Chapitre 12

 

*Sion*

Il était aussi grand et peut-être même plus que lorsque je l’avais vu pour la première fois, le visage ciselé des mêmes traits que ceux définissant celui de sa sœur, mon maître, portant cependant une expression toute différente que la sienne, celle de force et de dangerosité, de sévérité qui ne correspondait en rien à ce qui caractérisait sa jumelle. Moi qui venais je ne sais comment d’apparaître devant lui sans crier garde, le figeant de surprise et lui faisant écarquiller les yeux si bien que ses pupilles métal en étaient réduites à deux cercles argentés, j’étais un intrus qui venait de poser le pied sur son sanctuaire à lui, le temple des Gémeaux. Le fait de m’être littéralement téléporté jusqu’ à lui me fit oublier l’espace d’un instant l’objet de ce miracle. Je me contentais d’observer le visage indéchiffrable de Kirin espérant y trouver des réponses à ce sentiment étrange qui était en train de m’envahir petit à petit.

Sa voix me fit revenir à la réalité.

« Que s’est-il passé ? »

Je fus incapable de répondre. Mes pensées tournoyaient dans ma tête. Par où commencer ? Lui dire où nous nous étions rencontrés, moi et son élève, l’état dans lequel ce dernier se trouvait, ce que j’avais pu faire, ce qui devait encore être accompli ou encore ce phénomène inexpliqué dont j’avais été l’investigateur ?

Je n’eus pas le temps d’ouvrir la bouche pour entreprendre de me justifier, le chevalier des Gémeaux me délestant brutalement de mon fardeau qui reposait sur mon dos comme s’il n’était pas plus lourd qu’une poignée de plumes. Il tourna les talons pour s’enfoncer à pas rapides et aériens dans les profondeurs sombres de son temple. Machinalement, je lui emboîtai le pas. De toute façon, je savais bien que si jamais je perdais sa trace, jamais je ne parviendrais à retrouver mon chemin dans le dédale de cette maison.

J’avais senti cela avant même que ne fût dépassée l’entrée du temple où régnait un silence absolu et dérangeant pour moi qui avait pris l’habitude de recevoir des paroles, des bruits que j’interprétais de partout, faute de ne pouvoir m’y soustraire. Ici, rien ne filtrait les limbes obscures au travers desquelles s’orientait avec une facilité déconcertante Kirin. Parfois, une chandelle de feu étrangement bleuté éclairait quelques mètres de manière faible, semblant n’être suspendue à rien tant sa lumière était pâle, ne permettant même pas d’apercevoir le pied de son propre support.

Je frissonnais.

Je n’étais jamais entré aussi profondément dans ce temple, me contentant de suivre Shaolin et de traverser l’annexe aux abords de la maison qui était de coutume pour ceux qui devaient passer un temple sans gardien et qui appartenaient à la même affiliation que ce dernier. De temps en temps, je pouvais distinguer es portraits suspendus aux murs et semblant être gravés dans celui-ci, symbolisant le faciès de deux personnes identiques mais pourtant étrangères par leur expression, l’un incarnant la bonté avec un visage souriant, l’autre inscrivant en ses traits la folie. Je ressentis un sentiment d’insécurité grandissante à la vue de ces gravures défilant et griffant les murs épais de la troisième maison, pour la seule raison que plus je voyais se répéter ces représentations, plus il me semblait que les rôles s’inter changeaient entre les deux personnages, le sourire de l’un devenant une grimace affreuse et l’air fermé de l’autre passait presque pour une marque de sagesse. C’était comme pour Kirin dont l’air doux tranchait atrocement avec la couleur mécanique presque inhumaine de es yeux, ce gris qui laissait entrevoir tous les affres de l’homme et qui se chargeait parfois d’une lueur démente.

A cette constatation dérangeante, mon regard fila sur la silhouette du chevalier des Gémeaux qui marchait silencieusement devant moi, me dominant de sa haute stature. Les mouvements de ses cheveux noirs attachés par des lanières rouges serrées ondoyaient comme des serpents à la gueule béante.

