Chapitre 3 : Les ennuis commencent

 

Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin. Mais c’est peut-être la fin du commencement. Winston CHURCHILL, Discours du 10 novembre 1942

La bête jubilait. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas senti un gibier aussi appétissant. Elle n’avait pas vraiment compris comment elle avait pu arriver ici, mais peu importait. Elle sentait la chaleur de ses proies et c’était tout ce qui importait. A la faveur de la nuit, elle se rapprocha de la maison. Oh quel beau terrain de chasse ! Il valait mieux ne pas le partager avec les autres, et l’explorer seule. Avec un peu de chance, il y aura d’autres proies. Mais pour le moment, il fallait s’occuper de sa faim qui avait assez duré.

Cette nuit là, seule la lune entendit les hurlements des habitants de la maison.

oooooOOOOOOoooooo

Il faisait encore nuit noire au pied du Sanctuaire, mais les jeunes chevaliers d’or n’en avaient cure. Ils devisaient joyeusement tout en s’étirant.

« C’est moi où j’ai l’impression qu’ils ne nous aiment pas beaucoup ? » questionna Jay.

- Ils m’ont l’air assez vieux jeu. » fit remarquer César. « Et effectivement, je pense qu’on a pas vraiment la côte. »

- Et aucun sens de l’humour par-dessus le marché ! » renchérit Callie.

- Combien de temps avant qu’il ne craque ? »

- Deux heures environ. Et après, j’ai quand même pu avoir la satisfaction de lui faire une petite démonstration de mes capacités. Il ne l’a pas montré, mais je suis sûre qu’il était impressionné. »

- Abasourdi peut-être ? Effaré ? Stupéfait ? » proposa Sharzâd. « Tu sais que ce n’est pas en poussant les gens à bout comme tu adores le faire, que tu vas te faire des amis. »

- Hé, c’est pas vrai. Regarde Hyacinda, on est les meilleures amies du monde. » protesta la Vierge.

- Mouais. Elle t’a quand même envoyée à l’hôpital parce que tu l’as précisément fait sortir de ses gonds. »

- C’est ma moitié latino, j’ai un tempérament explosif. » se défendit Hyacinda. « Et puis elle l’avait bien mérité de toute façon. »

- Shaka a tenu plus longtemps que toi avant de s’énerver. Et puis ils sont tellement coincés dans leur morale et leur code de conduite du parfait chevalier que ce serait criminel de ne pas leur chercher les poux. »

- Je suis entièrement d’accord ! » approuva Vanek. « Ils seront bien plus amusant à tourmenter que Shiryu. D’autant plus qu’ils n’ont pas le pouvoir de nous punir et ils n’ont plus la force de nous mettre une raclée, alors c’est tout bénéf ! »

- Et après on se demande pourquoi ils n’ont pas beaucoup d’estime pour nous. » se plaignit Hyacinda. « Bon en attendant, qu’est-ce qu’on fait pour notre échauffement ? »

- Le tour du Sanctuaire ? »

- On l’a déjà fait hier. » rétorqua Vanek. « Pourquoi pas la course dans les escaliers ? »

- Il est quatre heures du matin et nos hôtes ne sont pas encore levés. » fit remarquer Ian, sans grande conviction.

Les douze jeunes se regardèrent en souriant.

« Le dernier en haut est une poule mouillée ! » s’exclama Vanek avant de se lancer suivit par les autres.

oooooOOOOOooooo

« Quatre heures du matin ! Ils ont commencé à courir dans les escaliers en criant à quatre heures du matin ! »

En face de Milo, Ikki et son frère faisaient de visibles efforts pour ne pas exploser de rire.

- C’est à cause de la chaleur. » expliqua tranquillement Shun. « La journée, il fait trop chaud pour s’entraîner, alors ils commencent très tôt le matin. »

- D’accord, mais est-ce qu’ils sont obligés de faire ça dans les escaliers ? Sans compter qu’ils ont fait au moins une dizaine d’aller retour et toujours en braillant ! »

- Non. Mais ils adorent se courser dans les escaliers. Ils ont du oublier que vous étiez là, c’est tout. » Pour le coup Ikki ne réussi pas à se retenir et éclata de rire.

- Ben voyons. » commenta Milo, toujours furax.

