Chapitre 16 : Saisir la lumière !
« Celui qui saisit la lumière originelle dans le monde des ténèbres se voit accorder une nouvelle vie »
Asgard
Palais de la princesse Hilda
Le dieu des Enfers se tenait au fond de la pièce près du trône
dont il venait de se lever en sursaut, ni complètement debout ni assis.
De sa main coulaient des gouttes d’un liquide rouge qui tâchait
sa tunique aux reflets bleu nuit.
Un seul son traversait ses lèvres, écho lointain du terrible
cri qu’il avait poussé une seconde plus tôt :
« Pandore… grande sœur… »
Freya se trouvait à quelques mètres de là, passablement inquiète de l’état de léthargie qui semblait affecter l’homme qui avait permis aux guerriers divins de revenir à la vie, elle ne souffla pourtant mot, des années d’humilité en présence de sa sœur et des grands du royaume l’avaient habituée à tourner sa langue plusieurs fois dans sa bouche avant de s’adresser à un puissant, surtout quand il s’agissait d’un dieu.
Tout le corps d’Hadès fut parcouru d’un tremblement incontrôlable,
il fut sur le point de défaillir et n’évita la chute que
parce que Freya, sortant de sa réserve, l’attrapa fermement par
l’épaule droite puis l’aida à se rasseoir sur son
trône.
Hadès lâcha un « merci » furtif, ses yeux étaient
perdus dans le vague et il ne semblait pas capable de parler.
Freya prévenante comme à son habitude porta la main au front
d’Hadès pour vérifier qu’il n’avait pas de
fièvre puis lui tendit un verre d’eau. Celui-ci l’accepta
en songeant confusément par delà les ténèbres
qui obscurcissaient sa pensée que c’était la première
fois depuis longtemps que l’on agissait avec lui comme…
Un être humain.
Le seigneur d’Asgard qui partageait son corps avec le dieu ténébreux
dut estimer que le temps avait suffisamment coulé puisque l’armure
d’Odin qui se trouvait à proximité émit des vibrations
cosmiques.
Hadès entendit ce qui lui semblait être un lointain écho
de la réalité dans un cauchemar.
- Allons remets-toi !! Une telle faiblesse n’est pas digne de toi ! Qu’as-tu senti au juste qui te mette dans un tel état ?
Hadès n’avait pas la force d’utiliser la télépathie aussi les paroles qu’il prononça purent être entendues par Freya.
- Pandore… ma grande sœur… je l’ai entendu m’appeler…
- Voyons c’est impossible, elle se trouve actuellement en Allemagne
!
- Je le sais mais ça paraissait si proche et à la fois si lointain…
- Je n’ai ressenti aucun cosmos pourtant et tu sais qu’ici rien
ne peut m’échapper !
- Je le sais et c’est pour ça que je suis troublé : Pandore
n’a aucun cosmos… elle n’est qu’une humaine…
mais pourtant je l’aime… comme ma sœur…
Un silence suivit les paroles d’Hadès. Ce fut Freya qui osa le rompre.
- Majesté… la seule chose qui peut vous atteindre… qui puisse vous révéler la présence d’un être cher… c’est…
Odin poursuivit.
- Freya a raison. Ce mot est tellement insignifiant que c’en est presque une hypocrisie de le prononcer et pourtant c’est le plus beau mot qui soit : L’amour.
Hadès sentit son cœur se serrer dans sa poitrine, ce mot n’avait
rien de doux à ses oreilles, il lui rappelait les paroles d’Athéna
une seconde avant de le percer :
« Les hommes qu’ils soient bons ou mauvais ont de l’amour
et pour cet amour ils sont prêts à accomplir des miracles. Tout
dieu que tu es Hadès tu ignores l’amour, cela fait de toi quelqu’un
d’inapte à juger les autres ! »
L’amour… Se pouvait-il que lui Hadès ait été
touché par cette maladie infantile inhérente à l’humanité
? Cela faisait pourtant longtemps qu’il avait lui-même creusé
le tombeau de ses sentiments alors pourquoi les paroles d’Odin le choquaient-elles
autant ?
Ne trouvant rien à répondre il prit le parti de garder le silence
puis concentra son cosmos su le château d’Helstein et sur les
elfes qui y habitaient.
« Teiris… Teiris… toi la première servante de ma
sœur… peux-tu me dire où elle se trouve ? »
La réponse télépathique se fit un peu attendre.
« Eh bien, c’est-à-dire que… nous la cherchons en
ce moment même… »
Hadès fronça les sourcils, ses yeux se plissèrent accentuant
le contraste entre ses cheveux couleur de jais et son teint albâtre.
« COMMENT ?! » puis plus doucement « Thanatos est-il avec
elle ? »
« Votre majesté nous sommes sans nouvelle de sa majesté
Thanatos depuis la disparition de votre sœur »
La liaison télépathique s’interrompit, Hadès étai
perplexe : au mieux Pandore était partie du château et Thanatos
la suivait, au pire elle avait fait une fugue et elle n’avait pas été
suivie. Quant à envisager que Thanatos ait pu quitter son poste sans
ordre il ne l’envisageait même pas. Il était cependant
inquiet car il ne parvenait pas à localiser Thanatos comme si celui-ci
ne se trouvait pas sur Terre.
Un doute affreux traversa son esprit : et si Pandore était partie le
rejoindre ?
Sa décision fut vite prise et ses ordres fusèrent vite :
- Freya, je vais partir à la recherche de ma sœur, occupez-vous
du palais en mon absence.
- Et si les guerriers divins reviennent ?
- Eh bien ils attendront ! Les morts ne sont pas pressés d’ordinaire
!
*
* *
Pandore
Pourquoi ?
C’est sans doute cela la première question que se posa le premier
défunt, celui qui le premier fut forcé sans raison aucune à
rejoindre le royaume des ombres par la volonté des Moires.
Pourquoi ?
Pourquoi faut-il que je meurs aujourd’hui ?
Pourquoi a-t-il fallu qu’il y a treize ans j’ouvre une boîte
qui était restée scellée depuis si longtemps ?
Pourquoi avais-je choisi de ressusciter au lieu de rester avec mes parents
comme me l’avait proposé Hadès ?
Hadès, mon petit frère… Pourquoi est-ce toi qui es sorti
du corps de ma mère alors que nous attendions un petit frère
? Qu’as-tu fait de cet enfant qui devait naître ? Son corps n’était-il
pas assez puissant pour accueillir ton âme pour que tu te mettes immédiatement
à la recherche d’un autre corps ?
Pourquoi ai-je voulu te rejoindre dans ce pays gelé et pourquoi a-t-il
fallu que cet avion s’écrase en pleine forêt ?
Tant de questions se succèdent dans ma tête et je ne suis sûre
que d’une chose : j’ai envie de sentir ta présence rassurante
auprès de moi…
Pendant toutes ces années où j’ai veillé sur toi
je n’ai jamais pensé à cette immortalité illusoire
que m’avait promise Thanatos.
Hadès, mon petit frère, si tu n’avais pas été
là ma vie aurait été un cauchemar éveillé.
Veiller sur ton âme si vulnérable a donné un but à
mon existence… Je n’oublierai jamais que tu m’as fait l’immense
cadeau de m’inviter à Elision de mon vivant pour que je puisse
contempler Utopia, cette terre lavée du mal que tu voulais apporter
sur Terre. J’ai toujours su que tu étais une personne au grand
cœur, c’est pour cela que tu as choisi le plus pur des hommes pour
te réincarner, mon petit frère n’était sans doute
pas digne de toi…
Pendant toutes ces années tu m’as fait confiance et m’as
permis d’exercer mon autorité sur les 108 spectres et aujourd’hui
c’est à moi de te faire confiance mais je… je ne peux plus…
la neige pénètre ma chair et je sens qu’une douce chaleur
m’encourage à quitter ce corps…
Hadès, pardonne-moi je n’ai pas pu…
Des reniflements se firent entendre, en même temps que des bruits de
pas sur la neige… La créature laissait des empruntes facilement
identifiables dans la neige, il s’agissait d’un loup. L’animal
s’approcha de Pandore inanimée. Il se pencha pour renifler l’odeur
de ses vêtements puis ayant senti l’odeur du sang il se pourlécha
les babines à l’idée du repas qu’il allait faire.
Il se préparait à enfoncer ses crocs dans la chair de la jeune
fille quand il s’arrêta pris d’une peur subite.
Pandore venait d’ouvrir les yeux, ses pupilles avaient une couleur étrange,
une couleur qui ne se retrouvait chez aucun spectre, peut-être chez
aucun être humain… Ses pupilles étaient rouges ! Rouges
comme le sang !
L’animal pris de la peur instinctive des animaux pour ce qu’ils
ne connaissent pas tourna les talons mais il n’alla pas très
loin car un flux d’énergie parti de nulle part le désintégra.
L’homme, parce qu’il avait bien forme humaine, s’approcha de Pandore il souleva quelques mèches de ses cheveux couleur de jais et aperçut à son tour ses yeux écarlates.
Un horrible sourire déforma son visage couturé de cicatrices. Il regarda Pandore de ses yeux pétillant de malice et articula d’une voix qui ne laissait aucun doute sur ses intentions :
- Il semblerait que les Parques et moi jouions dans le même camp… Hadès ! Tu n’aurais pas dû t’attaquer aux miens ! Il ne fait aucun doute qu’il s’agit là de sa sœur… Il me faut sa tête !!
*
* *
Allemagne, château d’Helstein
Un visiteur importun se serait sans nul doute étonné du spectacle qui se serait offert à lui s’il avait pénétré dans le donjon du château mais fort heureusement celui-ci étant réputé hanté depuis 12 à 13 ans ce risque était minime…
La grande pièce du château avait été restaurée
de façon admirable. La harpe de Pandore était toujours posée
là, intacte tandis qu’au plafond de la pièce on pouvait
admirer une fresque murale qui n’était pas sans rappeler la chapelle
Sixtine avec ses anges qui volaient autour d’un point central lumineux
sauf que ce n’était plus Dieu et l’homme mais seulement
Dieu qui était représenté, seulement Hadès revêtu
de son surplis d’archange.
Ainsi le dieu ténébreux s’imaginait le nouveau monde :
un monde lavé du mal, un monde sans hommes, une terre de dieux…
Toujours est-il que paradoxalement ce n’était pas Hadès
que les elfes rassemblées priaient en ce moment mais les kamuis des
chevaliers d’Athéna !
Ces magnifiques protections malgré les dégâts qu’elles
avaient subis avaient pu être ramenées intactes d’Elision
en même temps que les elfes qui leur devaient la vie.
Elles étaient toutes là : l’armure divine du Cygne, celle
du Dragon, celle du Phénix et celle d’Andromède. Seule
l’armure de Pégase manquait à l’appel, elle avait
été aspirée dans les limbes de l’oubli en même
temps que son détenteur qui avait trouvé la mort…
Teiris la première des elfes et sans doute la moins immature officiait dans cette cérémonie de prière aux Kamuis. Les elfes savaient que les armures avaient une âme et comptaient sur elles pour les entendre :
Ô habits des dieux nourris par le sang d’une
déesse,
Venez-nous en aide à nouveau.
