Chapitre 5
*Sion*
Nous étions passés par les collines jouxtant le Sanctuaire. Shaolin connaissait cet endroit comme sa poche. Elle s’orientait facilement, bifurquant à la vue d’une pierre quelconque, reconnaissant quelque arbuste. J’admirais cela et fit bien garde de ne pas perdre sa trace. Nous contournions le Sanctuaire en fait, par un chemin alambiqué connu uniquement des chevaliers d’Or. Shaolin avait opté pour cette solution, étant donné que passer par chacune des maisons du Zodiaque et devoir rencontrer leur gardien en pleine nuit aurait été fastidieux quoique bien plus court en fait. Vraiment, cette course dans les chemins tantôts escarpés tantôt plats et se ressemblant tous prenait l’allure d’une échappée sauvage.
J’essayais de prêter cependant attention à chacun des signes qui permettaient à mon aînée de s’orienter dans cet espace vaste. Dohko fermait la marche, infatigable. Une chose me surprit en le fait que j’arrivais à suivre la jeune fille malgré son allure vive et légère, chose que je pensais plus qu’impossible pour moi auparavant. C’était étrange, c’était comme si peu à peu, des capacités latentes se réveillaient en moi. Outre le fait que mon endurance croissait de seconde en seconde, mes sens se trouvaient troublés par une multitude d’informations leur parvenant sans ménagement et de manière confuse. Un voix murmurait des paroles dans une langue étrange mais que je saisissais et comprenais parfaitement, soufflant à mon oreille que de ci de là, tel rocher avait vu naître tel autre, que tel buisson avait abrité tel animal errant.
Mon esprit était assailli de toutes parts et se laissait noyé dedans. Je n’avais pas peur, mes amis étaient proches. De plus, ces sensations m’étaient familières, je les avais déjà ressenties auparavant.
Le vent caressa la peau de mon visage et éclaira mon être. Bien sûr, ce que j’entendais, ce murmure incessant, tous ces sons remplissant ma tête, c’était l’œuvre de la nature sauvage. Elle revenait doucement vers moi qui lui avait fermé jadis mon cœur, généreuse et nue de tout sentiment vindicatif, elle allait là où elle savait qu’elle serait écoutée et entendue.
Mon père, mon peuple étaient des êtres communicant avec elle, tirant le meilleur d’elle. Et moi, descendant de cette race, je ne faisais pas exception.
Ainsi, je regagnais progressivement ce que j’avais laissé sur mon chemin, mes dons revenant petit à petit. Et cela, je savais que c’était l’œuvre d’Athéna. Ce que j’avais perdu, elle l’avait ramassé délicatement sans nul doute dans l’espoir de me le restituer un jour. Grande Déesse, elle m’aura donc sauvé jusqu’au bout.
Shaolin ralentit le pas. Au dessus de nous se dressait un temple sans commune mesure avec ceux que j’avais rencontrés. D’une taille encore plus impressionnante, il surplombait tous les autres. La roche constituant ses voûtes et ses murs porteurs était si blanche qu’elle en était phosphorescente même dans la pénombre qui nous entourait.
Derrière lui se tenait sa statue, celle de Pallas Athéna, la gardienne des Hommes, bien plus grande encore que la maison de son représentant, le Grand Pôpe.
Un frisson me parcourut. De l’endroit où elle se tenait, la statue semblait nous observer, elle nous couvait d’un regard majestueux, serein et puissant.
Elle attendait notre venue.
Nous gravîmes un petit escalier régulier, sur chacune de ses marches avait été posée une lampe dont la flamme douce était autant un signe de bienvenue que l’aube d’un avertissement. Celui dont les intentions étaient souillées par le mal allait s’exposer maintenant au gardien du temple solaire, le plus proche des dieux, représentant direct d’Athéna sur terre et commandant des 88 chevaliers de la déesse guerrière, le Grand Pôpe.
Mon ventre se noua d’appréhension à l’idée de rencontrer un tel être, celui dont le mal est exclus de son cœur, car comment allait-il m’accueillir, moi qui avait tué, le renégat qui avait bafoué l’âme de sa déesse ?
Shaolin, devinant mon trouble et mon hésitation, posa sa main sur mon épaule.
-« Ca va aller, tout va bien se passer, Kivu est sévère mais juste. »
Mais ses mots ne me rassurèrent qu’à moitié.