- Loin de moi l’idée de critique vos choix et la formation que vous leur avez dispenser, » commença prudemment Aiolia, « mais vous êtes sûr qu’ils sont fait pour être chevalier. »

Ikki réussit à se reprendre et répondit. « Oui, les armures les ont choisi. »

- Elles avaient aussi choisies Masque de Mort ou Saga. »

- Ne t’arrête pas aux apparences. Tu as d’eux l’image qu’ils veulent que tu ais d’eux et tu es en train de faire exactement ce qu’ils attendent de toi ! »

- Je vois pas d’intérêt à ce que les gens vous considèrent comme des guignols incompétents. »

- Imagine-toi leur adversaire. Si justement tu vois en eux des guignols incompétents, tu seras moins vigilant et moins préparé. Ce sera ta première erreur et très certainement la dernière. Ils veulent que leurs adversaires les sous-estiment, mais tu peux me croire, niveau cosmos et techniques de combat, ils n’ont absolument rien à vous envier. »

oooooOOOOOooooo

Maria nota un changement dans les cris des enfants dans la cour. Un coup d’œil à la fenêtre et elle découvrit la cause de ce changement. Sa belle-fille était là avec une dizaine de jeunes enfants accrochés à elle. Avec un sourire, Maria sortit de l’immeuble.

« Les enfants, laissez cette pauvre Hyacinda tranquille ! »

Quelques minutes plus tard, Hyacinda avait réussi à tous les décrocher et avança vers sa belle mère qui l’étreignit.

- Ça fait plaisir de te voir ma chérie. Mais ta visite n’était pas prévue, rien de grave j’espère ? »

- Question de point de vue. Non, ne t’inquiète pas, tout va bien. Papa est là ? »

- Malheureusement non. Un des enfants s’est cassé le poignet, il l’a emmené à l’hôpital. Tu veux l’attendre ? Il me reste de la tarte aux pommes. »

- Tu sais que je ne refuse jamais de la tarte. »

Kanon, ancien chevalier des Gémeaux arriva une heure plus tard, et fut surpris de trouver sa fille dans la cuisine.

- Hyacinda ! Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il en l’embrassant. « Rien de grave j’espère ? »

- Non. » soupira-t-elle. « Tout va bien. Ce n’est pas parce que je viens sans prévenir qu’il se passe forcément quelque chose. »

- Ça se discute. » rétorqua Kanon.

- Bon je vous laisse. » Maria avait bien senti que Hyacinda n’avait pas l’intention de parler devant elle.

- Alors ? » Kanon commençait à s’impatienter.

- D’abord tu devrais t’asseoir. » Son père s’exécuta, son angoisse monta d’un cran.

- Surtout ne me dis pas que tu es enceinte. »

- Quoi ? Ah non ! Pas de soucis de ce côté, t’inquiètes. » Il avait pourtant pas l’air convaincu. « Ce qui se passe, c’est qu’hier, il y a eu… comment dire… une résurrection. » Elle ne savait pas vraiment comment annoncer la nouvelle, et venait d’oublier tous les beaux discours qu’elle avait élaboré sur le chemin. « Les chevaliers d’or, ceux de ton époque, ils sont revenus. »

Voilà c’était dit ! Maintenant est-ce que Kanon avait compris…

- Tu es sûre que tu n’es pas enceinte ? » Non, il n’a pas compris.

- Euh, autant qu’on puisse l’être. »

- Comment ont-il fait ? Pourquoi est-ce qu’ils ont mis autant de temps ? Saga est avec eux ? » Ah si finalement !

- Apparemment, ils se sont paumés dans les dimensions. Mais ils ont fini par trouver le chemin du retour. A travers le toit de la maison de Kiki. »

- Tous les douze ? »

- Oui. Y compris ton frère. » Il était plus blanc qu’un linge. Elle aurait pu lui annoncer la fin du monde, ou qu’elle était enceinte, il certainement mieux réagit. « Est-ce que ça va aller ? »

- J’en suis pas sûr. »

oooooOOOOOooooo

Dans le milieu de l’après-midi, plusieurs des anciens chevaliers d’or s’étaient retrouvés aux arènes pour discuter tout en regardant un groupe d’apprentis souffrir le martyr sous la houlette d’un chevalier de bronze. Rapidement, la conversation tourna en une succession de lamentations. Chacun y allant de son commentaire sur la tournure que venait de prendre son existence par l’arrivée fracassante d’un remplaçant. Mais celui qui criait le plus fort était certainement Masque de Mort qui ne se remettait pas de voir son armure occupée par une fille.

