Chapitre 16

 

*Sion*

            Les yeux de l’élève de Kirin étaient fatigués et plombés de restes de cauchemars douloureux décortiquant à travers ses paupières à demi closes chacun de mes mouvements. Il avait l’air amaigri, mal en point, sa carcasse vidée de tout, percée par un monstre qui avait failli le dévorer, trouée par son maître afin de l’y ôter sans prémices, lavée de démence d’une fièvre qui ne lâchait pas prise, marquée de honte d’avoir faibli devant quelqu’un. Pourtant, tout en lui restait colère et rage de vivre malgré tout ça et forçait en cela le respect. Sa peau brune avait pris des airs de bois mort. Des gouttes de sueur acide coulaient le long de ses tempes. Ses lèvres mangées semblaient attendre chaque respiration difficile pour dévorer le peu d’air que le seul poumon valide pouvait encore prendre. Ses mains avaient les ongles cassés. Et malgré tout cela, j’hésitais à rompre ce silence voulu et dressé entre lui et moi comme une charte de non agression. Je peinais à rendre mon regard insensible à tant de délabrement, pour ne pas porter préjudice à la seule chose intacte en lui, sa fierté.
« Qu’est ce que tu veux ? »
Ces mots détachés et sans timbre me firent tressaillir, tant par leur spontanéité que par la voix cassée qui les prononça.
Khaan me fixait maintenant de ses yeux sans vie devenus acajous. Comment lui dire que je m’inquiétais pour lui ?
« Moque-toi et vas-t’en. »

Je le regardais incrédule. J’étais éberlué. Qu’entendait-il par « moque-toi » ? Je lui répondis d’une voix mal assurée.
« Je ne ferais jamais cela. »
Ses yeux s’allongèrent un peu, signe de surprise ou bien de colère.
« Tu es un descendant du peuple de Mü. Je te le répète. Moque-toi et fiche le camp.
- Pourquoi le ferais-je ? », éclatai-je enfin.
« Parce que tu es un descendant du peuple de Mü et moi du peuple de Circé.
- Je ne vois pas le rapport ! »

Il se redressa un peu, ses traits imprimaient une douleur ardente réveillée par l’effort. Sa voix se fit souffle.
« Tu vois bien, tu te moques… »
Je rougis. J’avais commis un impair malheureux, comment rattraper cela ? Je ne voyais pas d’issue, il me détestait, quoi que je puisse faire. Je murmurai : « J’espère que ça ira mieux. »

Sa tête au port royal se détourna un peu vers moi.
« Mensonges. Je ne crèverai pas. »

Des mots durs et cinglants. Comme il pouvait être différent de Dohko avec lequel je m’entendais si bien, n’élevant jamais la voix, sachant placer au milieu de chacune de ses phrases un mot ou une expression me mettant en confiance ! Il me ménageait. Khaan était brut, râpeux, une tour d’ivoire sans portes ni fenêtres. J’avais espéré percer ce mur élevé jusqu’au ciel, peut-être parce qu’il était un disciple comme moi, je croyais que l’on deviendrait « amis », peut-être parce qu’il avait d’après Dohko la faculté de communiquer avec la terre et ses éléments je pensais qu’il me comprendrait, peut-être parce qu’il avait si facilement cerné mes origines tenues secrètes de tous, j’avais espéré qu’il comblerait les pièces manquantes du puzzle que formait ma vie.
C’était un échec sur toute la ligne.
La déception au ventre, j’articulai ce qui allait mettre fin à toute cette mascarade.
« Tu me détestes, c’est ça ? »

Pour la première fois, il me regarda sans détour. J’ajoutai pour achever ma question dont je connaissais la réponse par avance : « Je ne dirai rien sur ce qui s’est passé hier, ne t’inquiète pas, tu as ma parole. »

Il inclina la tête avec une moue de défi.
« Pourquoi devrais-je te croire, fils du peuple de Mü ?
- Fais comme tu veux, je ne reviens pas sur mes promesses. Libre à toi de me croire ou pas. »