L’escalier nous amena jusqu’à une grande porte de bois noir où était gravé un olivier imposant. L’arbre d’Athéna. Shaolin tendit le bras pour poser sa main dessus mais ce ne fut pas la peine. La porte s’ouvrit lentement et seule.
-« On ne pourra jamais le voir par surprise », murmura la jeune fille.
Nous traversâmes un corridor immense pavé par un tapis rouge qui feutrait nos pas. Sur les hauts murs se tenaient les portraits de guerriers légendaires dont le faciès était éclairé par des torches incandescentes. Les auvents de la salle d’entretient du Gand Pôpe nous ouvrit ses battants comme l’avait précédemment fait la porte à l’entrée du Temple, comme animée par une volonté propre. Nous distinguions à présent une allée sombre dont l’extrémité était masquée d’obscurité.
Sa voix résonna dans nos têtes.
-« Avancez, chevaliers. »
Cet ordre était sans appel. Nous l’aperçûmes enfin. Le Grand Pôpe.
Il se tenait assis sur un siège de bois dont la couleur était semblable à celle des portes de son royaume, un pan de son étole rouge sombre drapée autour de ses épaules larges et retombant sur la peau mâte de son avant-bras. L’une de ses mains puissantes était repliée sur le tissu.
Il nous attendait.
Il ne se leva pas à notre arrivée, mais il appuyait son regard ardent sur nous, suivant avec attention et minutie le moindre de nos gestes, la moindre de nos respirations.
Shaolin et Dohko s’inclinèrent respectueusement devant leur aîné, d’un même geste lent et mesuré. Je m’empressai d’en faire autant afin de ne pas déchaîner ce qui planait autour de ce personnage saint, cette aura écrasante de supériorité qui pesait si lourdement sur nos épaules.
Un sourire passa néanmoins dans le regard violet de ce dernier. Il se redressa un peu plus, nous offrant que la moitié de sa taille impressionnante.
Sa voix claire et grave retentit alors.
-« Et bien, Vierge, que me veux-tu au seuil de ce jour ? »
Shaolin déglutit. C’était la première fois que je la voyais peser ses mots au millimètre près.
-« Kivu, je suis venue pour te présenter Sion ainsi que pour te demander la faveur de le prendre comme disciple au sein de Sanctuaire. »
Le Grand Pôpe prit un temps avant de reprendre la parole.
-« Vierge, il me semble que tu possèdes déjà un disciple, le jeune Dohko ici présent, aspirant à la caste de l’Or pour l’armure du septième signe du Zodiaque, celui de la Balance. Je me vois donc dans l’obligation de décliner ta demande. »
Ainsi, c’était on ne peut plus clair, il refusait catégoriquement mon acceptation au sein de la chevalerie. Je ne pouvais cependant pas cesser de repenser à la nouvelle que je venais d’apprendre : mon ami allait devenir un Saint d’Or. Mon cœur fut pris d’une intense émotion tandis que mon front était toujours plié vers le sol.
-« Oui, cependant, je ne vois pas à qui le confier », reprit d’une voix ferme Shaolin qui était décidée à défendre mon statut, « Géro du Verseau n’étant que très peu au Sanctuaire, Sirius du Taureau s’étant déjà vu donné la mission de former plusieurs chevaliers de bronze, Saïro du Cancer déjà trois chevaliers d’Argent, quand à Kirin et VanRâh, ils ne sont pas encore revenus de leur mission en dehors des limites de notre terre.
- Shaolin, le Gémeau et le Scorpion seront de retour d’ici peu, mais ils seraient eux aussi exclus de la formation de cet enfant, ayant également reçu la charge d’un disciple aspirant à l’Or. Je me demande pourquoi une telle volonté de ta part de te soumettre au tutorat de cet enfant, toi qui d’habitude ne prends que très peu part aux décisions et aux règles du Sanctuaire, Vierge. »
Une goutte de sueur perla sur le front blanc de Shaolin tandis que le Grand Pôpe fixa ses yeux sur moi, ce qui me fit pâlir encore un peu plus. Il me détaillait de la tête aux pieds, me soumettant au même examen que l’avait précédemment fait Shaolin. Il m’évaluait.