Comme vous avez sauvé nos vies en péril dans l’Elision
Protégez maintenant celle de sa majesté Pandore
Qui court un grand péril.
S’il vous faut une vie prenez les nôtres mais protégez
cette personne au cœur si pur.
Le rituel se poursuivait depuis des jours et des nuits, en fait depuis la fugue de Pandore et aucune des elfes désemparées n’avait pris de repos et pourtant aucune réaction de la part des armures. Teiris tourna vers ses sœurs un regard compatissant.
- Allez prendre du repos mes sœurs. Je prierai seule les habits des dieux.
Les elfes s’exécutèrent non sans réticence. Teiris resta seule devant les kamuis. Elle changea alors de place pour implorer l’armure dont elle se sentait la plus proche, celle dont le corps était celui d’une femme mais qui fut portée par une enfant qui se battit comme un homme : l’armure divine d’Andromède.
Toi qui fus choisi pour être la réincarnation
de notre seigneur
laisse-là ta rancune et viens- nous en aide.
Toi qui croyais en un monde meilleur préserve
La personne qui a ouvert le cœur de notre seigneur.
Toi qui respectais la vie ne permets pas qu’elle
s’éteigne
à cause de pareille folie.
Elle répéta le rituel pendant une heure et toujours rien. Teiris jeta un regard de dépit aux kamuis et lâcha « c’est désespérant ! On ne sait décidément plus à quel saint se vouer ! »
L’armure qu’elle priait dut entendre cette remarque car elle commença à émettre des vibrations cosmiques.
- Que ?!
La chaîne nébulaire se détacha du reste de l’armure divine et décrivant une ligne droite vers Teiris lui fonça dessus !
- J’aurais pas dû la vexer !
L’elfe ferma les yeux pour ne pas voir son funeste destin puis en entendant
le bruit métallique du déroulement de la chaîne constata
que celle-ci avait foncé non pas sur elle mais droit vers le ciel !
La chaîne nébulaire se déroula longtemps dans un bruit
métallique, si longtemps que Teiris se demandait où s’arrêterait
sa longueur. La réponse lui fut apportée par l’observation
du ciel : la chaîne nébulaire s’était engouffrée
dans une distorsion de l’espace et traversait les dimensions en allant
dans une direction inconnue, quoiqu’en se concentrant Teiris put se
rendre compte qu’elle allait vers le Nord…
*
* *
Asgard
- Il me faut sa tête !!
L’homme concentra son cosmos dans sa main, c’était un
cosmos brûlant comme les flammes mais au contraire de la plupart des
guerriers dont le cosmos éclatait de vie le sien reflétait autre
chose…
Quelque chose de macabre… la pulsion de mort !
Le tranchant de sa main s’abattit sur le cou de Pandore !
Des gouttes d’un sang écarlate souillèrent la blancheur
immaculée de la neige.
- Quoi ?!?
L’homme retira vivement sa main. Il ne comprenait pas ce qui arrivait
: sa paume avait été transpercée de part en part par
un objet métallique à en juger par son contact et il ne l’avait
même pas vu !
Il se retourna alors pour manquer de s’étouffer de surprise :
une chaîne faite du métal doré le plus pur était
tendue en diagonale dans la direction de Pandore !
Où trouvait-elle sa source ? D’où venait-elle ?
Il observa le tracé de la chaîne et la réponse lui vint,
évidente : des étoiles ! Cette chaîne trouvait son point
de départ dans le ciel et se prolongeait jusqu’à lui !
Trop ébahi par le spectacle il ne vit pas le mouvement descendant de
la chaîne nébulaire et de ce fait il ne put éviter d’être
blessé au visage quand la chaîne divine se déplia de toute
sa longueur pour s‘enrouler autour du corps de Pandore !
Le choc fut brutal faisant exploser sa pommette droite.
Sa réaction fut à la mesure de sa surprise . Non sans noblesse
il arracha le casque qu’il portait le jetant loin dans la neige et fixa
Pandore comme un ennemi à abattre.
Il s’avança vers elle en ruminant des insultes. La chaîne
nébulaire forma un cercle autour de la jeune fille.
L’homme en approcha sans avoir vraiment conscience du danger.
- Ce n’est pas une petite chaîne qui m’arrêtera, moi Loki le dieu malin ! Celui qui commande aux Vanes !
Il entra alors dans le cercle formé par la chaîne d’Andromède et…
- Argh !!
Loki fut projeté à plusieurs mètres par la décharge de 100.000 volts qui parcourut tout son corps, seul la présence d’un chêne derrière lui l’empêcha de tomber !
- Ce… C’est impossible ! Comment puis-je être tenu en échec par une simple chaîne de métal ? A moins que…
Pandore
Une voix dans ma tête.
« Pandore ! Pandore ! »
Non je ne veux pas vous écouter ! Je ne veux plus entendre ces voix qui m’appellent !
« Pandore ! Relève-toi ! Réveille-toi ! »
Qui es-tu pour me dire de me relever ?Es-tu Hadès ? Etes-vous Dieu ?
« Je ne suis ni l’un ni l’autre et pourtant je t’apporte mon aide ! »
Pourquoi feriez-vous une telle chose ?
« Parce que tu es…tu es la seule…la seule à pouvoir ouvrir son cœur… »
De qui parlez-vous et qui êtes vous à la fin ?
« Je ne pourrai bientôt plus te parler mais je te parle ici et maintenant de l’homme qui porte le nom de Dieu ! Pour lui Pour ce que tu représentes, tu n’as pas le droit de mourir ! »
Mais qui êtes-vous donc pour me dicter mon destin ?
« Je suis celui que les prières des elfes ont rappelé des limbes de l’oubli… Je n’appartiens plus à ce monde et seuls les cosmos de mes frères et celui d’Athéna m’ont permis de ne pas perdre espoir. Dans cette dimension où le jour et la nuit n’existent pas j’ai été appelé par des prières qui m’ont montré le chemin de la Terre mais je n’ai pu hélas que projeter mon cosmos pour aider la sœur du plus formidable ennemi que nous ayons rencontré »
Tu es celui qui croit encore en l’amour et dont le cosmos me rappelle
celui d’Hadès par sa mélancolie…
Shun ?
« Il n’est plus temps de parler alors je t’en prie Pandore s’il te reste un soupçon d’amour pour la vie relève-toi car la chaîne nébulaire ne peut obéir qu’à un être conscient »
Je sentis son cosmos s’éloigner !
Attends ! Ne pars pas !
« Il me reste trop peu d’énergie pour vouloir la perdre… Pandore je t’en conjure ! Vis et ouvre le cœur d’Hadès ! Au revoir ! »
Loki n’en croyait pas ses yeux : la jeune fille presque mourante qui se tenait un instant avant devant lui allongée dans la neige qui pénétrait sa peau… Cette jeune fille qui paraissait si fragile elle était en train de se relever !
- Ce… c’est impossible !
Pandore étreignit la neige brûlante de ses mains nues se guérissant
du froid par la douleur physique.
Quand elle se redressa la lueur qui illuminait ses yeux rouges comme le sang
fit presque disparaître la douceur de ses traits. Elle était
redevenue l’espace d’une seconde « sa majesté Pandore
» aussi belle que terrible redoutée par les plus courageux parmi
les 108 spectres !
Loki ne put retenir un mouvement de recul.
- Impossible ? Cela l’est peut-être pour toi mais apprends que c’est le même sang que celui de sa majesté qui coule dans mes veines, je veux y croire. Et je ne le décevrai pas !
Loki parvint à se ressaisir. Il ne pouvait quand même pas perdre la face devant cette gamine après avoir tout fait pour prendre sa tête ! Il venait de tuer 130 personnes en faisant s’écraser cet avion quand même !
- C’est ce qu’on va voir ! Burning Breathe !
Loki intensifia son cosmos puis sembla prendre une grande inspiration qui
gonfla tout son estomac à l’extrême. Deux orbes de feu
se formèrent alors dans ses poings et ce fut en lâchant sa respiration
qu’il envoya cette attaque assez semblable au souffle du volcan du guerrier
divin de Beta.
Le souffle brûlant déferla sur Pandore comme une tempête
de flammes.
La jeune fille semblait en état de léthargie. Elle murmurait
« non je ne le décevrai pas… »
Le souffle brûlant se rapprochait dangereusement quand elle entendit
le cri de Shun
« Maintenant Pandore !! »
Et ce fut non pas une mais deux voix qui dirent à l’unisson :
« rolling defense ! »
Les chaînes prirent alors vie et retombèrent en cercles concentriques
sur la jeune fille.
Le souffle brûlant se heurta au mur dérisoire des chaînes
d’Andromède et Loki ne put retenir un rire.
- Au moins si je ne peux lui donner ta tête je lui laisserai ton cadavre
tuméfié !
Son rire mourut sur ses lèvres. Le souffle brûlant se dissipa et au lieu du spectacle réjouissant auquel il s’attendait il put voir des chaînes recouvertes de flammes danser autour d’une jeune fille dans un balai irréel !
- Non je ne peux y croire !! Toute divine que soit cette chaîne elle
ne peut résister d’elle-même à mes attaques !
- Qui a dit qu’elle le faisait d’elle-même ? Le cosmos qui
m’entoure est nourri par l’espoir et les rêves d’un
enfant qui fut obligé de se battre et qui par delà les limbes
continue de se battre pour l’espoir ! C’est cet espoir qui fait
vibrer cette chaîne et quoiqu’il arrive je ne le décevrai
pas !
Loki partit d’un grand rire.
- Hu hu hu… Wouah ah ah ah!! Je comprends maintenant d’où
vient la stupidité légendaire des chevaliers! Aider leur ennemi
et en plus par delà la mort ! Ont-ils perdu tout honneur ? C’est
pathétique ! Mais ce n’est pas grave ! Je connais bien d’autres
façons de te tuer sans avoir à briser le mur de la chaîne
nébulaire.
- Comment ?!?
- Hadès n’est pas le seul à savoir ouvrir l’antichambre
de l’Enfer ! Seikishiki Meikaihen !!
Les cercles de l’esprit entourèrent Pandore qui perdit conscience. Les chaînes d’Andromède retombèrent à son côté inertes.
Plus loin bien plus loin alors que le rire de Loki retentissait un homme seul marchant dans la neige se figea.
- Odin ! Tu l’as senti toi aussi ?
- Comment ne l’aurais-je pas senti…
- Les portes de l’Enfer viennent d’être ouvertes !
- Qui peut-être capable d’une telle chose ?
- De nombreuses personnes en vérité… mais le cosmos que
j’ai senti s’éteindre était un cosmos que je connaissais…
Il n’y a plus à hésiter ! Odin prépare-toi à
connaître les vagues d’Hadès !