Je me retournai pour cacher un visage mortifié par la honte. Mes paroles devenaient aussi cinglantes que les siennes.
« Pourquoi fais-tu cela ? Ça ne t’apporte rien que je sache. »
Mon regard inconsciemment se reporta sur lui. Ses yeux s’étaient refermés sous le coup de la fatigue. Une question brûlante me vint alors aux lèvres. Pourquoi tant de rancœur envers le monde ? Quel passé avait bien pu marteler ce garçon pour le rendre aussi sauvage que les grands fauves de son pays natal ? Que s’était-il donc passé entre le peuple de Circé et celui de Mü ?
Cette dernière question, je la lui posais de but en blanc. Quitte à me faire détester, autant savoir la vérité.
Khaan me fixa d’un air interrogateur.
« Ne me dis pas que tu ignores ce que ton peuple a fait au mien ?! »

Je secouai la tête.
S’il te plaît Khaan, dis moi ce qui a pu se produire, que je sache contre quoi est dirigée ta rancœur si tenace, que je sache d’où je viens, moi qui n’ai plus de racines.

« Ton peuple et le mien ne formaient qu’une seule et même famille unique dans les temps anciens, c’étaient tous des Alchimistes de talent au service des dieux, tous, sans exception.
Et puis notre race a commencé à se faire décimer par la colère des dieux jaloux ne supportant pas le prestige que notre peuple remportait auprès d’Athéna, la Déesse guerrière, auprès de Déméter, ou encore Héphaïstos et même auprès du Roi des Dieux, Zeus lui-même. Alors, ils ont lancé une essence de mort sur nous. Le peuple de Mü a courbé l’échine, ne voulant pas commettre le sacrilège de s’attaquer à des dieux qui les considéraient pourtant comme de la vermine à écraser du bout du pied. Certains hommes ont refusé d’accepter ça, dieux ou pas, personne n’a le droit de faucher la vie des êtres sans remords, de les considérer comme du bétail inutile.
Ils se sont relevés seuls et ont choisi la voie des armes. Quitte à mourir, autant le faire l’espoir à la main. Le peuple mère a banni ces hommes pour rébellion, les règles sacro-saintes régissant la vie et la mort ne devant être bafouées, l’Alchimie apprise des dieux ne devant être utilisée que pour les servir et non pour les détruire. Ces hommes furent marqués du sceau de la honte, exilés loin de leurs terres, ignorés de leurs pères pour avoir voulu protéger ce qu’ils avaient de plus cher. Le peuple de Mü a effacé notre existence des grands registres de la vie comme on efface une erreur de saisie, d’un coup de plume, rayant à tour de bras familles et destins. Ils nous offrir qu’une seule chose à nous qui étions devenus monstres parmis les bêtes à leurs yeux : le nom de Circé, un nom honteux, celui d’une sorcière utilisant son savoir et sa magie pour corrompre et détruire.
Nous avons choisi de partir dans les terres les plus hostiles à l’homme qu’il soit, le désert brûlant afin de montrer au monde entier que nous étions invincibles, que rien ni personne ne pourrait nous faire plier. Ce nom immonde et mordant qui collait à nos chaînes comme la peste, nous avons décidé de le porter haut et fort pour en faire le synonyme d’un peuple craint de tous.
Mon clan a enduré peines et souffrances au nom de préceptes obsolètes de ton peuple, il a gardé le front haut alors que tes pairs le traînaient dans la boue.
Mon peuple est fierté, le tien lâcheté, alors jamais on ne me fera croire qu’un descendant du peuple de Mü puisse avoir le courage de défendre qui que ce soit, pas même sa propre personne. Il peut certes enfanter de tout, mais jamais plus il ne donnera naissance à un guerrier. »

Ces mots me rentrèrent dans la peau comme une morsure sauvage. Le peuple auquel appartenait mon père que j’admirais tant avait-il effectivement commis cela ?
Si c’était le cas, alors je descendais d’une terre dont les racines se nourrissaient de lâcheté et d’ignominie.
Sinon, Khaan était un menteur. Je pensais à mon père si brave, si sage.
« Tu dois te tromper, ce n’est pas possible, ça n’a pas pu se passer comme ça… »

D’un air narquois, ses lèvres crachèrent ce venin de paroles qui me faisaient si mal : « C’est peut-être toi que l’on a fourvoyé, ne crois-tu pas ? »

Non, non ! C’est impossible que ça soit cela. Mon père n’aurait jamais pu me tromper comme cela, lui qui aimait la justice et la vérité plus que tout. J’étais son fils, il ne m’aurait jamais fait ça.
Khaan se mit à rire en voyant le trouble qui emprisonnait maintenant les chairs de mon visage, figeant les traits en un masque de confusion et de détresse intenses.

