenir à elle ? Elle va devenir la cible favorite de nos ennemis, après Saori ! [1]
- Tu ne peux pas te couper du reste du monde sous prétexte que tu le mets en danger ! protesta Shiryu. D’autre part, Shunrei fera bientôt partie des nôtres. Elle et Seika vont commencer un entraînement pour devenir des femmes Chevaliers.
Ikki se contenta de secouer la tête.
- L’amour est ce qui fait notre force ! Considères-tu tes sentiments envers Shun comme une faiblesse ? Est-ce parce que tu nous aimes, nous, tes frères, que nous sommes condamnés à mourir ?
- C’est différent ! s’écria Phénix. Vous êtes assez forts pour vous défendre ! Comment pourrais-je avoir l’esprit tranquille en la sachant menacée en permanence ?
- D’autres peuvent se charger de sa sécurité. Tu n’es pas le seul Chevalier d’Athéna sur cette terre, tu sais.
- Cela ne me rassure pas.
- Tu es une vraie tête de mule ! soupira le Dragon. Je te laisse réfléchir, je vais aller aider Mu à finir son armure.
Il se leva, laissant son frère ruminer leur conversation, et revint à la forge où le Chevalier du Bélier travaillait à la lumière de la lune, son cosmos doré brillant entre ses mains. Shiryu concentra sa propre cosmo-énergie en une petite bille verte, une étoile miniature qu’il laissa s’élever et rayonner au-dessus de sa tête. Mu leva des yeux exténués vers lui et esquissa un sourire de remerciement.
- As-tu besoin d’aide ? demanda doucement le jeune homme brun.
- Non. Mais tu peux rester, ta lumière est agréable pour travailler.
Shiryu s’assit en tailleur à ses côtés, admirant la dextérité de l’Atlante, dont les mouvements fluides et précis formaient chaque détail de sa nouvelle armure. Cette tâche exigeait une précision d’horloger, car les pièces devaient s’emboîter exactement pour devenir un véritable résonateur cosmique. Le travail de Mu était grandement facilité par le talent d’Héphaïstos, qui forgeait ses armures à la perfection, et exauçait le rêve du Chevalier en lui permettant d’apporter sa touche personnelle à leur œuvre.
- Passe-moi le deuxième burin, demanda l’artisan sans lever le nez de son ouvrage.
Shiryu chercha autour de lui et repéra l’instrument. Il avait déjà assisté à la réparation de sa propre armure un certain nombre de fois, assez pour savoir reconnaître les différents outils. Il se saisit du burin et le déposa dans la main tendue. Ce faisant, leurs doigts s’effleurèrent. Concentré sur sa tâche, l’Atlante ne le remarqua même pas, mais le Dragon frissonna violemment, et se maudit en pensée d’avoir eu une réaction aussi vive.
- Qu’y a-t-il ? s’enquit Mu en le dévisageant de ses grands yeux violets, l’air inquiet. J’ai senti un changement dans ta cosmo-énergie.
- Ce n’est rien, mentit Shiryu. J’ai cru entendre quelque chose.
Le Bélier le fixa encore un instant, puis reporta son attention sur son armure.
Quand celle-ci fut finie, tous deux se relevèrent. Mu s’étira et souhaita une bonne nuit à son compagnon avant de partir rejoindre son lit. Le Dragon leva la tête et regarda son étoile de cosmos mourir, puis il soupira et rentra à son tour.


* * *




Le garde rajusta sa cuirasse et pénétra d’un pas qu’il aurait voulu plus assuré dans l’arène d’entraînement des novices féminines. Entre eux, ses collègues nommaient ce lieu « l’Antre des Fauves Masqués », et il maudit le brin de paille qui l’avait désigné pour venir dans cet endroit dangereux.
Il repéra June, qui s’occupait d’un groupe particulièrement puissant, et se dirigea vers elle, essayant d’ignorer les regards hostiles ou curieux que lui lançaient les jeunes filles.
- Chevalier June du Caméléon, j’ai un message pour vous, annonça-t-il de sa voix la plus officielle.
Elle s’approcha de lui, entendit ce qu’il avait à dire, puis le congédia d’un geste et fit signe à ses élèves de continuer l’entraînement.
Quelques heures passèrent et quand le soleil fut à son zénith, June estima qu’il était temps de faire une pause. Cette décision fut accueillie par un concert de soupirs de soulagement, et l’arène commença à se vider.
Elle appela les jumelles auprès d’elle et déclara :
- Eni, ta puissance n’est apparemment pas passée inaperçue… Un Chevalier d’Or souhaite te prendre comme disciple. Il s’agit de Shaka de la Vierge. Acceptes-tu ?
La pâle jeune fille acquiesça, rayonnante. June se tourna alors vers Ambre :
- Je voulais aussi te féliciter. Milo est un Chevalier puissant, il fera de toi une combattante aguerrie.
Ambre hocha la tête, échangeant un regard entendu avec sa sœur.
- Je vous souhaite bonne chance à toutes deux, conclut le Chevalier du Caméléon. Mais n’oubliez pas que vous continuez l’entraînement avec moi jusqu’à la fin de la semaine, c’est à dire encore deux jours.
- Oui, Maître, répondirent en chœur les jumelles, avant de s’éclipser en direction du réfectoire.
June les regarda s’enfuir en courant, pensive. Ces deux-là réservaient des surprises, c’était certain.