*
* *
Seikishiki
Autour de Pandore s’étendait un paysage qu’elle connaissait
bien : celui de l’antichambre du Meikai, sorte d’immense pente
rocheuse sur laquelle les morts marchaient docilement vers leur destin : l’Enfer
!
Elle se releva péniblement, étrangement ses yeux ne semblaient
pas incommodés par l’obscurité alors que depuis qu’elle
était rentrée sur Terre la lumière du soleil la faisait
tant souffrir qu’elle était condamnée à ne la contempler
qu’à travers des vitraux, telle était la rançon
que les spectres, ces soldats de l’ombre payaient au monde de le lumière.
Ses yeux se teintèrent de rouge comme chaque fois qu’elle était
dans l’obscurité ou qu’elle pressentait un danger.
Ce dernier ne se fit guère attendre et se présenta en la personne
de Loki !
Son rire sarcastique troubla les gémissements des âmes défuntes.
- Alors majesté Pandore, ce décor est-il à votre goût ? Peut-être le trouvez-vous trop sombre ? Il est vrai que les couleurs vives sont conseillées pour les jeunes filles aha aha ah !!
Pandore fronça les sourcils, elle s’efforçait de ne pas laisser ses larmes monter à ses yeux dans lesquels elle voulait faire passer toute sa haine pour cet homme. Elle ne réussit qu’à provoquer l’hilarité de Loki.
Mais s’il est un sentiment que l’on tente toujours de raisonner c’est la haine aussi demanda-t-elle enfin.
- Pou… Pourquoi faites-vous cela ?
Un silence passa, le sourire de Loki avait changé… Le sadisme avait laissé la place à une froide ironie qui se dessinait sur tous ses traits.
- Comme tu vas mourir je suppose que je peux être franc avec toi. La
perte du Niffheim, la défaite de Hell et celle d’Aegir, tout
cela finalement m’importe peu. Le combat que je livre aux Ases depuis
les temps anciens n’a plus de raison d’être depuis longtemps
: le vainqueur de ce conflit ne saurait devenir le maître du monde.
- Alors pourquoi ?
Loki eut un sourire ironique de ceux que l’on peut voir se dessiner sur les lèvres des vétérans qui après un millier de combats envisagent la mort comme une compagne fidèle.
- Peut-être justement parce que je n’ai pas envie de me poser
la question. J’ai été tenté d’abandonner
la lutte c’est vrai mais il y a de cela un certain temps j’ai
compris qu’un combat ou une guerre n’a jamais qu’une seule
raison d’être : la beauté ! Oui c’est dans le combat
que l’individu donne sa véritable mesure, lorsque que son esprit
ne fait plus qu’un avec celui de la guerre elle-même.
- Vous voulez dire que le combat est votre raison d’être ?
Le ton de Loki se fit plus lointain, comme s’il envisageait une personne rencontrée dans un passé éloigné.
- Oui je l’ai compris en rencontrant le maître que je sers aujourd’hui… Il m’a montré que la seule et unique raison de vivre réside dans le combat, dans sa beauté. Et toi jolie Pandore tu n’es qu’un appât qui va me permettre de livrer le plus formidable combat de mon existence : un combat contre Hadès !
Loki s’interrompit. Il s’approcha de Pandore si vite qu’elle ne put voir son mouvement, mais quoi d’étonnant vu qu’elle n’avait pas développé son cosmos ? Loki s’approcha donc, il passa un bras autour du cou de la jeune fille dans l’intention manifeste de lui broyer la nuque.
- Hadès m’a pris ma fille, je vais lui envoyer la tête
de sa sœur sur un plateau et il me pourchassera oui il me chassera et
il en mourra je te le promets !! Car je l’emmènerai jusqu’en
Enfer !! En Enfer ah ah ah !!
- Vous... vous êtes fou!!
- C’est possible mais la folie deviendra un mot agréable si elle
me permet de vaincre Hadès ! Adieu Pandore !
Une voix que Pandore ne reconnut pas s’éleva alors.
- Quel joli discours Loki mais tu m’as oublié dans tes calculs, je suis très vexé.
Loki s’arrêta, il n’en croyait pas ses yeux. La personne qui se tenait devant lui avait des cheveux châtains clairs qui retombaient sur son visage cachant l’orbite vide où aurait dû se trouver son œil gauche tandis que son œil droit aussi bleu que l’azur brillait de malice. Pandore observa ce visage, non elle ne le connaissait pas. Qui cela pouvait-il être ? Cet homme portait une armure étrange qui semblait avoir été taillée dans le cristal le plus pur, il portait également une épée resplendissante mais qui ne ressemblait pas à celle d’Hadès !
Loki restait sans voix, ce fut donc Pandore qui prit la parole.
- Qui êtes-vous ?
La voix d’Hadès s’éleva alors et le dieu des Enfers apparut derrière le guerrier en armure.
- Pandore je te présente le véritable détenteur du corps
que j’occupe, Odin seigneur d’Asgard !
- Comment ? Mais je croyais que…
Odin prit la parole.
- Que nous ne faisions qu’un n’est-ce pas ? C’est vrai et nous avons été les premiers surpris de cette séparation provisoire. C’est la première fois que je viens dans le Meikai, jusque là j’ignorais que dans ce lieu les âmes se libèrent de leurs corps.
Hadès reprit.
- Dans le monde des vivants nous étions deux âmes dans le même corps mais ici où seules les âmes sont admises nous sommes deux êtres autonomes. Il en serait sans doute allé autrement si j’avais encore mon corps mais comme ce n’est pas le cas…
Loki, revenu de sa surprise se saisit de Pandore à la vitesse de l’éclair
et menaça de lui tordre le cou.
- Que vous soyez un ou deux importe peu, tant que j’aurai cette fille
vous ne pourrez rien contre moi !
- Sale lâche ! Cria Odin. L’épée de Balmung te punira
!
Odin intensifia son cosmos mais Hadès retint fermement sa main avant qu’il ait pu esquisser un geste.
- Je t’ordonne de n’en rien faire !
- Mais Hadès il est mon ennemi ! Celui qui a trahi ma race !
- Et il s’agit de ma sœur !
Les deux s’affrontèrent du regard. Odin baissa les yeux le premier mais rumina qu’il se tenait prêt à intervenir.
- Je t’écoute ! Que veux-tu Loki ?
- Ce que je veux Hadès ? Mais je veux te faire un cadeau ! La tête
de Pandore !!
- Si tu touches à un de ses cheveux je ne laisserai dans ce monde pas
même un cheveu de toi !
- Menace-moi tant que tu veux ! Tu as brisé mes rêves ! La seule
chose qui m’intéresse c’est de te voir souffrir ! Et crois-moi
tu vas souffrir !! Regarde ce que je fais de ta sœur chérie !
Lethal Tornado !
Un tourbillon se forma autour de Pandore l’emportant à la fois
très haut et très loin de Loki ! Pandore atterrit lourdement
sur le bord du puits des Enfers, évanouie, le corps meurtri par les
rafales du tourbillon.
Loki éclata de rire.
- Si j’étais toi Hadès je me dépêcherais !! Les morts qui s’accrochent à la vie sur les pentes du Yomotsu Hira sont féroces et il ne portent pas les spectres dans leur cœur !!
Hadès hésitait, sa haine le poussait à donner un coup mortel à Loki mais c’était prendre le risque que Pandore soit blessée ou pire…
- Choisis Hadès : soit tu me tues soit tu la sauves elle !!
- Ce n’est que partie remise ! Un jour tu connaîtras le jugement
de Dieu !
Hadès s’engouffra sur la pente du Yomotsu Hira car même
lui, surtout sans enveloppe charnelle, ne pouvait se téléporter
dans ce monde intermédiaire.
Odin fit un pas vers Loki.
- IL semblerait que je vais enfin pouvoir m’opposer à toi comme
bon me semble.
- Malheureusement non Odin. Je ne suis pas venu ici pour t’affronter.
De plus je ne suis pas le même que celui que tu as combattu à
l’époque du Ragnarok.
- Qu’importe la raison de ta présence ici je ne te laisserai
pas t’échapper !
- Je n’ai pas le temps de m’amuser avec toi ! Reçois le
Burning Breathe !
-
Cette fois Loki avait mis beaucoup plus de puissance dans ce coup qu’il
ne l’avait fait pour Pandore qui n’était après tout
qu’une mortelle… Deux orbes rouges se formèrent dans les
mains de Loki qui les projeta sur Odin comme deux tourbillons qui se rassemblèrent
pour n’en faire qu’un seul ! Odin porta ses bras devant lui pour
se défendre mais ce fut inutile : les flammes l’embrasèrent
éteignant son cosmos, pénétrant tout son corps !
Loki éclata de rire.
- Alors que dis-tu des flammes de l’obsession Odin ? A côté de cela les flammes de Svaja ne sont rien !! Ah ah ah !!
Odin déplia les bras et les laissa tomber le long de son corps. Les flammes prenaient de plus en plus d’ampleur et c’étaient ses cheveux, ses bras et jusqu’aux racines de ses poils qui brûlaient ! La douleur le pénétrait mais il ne se départit pas de son sourire.
Odin baissa les yeux.
- On dit que les flammes purifient le corps et si ces flammes étaient la punition de Dieu pour avoir contribué à la mort de mon fils Holder et de ma fille Svaja, je les accepterais et souffrirais ! Cependant !
Le cosmos d’Odin s’intensifia et l’armure de cristal commença à briller d’une lumière bleu d’abord vacillante puis aveuglante.
- Cependant tu n’es pas Dieu Loki ! Tu serais plutôt le diable
et moi je n’ai pas le droit de mourir avant d’avoir détruit
les Vanes !
- Cesse de causer et brûle !
- Hum… Tes flammes ne sont pas assez puissantes pour consumer ma vie
!
Odin tendit tout son corps dans un effort surhumain pour évacuer le cosmos de Loki de son corps. L’armure d’Odin brilla à nouveau et les flammes s’éteignirent. Odin n’avait pas une brûlure !
- In… incroyable !
- Je vois que mon armure est toujours aussi résistante même dans
le Seikishiki… Tu n’as pas réussi à consumer ma
vie Loki ! Tu vas recevoir ma punition mais cette fois je ne me contenterai
pas de viser l’épaule ! Reçois la punition de Balmung
!!
L’épée de Balmung tourna dans la main d’Odin, elle décrivit plusieurs angles à 360° avant de se mettre à l’horizontale, alors elle s’immobilisa et comme mue par sa propre volonté fonça vers la main droite de Loki ! Celui-ci hurla quand elle lui traversa la paume !
- Arrrrh !!!! Ma main !!
- Balmung a choisi de te punir pour le meurtre de Baldur ! Cette main avec
laquelle tu as dirigé l’arc d’Holder est maintenant inutilisable
!
Hadès avait fini d’escalader le Seikishiki, il concentra son
cosmos pour localiser Pandore.
Il se produisit alors un phénomène étrange : toutes les
âmes défuntes qui s’acheminaient vers le Meikai se retournèrent
en sentant ce cosmos familier et commencèrent à entourer Hadès.