Son rire était déchaîné et amère, bientôt stoppé net par une quinte de toux nerveuse. Je tremblais comme l’eau d’un lace sous le coup du vent. Je repensai au travail que mon père m’avait enseigné, son regard fier lorsqu’une armure sacrée d’un chevalier d’Athéna renaissait sous ses doigts. Douter de lui c’était comme salir sa mémoire. Mon peuple, je n’en avais finalement rien connu, juste son nom m’était familier. Je ne lui appartenais donc que très peu.
Dans un sursaut révolté, je m’écriai : « Si mon peuple a fait du tort au tien, j’en suis désolé, mais ça ne me concerne pas, je ne sais rien de mes origines à part cette capacité que j’ai de voir des choses que personne ne sait, je ne lui appartiens pas. Ne m’associe pas à cela, je… Je suis différent !

- Tu lui appartiens », me coupa-t-il, « cette marque sur ton front le prouve. Les deux sceaux de la vie, serment d’allégeance envers les dieux du Panthéon et signant une longévité impressionnante offerte par Athéna en remerciement pour avoir donné vie aux armures de ses chevaliers en sont la preuve. Ton sang est celui du peuple qui a banni le mien de ses terres, leur marquant la chair de la griffe du péché.

- Je ne suis pas comme ça !! Moi… Moi je suis différent de ça ! »

Ses yeux prirent une lueur démoniaque, d’un rouge sanguin, couleur de lave.
« Et bien montre-moi, prouve-moi que j’ai tort, fils du peuple de Mü. »

Un silence hostile nous enveloppa, rompant tout dialogue, toute forme de négociation. Je frissonnais encore de colère, lui de douleur. En quelques minutes, il venait de lever près de la totalité des mystères entourant ma vie/ En un sens, je devais lui en être reconnaissant. Mais de savoir à présent que j’appartenais à une caste disparue par faute sans doute de vanité envers le savoir qui lui avait été légué, qui avait délibérément effacé de sa mémoire l’existence des hommes qui s’étaient dressés pour le défendre me révoltait.
Khaan avait les mêmes racines que les miennes. Un fossé immense nous séparait pourtant. Mais si c’était le cas, où donc était le signe qui indiquait cela, ce patrimoine obscur qui l’avait renié ?
Il dût ressentir que je ne le quittais pas des yeux où plutôt que mon regard restait fixé sur son front trempé d’une sueur mordante, celle de la fièvre, car il plongea une dernière fois son regard exténué dans le mien en quête de réponses. Un réflexe de chasseur émérite. Malgré ses yeux clos par la fatigue, son sixième sens aiguisé ne manquait rien de ce qui se passait autour de lui.
« Le signe que tu possèdes sur le front, je ne l’ai pas et ne l’aurais jamais, c’est la punition de notre peuple pour s’être rebellé contre les dieux créateurs de vie et de mort. On nous l’a arraché en même temps que notre immortalité. »

Sa voix se faisait râle à présent. Khaan n’allait pas bien. Remis sur pieds trop tôt, contraignant muscles, os et chairs à l’effort trop vite pour s’éloigner de tout ce qui le rendait malade, la civilisation.
Son visage, seule partie de son être consentie à être exposée aux yeux du monde en portait les stigmates, comme le reste de son corps j’imagine.
Ses quintes se faisaient plus nombreuses à présent, ébranlant le disciple de Kirin de toutes parts comme s’il s’agissait d’un simple fétu de paille. Mais plus que cette douleur lancinante, ce qui le rendait fou était sans doute le fait de déballer devant moi sa faiblesse, de devoir avouer la meurtrissure de la honte que lui inspirait son état délabré et négligé par fierté. S’il avait pu, il m’aurait ordonné de déguerpir loin d’ici, loin de lui et si nécessaire, n’aurait pas hésité à le faire de ses poings. Son impuissance et l’amertume qui en découlaient lui brûlaient les traits. C’était insoutenable.
« Tu n’aurais pas dû t’aventurer si loin du troisième temple. Tu auras du mal pour rentrer.
- Qu’est-ce que ça peut te faire ?
- Tu as de la fièvre.
- Si elle te dérange tant que ça, fiche le camp, ta vue me dégoûte. »

Je souris. Il avait fini par l’admettre. Son impassibilité semblable à du dédain venait de s’écailler comme du verni au soleil. Finalement, sa personne n’était pas si inaccessible que ça.
« Je veux bien, moi, mais c’est de ta faute aussi, si je reste, » fiche-je l’air ennuyé.