* * *




Le soleil amorçait sa chute dans les profondeurs de la mer lorsque Mu posa enfin ses outils célestes, l’armure des Gémeaux terminée en face de lui. En fait, il s’agissait de la deuxième armure des Gémeaux. Car, lorsqu’ils avaient fini la douzième protection - celle des Poissons - Héphaïstos avait fait remarquer qu’il restait suffisamment d’orichalque pour en forger une treizième. Athéna, dûment consultée, avait décrété qu’il y avait eu durant la bataille d’Hadès deux Chevaliers des Gémeaux, et qu’elle n’abandonnait pas l’espoir de voir cette situation se reproduire. Il avait donc été décidé, malgré les protestations de Saga, que l’on fabriquerait une armure supplémentaire ; et pour calmer l’ex-Chevalier, Saori lui avait promis qu’elle ne l’obligerait pas à reprendre la place qu’il avait abandonnée au profit de Kanon.
Mu se releva lentement, tous ses muscles ankylosés. Cela faisait cinq jours qu’ils travaillaient sans relâche autour de la Forge divine, et leur tâche était enfin achevée. Il ne restait plus qu’à rendre vie aux protections d’orichalque…
Athéna demanda à Héphaïstos de placer les armures en cercles concentriques, avec la sienne au centre, entourée des armures divines et des Gold Cloths à l’extérieur. Puis elle se tourna vers Ardanna et lui demanda :
- Es-tu vraiment décidée à le faire ?
La jeune fille hocha la tête, déterminée. Les Chevaliers d’Or étaient arrivés avec Shun, Hyoga et Seiya. Tous se préparaient à se trancher le poignet lorsque la voix de leur déesse s’éleva :
- Mes amis, arrêtez. Vous n’aurez pas à verser votre sang pour ressusciter vos armures.
- Je vais m’en charger, déclara Ardanna.
Des murmures de stupeur et de protestation s’élevèrent, que Saori fit taire d’un geste. Puis elle se tint en face de sa Kamui, pendant que la jeune fille brune se plaçait entre les deux cercles d’orichalque. Elles échangèrent un regard et, d’un geste sec, s’ouvrirent les veines. Le sang rouge et brillant se mit à couler, inondant les armures alors qu’Ardanna, bras tendus, marchait lentement autour de la déesse. Le métal divin étincelait en réponse aux cosmos qui s’élevaient des deux jeunes filles, pulsant sourdement.
Le spectacle était terrible, magnifique, et la plupart des Chevaliers l’admiraient, bouche bée. Saga, cependant, vit le visage d’Ardanna se crisper alors qu’elle entamait un deuxième tour. Pourquoi faisait-elle cela pour eux ? Leurs regards se croisèrent et il devina son épuisement, mais aussi la détermination qui la caractérisait. Depuis cinq jours qu’il lui servait de guide au Sanctuaire, il avait parfois l’impression d’avoir affaire à une gamine de vingt ans ; mais de temps à autre, il surprenait dans ses prunelles d’or sombre une lueur indéfinissable, comme si elle connaissait déjà cet endroit, comme si elle y avait vécu longtemps auparavant, à une époque où les choses étaient semblables tout en étant différentes… comme si elle retrouvait peu à peu des souvenirs enfouis au tréfonds de son âme. Il avait le sentiment qu’elle redécouvrait chaque matin un peu plus comment utiliser son cosmos pendant un combat, lorsqu’ils s’entraînaient… qu’en observant les gens autour d’elle, elle réapprenait à vivre normalement. [2] Qui était-elle ? Que lui était-il arrivé pour qu’il ait une telle impression ? D’où venait ce besoin confus qui émanait d’elle ? Il le ressentait dans son aura, le devinait dans son attitude, le lisait dans ses yeux. Une envie de vivre, tout, tout de suite. Comme si elle avait déjà trop attendu…
Les cosmos des deux jeunes filles commençaient à faiblir, mais elles tenaient le coup vaillamment. Saga pouvait sentir, presque palpable, la tension de Seiya : celui-ci était prêt à s’élancer au moindre signe de défaillance de sa déesse. L’ex-Chevalier, quant à lui, gardait un œil sur Ardanna.
