Chapitre 16
Les deux frères étaient face à face, leurs cosmos augmentant à la même vitesse, alors que les deux autres spectres se perdaient dans le labyrinthe des Gémeaux bizarrement constitué. Ils ne reconnaissaient pas du tout la troisième maison. En effet, ils ne voyaient pas de colonnes, mais huit piliers. Le plafond était bleu et mouvant, autour d’eux se trouvaient des coraux multicolores. Ils se trouvaient au Sanctuaire sous-marin. Ils durent se battre contre les sept généraux des mers, y compris un Kanon dans sa période mégalomane et surtout un Poséidon dans toute sa puissance. Saga attaqua son adversaire et lui retira le casque des Gémeaux. Il fut stupéfait quand il vit que, sous le casque, il n’y avait pas la tête de Kanon. Il sursauta violemment quand il vit son pire cauchemar, une chose qu’il n’avait pas vue depuis six ans. Il trembla d’horreur devant cette vision cauchemardesque. Lui, lui mais avec les cheveux roses bonbons coiffés en couettes de petite fille modèle, attachés avec des petits nœuds bleus en velours. Il avait de la poudre de riz qui pâlissait encore plus son visage. Ses pommettes étaient maculées de fard à joue rose vif. La créature en face de lui avait les sourcils mal épilés avec des trous partout. Mais l’horreur n’était pas terminée, il avait du mascara vert de mauvaise qualité qui dégoulinait sur ses joues mal rasées, le faisant ressembler à un panda victime du mal de mer. Pour clôturer le tout, il avait mal mis un rouge à lèvre jaune poussin qui débordait largement sur le pourtour de ses lèvres. Saga frôla la crise d’apoplexie et poussa un hurlement de rage :
-KKKKKKKKAAAAAAAANNNNNNNNNNNNOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNNNNN !!!!! JE VAIS TE LE FAIRE PAYER !!! SALE GOSSE !!!
Il décida alors de frapper le corps du chevalier devant lui, pensant que Kanon était dedans, mais l’armure d’or éclata en morceaux, vide. Fou de rage et comprenant que Kanon ne se trouvait pas dans la maison des Gémeaux et s’était bien moqué de lui, il lança une attaque qui traversa toutes les maisons afin de trouver son frère, où qu’il soit. Heureusement, Kanon l’évita de justesse en faisant un bond de côté. Quelques secondes plus tard, Milo entra dans la pièce et vit les dégâts. Il comprit que c’était bien Saga qui était revenu du royaume des morts, accompagné de Camus et de Shura. Il entendit un bruit vers la gauche et découvrit le corps tremblant d’un homme habillé d’une vieille tunique, avec encore des bandages aux bras et ayant une longue chevelure bleue hirsute. Il s’approcha lentement de lui et entendit l’homme dire :
-Il n’a vraiment aucun sens de l’humour.
Milo ne comprenait pas trop ce que disait Kanon mais lui ordonna tout de même de partir du Sanctuaire :
-Va-t’en ! Même si Athéna t’a pardonné, tu crois peut-être que les chevaliers d’or vont te faire confiance ? Disparais du Sanctuaire !
Kanon se releva lentement, difficilement en répondant :
-C’est…
Milo le coupa en lui disant :
-Moi, Milo, te ferai subir mon châtiment si tu restes ici, Kanon !
-Désolé, mais je ne peux pas partir, c’est ici que je dois me battre ! Répondit l’ex-Dragon des Mers en se redressant de toute sa taille.
-Comme tu veux, je serai ton premier adversaire ! Je n’ai que faire d’un traître ! Je te ferai partir par la force ! Saga et les autres sont proches, il n’y a pas de temps à perdre !
Kanon ne répondit pas et resta le dos tourné vers Milo. Ce dernier reprit :
-Je vois que tu n’es pas décidé à partir d’ici, Kanon…
-Non. Je suis venu protéger Athéna.
-Ne me fais pas rire ! Rugit Milo de plus en plus énervé. Tu as manipulé Poséidon et laissé Athéna et des centaines d’innocents endurer un enfer ! Qui pourra l’accepter ?
Il lança un coup entre les pieds de Kanon lui donnant une dernière chance de partir, mais Kanon voyait dans ce combat la possibilité de se libérer dans le sang de tout ce qu’il avait fait. Il pourrait enfin redevenir ce qu’il était avant cette terrible nuit où il avait perdu sa liberté. Enfin, s’il survivait à cette guerre. Milo reprit :
-Je ne le répéterai pas. Si tu ne veux pas mourir, quitte cet endroit !