-« Sion, c’est l’enfant dont le pouvoir est sans commune mesure avec celui des autres chevaliers, c’est bien cela ? J’ai ressentis ton cosmos, Sion, et pour te dire, il ne me plaît pas, il est très et même trop hargneux pour celui qui caractérise les chevaliers d’Athéna. »
Je baissai la tête encore plus vers le sol. Il avait raison, d’ailleurs, n’avais-je pas tenté d’éradiquer la quasi-totalité du Sanctuaire ?
Le Grand Pôpe murmura comme pour lui seul :
« Ce pouvoir est semblable au sien d’après les écrits, de par ses fondations et ses manifestations. Je ne sais pas si cela signifie le retour de sa gloire ou bien celui de sa perte, quoi qu’il en soit il n’y a pas de doute sur l’origine de ce cosmos. »
Il releva les yeux vers moi avant de parler d’une voix sèche :
« Oui, ton cosmos est celui qui a appartenu à l’un de nos plus illustres guerriers, à l’un de nos plus grands adversaires aussi, celui qui fut le seul à un jour avoir eu assez de pouvoir pour tenir entre ses mains le propre bouclier de notre déesse, celui dont le courage a ailé ses pieds et dont l’âpreté au combat fit naître du sang maléfique de la vile Gorgone Méduse le divin cheval ailé Pégase. Celui dont la folie a aussi plongé notre terre dans le chaos. Ton cosmos est celui du héros tragique Persée. »
Un compliment et une accusation à la fois. Je ne savais trop comment prendre cela. Mon supérieur continuait de fixer ma personne de manière appuyée. Peut-être essayait-il de percer mon cœur à jour de son regard acéré. Peut-être voyait-il en moi ce que j’essayais de cacher depuis mon arrivée au sanctuaire. Oui, mon cœur était noir.
Il se leva tout d’un coup dans un bruit semblable à celui du bruissement d’une étole. Il était très grand et très imposant, son corps entier semblait avoir été taillé pour le combat. Son visage à la peau brune prenait une expression que encore maintenant il m’est bien difficile de décrire, un mélange de colère, de douceur, de sévérité mais aussi de bonté.
Mais quelque chose n’allait pas, assurément. Son mouvement brusque nous avait tous fait sursauter, moi plus que les autres, étant donné que c’était notre première rencontre.
Il descendit lentement les marches nous séparant de lui, le mettant en position de supériorité par rapport à nous, nous mettant en sûreté par rapport à lui.
Shaolin se releva aussi, elle sentait un danger. Dohko fit de même et sa respiration auparavant calme se fit plus brusque et saccadée. Mais moi, je restais cloué sur place, ne pouvant détacher mon regard du sien devenu ardent, prenant une teinte rougeâtre. Il fallait que je fasse quelque chose, mais la peur envahit de nouveau mon enveloppe. Cet homme avait une prestance écrasante et chacun de ses pas dans notre direction nous le faisait ressentir.
Sa voix me sembla identique à un coup de tonnerre :
-« Es-tu le fils de celui que l’on nomme l’ « ensorceleur d’armures » ?
Cette appellation, Shaolin l’avait déjà employée pour désigner mon père. Je répondis en balbutiant :
-« Mon père s’appelait Mékirôh… Il… Il était descendant du peuple de Mü… Et il redonnait vie aux armures saintes d’Athéna.
- Alors je comprends l’origine de ce qui constitue ton cosmos. Le peuple de Mü n’est-ce pas ? Le peuple d’Alchimistes des Dieux disparu ? Ce qui est étrange c’est le fait pour l’instant seuls des cas extrêmement rares d’êtres provenant de cette civilisation perdue ont semblés posséder de telles aptitudes au combat, et aucune de ces personnes dont l’existence fut relatée dans les mémoires du Sanctuaire ne semblait détenir ces dispositions à un tel degré, mis à part « Lui ».»
Le Grand Pôpe marqua une pause qui me sembla une éternité. Il reprit, cependant sa voix se fit soudainement plus douce, baissant par la même occasion la pression de l’air nous entourant et qui était devenue menaçante tout d’un coup.
Il me posa alors une question simple mais étonnamment complexe pour moi, question qui fut une véritable épreuve.
-« Jeune Sion, pourquoi veux-tu devenir chevalier ? »
Je regardai le visage du Grand Pôpe à la dérobée ; ses yeux violets avaient repris leur couleur royale, inflexible. Ils attendaient une réponse qui ne venait pas. Mon cœur se remit à battre. Mon regard chercha une aide et rencontra celui de Dohko. Il m’encourageait silencieusement. Cette vue me redonna courage. Je n’allai pas mentir.