« Allez, soyez positifs ! » tempéra Aldébaran, le seul qui n’avait rien à reprocher à son successeur, enfin pas encore. « Si les armures les ont accepté, c’est qu’ils le méritent. »

- Ouais, ben c’est pas ça qui va me consoler. » rétorqua Masque de Mort. « Une fille ! Une putain de gonzesse ! »

- Tu sais que tu commences à te répéter ? »

- Au moins elle avait l’air sympa. » continua Aiolia. « Le mien ne doit pas rentrer dans ses chaussures tellement ses chevilles doivent gonfler ! Il n’a qu’un seul sujet de conversation : Lui. Son cosmos, ses attaques, ses conquêtes, ses cheveux… Tout y est passé ! »

- Attends ! » renchérit Milo. « Le mien, Vanek a mis mon temple dans un de ces états. Un vrai taudis. Et quand il s’est mis à chanter… alors là, j’ai vraiment eu envie de lui fracasser la tête contre un mur ! Ça plus le réveil en fanfare à quatre heure du mat ! On était presque mieux morts. »

- Faut quand même pas exagérer ! » contra Aldébaran. « Ah Dohko, Shun ! » accueillit-il les nouveaux arrivants. « Alors comment tu as trouvé nos nouveaux chevaliers ? »

- Intéressants. » avança prudemment Dohko. Il savait que la soirée ne s’était pas très bien passée pour tout le monde. « Tao est un garçon sympathique, peut-être un peu trop curieux pour mon goût, mais bon, il faut bien que jeunesse se passe ! »

- Si elle pouvait se passer ailleurs. » lança Masque de Mort.

Dans l’arène, un des apprentis venait de tourner de l’œil et les autres tentaient de la ranimer en lui jetant un seau plein d’eau à la figure.

- Au fait, » questionna Aldébaran, pour changer de sujet, « qu’est-ce qu’Athéna compte faire de nous finalement ? »

- On ne peut évidemment pas reprendre nos places, » commença Dohko, « mais la déesse voudrait que nous nous occupions de l’entraînement des apprentis. Les chevaliers actuels sont un peu jeunes et trop peu nombreux pour la tâche, alors elle va nous être confiée. Actuellement, il n’y a qu’un seul centre d’entraînement et c’est insuffisant. Ceux d’entre nous qui le souhaitent pourront donc s’installer où ils le veulent et ouvrir des centres. »

Le spectacle dans l’arène ayant subitement perdu tout son intérêt, les chevaliers réfléchirent aux possibilités qui s’offraient à eux. La formation des jeunes chevaliers était très importante et c’était une marque de confiance de la déesse que de la leur confier.

Au bout d’un long silence, Saga, qui jusqu’ici n’avait pas encore parlé, se décida à poser la question qui le turlupinait depuis hier soir, et dont la réponse allait orienter ses projets d’avenir.

- Shun, Nathaniel m’a dit que mon frère était vivant. » Il ignora les regards ébahis des autres.

- C’est vrai. On a réussi à la ramener des enfers. Plus mort que vif, mais finalement il a survécu. »

- Et tu sais où il est ? » La question portait tous ses espoirs.

- Il a en charge un des orphelinats de la fondation de Saorie. Si tu veux l’adresse exacte, il faut demander à Hyacinda. Mais je ne suis pas sûr qu’elle te réponde. » répondit doucement Shun, ne souhaitant pas s’aventurer sur un terrain qu’il savait glissant.

- Pourquoi Hyacinda ? »

Shun hésita une seconde avant de répondre, ne sachant pas vraiment s’il était le mieux placé pour parler de ça. Mais bon…

- Parce que c’est sa fille. » La réponse fut suivi d’un long silence.

En bas, l’apprenti était de nouveau sur pieds et venait d’hériter d’une série d’exercices supplémentaires.

- Tu plaisantes ?? »

- Non. Félicitation Saga, tu as une nièce. »

- Depuis hier je me demandais pourquoi sa tête me disait quelque chose. » commenta Milo.

- En effet, il y un air de famille. Les yeux. » fit remarquer Dokho.

La vie manquait un peu de piment ces derniers temps…

oooooOOOOOOoooooo

Kiki du Bélier fut tiré de sa sieste par quelqu’un qui lui chatouillait le cou. Bien avant d’ouvrir les yeux, il identifia son agresseur par son cosmos, ou plutôt son absence totale de cosmos.

« Tu t’ennuyais de moi ? » demanda-t-il en attrapant la main baladeuse.