C’étaient de gémissements et des lamentations à
l’infini.
« Seigneur je sens encore une étincelle de vie en moi, par pitié
rendez-moi la vie ! »
« Le soleil est si beau et au bout de cette côte tout a l’air
si froid ! Libérez-nous de cette tourmente ! Rendez-nous la vie ! »
« S’il vous plaît… S’il vous plaît…
S’il vous plaît… S’il vous plaît… »
Hadès plissa les yeux, avec toutes ces plaintes il ne parvenait pas à entendre les appels de Pandore et sil elle venait à tomber dans le Meikai cela voudrait dire que… qu’elle serait morte !
- Je n’ai que faire de vos plaintes ! Que m’importent les gémissements des morts qui n’acceptent pas leur destin quand je dois sauver un vivant ? Disparaissez !!
Hadès lança une onde cosmique en direction des morts et des centaines d’entre eux furent précipités dans le Meikai lui révélant l’endroit où se trouvait sa sœur.
- Pandore !
Il se précipita mais une voix au timbre strident le retint.
- Pas un pas de plus !
Il s’agissait d’un des morts qui errait sur les bords du Meikai
ne parvenant pas à mourir totalement et se raccrochant un peu à
la vie. Il tenait Pandore par son poignet et elle était si légère
qu’un seul geste lui aurait suffi pour la précipiter dans le
gouffre.
Il se mit à caresser les cheveux noirs de jais de la jeune fille.
- Elle est si belle… si fraîche… si vivante… vous
tenez à elle n’est-ce pas ?
- Oui plus que tout.
- Alors je vous propose un marché : sa vie contre la mienne ! Je vous
la donne et vous me rendez la vie !
Hadès se détendit un peu, il ferma les yeux. Quand il les rouvrit ceux-ci avaient perdu leur couleur bleu acier qui était celle des combats pour retrouver la couleur verte de la tristesse. Hadès détourna la tête, il ne voulait pas que l’on puisse lire dans son âme.
- Je regrette mais cela est impossible.
- Pourquoi cela ? Vous êtes le dieu qui domine la mort !
- Parce que Dieu ne l’a pas voulu ainsi !
Hadès rouvrit les yeux, la mélancolie qui s’étendait sur tous ses traits lui donnait une apparence de fragilité comme un enfant qui se remémore un souvenir douloureux.
- La vie, la mort… tout cela obéit à un cycle instauré
par Dieu. Toute chose qui vit doit mourir, nul ne peut aller contre cela.
La seule chose à faire pour un mortel est d’accepter passivement
son destin.
- Mais que nous restera-t-il une fois mort ?
- Quand tu seras devant les portes de l’Enfer tu sauras que tout n’est
pas perdu et que cet espoir dont j’ai voulu vous priver, celle qui en
a la garde depuis qu’elle a ouvert la boîte aux maléfices,
l’a gravé dans le marbre.
Il désigna alors Pandore.
- Cette jeune fille qui est ma sœur c’est grâce à
elle que l’espoir ne s’éteint plus en franchissant les
portes de l’Enfer.
- A… Alors l’espoir existe toujours ?
- Oui grâce à elle, maintenant si tu as compris donne-moi sa
main et quitte de toi-même ce monde auquel tu n’appartiens plus.
L’âme défunte déposa la main de Pandore dans celle d’Hadès.
Plus bas le combat se poursuivait avec acharnement. Mais toute danse même la plus passionnée a sa fin et l’épée de Balmung conférait à Odin une supériorité écrasante sur son adversaire qui ne pouvait que se défendre. Odin sourit lorsque Loki ayant baissé sa garde il put lancer la punition de Balmung contre son cœur !
- C’en est fini de toi Loki !!
L’épée de Balmnung heurta l’armure de Loki mais le sang ne jaillit pas. Le dieu malin saisit l’épée et la retira de son corps.
- Je t’avais bien dit que j’avais changé Odin ! L’armure
que je porte n’a rien de commun avec celles fabriquées à
Asgard. Là où elle m’a été donnée
on les appelle les Adamanthes !
- Adamanthes ? Mais où as-tu trouvé une armure d’une telle
résistance ?
- Cela je ne vais certainement pas te le dire mais assez joué maintenant,
il nous faut conclure ce duel !
- Conclure ? Tu parles comme si tu avais l’avantage alors que tu as
été incapable d’éviter un seul des coups de Balmung.
- C’est vrai mais il existe une différence entre nous : tu ne
connais pas le Meikai comme je le connais. Alors regarde bien.
Loki fit exploser son cosmos et le projeta vers Odin, celui-ci évita les coups avec une étonnante facilité mais le sourire de Loki lui fit comprendre qu’il était tombé dans un piège !
- Oh non !
Tout le sol du Meikai autour d’Odin commença à se fissurer
comme laminé par d’innombrables coups portés en même
temps et le seigneur d’Asgard se retrouva soudain très éloigné
de son adversaire.
Odin prit appui sur un bloc de pierre puis un autre et par une série
de bonds prodigieux il se retrouva à faible distance de Loki.
- Lâche je ne te laisserai pas fuir !
Odin exécuta un bond vers l’avant en prenant appui sur un bloc
de pierre branlant et s’élança vers Loki l’épée
haute.
Balmung s’abattit sur Loki mais contre toute attente le métal
de l’épée divine ne trancha pas l’adamanthe.
- Je t’ai dit que cette armure était différente alors ce n’est même pas la peine d’essayer de la briser !
Les pieds d’Odin touchaient à peine la terre, toute sa force était concentrée pour écraser Loki, tout son poids portait sur Balmung !
- Je… J’ai attendu trop longtemps ! Je ne peux pas te laisser t’échapper !
Loki concentra son cosmos dans sa main libre et la plaça sur le ventre d’Odin.
- Tu es sans doute le moins avisé des Ases Odin pour vouloir m’affronter dans un endroit tel que le Meikai ! Nous avons attendu des siècles pour ce combat il n’y a pas de hâte à avoir !
Loki fit exploser son cosmos contre Odin ce qui eut pour effet de déséquilibrer le seigneur d’Asgard qui fut projeté dans le fond du Meikai.
- Je présenterai tes hommages à mon maître ! On l’appelle le troisième roi !
Loki se retourna pour regagner le monde des vivants mais il sentit brusquement
le sol se dérober sous ses pieds et il eut à peine le temps
en se retournant de voir Odin lancer son attaque.
« La lance de Gungar »
Loki fut projeté dans les cieux sans avoir eu le temps de lancer son
attaque. Le sol pierreux du Seikishiki se transforma en lances sous l’effet
du cosmos d’Odin et quand Loki redescendit il se retrouva empalé
par des millions de lances le traversant en même temps !
« Arrrhh !! »
Loki retomba lourdement à Terre. Odin reprit position devant lui.
- Ah… Odin cette attaque… La lance de Gungar… elle ressemble
à celle du guerrier divin d’Alpha… si je m’en étais
souvenu plus tôt… Arh… tu ne m’aurais pas surpris
!
- C’est fini Loki ! Accepte le jugement de Dieu !
- Dieu ? De quel Dieu parles-tu Odin ? Je ne vois que le diable en ces lieux
!! Tu m’as vaincu soit mais tu ne l’as pas sauvée pour
autant !! Lethal Tornado !!
Odin se retira à temps pour éviter l’attaque de Loki
mais il se rendit compte trop tard qu’elle ne lui était pas destinée
car la tornade partit en ligne droite vers…
Pandore !!
- Donne-moi la main de ma sœur…
- La voilà. Merci pour tout, je ne perdrai pas espoir…
L’âme défunte s’apprêtait à sauter
dans le gouffre quand elle aperçut une tornade fonçant vers
Pandore !
« Attention !! »
Trop surpris Hadès ne put éviter l’attaque, la poussière
éclaboussa ses yeux et quand il les rouvrit ce fut pour voir Pandore
choir dans le Meikai !!
« Pandore non !!! »
Le rire sinistre de Loki se fit alors entendre. Il lâcha alors « j’ai gagné ! L’aura d’Hadès… elle va fondre en larmes ! »
La joie de Loki fut de courte durée. Hadès sans songer aux conséquences de son acte plongea dans le Meikai pour rattraper Pandore !
Hadès : « J’y suis presque !! »
La main du dieu des Enfers toucha celle de sa sœur mais elle lui échappa.
« Non !! »
Pandore tomba dans les profondeurs abyssales. Hadès et Pandore disparurent à la vue d’Odin qui baissa les yeux de honte.
- Ils vont mourir tous les deux !
Un cosmos surpuissant lui fit relever la tête. Le Seikishiki tout entier
sembla s’illuminer sous l’effet de ce cosmos et quand la lumière
sortit du gouffre Odin put se rendre compte d’où elle provenait.
Hadès remontait à la surface avec Pandore dans ses bras.
Odin ne put retenir une exclamation.
- Ce cosmos… je l’ai déjà ressenti… le cosmos doré !
Pandore reposant tendrement dans les bras de son frère rouvrit les yeux. Une joie évidente s’y lut.
- Ha… Hadès. Tu m’as sauvée ?
Le dieu des enfers lui ferma les lèvres de son index avec affection.
- Oui je t’ai sauvée mais je ne l’ai pas fait seul, je
t’expliquerai.
- Mais…
- Chut grande sœur… c’est fini maintenant, rendors-toi.
Se faisant il lança une incantation mineure de sommeil et les paupières
de Pandore se fermèrent sur ses yeux si troublants.
Le regard attendri d’Hadès s’éteignit lorsqu’il
toucha à nouveau le sol du Seikishiki, ses yeux reprirent alors leur
couleur bleu acier dans lesquels on ne lisait pas l’ombre de la pitié.
Il passa devant Odin sans le regarder.
- Ecarte-toi mon frère, la vie de ce misérable m’appartient
!
- Mais c’est mon ennemi !
- Et nous sommes dans mon domaine !
Odin s’écarta, quand Hadès avait ce regard aucune discussion
n’était possible.
Loki se relevait péniblement le sang coulait à flot de tout
son corps percé par Balmung et la lance de Gungar. Il ne semblait pas
avoir peur, aussi ne se défit-il pas de son air arrogant quand il toisa
Hadès.
- Tu n’as aucun regret n’est-ce pas Loki ?
- A quoi servent les regrets ? Nous sommes tous condamnés à
nous battre jusqu’à la mort ! C’est la nature de l’homme
et ma raison de vivre !
Le temps et l’espace semblaient s’immobiliser entre eux. Loki prit la parole à nouveau.
- Allons ! Tue-moi et finissons-en !
- Tu ne me crois pas capable de faire mieux que te tuer ?
Le sourire sardonique d’Hadès fit reculer Loki qui comprit de quoi il s’agissait. Il voulut se ressaisir mais lorsqu’il voulut lacer une attaque ce fut comme si sa vue se brouillait, comme si sa perception de l’espace était altérée.
- C’est cela le poing qui déchire le ciel Loki : cette technique
crée une distorsion de l’espace qui rend impossible toute attaque
et toute riposte.