Soudain, Pégase bondit par dessus la rangée d’armures d’Or, puis enjamba la sienne pour recueillir dans ses bras une Saori en train de perdre connaissance. Mais Saga n’y prêta que peu d’attention, sachant qu’Athéna était entre de bonnes mains, car la jeune fille brune terminait son troisième tour. Chancelante, elle se tourna vers Seiya, qui lui fit signe que tout allait bien. Alors seulement, elle sortit du cercle des armures d’Or et s’effondra contre le large torse de celui qui s’était juré de ne jamais plus revêtir une protection sacrée.
Une fois allongée, Saori ne tarda pas à reprendre conscience. Elle se releva lentement, aidée par Seiya, et marcha jusqu’à l’endroit où Ardanna était étendue. Après avoir bandé leurs poignets avec des morceaux de tissu arrachés à sa propre robe, elle fit signe à Saga d’emporter la jeune fille évanouie à l’intérieur du Temple, puis se tourna vers ses compagnons.
- Chevaliers, vos armures sont prêtes. Vous pouvez les porter, à présent.
Avec hésitation, Shun enflamma son cosmos, imité par son frère, puis par Hyoga et Shiryu. Les armures divines répondirent immédiatement et vinrent se poser sur leurs propriétaires, resplendissantes de puissance, brillant de mille feux. Les Chevaliers d’Or se regardèrent, puis appelèrent à leur tour leurs armures. Celles-ci s’envolèrent pour atterrir en douceur sur chacun. Tous s’émerveillèrent de retrouver ces sensations, connues mais tellement nouvelles, et ils remercièrent avec chaleur le dieu forgeron, Aiolia, Ikki, Shiryu et Mu. Seule Shunrei manquait à l’appel, n’ayant pas désiré assister à l’épanchement de sang nécessaire à la résurrection des armures.
Saori s’écarta un peu de Seiya, qui était le seul à ne pas avoir revêtu son armure.
- Qu’attends-tu ? demanda-t-elle d’un ton léger.
N’était-il pas heureux de retrouver la protection de Pégase ?
- Comment te sens-tu ? fit-il en réponse, fronçant les sourcils.
Elle lui adressa un sourire et dit, d’une voix plus tendre qu’elle ne l’aurait voulu :
- Ne t’inquiète pas pour moi et appelle ton armure, Chevalier Pégase. C’est un ordre de ta déesse.
Il la fixa avec cet air concentré qu’elle lui voyait parfois, puis un large sourire se dessina sur ses traits. Elle se rendit compte que la main chaude de son Chevalier se trouvait toujours sur son bras. Les doigts glissèrent jusqu’à sa main et il s’éloigna, tout en continuant à la tenir.
- Toi non plus, tu n’as pas revêtu ta Kamui.
Elle secoua la tête.
- Mon armure ne me protège que lorsque j’en ressens le besoin.
- C’est pareil pour la mienne, répondit-il.
Saori pencha la tête, pesant le pour et le contre.
- D’accord. Ensemble, finit-elle par dire.
Ils enflammèrent leurs cosmos. La jeune fille sentit la puissance de son armure l’entourer et, en même temps, la cosmo-énergie de Seiya l’envahit, chaude, vibrante, la caressant de l’intérieur. Elle ferma les yeux un instant, savourant la combinaison de ces deux sensations. Elle savait que, de son côté, Seiya devait ressentir la même chose qu’elle.
Ses paupières se relevèrent et elle vit autour d’elle tous ses Chevaliers réunis, et de ses yeux se mirent à couler des larmes de joie. Quelques-uns se détournèrent, les cils humides. D’autres pleuraient franchement. Elle les embrassa tous du regard, avant de forcer son armure à reprendre la forme d’une petite statue d’orichalque dans sa main. Puis elle dit :
- Je vous souhaite une bonne nuit à tous, mes Chevaliers.
Elle leur adressa un sourire fatigué et tourna les talons pour prendre la direction de son Temple. Elle avait bien mérité une longue nuit de repos.