- Tu te vexerais si je disais non, alors je vais dire oui. » répondit Hyacinda avec un sourire en grimpant sur le lit à côté de lui. « En fait, il faut que je récupère quelques affaires. J’ai pratiquement pas de fringues dans ma maison, tout est ici. »

- Alors tu devrais peut-être tout laisser ici, comme ça tu serais obligée de venir me voir tous les matins. »

- Auriez-vous peur que je vous oublie Monsieur le chevalier ? »

- Voyons, tu sais que je suis inoubliable. » déclara Kiki en roulant sur le lit et l’entraînant avec elle.

Ils s’interrompirent quand ils sentirent quelqu’un approcher. Mû se matérialisa dans l’embrasure de la porte et détourna le regard aussitôt qu’il compris ce qui se passait dans la chambre.

- Désolé. Je n’avais pas senti ta présence Hyacinda, je croyais que Kiki parlait tout seul. »

- Il n’y a pas de mal. »

- Bon, puisque je vous ai tous les deux sous la main, » attaqua-t-il, en s’asseyant dans l’unique fauteuil de la pièce et ignorant les regards interrogateurs que se lancèrent les jeunes, « j’aimerais que vous me parliez de votre formation. Comment les bronzes ont-ils obtenu ce résultat ? »

D’abord les deux jeunes restèrent silencieux, puis après un coup d’œil à Kiki, Hyacinda se lança. « Eh bien, Kiki et moi sommes les plus âgés et à l’époque nous étions les deux seuls à avoir déjà reçu la formation de base, lui avec vous et moi chez Poséidon. C’est mon père qui s’est occupé de nous. »

- Kanon ? »

Elle acquiesça avant de continuer. « Pendant ce temps, Shiryu et les autres ont cherché d’autres apprentis avec le potentiel de chevalier d’or. Mais comme la plupart des centres d’entraînement avaient été détruits, ils ont quand même été obligés de faire le tour de la planète pour chercher des enfants doués de cosmos, et ça a pris pas mal de temps. »

- Au fur et à mesure de notre entraînement, ils ont intégrés les autres avec nous. » continua Kiki. « On a même du leur apprendre des trucs nous-mêmes. Mais surtout ils nous ont fait souffrir ensemble. Entraînements physiques à répétition, plus durs à chaque fois. Bref, on a fini par comprendre que la seule façon de s’en sortir c’était de s’entraider. Ça a créé des liens qui sont restés même après que la phase entraînement commando soit terminée. D’autant plus que comme il n’y avait aucun chevalier d’or pour nous former on a du se débrouiller tous seuls avec nos armures et nos attaques. Et là encore, il a fallu qu’on s’aide. On a passé des heures le nez dans les archives. Et la sauce a fini par prendre, même avec les derniers arrivés. Maintenant, on ne peut plus nous séparer. »

- Je vois. » commenta Mû. « Les bronzes ont employés des méthodes radicalement contraires à ce que nous avions eu droit. »

- Et c’est pas bien ? » hésita Kiki.

- Au contraire. Nous avons été entraînés chacun de notre côté, c’est pour ça que nous n’avons jamais fonctionné en groupe, comme vous autres. »

- Du point de vue de Shiryu, on fonctionne un peu trop en groupe pour son bien ! Mais pourquoi est-ce que vous voulez savoir tout ça ? » questionna Hyacinda.

- J’essaye de comprendre certaines choses. » fut la réponse laconique qu’il leur donna avant de quitter la pièce. Les jeunes s’entreregardèrent.

- Il essaye de comprendre quoi au juste ? »

- Pourquoi ils ont fini par s’entretuer. » répondit gravement Kiki.

oooooOOOOOooooo

« Hé Hyoga, déjà fatigué de la Sibérie ? Tu viens faire le plein de soleil et de chaleur ou alors c’est ta femme que tu fuis ? »

Hyoga se retourna pour faire à trois des jeunes chevaliers d’or. Il venait tout juste d’arriver de Sibérie où il s’occupe d’un centre d’entraînement, en fait le seul centre d’entraînement existant en dehors du Sanctuaire.

- Non c’est Shiryu qui m’a demandé de venir. Qu’est-ce que vous avez encore fait ? »

- Pourquoi à chaque fois qu’il se passe un truc tout le monde nous demande ce qu’on a fait ? » s’indigna Vanek.