- Ah je reconnais bien là ta puissance…
- Il est trop tard pour constater ton erreur ! Toi qui disais voir de la beauté
dans le combat et la mort je vais te la présenter sous un jour moins
attrayant ! Que s’ouvre l’Enfer de la Métempsycose !
Les 9 mondes qui étaient en fait des Enfers défilèrent devant Loki à vitesse accélérée laissant à chaque fois dans sa chair un avant goût de leur terreur.
- Que préfères-tu ? Le monde des bêtes ? Celui de la famine ? Ou plus téméraire veux-tu connaître Azura la terre des combats ?
Loki tentait de se débattre mais c’était en vain car cette technique s’attaquait directement à son âme. Hadès ferma les yeux un instant puis les rouvrit, toujours du même bleu acier.
- Tu disais que la raison de vivre de l’homme était dans le combat ? Alors ton Enfer sera Azura, la terre qui ne connaît que le chaos et la violence !
Sous les yeux d’Odin l’âme de Loki semblait se disloquer lentement pour entrer dans un nouveau monde quand un événement inattendu se produisit : Loki retomba sur le sol et le cosmos d’Hadès s’évapora !
- Comment ?!
C’était Odin qui se délectant du spectacle venait de
protester contre son interruption incongrue. Il regarda alors dans la direction
d’Hadès et eut la surprise de le voir accroupi pressant tendrement
la tête de sa sœur contre sa poitrine.
Pandore, le front fiévreux passa une main tremblante sur le visage
d’Hadès.
- Hadès… Loki… il ne faut pas… il a perdu sa fille… il ne faut plus tuer… Il faut arrêter… ce n’est pas bien.
Hadès la regarda tendrement s’endormir dans ses bras, brisée par la fatigue. Il approcha sa tête de la sienne, plissant les yeux de plaisir et déposa un baiser sur son front.
- Ne t’inquiète pas grande sœur… c’était la dernière fois… Je ne tuerai plus personne…
Odin complètement éberlué regarda Hadès se relever sans plus s’occuper de Loki.
- Comment ?! Tu vas laisser vivre ce monstre alors qu’il a commis tant de crimes envers ma race et qu’il a tenté de prendre la vie de ta sœur chérie ?
Hadès ne paraissait pas se préoccuper des paroles du seigneur d’Asgard.
- Ne fais pas tant de bruit… tu vas la réveiller…
- Mais ?!
- SILENCE ! Cet homme n’est plus en mesure de faire le moindre mal !
Et puis le jour où vous vous rencontrerez à nouveau ne tardera
sans doute pas ! Retournons sur Terre à présent ! Par les vagues
d’Hadès !
Resté seul dans le Meikai, Loki se releva péniblement. Un sourire de contentement déforma ses traits.
- C’est bien… Cela m’aura sans doute coûté une humiliation mais je connais maintenant la vérité sur Hadès et Odin. Le troisième roi sera content.
Et lorsqu’il revint dans le monde des vivants ce fut sous la forme d’un faucon pour prendre la direction d’un pays inconnu de tous même des dieux.
Asgard
Les âmes d’Hadès et d’Odin avaient réintégré
le corps du seigneur d’Asgard mais après le passage dans le Seikishiki
le lien magique qui les unissait semblait se détendre, rendant leur
union moins stable.
Hadès pour le moment n’en avait cure préoccupé
qu’il était par l’état de sa sœur mais cela
n’avait pas échappé à Odin par contre.
En prenant Pandore dans ses bras Hadès s’aperçut que son
pied était attaché à un objet métallique.
- Mais c’est… c’est la chaîne d’Andromède !
Odin lui aussi en fut stupéfait.
- C’est donc cela ce cosmos doré que j’ai ressenti ! L’union du cosmos des ténèbres et de celui de la lumière !
Hadès regardait toujours la chaîne divine. Des souvenirs de ses précédentes réincarnations passaient devant ses yeux. Chaque fois il s’était réincarné dans le plus pur des mortels et jamais il ne s’était préoccupé de la personnalité de son hôte. Or son dernier hôte avait été rebelle à son âme, il l’avait combattu et voilà que maintenant il l’aidait. Une première fois en protégeant Pandore contre Loki, une deuxième fois en l’aidant à se saisir de sa sœur alors qu’elle dévalait le trou du Yomotsu Hira. Comment cela était-il possible alors que son âme devait voguer dans les limbes de l’oubli ? Où trouvait-il la force de projeter son cosmos aussi loin ? Même lui n’y serait peut-être pas parvenu et il se posa à voix haute cette question qui ne cessait de la hanter depuis sa « mort »
- Ces humains… Je ne comprends pas… Qu’ont-ils de plus que moi ?
Ne trouvant pas la réponse il se dirigea vers le château de la princesse Hilda tandis qu’une voix malicieuse lui murmurait que le temps de se séparer était venu.
*
* *
Palais de Polaris
Les guerriers divins étaient arrivés au château conduits
par Mime et Hypnos qui étaient les seuls à pouvoir marcher.
Freya avait failli s’évanouir en voyant les corps inanimés
de Hilda et de Hagen et elle avait pensé qu’ils étaient
morts pour de bon mais la voix rassurante de Mime de Venetash avait tôt
fait de calmer ses inquiétudes et ce fut d’une voix brisée
par l’émotion qu’elle leur indiqua leurs chambres. Ce qui
ne fut pas chose aisé d’ailleurs, le guerrier divin de Gamma
ayant des dimensions peu ordinaires. Ils finirent par l’installer sur
un divan dans la salle à manger, ce n’était peut-être
pas très reluisant mais c’était ça ou l’écurie
avec les chevaux ! Tous les guerriers divins installés les serviteurs
purent prendre du repos et Freya faire un accueil convenable à ses
invités.
Hypnos n’avait pas dit un mot comme à son habitude mais il semblait préoccupé, de son regard doré il sondait toutes les pièces du château à la recherche de quelqu’un. Comprenant son silence Mime se décida à demander.
- Princesse Freya, où sa majesté se repose-t-elle ?
Freya, gênée baissa les yeux.
- Sa majesté… elle nous… enfin je pense qu’elle sera bientôt…
Mime et Hypnos échangèrent un regard surpris, comment se faisait-il
que Freya ignore où étaient partis Odin et Hadès ?
Mime ouvrit la bouche pour poser une question mais une voix moqueuse partit
de nulle part.
« Quel couple vous faites toi et ce guerrier divin Hypnos ! Pfff le présent que j’apporte à sa majesté a une toute autre valeur ! Et même si je ne sais pas où elle est actuellement je peux te prédire qu’elle sera enchantée ! »
Hypnos reconnut le cosmos de son frère. Il leva la main vers Mime et le poussa sans ménagement sur le côté, un millième de seconde plus tard il constata sans étonnement que l’endroit où se trouvait Mime avait été pulvérisé par un flux cosmique.
- Thanatos, tu ne changeras jamais ! Tu considères la vie et la mort avec trop de légèreté… N’oublie pas que ces hommes sont nos alliés ! Allons montre-toi maintenant !
Le cosmos de Thanatos prit forme et les molécules qui le composaient se rassemblèrent pour laisser apparaître le dieu qui commande à la mort. Celui-ci affichait un sourire inquiétant derrière ces pupilles argentées.
- Ne te fâche pas Hypnos je voulais juste tester tes réflexes. Pfff… Allié dis-tu ? Il ne me semble pas voir sur lui un surplis pourtant? Par contre les deux hommes que je ramène avec moi appartiennent aux 108 spectres !
Thanatos souleva sa cape laissant apparaître Myu et Minos aux yeux des assistants. Mime prit position de défense mais Hypnos ne parut pas ému outre mesure.
- Il ne me semblait pas que sa majesté t’ait confié la
mission de ramener à la vie les 108 spectres. Thanatos aurais-tu agi
sans l’ordre d’Hadès ? Qu’as-tu fait de Pandore que
tu devais protéger ?
- Pfff… Le cadeau que j’apporte à sa majesté lui
fera vite oublier cette gamine ! Car je lui rapporte le vœu d’allégeance
de notre sœur Célesta et l’épée des Illusions
!
Le nom de Célesta ne surprit pas Hypnos, contrairement à son
frère cadet il se souvenait de son enfance humaine, simplement son
détachement naturel faisait qu’il n’en parlait jamais.
Le nom de l’épée des Illusions par contre le fit sortir
de ses gonds et quand son frère la fit voler par télépathie
jusqu’au milieu de la pièce il fut pris d’un malaise indéfinissable
à la vue de cette arme qui avait gravé son destin sur son front
il y avait de cela si longtemps…
Il se ressaisit pourtant et interrogea son frère en dardant sur lui
ses yeux dorés.
- Je te le demande à nouveau mon frère ! Qu’as-tu fait
de Pandore ?
- Pfff… Qu’importe Pandore ? Sa vie comme celle des humains ne
dure qu’un battement de cils !
- Sa vie est plus importante que l’univers lui-même pauvre inconscient
! Si elle venait à disparaître !
Le silence se fit brusquement, les deux frères du sommeil et de la mort s’immobilisèrent.
- Mon… mon corps… il ne bouge plus…
SILENCE !
La voix d’Hadès avait mis fin aux discussions. Un cosmos divin commença à se matérialiser autour du trône, les deux frères le reconnurent aisément : plus il se matérialisait plus sa forme ressemblait à celle d’un ange à 6 ailes, un archange : l’archange de la vengeance divine !
Hadès apparut alors. Pandore était toujours dans ses bras protégée
du froid par une longue cape sombre.
Son regard bleu avait toujours la froideur de l’acier. Il s’adressa
à Thanatos après avoir rompu le sort qui retenait les deux frères.
- Reconnais-tu celle dont tu avais la garde ?!
Thanatos tomba à genoux. Maintenant qu’il se souvenait de son
enfance il savait à quel point Hadès avait été
un père pour Hypnos, Célesta et lui-même. Etre ainsi pris
en faute le remplissait de honte plus que de peur. Des gouttes de sueur perlaient
sur son front, il n’osait pas dire un mot.
L’attaque télé kinésique du dieu traversa la pièce
sans qu’aucun des assistants ne put même sentir son cosmos se
déplacer. Le dieu de la mort se retrouva allongé plusieurs mètres
plus loin.
Hypnos s’interposa entre Hadès et son frère pour recevoir
la prochaine attaque. Son regard ne traduisait aucune peur mais il n’en
était pas pour autant dénué de respect.
Après un moment d’hésitation Myu et Minos l’imitèrent,
leurs combats en Enfer ayant crée une certaine fraternité entre
eux.