L’espace d’un instant, son visage crispé redevint lisse. Il resta interdit, ce qui me valut de découvrir cet aspect si surprenant et si rare de lui que j’appris par la suite à savourer tant cela était et restera exceptionnel : Khaan à court d’arguments, ne sachant pas quand ni comment il s’était laissé prendre au piège en passant du statut de juge à celui de fautif en l’espace d’un instant ayant trompé sa vigilance. Ses lèvres s’entrouvrirent légèrement, laissant apparaître des dents ivoires aux canines prononcées. Ses yeux s’étaient agrandis pour la peine.

« C’est vrai », repris-je amusé (il fallait bien que je sois moi aussi un peu cruel avec lui, lui qui venait tout bonnement de m’annoncer que j’étais issu d’une patrie sans vergogne ayant vendu ses lettres de noblesse contre de la couardise, meurtrissant au passage tout un clan), « tu comprends, j’allais vers ce temple lorsque je t’ai vu, tu sais, c’était plutôt facile de te repérer vu que tu sembles affectionner les vêtements rouges. Je serais volontiers passé sans m’arrêter vu l’amour que tu me portes mais voilà, tu as de la fièvre, tu es blessé, tu ne tiens manifestement pas debout tout seul, tu veux que je fasse quoi dans cette situation ? Que je te laisse là ? Ça serait contraire aux enseignements de mon maître et si tu veux tout savoir, je n’ai pas envie de passer un sale quart d’heure ce soir en rentrant par ta faute si elle venait à l’apprendre… Tu ne la connais pas, toi, Shaolin, elle a des antennes et elle est au courant de tout au sein du Sanctuaire, c’est horrible pour moi, tu n’imagines même pas. Alors, tu ne te plains pas, je suis encore plus embêté que toi dans cette histoire. »

Voilà, dire des bêtises encore et encore, et surtout aussi facilement me laissa comme un goût amer dans la bouche. Un goût de rouille. Mais que pouvais-je faire d’autre ? Finalement, je commençais à croire ce qu’il avait dénoncé sur mon peuple. J’avais choisi la voie facile, celle de tout cacher.

Pourtant, je ne pense pas que cela aurait été bien dur de lui avouer que ce qu’il m’avait jeté à la figure avec toute la rancune qu’il pouvait avoir m’avait atteint plus profondément qu’il ne l’aurait cru, que je l’avais cherché des minutes entières pendant lesquelles j’avais retint mon souffle, que son image hurlante et crevée m’avait hantée toute la journée et surtout que voir son visage criant sa colère au monde entier me rappelait sans cesse ma propre révolte contre ce destin que les dieux m’avaient forgé au départ, sombre, incomplet, pavé d’humiliations et de déceptions cuisantes. Je commençais seulement à sortir la tête de la boue dans laquelle j’avais été traîné de force pendant quatre longues années. Et dans ses yeux, je revoyais ma propre histoire à chaque fois que je croisais son regard rouge.
J’avais voulu savoir. Je ne devais m’en prendre qu’à moi-même une fois de plus. Mais comme ça au moins, j’étais fixé pour de bon. Il me faudrait sans doute me battre pour mériter la considération des gens, montrer que le peuple de Mü ne donnait pas uniquement naissance à des lâches et à des êtres à la conscience vile. Je devais prouver ma valeur au nom de ce père qui était autre que tout ça, qui était et qui restera mon idéal.