Il fallait que je me calme. Avoir peur de l’un de ses pairs, un chevalier d’or qui plus est, provenant de la caste la plus élevée de la chevalerie, incarnant le plus juste de l’homme, défendant avec le plus d’ardeur et de ferveur les croyances et les valeurs d’Athéna ne devait pas être. Cet homme ne pouvait pas être comme cette chose à l’air malade et satanique qui était gravée dans les murs e son temple. C’était un chevalier d’or, c’était le frère de mon maître. Shaolin l’adorait.

Non, il ne pouvait pas en être autrement.

Je m’aperçus soudain que Kirin me jetait par-dessus son épaule un regard. Ses yeux gris semblaient éteints, morts, cependant, ils étaient dévorés de quelque chose qui me fit sursauter. Non, il s’assurait sûrement que je le suivais bien… Enfin, je crois… Il ne désirait pas perdre l’un des disciples de sa sœur. C’était ça. Ça ne pouvait être que ça.

Il bifurqua enfin dans une partie plus claire que le reste glacé de son temple baigné d’ombres. Cette aile était réchauffée de lumière calme qui me rassurait de sa présence salutaire.

Kirin poussa l’une des portes brunes d’une pièce sur notre gauche, s’ouvrant sur une salle silencieuse et vide. Dans un coin, la lourde cheminée dévorait sans bruit de grosses bûches de bois sec en faisant jaillir des hautes flammes brûlantes.

Au milieu de la pièce était posé un bureau massif et sombre, simple, sur lequel trônait seulement un lourd anneau doré représentant sur chacune de ses facettes une gravure de lune en révolution autour de la terre. Un calopsis. Je compris à la vue de ce bijou tribal qu’il devait s’agir d’un attribut de Khaan. Cet espace devait donc lui être réservé au sein du troisième temple.

Kirin déposa le corps de son élève sur le lit dépouillé de tout, dans un recoin de cette salle débordante de nudité. Il soupira en se relevant. Son vêtement était souillé de sang rouge et poisseux. Il passa devant moi pour aller ouvrir une armoire imposante ne contenant quasiment rien, il en sortit cependant quelques linges propres. Je vis son visage se marquer de contrariété. Il passa sa main sur son front et releva les mèches de sa frange, dégageant la cicatrice cruciforme qui barrait la peau.

« Tu restes avec lui ? Je dois aller chercher quelque chose pour faire baisser sa fièvre. »

J’acquiesçai. Le fait qu’il m’adresse enfin la parole fit baisser la tension qui régnait autour de nous. J’allais rester. De toute façon, si j’avais pris le risque de suivre Kirin dans son propre temple, c’était pour proposer le peu d’aide dont j’étais capable de fournir, par inquiétude envers Khaan.

Kirin l’avait déposé sur son lit. Ce dernier n’avait toujours pas ouvert les yeux, c’était plus qu’inquiétant, j’espérais le retour rapide de Kirin à la vue de ses lèvres prenant cette teinte bleutée réservée à ceux qui manquaient cruellement d’air. En effet, ce n’était pas étonnant car la respiration douloureuse de Khaan était tellement rapide que cela ne lui permettait certainement pas de reprendre son souffle de manière convenable.

Kirin revint de manière aussi silencieuse que son départ, c’est-à-dire en me faisant sursauter. Il tenait sous son bras un étui de cuir ficelé d’une lanière brune, ses mains occupées à soutenir une bassine d’eau bouillante et fumante. Il posa le tout au pied du lit de Khaan. Il se met en quête de dénouer les liens qui scellaient l’étui. Il tourna de nouveau la tête vers moi, se souvenant sans doute de ma présence.

« C’est de l’épaule qu’il saigne ?

- Oui, euh… Il a vomi du sang aussi…

- Normal. D’où proviennent les battements ?

- Qu… Quoi ? Quels battements ?

- Ceux qui se sont formés dans la plaie.

- Je ne vois pas…

- Où sont-ils ? Ne me dit pas que toi, fils du peuple Mü, tu ne les as pas perçus ?!