Hadès les regarda tour à tour sans qu’aucune émotion
ne transparaisse sur son visage. Il réfléchit quelques secondes
qui parurent des heures au ridicule de la situation : trois de ses serviteurs
en défendant un autre contre ses coups. Il aurait pu leur dire de se
retirer mais c’eut été perdre la face, il aurait pu les
tuer tous les 4 mais cela l’aurait privé de 4 combattants pour
en punir un seul. Et puis il y avait la promesse faite à Pandore, il
la tiendrait au moins… deux jours… Il eut un petit rire ironique
qui voulait dire chez lui « que ces humains sont ennuyeux… »
Pourtant ses guerriers ne se détendirent totalement que quand il s’adressa
à Freya avec une douceur peu commune chez lui.
- Princesse. Ma sœur a besoin de soins, on m’a vanté les dons de la princesse Hilda en la matière allez donc la quérir car je gage - son regard passa sur Hypnos - que tous les guerriers divins sont en vie.
Freya fit une révérence puis alla quérir sa sœur qui ne tarda pas à se présenter vêtue en tenue de prêtresse escortée de quelques gardes. En lui remettant Pandore Hadès lui murmura.
- Je remets ma sœur entre vos mains princesse. Prenez-en bien soin…
comme si votre vie en dépendait.
- J’en prendrai soin comme s’il s’agissait de Freya.
Hilda se retira après une révérence plus élégante
que la première. Hadès s’assit sur son trône, il
fermait les yeux quand la voix d’Odin lui rappela qu’il restait
encore beaucoup à faire.
Il fit alors signe à Hypnos et Thanatos de s’avancer.
Ceux-ci s’agenouillèrent et lui présentèrent les
résultats de leurs quêtes respectives.
Thanatos fit venir à lui l’épée des Illusions qui
s’enfonça dans le sol à faible distance d’Hadès
puis Hypnos sortit l’œil de Wotan de la doublure de sa cape.
- Majesté je dépose devant vous la vie des guerriers divins
et l’œil de Wotan qui donne la sagesse.
- Majesté je vous apporte le serment de Célesta et celui des
spectres ainsi que l’épée des illusions.
Deux cosmos s’intensifièrent : celui d’Hadès et celui d’Odin. Ce fut alors comme si les deux personnalités se superposaient chacune regardant avidement l’objet de son ambition. Ils firent alors plusieurs mouvements pour aller vers l’un ou l’autre artefact mais à chaque fois que leurs mains se rapprochaient de l’un ou de l’autre elle était retenue de l’étreindre par une force invisible. C’était comme si deux cosmos s’affrontaient dans le même corps.
« Hadès il me faut cet œil ! Sans lui je ne pourrai pas
restaurer Asgard !…
Non seule l’épée est importante ! Grâce à
elle je serai invincible et je pourrai dominer le monde ! »
Finalement leur main droite se referma sur le pommeau de l’épée
des illusions. Hadès n’eut pas le temps de sourire, une douleur
intense le traversa et il manqua de tomber à terre.
Prenant le dessus Odin voulut s’emparer de son précieux œil
mais à son tour il fut repoussé par une force inconnue.
Tous les assistants se précipitèrent pour secourir leurs maîtres
mais un cosmos agressif les retint !
Les deux dieux se relevèrent avec difficulté.
- Pfff C’est pourtant évident Odin !
- Qu’est-ce qui est si évident ?
- Un dieu ne peut porter la main sur l’arme d’un autre, leurs
cosmos ne sont pas en harmonie !
- Cela voudrait dire que…
- Exactement Odin ! Tant que nous serons deux dans ce corps aucun de nous
ne pourra atteindre la pleine puissance de son cosmos !
Un silence suivit. La voix d’Odin s’éleva alors dans la pièce. Elle était triste et lasse.
- Il semblerait que le temps de notre union prenne fin…
- Toi et moi le savions… qu’un jour cela arriverait.
- Oui c’était inéluctable…
Hadès prit de nouveau le dessus et s’adressa à l’assistance.
- Odin et moi allons nous livrer un combat pour la possession de ce corps ! Un combat à mort ! Celui qui l’emportera sera votre maître à tous ! Adieu !
Les cercles de l’esprit partirent alors de la main d’Hadès, il avait compris qu’il n’existait qu’un seul endroit propice pour que deux dieux s’affrontent : le lieu où les âmes se séparent des corps.
Limbes
Un univers où le jour et la nuit n’existaient pas, un monde
sans lumière, sans physique voilà ce qu’étaient
les Limbes. Dans les diverses mythologies elles étaient l’Enfer
ultime où se retrouvaient ceux qui n’avaient pas d’âme
et qui de ce fait ne pouvaient trouver le repos. Les chrétiens l’attribuaient
aux enfants morts sans avoir reçu un nom, les Grecs aux hommes qui
n’avaient pas accompli leur destinée.
Aujourd’hui deux dieux allaient accomplir la leur en ces lieux.
- Pourquoi nous as-tu amenés ici Hadès ?
- Il n’existe pas de meilleur endroit pour terminer nos vies Odin. C’est
dans cet univers que se débattent actuellement ceux qui ont tenté
de me défier : les chevaliers d’Athéna.
- Tu veux dire que ?
- Oui ce que tu vois autour de toi c’est le néant ! Ce néant
dans lequel les atomes à force de s’entrechoquer on donné
naissance à l’univers puis à la Terre.
- C’est un univers figé, mort…
- Détrompe-toi Odin ! Cet univers contient plus de vie que tu ne pourras
jamais l’imaginer car il est baigné en permanence par le Big
Will. Quand mon père le grand Cronos a détruit le ciel il a
réellement provoqué le Big Bang car le ciel gorgé de
l’énergie du Big Will s’est vidé de sa substance
et l’a déversé sur Terre. Je fais partie des 3 premières
personnes à avoir saisi cette énergie à l’état
lattent dans l’univers et à avoir réussi à la maîtriser.
Mais le ciel a fini par se reconstituer et il forme maintenant cette dimension
que l’on appelle les limbes.
- Je sais tout cela Hadès… Le sacrifice de mon œil sur la
fontaine de la sagesse m’a fait entrevoir l’histoire de l’univers.
- Alors si tu sais cela tu connais peut-être cette légende :
« Lorsque deux êtres animés par le Big Will se battront sous le ciel qui fut déchiré…
Odin reprit.
… celui qui l’emportera se verra accorder une nouvelle vie par le ciel lui-même…
… mais si aucun ne l’emporte le ciel s’ouvrira en deux et une catastrophe incommensurable pour l’univers éclatera »
- Odin je le déplore mais notre union n’est plus possible !
L’un de nous doit remporter ce duel pour avoir le droit de revenir à
la vie !
- Hadès, qu’attends-tu vraiment de ce duel ? Tu sais très
bien que ce que tu chérissais le plus au monde était ton corps
originel or il a été détruit et nul ne pourra te le rendre
! Si tu veux tellement revenir à la vie pourquoi ne choisis-tu pas
un mortel ? Tu sais très bien que même avec l’œil
de Wotan mon corps ne sera jamais aussi puissant que le tien.
Un silence passa avant qu’Hadès ne se décide à répondre.
- Je n’ai plus le temps d’attendre mon frère ! Ne vois-tu
pas que l’histoire est en marche ? Le procès d’Athéna
est sans doute déjà entamé ! Une fois condamnée
il ne fait aucun doute que les dieux tenteront de s’emparer de la Terre
!
- Et alors n’est-ce pas ton propre but ? Est-ce par ambition que tu
veux t’en emparer toi aussi ?
- Non Odin, si je veux m’emparer de la Terre c’est pour la sauver
! A chaque fois qu’une guerre divine a éclaté le monde
a sombré dans le chaos car aucun dieu n’était assez puissant
pour imposer sa volonté aux autres ! Et cela pour une raison simple
: les dieux qui habitent l’Olympe sont dévorés par l’ambition
! Aucun d’eux pas même Poséidon ne pense sincèrement
à instaurer Utopia sur Terre. Mais l’empereur des ténèbres
est différent ! Parce que j’ai abandonné tout sentiment
humain j’ai pu élever mon cosmos au-dessus de celui de n’importe
quel dieu ! Parce que je suis le dieu le plus puissant je suis le seul à
pouvoir porter le nom de Dieu, le seul à pouvoir instaurer Utopia.
- En es-tu si sûr Hadès ? Crois-tu vraiment que l’abandon
des sentiments rend plus fort ? N’est-ce pas l’amour qui rend
plus fort que tout ? Et cet amour que tu feins d’ignorer ne l’as-tu
pas senti dans ton cœur par delà ta mélancolie depuis que
tu as retrouvé ta sœur ?
Hadès ferma les yeux. Il ne voulait pas qu’Odin puisse voir la tristesse qui l’habitait et qui le rendait parfois si humain. L’amour… Jamais il ne l’avait ressenti depuis… depuis qu’il l’avait rejeté ! Depuis il ne connaissait que la souffrance et la mélancolie.
- L’amour n’est que souffrance et tristesse. L’homme ne
peut être heureux par l’amour, tout ce qu’il recueille en
retour de son amour c’est de la tristesse et en fin de compte il finit
par appeler la mort. Finalement il vaut mieux mourir que chercher l’amour
sans espoir. J’aime Pandore certes mais sa vie ne durera pour moi pas
plus longtemps qu’un battement de cils et mon amour s’éteindra
avec elle. Finalement tu vois Odin, l’amour est une chose éphémère,
elle dure certes une vie mais pas l’éternité et à
la fin il ne reste que la tristesse, que la souffrance. Avoir rejeté
l’amour c’est ce qui fait de moi le dieu suprême !
- Tu te trompes Hadès, l’amour ne dure pas qu’une vie,
il n’est pas que tristesse et souffrance, tu n’es pas le dieu
suprême puisqu’Athéna a réussi à te surpasser
avec son amour. Mais il n’est plus temps de parler seul le choc de nos
cosmos nous dira qui de nous a raison ou a tort ! En garde !
- Que la danse commence Odin !
Et deux dieux qui peu de temps auparavant ne faisaient qu’un se lancèrent
dans un combat à mort.
Dans ce monde de mort les règles n’étaient pas les mêmes
que dans celui des vivants et Odin avait pu revêtir l’armure de
cristal tandis qu’Hadès ne pouvant toucher l’épée
des illusions n’était pas protégé par son surplis.
Le seigneur d’Asgard engagea l’affrontement ne se ruant sur Hadès
l’épée haute. Hadès ne bougea pas d’un cheveu
et au dernier moment Odin se rendit compte qu’il n’avait touché
que le vide.
- Comment ?!
Hadès se trouvait juste derrière lui, son cosmos ne dégageait aucune agressivité.
- Crois-tu qu’il existe une vitesse supérieure à celle
de la lumière ? Il ne sert à rien de t’agiter en vain
quand un seul mouvement me permet d’éviter ton attaque. Si tu
n’as pas compris cela c’est que ce duel est fini !
- Prends ça !
L’épée de Balmung fendit l’air des limbes à nouveau et cette fois l’épée rencontra la chair d’Hadès, le touchant au cou, Odin eut un sourire satisfait mais il déchanta vite en voyant l’image d’Hadès se déformer tel un mirage.
- Comment ?!
Hadès avait les yeux fermés, son image se déformait sous les multiples coups portés par Balmung sans qu’il semble en souffrir.