Je pris une profonde inspiration pour masquer le tremblement de ma voix.
-« Je veux devenir chevalier pour elle, pour Athéna. Elle ne m’a jamais abandonné alors que je l’ai maudite délibérément, haïe même, étant trop lâche pour trouver en moi une part de responsabilité pour tout ce qui s’est passé, j’ai choisi la facilité et je l’ai accusée, elle qui m’a toujours protégé. J’ai failli mourir plusieurs fois mais elle a toujours été là, refusant de me laisser à mon sort… J’ai tué quelqu’un, j’en ai blessé sûrement beaucoup d’autres pour survivre. Elle ne m’a pas jugé et elle m’a donné la chance de rencontrer des personnes qui m’ont sauvé moi, l’assassin.
Alors pour elle, pour Athéna, pour ces personnes, pour ceux qui ont malgré tout voulu croire en moi, je dois aller au bout de ce qu’ils ont cru voir en moi, une personne encore un peu valable pour le reste du monde. Je dois le faire pour qu’à mon tour je puisse avoir la force de leur rendre un jour ce qu’ils m’ont tant offert aujourd’hui, c’est pour eux que je dois devenir chevalier. »
Le souffle me manquait alors que mon cœur battait à tout rompre. Mes joues étaient devenues brûlantes, tout comme mon front. Je n’étais pas habitué à dévoiler ce qui se cachait au fond de mon cœur et les révéler m’avait paru difficile. Cependant, je n’avais pas honte. Non, bien sûr que non.
Je m’aperçu que involontairement je m’étais redressé, faisant face au Grand Pôpe, lui tenant tête dans ce que j’appellerais maintenant la dernière épreuve de son jugement.
Mon poing droit s’était tellement resserré que la peau en était devenue blanche.
Je soutenais le regard du souverain des 88 chevaliers avec rage. Plus que tout, je ne voulais plus être sous l’emprise de la peur, celle qui m’avait rendu si lâche et incapable de fuir mes détracteurs pendant ces quatre longues années. Maintenant, pour moi le faible qui n’avait fait que subir les affres du destin, je me devais d’arracher mon futur et de devenir quelqu’un de fort, quelqu’un qui aurait le pouvoir de protéger et non de détruire.
Ma réponse avait définitivement éclaircit mon cœur et mon esprit. Je ne ferais plus jamais marche arrière. J’avais choisi ma voie, pour la première fois ma façon de vivre. Et rien ne la changerait plus.
A mon grand étonnement, car lui ayant délibérément tenu tête et refusant par la même occasion de lui donner le respect dû à son rang , le Grand Pôpe parti d’un grand éclat de rire, un rire sonore et clair mais dont la soudaineté me fit penser au rugissement d’un lion.
Je le regardai maintenant d’un air ahuri, essayant de rechercher en moi-même la parole qui avait été étayée d’un élément risible au point de fendre le pesant silence qui nous entourait jusqu’alors. Non, je ne voyais pas.
Je fronçais les sourcils à l’idée que c’était peut-être la totalité de ma réponse qui le faisait tant rire.
Le Grand Pôpe retrouva entre deux quintes de fou rire son sérieux. Il me fixa d’un air décontenancé. Je le fixai moi aussi si bien qu’au bout de quelques minutes qui me parurent des années, mon aîné décida de faire un premier pas vers moi qui étais pour le moins campé sur mes positions nouvellement acquises.
-« Et bien et bien ! », m’adressa-t-il alors que ses yeux prenaient une lueur amusée et merveilleuse, « voilà un disciple qui ne souffre d’aucune hésitation. »
Puis sa voix quitta le domaine de la frivolité pour revenir à un ton sage et posé en accord avec son statut.