- Et bien… Je…. De la poitrine… A droite… Je crois… Mais je…

- Bien, pousse-toi ! »

Il me força à m’écarter d’une manière brutale en me repoussant hors de son périmètre. Mes yeux s’agrandirent à la vue de l’instrument que Kirin extirpa de la boîte de cuir qu’il avait libérée de ses lanières. Une dague supplée à son manche de cinq griffes de métal effilées comme des poignards. Il les dégagea en jouant sur le mécanisme de l’arme, les faisant tomber dans sa main gauche. Il me regarda avec un air totalement fou, le même que j’avais aperçu et identifié sur les portraits jalonnant les murs de son temple dans ce personnage secondaire et unique semblant sortir de celui principal qui se voulait incarner la justice. Mon cœur s’emballa, Kirin avait perdu en un instant toute ressemblance avec le visage doux de mon maître, c’était un étranger qui se tenait devant moi et dont chacun de ses gestes faisait craquer ses articulations dans le silence pesant de son antre, la troisième maison de Zodiaque.

Il détacha ses mots prononcés avec une voix glaciale.

« Bien, on va voir ça. »

Voir quoi ?! Khaan demandait à ce q’on le soigne de toute urgence, à ce qu’on lui baisse sa fièvre qui était en train de lui ravager le corps avant que chaque organe ne se consume sous le coup d’une trop grosse augmentation thermique aphysiologique, en rien je ne voyais l’utilité de ces armes de torture que Kirin venait de sortir à l’instant.

Il se rapprocha de son disciple d’un pas, le sourire aux lèvres.

Je me précipitai alors, entre le chevalier et Khaan, conscient que l’attitude de Kirin était tout sauf normale, espérant stopper l’avancée du Gémeau en lui criant d’une voix suraiguë d’arrêter cela.

Je n’étais rien d’autre pour lui qu’un fétu de paille. D’un revers de main, il m’envoya m’écraser lourdement à l’autre bout de la pièce contre la pierre humide.

Je m’écroulai, complètement étourdi par ce coup inattendu et d’une puissance folle, le souffle coupé. D’une voix brutale et rauque, Kirin me remit à ma place.

« Ne me gêne pas, si tu restes dans mes pattes, je te tue. »

Il leva son bras droit vers le plafond. Au bout, je pus distinguer les griffes d’acier mat. Et sans hésiter, il abattit cette arme mortelle vers Khaan, transperçant dans un flot de sang rouge le haut de son thorax, s’enfonçant dans celui-ci jusqu’au poignet pour le retirer sèchement, arrachant un morceau de chairs dégoulinantes dans un concert de hurlements de douleur de Khaan, de terreur de ma part.

 

N’hésitez pas à m’écrire plein de coms !! (pour me motiver et me faire plaisir !! ><)

Petite réponse à Evangelyne :

Et non, je ne t’ai pas oubliée !! (en fait, j’ai eu un petit retard pour la mise en place des chapitres.. Megumi le dira aussi, normalement, je lui fait passer les chapitres mis en ligne sur fanfic.fr (j’en suis au 28 ème en fait), et du coup, je n’ai pas l’habitude de les mettre sur un autre site que celui-ci… Voilà… (je sais, c’est pitoyable, mais bon, c’est pourtant vrai… T_T))

En tout cas, encore merci pour ton com, il m’a fait super plaisir (peu de gens m’en écrivent, alors, c’est carrément un honneur d’en recevoir un comme celui-ci !! ^^), donc, merci merci !! ><

J’espère que les persos présentés ne choquent pas trop, j’ai essayé de faire en sorte de varier au plus les caractères de chaque chevalier pour les différencier au plus de ceux que l’on connaît déjà (et que l’on adore, il faut bien le dire) (pendant que j’y pense, vive Aiolos en gros, puisque je suis Sagittaire… Euh, si je fais de la pub, crois-tu vraiment qu’ils augmenteront le nombre des apparitions très rares de mon chevalier représentatif ? Ouais, je crois pas trop… Enfin, on peut toujours rêver (avec Saga, Kanon et mon cher frère…))

En fait, quand j’y pense, je crois que le Sanctuaire est devenu terre d’asile aux pires dégénérés que la terre ait pu porter (échantillon garanti avec Khaan, Kirin, Van, Shaolin, Kazuro etc… En fait, les seuls à peu près normaux doivent être Sion, normal, puisque c’est le grand pôpe, Scylla, Dohko, Géro et Sirius… le reste est bon à jeter aux oubliettes ! ^^)… Mais vraiment le pire, c’est qu’ils portent des armures d’or… On est mal barré les enfants, moi je dis…

Enfin bref, tout ça pour dire que, comme je suis incapable d’abréger, encore merci pour ton message super sympa et j’espère, à une prochaine fois !! ^^

Van.