- Crois-tu que je sois le maître des illusions pour rien Odin ? Apprends-ceci
: avant d’y avoir Elision il n’y avait que les limbes. Pour créer
le paradis et l’Enfer j’ai dû harmoniser mon cosmos avec
le Big Will lui-même, cela aucun dieu sauf peut-être Zeus n’en
est capable ! Nous sommes actuellement dans les Limbes où mon cosmos
est en harmonie avec l’univers, si tu ne parviens pas à t’harmoniser
avec lui tu ne pourra pas même me porter un coup.
- Hum je comprends… c’est le même effet que ton poing des
ténèbres : je peux te voir mais il m’est impossible de
te porter un coup ! Mais je ne m’avoue pas vaincu ! Gungar Spears !
Odin projeta un rayon lumineux de son index venant frapper le sol autour
d’Hadès. Les éclats de roche se transformèrent
en lances acérées qui furent projetées sur Hadès
mais elles ne firent que déformer à l’infini l’image
du dieu des Enfers.
Hadès gardait les yeux fermés, il semblait presque désolé
de l’insuccès de l’attaque d’Odin.
- Pathétique… Ce n’est pas avec une technique de ce genre
que tu me vaincras… Tu n’as vraiment pas de chance, si Elision
n’avait pas été détruit nous n’aurions pas
été obligés de nous battre dans les limbes et ce combat
aurait été plus équitable.
- Cesse de te vanter Hadès ! Je finirai par trouver la faille de ta
technique !
- Pour cela il faudrait que ton cosmos traverse l’ensemble des dimensions
qui nous séparent et cela seule la chaîne nébulaire en
est capable.
- C’est ce qu’on va voir ! Par la punition du Balmung!
L’épée de Balmung décrivit plusieurs cercles de
360° avant de s’arrêter à la verticale. Odin sourit,
Balmung avait localisé son adversaire, cela ne faisait aucun doute
!
L’épée de Balmung partit en droite ligne sur l’image
d’Hadès.
Le sang coula mais dans les limbes on le distinguait à peine, Odin
mit un genou à Terre. Son attaque s’était retournée
contre lui.
- Comment est-ce possible ? Balmung t’avait pourtant localisé
!
- C’est vrai mais ton cosmos n’est pas en harmonie avec le Big
Will Odin. Il est bien trop agressif et ce qui brise l’harmonie le Big
Will le rejette, voilà pourquoi les attaques des mortels qui s’attaquent
aux dieux leur sont toujours renvoyées : ils brisent l’harmonie
du Big Will.
- Hmf, on dit que dans un combat de dieux la victoire revient toujours à
celui qui défend la paix et la justice, je comprends maintenant qu’il
s’agit de l’harmonie… Mais je ne m’avoue pas vaincu
Hadès ! Reçois mes attaques : Par la puissance de Balmung!
Les coups d’Odin partirent à la vitesse de la lumière, chacun de ces coups déchirait un peu plus l’image du dieu mais chaque fois il lui était renvoyé et le sang d’Odin coulait à flot sans que le sourire triste d’Hadès ne s’efface.
- Imbécile ! Plus tu déchaîneras ton cosmos contre moi
plus sa puissance te frappera ! En portant la main sur Dieu c’est ton
sang qui coulera !
- Tu m’as appris que rien n’était impossible Hadès
! Peu importe mes souffrances ! Le Big Will finira par comprendre que ce n’est
pas moi son ennemi et me reconnaîtra pour sien !
Hadès plissa les yeux de contrariété, Odin ne combattait pas dans le même univers que lui et il ne voulait pas l’admettre. Or rien ne l’énervait plus que les souffrances inutiles, que les combats inutiles !
Ses yeux s’illuminèrent d’un éclat inquiétant et son cosmos s’intensifia telle une vague. Odin fut violemment projeté en arrière par la force de ce cosmos. Pourtant le dieu des Enfers n’avait même pas utilisé une technique de combat, il avait juste utilisé l’énergie qui parcourait son corps.
- Alors Odin as-tu compris maintenant ? Comprends-tu que nous ne combattons pas sur la même terre ?
Odin se releva en s’appuyant sur l’épée de Balmung. Un rire irrépressible soulevait sa poitrine et son dos.
- Hu hu hu, Hadès j’ai enfin réussi à te faire
sortir de tes gonds on dirait ! Tu n’es plus en harmonie avec le Big
Will !
- Que dis-tu ? C’est impossible voyons !
Hadès s’interrompit, quelque chose était passé devait ses yeux et avait obscurci sa vision. Il ouvrit la paume de sa main et s’aperçut qu’une mèche de cheveux noir de jais y reposait. Même si ce n’était pas du sang ni une blessure, c’était la preuve flagrante qu’au moins un des coups d’Odin l’avait touché !
- On dirait que j’avais raison : pour t’harmoniser avec le Big
Will tu dois garder un calme olympien ! Et maintenant je peux saisir ton corps
car le Big Will ne le protège plus ! Prends-ça ! Par la force
de Balmung !
- Imbécile si nous nous combattons ici à armes égales
le ciel n’y survivra pas !
Palais de Polaris
Une jeune fille aux cheveux gris pâle tirant sur le bleu s’était
endormie sur un lit brisée par la fatigue. Sa tête reposait dans
une position assez inconfortable sur les jambes de la jeune fille qui occupait
le lit.
Pandore eut un mouvement brusque par delà son cauchemar.
« Hadès… non… le ciel… il ne faut pas…
»
Hilda s’éveilla en sursaut et aussitôt tenta de clamer
les convulsions de la malade, elle parvint assez vite à la maîtriser
et Pandore s’éveilla.
Hilda sursauta à nouveau en voyant ses yeux rouges comme le sang.
- Qui êtes-vous ? demanda Pandore
- Je… je suis…
La jeune fille aux cheveux noirs de jais se rasséréna et ses yeux reprirent une couleur bleu océan moins inquiétante. Dans un geste de sympathie spontanée elle saisit les mains d’Hilda et les garda dans les siennes.
- Vous devez être la princesse Hilda ? Mon petit frère m’a beaucoup parlé de vous !
Rougissant devant tant de familiarité et de gentillesse spontanée Hilda bafouilla.
- Votre petit frère ?
- Oui, Hadès si vous préférez. Mais depuis que je suis
revenue à la vie nous n’aimons pas nous encombrer de noms compliqués.
Vous savez il n’en a pas l’air comme ça mais il a grand
cœur !
Hilda se reprit un peu et eut un sourire attendri pour cette jeune fille qui ne devait pas être plus grande que sa propre sœur et qui parlait du maître de la mort avec une telle candeur.
- Je n’en doute pas… altesse ?
- Appelez-moi Pandore, nous sommes entre amies ! Mais je vous disais qu’il
avait bon cœur. Tenez un jour je lui ai fait remarquer que je n’aimais
pas la décoration du château et le lendemain il avait tout changé
!
Hilda ne put réprimer un rire et Pandore l’imita, il faut dire
que la situation avait de quoi être comique.
Pandore ayant eu une bouffée de chaleur due à la fièvre
elle fit signe à Hilda qu’elle allait se rendormir. Celle-ci
accompagna doucement sa tête vers l’oreiller mais avant de fermer
les yeux Pandore demanda à Hilda ce qu’elle avait dit pendant
son sommeil.
- Eh bien vous avez parlé du ciel et d’un combat qui ne devait
pas avoir lieu…
- Oui… il ne faut pas qu’Hadès se batte avec un autre dieu
dans les limbes… Cela n’apportera que la destruction et le ciel
sera déchiré… mais je ne suis pas inquiète, il
m’a promis de ne plus tuer… et puis la lumière qu’il
doit saisir se trouve dans le ciel, pas dans la victoire, pas dans le combat…
il le sait !
Pandore s’endormit. Hilda réfléchit quelques secondes
sur ces dernières paroles avant d’en assimiler complètement
le sens.
Elle s’immobilisa soudain puis se leva brusquement comme touchée
par la foudre.
- Mais alors ! Si la lumière se trouve dans le ciel et qu’il risque d’être détruit ! Le combat mortel d’Hadès et Odin est inutile ! Il faut arrêter cette folie !
Elle se retourna pour tomber nez à nez avec Hypnos qui n’avait pas perdu un seul mot de ce dialogue.
- Hypnos ! Nous devons !
- Les laisser achever leur destin… Sa majesté Hadès sait
que ce combat est inutile, il recherche juste une mort digne de lui.
- Mais la lumière ?
- Cette lumière qui accorde une vie il l’a déjà
saisie une fois mais il ne pourra le faire à nouveau car cette lumière
c’est le Big Bang… Cette lumière, c’est DIEU !
Limbes
Hadès et Odin s’étaient empoignés. L’énergie cosmique qu’ils dégageaient était tendue entre eux sans qu’aucun ne parvienne à prendre l’avantage sur l’autre.
- Odin je te préviens ! Si nous continuons à nous affronter
en ce lieu une catastrophe incommensurable pour l’univers arrivera !
- Que veux-tu dire par là ? Que ce monde sera détruit ?
- Pas seulement ce monde Odin ! La Terre entière et toutes les dimensions
qui y sont rattachées vont partir en morceaux !
Odin lâcha prise, Hadès l’imita, le cosmos tendu entre les deux dieux s’évapora.
- Que veux-tu dire ? Explique-toi !
- A quoi te sert donc d’avoir bu dans la fontaine de la sagesse si je
dois tout t’expliquer ! Ecoute, tu te souviens de cette légende
qui veut que le ciel se déchire si deux dieux de force égale
s’affrontent dans les limbes ?
- Oui… Et lorsque le ciel s’ouvrira le vainqueur se verra offrir
une nouvelle vie !
Odin projeta à nouveau son cosmos sur Hadès qui cette fois ne fit que le contenir entre ses mains sans riposter.
- Le ciel est un ! L’univers est un ! Si le ciel venait à se
déchirer à nouveau la vague du Big Will déferlerait à
nouveau sur la Terre !
- Et alors ?
Hadès intensifia son cosmos et rejeta le cosmos d’Odin dans les limbes, il ne paraissait pas fatigué mais terriblement inquiet.
- Et alors la lumière qui s’en échappera sera la même
que celle qui créa l’univers ! Sa puissance sera égale
à l’explosion d’un millier de soleils en même temps
! Et tu peux me croire toi, moi, la Terre, l’Olympe, n’y survivrons
pas !
- Un millier de soleils !
Odin s’arrêta, il venait de comprendre ce qu’était cette catastrophe incommensurable dont parlait la légende.
- Mais alors pourquoi nous avoir amenés ici si tu étais conscient de conséquences ?
Hadès reprenait son souffle, il avait dépensé beaucoup d’énergie pour recevoir les attaques d’Odin sans les renvoyer.
- C’est… le seul endroit… où deux dieux enfin leurs
âmes puissent s’affronter… en fait je voulais savoir si
la légende disait vrai : si cette lumière qui donne une nouvelle
vie existe bien.