Après avoir déposé Ardanna sur une couche, Saga avait assisté de loin à l’embrasement des cosmos de ses frères d’armes. Il avait alors senti une main sur son bras et entendu une voix douce faire écho à ses propres pensées :
- Pourquoi ne les rejoins-tu pas ?
Il avait secoué la tête. Parviendrait-il un jour à lui faire comprendre ce qu’il éprouvait ? Même si une partie de lui avait envie de reprendre ses fonctions de Chevalier, il se sentait souillé, indigne de porter une armure sacrée.
Saori revint à cet instant et il s’éclipsa, préférant laisser les deux jeunes filles entre elles.

Resté seul après que tous les Chevaliers fussent partis se coucher, Héphaïstos passa une main affectueuse sur l’armure d’Or qui n’avait pas encore de maître. Un sourire étira un côté de sa bouche tandis qu’il murmurait :
- Ne t’inquiète pas, ma belle. Il finira par te réclamer…
Puis le dieu forgeron souleva son œuvre et l’emporta avec lui en direction du Temple d’Athéna.


~ ~ ~




NOTES :
[1] : Euh ouais… faut pas exagérer non plus, hein. C’est quand même Saori la Miss Enlèvement n°1…

[2] : Normale, la vie au Sanctuaire ? C’te blague… mais bon, peut-être que c’est normal pour elle. ^_~

Je pensais le prolonger un peu, ce chapitre, mais je trouve qu’il est assez long comme ça, non ? (Comment ça, « non » ?) Et puis finir sur la note de mystère d’Héphaïstos, j’aime bien…
Ca fait que la partie « adieux déchirants, le Temple d’Athéna qui commence à être surpeuplé… Et puis 3 grosses surprises pour nos persos chéris », elle ne vient que dans le chap. 5… Gomen nasai. ^_^;

DISCLAIMER : Alors… Eni, Ambre, Ardanna et Héphaïstos sont des persos originaux… Le reste appartient à Masami Kurumada et à la société d’anime qui les diffuse et dont je ne me rappelle plus le nom, mais c’est pas grave. Valà.

Bah sinon, euh… ça fait encore 2 couples hypothétiques à rajouter sur la liste… Et vi ! Ca vous surprend ? Moi j’avais pas envie de coller Shiryu avec Shunrei, c’est trop facile…
Accessoirement, je vais ramener le nombre total de couples à 10, parce que c’est un chiffre rond et pis parce que j’ai rien contre le yaoi, mais je fais pas encore dans l’inceste… Et y’a peu de chances que ça vienne un jour. ^_~

Moa z’aime bien quand Ardanna ressucite les armures avec son propre sang… c’est pour éviter que les Chevaliers soient affaiblis en vue de la bataille qui s’annonce… Et puis ça rappelle qu’elle est de sang divin, pour ceux qui l’auraient oublié…

Bon, Saga ne veut toujours pas de son armure… c pas grave, j’arriverai bien à la lui coller sur le dos quand même. J’ai la nette impression qu’il va être obligé de faire plein de choses contre son gré dans cette fic, le pauvre… (Saga, blême : « Maieuh ! pourquoi moi ? T_T » Auteur, sadique : « Mais parce que je t’adore, mon petit Saga-sama. Qui aime bien châtie bien… Niéhéhé… » Saga, part en courant : « OOOOSKOOOUUUUURRRRR !!!!!!!!! »)

Et maintenant, posons-nous un défi : vais-je arriver à ne pas faire de Seiya un crétin ? Vous me direz, il l’est déjà… Bande de mauvaises langues… Mais bon. Essayons quand même… (Ca va pas être facile ! ^_^;;;;; Moi, hypocrite ? bah pourkoi ?)

Bon euh… ben c’est tout pour cette fois. Le chap. 4 est en route, et je pense qu’il s’intitulera : « … une nouvelle Guerre Sainte nous attend. », sous toute réserve. On y retrouvera donc les adieux déchirants, la surpopulation du Temple d’Athéna et autres surprises… Et pis Saga et Ardanna qui font de l’escalade, aussi…
Je ne sais pas encore trop comment je vais découper mes chapitres, alors veuillez m’excuser si ça fait un peu brouillon… je risque de changer certains trucs, rajouter des passages ici et là, alors dsl par avance… J’essaierai de ne pas trop mettre le bazar, mais si c’est vraiment insupportable, laissez-moi un petit mot ! (et même si vous aimez bien, c’est pas interdit…)

Alake.