Khaan me sourit cette fois-ci avec défi. Il murmura d’une voix cassée : « Peut-être dis-tu vrai… Peut-être que tu l’es en fin de compte… Différent de ceux de ta race… »

Il fut interrompu par une quinte de toux lui portant le cœur au bord des lèvres, le faisant pâlir comme jamais. Il reprit néanmoins comme si rien ne s’était passé : « Tu ne sais pas mentir… »

 

Nous avons mis pas mal de temps à remonter du domaine du Bélier à celui des Gémeaux. C’était long et pénible. Long parce que je ressentais chaque pas, chaque marche comme une épreuve difficile pour mon compagnon, pénible parce que j’entendais malgré moi ses dents se serrer, ses muscles se raidir et sa respiration se couper lorsque la douleur était trop forte. Khaan ne se plaignit jamais. Mais moi, je le savais.
Il avait consenti bon gré mal gré à accepter mon aide, voyant que je n’en démordrais pas. Il m’avait percé à jour facilement, aussi facilement que de souffler sur un château de cartes érigé bien trop haut. Je m’étais senti ridicule, Khaan avait regagné son rôle, sa place, celui qui sait et devine. Mais l’espace d’un instant, il m’avait tendu la main. Non pas pour mon peuple ni pour le sein, mais pour lui et pour moi.
Peut-être que finalement, il en avait assez de détester tout le monde.
J’avais passé son bras valide par-dessus mes épaules pour l’aider un peu. Je fus un peu surpris. Il était un peu plus petit que Dohko, juste un peu plus grand que moi. Avant, je le croyais immense. Il ne m’offrait à présent que son profil gauche et gardait les yeux rivés sur le sol, comptant et recomptant sans cesse chaque pas, chaque effort odieux qui ravivait ses peines.
Je ne disais rien, il n’y avait rien à dire. J’avais essayé de lui épargner cela, de refaire ce miracle que j’avais accompli la veille, mais rien. Hier, j’avais pu user de cet art nouveau apparu comme par miracle, aujourd’hui, je ne me sentais bien incapable de réitérer cet exploit.

Cela nous a pris des heures. J’espère ne plus jamais devoir vivre ça Cela ne m’étais jamais encore arrivé, moi qui me prenais des coups à longueur de temps, je n’avais jamais vu quelqu’un d’autre que moi souffrir de ça. C’était dégradant et immonde. J’aurais voulu me sauver, remplacer le masque de souffrance de Khaan par celui joyeux de Dohko. Mais mon compagnon tenait bon. De temps en temps, le bout de mes doigts passés le long de son côté droit pour le maintenir debout se trempait d’une substance gluante et chaude passant au travers l’étoffe épaisse de son vêtement. Du sang. Il tenait bon. Je le devais aussi.

Je fus soulagé quand enfin je vis se découper dans l’azur sombre du ciel les colonnes du temple des Gémeaux, quand je pus enfin remettre le corps souffrant de Khaan à son maître. Je me sentis obligé de débiter quelques phrases creuses afin de rompre ce silence pesant nous entourant.
« Il était proche du Temple du Bélier, on a mis longtemps pour remonter. »
Le reste, je ne m’en souviens plus. Mes lèvres bougèrent seules. Kirin me fixa un temps de ses yeux clairs, il posa sa main sur mon épaule me coupant net dans le flot de paroles stériles dénuées de ligne directrice que j’étais en train de débiter. Cette fois encore, comme la première fois où je l’avais rencontré, comme aujourd’hui où pendant un court instant il avait relâché sa garde, baissé son masque, j’entrevis quelque chose d’une grande gentillesse maculer son regard devenant aussi brillant que la lune pâle.
C’était plus qu’un banal remerciement venant du bout des lèvres qu’il m’offrit, il m’accordait sa confiance. Il y avait autre chose aussi, une chose que je déchiffrai seulement à mon retour au temple de mon maître, celui de la Vierge, voyant Shaolin parlant à Dohko en attendant mon retour à l’entrée de son domaine, n’ayant pas voulu m’accompagner par respect pour mon souhait, mais inquiète pendant toute la durée de mon absence.
Kirin aimait profondément son élève.

 

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Voici donc le nouveau chapitre !! Pardon pour le retard et encore merci de me suivre quand même malgré tout ^^
J’espère que celui-ci vous plaira, il marque la fin d’une période pour les persos et un tournant pour l’histoire… N’hésitez pas à me faire part de vos impressions (snif, je n’ai pas beaucoup de coms pour cette fic…, mais, à vous de faire changer tout ça !!^^)
A dans le prochain chapitre !!
VanRah