- Mais tu viens de dire que la puissance de cette lumière détruirait
l’univers !
- Oui si elle est libérée… c’est autre chose si
on vient à elle… alors elle ne détruirait que celui qui
la saisit…
- Hadès… tu… tu ne veux quand même pas dire que si
tu nous as amenés ici c’était…
Un très court silence passa.
- Si tu as bien deviné Odin. Moi qui me dis Dieu je voulais savoir
si dans le ciel… là où le Big Will prend naissance…
il y avait bien DIEU.
- Mais c’est du suicide ! Tu ne pourras jamais résister à
une telle puissance !
Pour la première fois depuis le début du combat Hadès
sourit, ses yeux étaient redevenus verts mais par delà la tristesse
l’espoir y brillait toujours.
Il s’avança vers Odin puis lui désigna le ciel.
Une ligne rouge en séparait les deux bords : le Ciel avait été
coupé en deux !
- Odin. Depuis le début de ce combat j’avais l’intention
de mourir pour te rendre ce corps.
- Comment ?!
- Te souviens-tu de la façon dont Pandore m’appelle ?
- Oui… « son petit frère »…
Hadès baissa les yeux.
- Je ne suis pas son petit frère. Son petit frère était
destiné à s’appeler Ludwig von Helstein. Oui tu vois ses
parents avaient déjà choisi son nom. Mais c’est moi qui
suis venu à la place de cet enfant et au lieu d’apporter le bonheur
à cette famille je lui ai apporté la mort ! J’ai tué
toute vie à 100 kilomètres autour de ce château et j’ai
condamné Pandore à vivre un cauchemar éveillé
! Et pourquoi ? Pour pouvoir dominer le monde…
- Ecoute il n’est pas trop tard.
- Si ! Il est trop tard pour moi ! Un automne et un hiver sont déjà
passés depuis que le Hadès qui devait dominer le monde est mort…
de la main d’Athéna. C’est ainsi que ma vie aurait dû
se finir ! Mais au lieu de ça je n’accepte pas mon destin et
continue à vouloir devenir le dieu suprême…
Hadès saisit Odin par les épaules avec violence.
- Ecoute Odin ! Il est temps que cette folie cesse ! Je n’ai plus ma place en ce monde ! Mais toi tu l’as toujours ! Avec tes guerriers divins et les spectres que je laisse à ton service promets-moi d’instaurer Utopia sur Terre ! Je ne sais plus aujourd’hui si la Terre lavée du mal est aussi une Terre lavée d’amour mais je suis sûr que la Terre a besoin d’un dieu sans quoi l’humanité la détruira alors je t’en conjure ! Sois un dieu pour cette Terre ! Ne laisse pas les Olympiens s’en emparer ! Veille sur Pandore ! Réalise mes rêves !
Odin saisit le poignet d’Hadès, jamais dans sa longue vie il n’avait été aussi impressionné, l’émotion était visible dans son regard, il ne voulait pas perdre ce frère formidable qui lui laissait une mission si importante.
- Je te promets de réaliser tes rêves ! Mais nous le ferons ensemble!
Une lueur sauvage passa dans les yeux d’Hadès.
- Restriction !
Le cosmos du dieu des enfers paralysa le seigneur d’Asgard.
- Je… Je ne peux plus bouger !
Hadès s’éloigna, il contempla la fissure qui séparait le ciel en deux d’un air rêveur.
- Nous allons voir s’il y a vraiment un dieu dans le ciel ou si comme
l’amour ce n’est qu’une chimère créée
pour rassurer.
- Non je t’en prie ne fais pas ça !
Hadès se retourna vers Odin un sourire triste aux lèvres.
- Ne t’inquiète pas Odin. Hadès, l’aîné des dieux n’a pas besoin d’aide pour retourner au ciel.
IL intensifia son cosmos d’une couleur argentée et l’univers autour de lui sembla en prendre la couleur puis une sorte de tourbillon l’entoura.
- Que s’envole l’archange !
Et Hadès prit son envol vers le ciel, là où le Big Will
pend sa source ! Il entendit à peine le cri d’Odin qui le suppliait
de s’arrêter.
Hadès : Pandore, Perséphone adieu à vous que j’aime.
Athéna, Odin puissiez-vous survivre à la tourmente de cette
époque et ouvrir une nouvelle ère, moi je n’ai pas pu.
Adieu vous tous !
Tandis que Hadès fonçait vers le ciel à une vitesse vertigineuse Odin faisait des efforts surhumains pour se libérer du sort de son frère.
Odin : Je dois faire quelque chose ! Je ne peux le laisser sacrifier sa vie ainsi ! Il doit bien y avoir une solution ! Je sais ! L’œil ! Son pouvoir me permettra de me libérer.
Odin établit une liaison télépathique avec Hypnos qui se trouvait dans le palais de Polaris.
Odin : Hypnos ! L’œil de Wotan ! Envoie-le-moi ! Vite
!
Hypnos : Mais pourquoi ?
Odin : Fais ce que je te dis ! Et envoie l’épée
des illusions ici quand je te l’ordonnerai !
Une seconde plus tard Odin recevait l’œil de Wotan dans sa main,
il intensifia son cosmos qui s’en trouva décuplé et parvint
ainsi à se libérer.
Odin intensifia son cosmos puis le dirigea vers Hadès.
Odin : Pourvu que cela le protège ! Cela doit réussir !
Dans le ciel Hadès montait à une vitesse dépassant presque celle de la lumière et plus il s’approchait de la lumière plus la température s’élevait !
Hadès : Mon corps ! Il ne résistera jamais à une telle chaleur ! C’est la même sensation que lorsque j’ai saisi le Big Will pour la première fois mais en mille fois plus intense ! Quelle pression ! J’ai l’impression que je vais être pulvérisé avant d’avoir saisi la lumière !
Il sentit alors une cosmo énergie familière l’entourer. La chaleur se fit moins intense.
Hadès : Ce cosmos je le reconnais ! C’est celui d’Odin ! Il me vient en aide ! Mais il n’y a pas que le sien ! Je reconnais aussi ceux de Thanatos et Hypnos ! Et ce cosmos chaleureux c’est celui d’Hilda !
« Majesté ! Majesté Hadès ! …
Ne perdez pas espoir ! Nous croyons en vous ! »
Hadès : Je… je ne peux plus je n’ai plus la force…
« Hadès ! Hadès ! Si nous avons trouvé la force de te vaincre c’est parce que nous n’avons jamais abandonné l’espoir ! A ton tour ne l’abandonne pas ! »
Hadès : Cette voix ! C’est celle de Shun ! Où es-tu Shun ? Pourquoi me viens-tu en aide ?
« Hadès tu as beau te le cacher toi aussi tu crois en un monde meilleur où les rêves se réaliseraient ! Je suis plus proche de toi que je ne l’ai jamais été car moi aussi j' erre dans les limbes mais je n’ai pas ta force ! Toi tu as la force d’aller jusqu’au bout et de changer le monde ! »
Hadès : Odin… Hilda… Shun… J’aurais
pris vos vies sans hésiter et vous me conjurez de ne pas abandonner
! Une dernière fois je vais embraser mon cosmos ! Oui à l’infini
! Et alors je saurai si ce dieu qui a crée l’univers est un dieu
d’amour !
Que mon cosmos brûle !!!!
Le cosmos d’Hadès s’intensifia en même temps que
la chaleur, mais les cosmos des personnes qui croyaient en lui le protégeaient
mieux que son propre cosmos.
Son ascension vers le ciel sembla durer des heures, des jours, des mois, quand
enfin la lumière se fit plus intense, il sut alors qu’il avait
rencontré Dieu.
Hadès sentit une cosmo énergie apaisante mais encore plus brûlante que celle de la lumière. Ce cosmos prit la forme d’un ange mais son sourire ne laissait aucun doute sur son sexe, c’était une femme, une mère, une mère compatissante.
Hadès : Vous… Etes-vous Dieu ?
Gaïa : Mon nom est Gaïa, je suis la mère de toute vie. La première engendrée par le Big Will. Je suis votre mère et celle de toute la création.
Le sourire de Gaïa se faisait de plus en plus angélique mais Hadès sentait la chaleur augmenter à une vitesse affolante et la douleur traversait tout son corps. Il ne pourrait plus tenir longtemps.
Gaïa : Pourquoi êtes-vous ici ?
Hadès : Je ne suis pas ici pour accomplir la prophétie, je suis venu pour rencontrer Dieu.
Gaïa : En êtes vous sûr ? N’est-ce pas une nouvelle vie que vous vouliez en venant ici ? De votre réponse dépendra votre avenir.
Hadès : Je suis le dieu qui domine la mort, la vie m’est indifférente. Je suis venu ici pour accomplir mon destin : rencontrer Dieu et une fois qu’il aura répondu à mes questions je pourrai mourir sans regret.
Le sourire de Gaïa se fit plus chaleureux, presque tendre. Elle s’adressa à Hadès comme si elle le voyait pour la première fois.
Gaïa : En vérité votre destin est tout autre mais il est lié à cette lumière que je porte. Je vous la confie, prenez-en soin.
Elle ouvrit les bras et entre ses mains la lumière prit forme, elle prit la forme de la vie, la forme d’un fœtus.
Hadès : Un fœtus ?
Gaïa : Oui c’est cela la récompense qui est donnée à celui qui arrive jusqu’au ciel : une nouvelle vie dont la forme la plus simple est un fœtus.
Hadès : C’est donc cela la lumière ?
Gaïa : Oui vous avez devant vous la plus simple expression de l’univers : une lumière intérieure qui donne la vie car toute vie est en elle-même un micro-univers. Hâtez-vous de la saisir avant que vous ne mourriez. Je vous la remets mais hâtez-vous.
Hadès pleurait, lui qui n’avait jamais vu que la mort, venait de comprendre le véritable sens de la vie : une naissance.
Hadès : Oui, j’ai enfin compris ce qu’était la vie. Cette lumière je vais la saisir même si je n’en ai plus la force !
Hadès ouvrit les bras pour recevoir le cadeau de Gaïa, il sentit la lumière se laisser aller dans ses bras comme un enfant s’abandonne entre des bras aimants.
Hadès : Shun ! Pandore ! Votre lumière je l’ai saisie !! JE L’AI SAISIE !!
Au moment où Hadès saisit le fœtus et ce fut comme un
nouveau Big Bang, comme si l’énergie de l’explosion d’un
millier de soleils avait déferlé sur les Limbes mais sans toucher
la Terre.
L’univers entier sembla s’embraser et la silhouette du dieu des
ténèbres disparut totalement.
Grèce
Une comète fendit la voûte céleste et s’écrasa
non loin de l’île sacrée. Le cratère qu’elle
creusa fut énorme.
Un homme en émergea, il était nu.
Il avait du mal à se relever aussi prit-il appui sur le premier objet
venu.
Sa main se referma sur le pommeau de l’épée des illusions.
Il eut alors un sourire.
« Je suis vivant »