- Tu veux vraiment que je réponde à ta question ? Non, sérieusement, Shiryu ne m’a pas dit pourquoi. Une idée ? »

Vanek, Jay et César se regardèrent.

- Je crois qu’il serait plus sage que t’ailles voir Shiryu directement. » avança prudemment Jay.

- Et vous voulez me faire croire que vous n’y êtes pour rien. » soupira Hyoga en s’éloignant.

Les trois autres s’attardèrent derrière.

- Vingt billets qu’il tourne de l’œil. »

- Qu’il se met à crier. »

- Ça marche. Hé Hyoga ! Attends-nous ! »

La montée des marches s’effectua plutôt tranquillement, les garçons mettant Hyoga au courant des derniers potins du Sanctuaire. Pourtant Hyoga sentait bien qu’ils étaient en train de lui préparer quelque chose. Il avait espéré trouver un allié en chemin, mais les maisons du zodiaque étaient vides.

Ils arrivèrent finalement au palais, et Hyoga commençait sérieusement à s’angoisser. En pénétrant dans le hall, il comprit qu’il avait eu raison en recevant le choc de sa vie. Camus, son maître, son mentor, sa figure paternelle était là. Devant lui. En chair et en os. Vivant.

Il en perdu le sens de la parole et resta figé sur place, incapable de bouger. Parles, parles, parles, dis quelque chose… « Ca… Camus ? … Oh mon Dieu. »

- Bonjour Hyoga. » Camus souriait, il ne savait pas vraiment par où commencer. « Ça fait plaisir de te voir. »

Hyoga se trouva incapable de prononcer un mot de plus. Au lieu de cela, il s’avança vers Camus et se jeta pratiquement dans ses bras. Tout bien considéré les miracles finissaient par arriver…

- Le « oh mon dieu » peut être considéré comme un cri. C’en était pratiquement un. »

- Pratiquement, Jay, seulement pratiquement. On a perdu tous les deux je crois. Rester sans voix. Pourquoi j’y ai pas pensé ? »

- Ta connaissance du genre humain ne cessera de m’impressionner, Van. Il vient de retrouver son maître qu’il a tué il y a plus de dix ans, pas étonnant qu’il y laisse sa voix. »

- Ça y est, Hyoga a retrouvé Camus. » constata Vlad en rejoignant ses frères d’arme. « Il a pleuré ? »

- Même pas. » soupira Vanek, déçu. « Il aurait pu penser à nous quand même. » Et c’est en riant que les quatre chevaliers laissèrent les deux autres à leurs retrouvailles.

oooooOOOOOooooo

« Hé Shiryu, les p’tits monstres t’ont encore joué un tour ? » Ikki avança gaiement dans la pièce.

Le grand Pope soupira. Le chevalier du Phoenix avait bien changé depuis les guerres saintes. Il ne savait pas trop si c’était dû au traumatisme des combats, à la mauvaise influence de la bande de guignols qui servait de garde rapprochée à la déesse ou à la rencontre avec celle qui allait devenir sa femme. Ça faisait pourtant près de cinq ans qu’Alisha était venu s’installer au Sanctuaire avec Ikki et il avait toujours du mal à penser à ce dernier comme un homme marié avec des enfants. Comme quoi, tout finissait par arriver…

- Pour une fois, ce n’est pas à leur sujet. » répondit Shiryu avec un sourire entendu. « Ils se tiennent plutôt tranquilles depuis quelques jours. On devrait récupérer plus souvent des chevaliers morts depuis dix ans ! »

- Tu finirais par t’en lasser »

La porte s’ouvrit et Hyoga entra. Il avait décidé de rester un peu au Sanctuaire avant de repartir vers la Sibérie et ses élèves.

- Qu’est-ce qui se passe ? »

- Où est Shun ? » s’enquit Shiryu.

- Baby-sitting. » répondit Ikki. « Alisha est partie à Athènes refaire le stock de médicaments de l’infirmerie, et tout les autres se sont défilés pour surveiller les enfants. Alors, à moins que sa présence soit indispensable… »

- On pourra s’en passer. » Shiryu s’éclaircit la gorge avant de commencer. « J’ai reçu divers rapports relatant des faits étranges. Des massacres pour être exact. Nous avons une vingtaine de personnes qui sont mortes de la même manière mais dans trois endroits différents. » Shiryu marqua une pause, mais ni Ikki ni Hyoga n’intervinrent. Ils savaient que le grand Pope allait leur donner tous les faits avant de leur demander leurs conseils. « Ces gens ont été taillés en pièces, pour certains partiellement dévorés. En tout cas ces morts n’ont rien de naturelles et n’apparaissent pas être le fait de l’homme. Certains témoins prétendent avoir aperçu des ‘monstres’. Mais je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment se fier au témoignage de personnes terrorisées. Quoi qu’il en soit j’ai envoyé des chevaliers enquêter. »

Shiryu avait terminé. Il se renfonça dans son siège et attendit que les deux autres assimilent les informations.