-« Sion, merci, tu m’as répondu avec franchise, ce qui est assez rare lors d’une première entrevue, surtout en sachant que de cette réponse dépendrait ton futur…
Ecoute ce que je vais te dire à présent, Ton cosmos est différent de tous ceux qu’il m’eut été donné de voir chez les chevaliers que je guide, c’est la raison pour laquelle je vais te dire ceci qui est autant un conseil qu’une mise en garde contre toi-même. Dans ton cœur vit le cosmos, celui grâce auquel l’homme peut accomplir des miracles. Plus qu’une manifestation de ton cœur, il est l’essence de celui-ci. Il est aussi redoutable qu’il peut être bénéfique. N’oublie jamais que selon la voie que tu choisis, ton cosmos pourra soit protéger soit détruire. Pour toi dont le pouvoir est punique et paranormal cela peut être autant un don qu’une malédiction, car comme Persée aimé d’Athéna pour son courage, il se peut que tu ne sois pas accepté parmis les teins à cause de ce pouvoir aux limites indéfinies, alors comme lui tu peux être amené à rechercher en vain ta place parmis les Hommes, comme lui tu peux être amené à douter de l’Humanité et comme lui tu peux choisir de la défendre malgré tout par amour pour elle , afin d’absoudre le mal en terrassant le Méduse et en faisant naître Pégase.
Sion, ton pouvoir est autant ta force que ta faiblesse, ne l’oublie jamais. »
Il posa sa main sur mon épaule, à l’endroit où commençaient mes deux cicatrices profondes et encore douloureuses.
Je regardai à présent le visage de celui qui représentait Athéna, un visage régulier dont la chair halée mettait en valeur les yeux myosotis cerclés de cils noirs, les mèches brunes et sombres de ses cheveux. Un visage parfait me sembla-t-il pour un être s’exprimant avec beaucoup de sagesse. J’intériorisais ses paroles qui constitueraient dorénavant ma ligne de conduite.
-« Sion, tu as choisi ton destin, tu as été choisi par notre déesse à laquelle tu finalement répondu à l’appel. Pour cela, je vais t’accorder le droit de rester au sein du Sanctuaire et je vais également t’autoriser à concourir pour le gain de l’une des armures saintes de notre déesse. J’approuve ta demande et ce sera un honneur que d’avoir à nos côtés une force telle que la tienne. Apprends donc à te connaître toi-même et du contrôlera ton cosmos. De plus, maintenant que ton cœur est lavé des impuretés qui y résidaient, je ne pense pas qu’un jour il puisse reprendre la couleur de l’aura des spectres. »
Il plongea son regard dans le mien. Dieu qu’il était pénétrant comme s’il regardait directement dans mon esprit.
-« Sion, notre déesse condamne le meurtre, je le condamne aussi. Cependant, sache qu’en aucun cas je ne t’accuserai de quoi que ce soit, ce n’est pas mon droit de le faire et je ne le ferai jamais. Tes actions seront jugées par Athéna lors de ta mort. De toute façon, cette faute te mine déjà trop. Un chevalier se doit de protéger les êtres vivants mais quelque fois, il peut être amener à faire des choix, à accomplir des actes qu’il regrettera mais sans lesquels il ne peut avancer. Si tu veux les purifier, au lieu de garder cela comme une trace de boue, sublime les en quelque chose d’éternel pour ne jamais les oublier, pour continuer, pour rendre le meilleur de toi à ceux à qui tu le dois. »
Mon cœur fit un bond. Cet homme en quelques mots venait d’enlever l’épine enfoncée jusqu’à la garde dans mon âme. Bien sûr, il avait raison. Je ne devais plus me retourner sans cesse sur mon enfance malheureuse. Non, maintenant, je devais aller de l’avant, pour Shaolin, pour Dohko, pour mes parents, pour cet homme qui m’avait mis à l’épreuve afin de pouvoir ôter mes dernières chaînes, pour moi.
Je tournai la tête vers mes amis, Shaolin me souriait, confiante, elle avait sans doute toujours su ce qui allait se passer. Dohko, sagement immobile à ses côtés me couvrait d’un regard calme, serein, infaillible et puissant qu’il a gardé pendant toutes ces nombreuses années que nous avons partagées et qui caractérisaient si bien le chevalier d’Or de la Balance. J’allai changer, je le devais pour eux, je le devais pour moi.
Le Grand Pôpe se détourna de nous, signant le fait que notre entrevue prenait fin à cet instant, il ne se retourna qu’une fois vers nous pour nous adresser une dernière parole :
-« Chevalier de la Vierge, fait en sorte qu’il devienne un bon chevalier. Quant à toi, jeune Sion, fais de ton mieux pour être un chevalier dont on puisse être fier. »
Cela marqua le début de ma renaissance, oui, enfin, j’allai vivre.