- Est-ce que ça peut être une attaque diligentée par un autre dieu ? » demanda Ikki, pas franchement ravi à l’idée d’une nouvelle guerre sainte.

- Ce sont les populations qui ont été attaquées, pas le Sanctuaire, ni aucun des centres d’intérêts de notre déesse. Et puis, dévorer ses victimes ?? Quel guerrier ferait ça ? »

- Qu’en pense Athéna ? »

- Elle est tout aussi perplexe que moi. C’est pour ça que j’ai envoyé des chevaliers d’argent avec ordre de se faire aussi discrets que possible. Mais la rumeur commence à se répandre. Avec les communications modernes, l’information se diffuse trop rapidement pour qu’on puisse réellement la stopper. Encore un massacre ou deux et la nouvelle sera dans tous les médias, alors ce sera la panique. Il va falloir que l’on trouve rapidement à quoi nous avons à faire. »

- Mais pour le moment, il faut attendre. » Hyoga énonça l’évidence qu’aucun d’entre eux n’appréciait vraiment.

- Malheureusement. Il faut aussi s’attendre à une attaque et donc renforcer nos positions. Hyoga, tu vas devoir repartir. Tu diriges notre seul centre d’entraînement et avec tous les apprentis, c’est une cible facile. Athéna autorise Camus à venir avec toi. Avec cette histoire, elle préfère attendre avant d’ouvrir les nouveaux centres d’entraînement, alors si d’autres anciens veulent t’accompagner, emmène-les avec toi. Tant qu’on ne sait pas exactement ce qui se passe, il vaut mieux être trop prudent que pas assez. »

Hyoga hocha la tête pour marquer son approbation.

- Bien. » Shiryu se tourna vers son autre frère. « Ikki, plus personne ne doit quitter le Sanctuaire sans autorisation expresse et dis aux chevaliers d’or de faire des tours pour qu’il y ait au moins toujours trois ou quatre maisons du zodiaque occupées. »

oooooOOOOOooooo

Saga avait finalement réussi à coincer sa nièce. Ça faisait un moment qu’il voulait lui parler en privé, mais elle était rarement seule. Mais aujourd’hui, il l’aperçut regagnant seule son temple et pressa le pas pour la rattraper. Il n’eu même pas besoin de l’appeler car elle se retourna ayant probablement senti sa présence.

« Bonjour ! » lança-t-il en s’approchant.

- `Jour. » Le regard méfiant qu’elle lui lança confirma que s’il n’avait pas pu lui parler plus tôt c’est parce qu’elle l’évitait tout simplement. « Je ne vous dirai pas où il se trouve. »

- Pourquoi ? » demanda-t-il presque désespérément.

- Parce qu’il m’a demandé de ne pas le faire. » Devant l’air malheureux de son oncle, Hyacinda décida de développer un peu. « Ecoutez, il viendra quand il sera près. La nouvelle de votre retour a été un grand choc. La semaine dernière, sa seule angoisse était que je tombe enceinte avant d’être mariée. Et aujourd’hui, son frère jumeau mort depuis dix ans refait surface, et avec tous les mauvais souvenirs, remords, sentiments de culpabilité… Alors il a juste besoin de se remettre les idées en place avant de vous revoir. »

- Il m’en veut ? »

- Non, jamais il ne vous a reproché quoique ce soit. Il n’y a qu’à lui qu’il en a toujours voulu. »

- Kanon a porté seul, pendant toutes ces années, nos fautes à tous les deux. » Hyacinda hocha gravement la tête. Saga ne pouvait qu’imaginer à quel point ça avait du être dur de grandir avec la souffrance de son père sous les yeux quotidiennement. « Tu pourras lui dire que je respecte sa décision, mais que j’ai quand même hâte de revoir mon frère. »

- Je lui dirai… mon oncle. » Et elle poursuivit sa route, sans se retourner, le laissant immobile au milieu du chemin, seul avec ses pensées.