-Non. Je resterai ici aussi longtemps qu’un spectre d’Hadès sera debout !
Brusquement Milo disparut, réapparut devant Kanon et s’exclama :
-Dans ce cas, prends ça ! SCARLET NEEDLE !
Le coup fut tellement puissant et douloureux que Kanon recula de trois pas et tomba à genoux. Il lui lança de nouveau trois coups, le perçant de petites blessures bénignes, mais extrêmement douloureuses et surtout qui saignaient énormément. Kanon hurla de douleur et fut projeté sur le sol où il laissa un sillon de pierres brisées. Il se releva lentement et difficilement, pour recevoir quatre autres coups qui le firent rebondir sur le sol et glisser sur plusieurs mètres. Milo était stupéfait, car Kanon, pourtant beaucoup plus puissant que lui, n’avait pas réagi à un seul de ses coups et surtout se laissait faire, subissant sans rien dire les coups qu’il lui portait. En tremblant, Kanon se rassit, puis réussit avec une volonté immense à se mettre debout malgré la douleur atroce des attaques du scorpion. Milo comprit enfin que Kanon expiait dans le sang ses fautes et trahisons passées. Il lui lança alors les derniers coups de son attaque. Kanon fut propulsé contre une colonne et s’effondra sur le sol. Il se releva très difficilement, reçut deux autres coups et hurla de douleur alors que son sang jaillissait. Devant le regard inquiet d’Athéna, Kanon se releva, saignant des différentes plaies, afin de recevoir la dernière attaque du Scorpion, Antarès, pour être enfin lavé de tous ses péchés. Alors que l’attaque lui fonçait dessus, il écarta les bras en croix pour la recevoir en pleine poitrine. Athéna vit Milo en position d’escrimeur, son index légèrement enfoncé dans le torse de Kanon. Le chevalier du Scorpion s’écarta du Gémeaux et s’éloigna alors que son vis-à-vis s’effondrait dans une mare de sang, de son sang. Il réussit à se mettre à genoux et s’exclama la tête basse sous la fatigue et la perte de sang :
-Attend Milo ! Tu ne t’inquiètes pas de laisser Athéna seule avec moi qui suis ton ennemi ?
Milo qui se dirigeait vers la sortie s’arrêta, et répondit sans se retourner :
-Il n’y a plus d’ennemi ici. Celui qui vient de nous rejoindre n’est autre que toi, Kanon des Gémeaux.
Kanon releva la tête et sentit des larmes de soulagement couler le long de ses joues à ce titre qu’il ne pensait jamais mérité et surtout qu’il n’avait jamais voulu avoir, mais voilà, il était le nouveau chevalier d’or des Gémeaux et il devait donc abandonner son rêve, être historien. Son soulagement et son bonheur d’être accepté par les autres furent souillés par la tristesse et le regret de voir ses rêves partir de nouveau en fumée.
Devant la maison du Bélier, Shion et Dohko étaient toujours l’un en face de l’autre. Mais quand les spectres furent retenus dans la maison du Cancer par Shaka, Shion décida de les retrouver afin qu’ils puissent arriver le plus vite possible devant Athéna. Il fut très surpris quand il vit qu’Alizea n’avait pas bougé et n’avait visiblement pas l’intention de l’arrêter, au contraire de Dohko. Shion n’eut d’autre choix que de combattre son vieil ami. Ils se mirent en position de combat et tous les deux s’attaquèrent au même instant, créant un beau petit cratère devant eux. Le chapeau de Dohko s’était envolé et Shion pavoisait en pensant avoir gagné le combat. Ils continuèrent à combattre et Shion envoya Dohko voler dans le décor. Shiryu voulut intervenir, mais Alizea le retint et lui dit :
-Laisse-les, ce ne sont pas tes affaires, ni les miennes. La Guerre Sainte vient de commencer et ta place est auprès d’Athéna. Alors, va la rejoindre !
-Mais et mon maître ?
-Je crois qu’il a passé l’âge d’être materné. Fait ce que je te dis !
-Bien, votre excellence.
Shiryu, sentant le cosmos du Chevalier d’or près de lui augmenter constamment, préféra obéir et partit rejoindre Seiya afin de protéger Athéna. Les trois chevaliers restèrent ensemble, puis Dohko déchaîna Les cent dragons de Rozan qui détruisirent le Crystal wall de Shion. L’ancien chevalier du Bélier lui lança la Stardust Revolution, qui propulsa Dohko sur le sol. Mais le vieil homme n’avait pas dit son dernier mot et se releva. Shion voulut l’attaquer de nouveau, mais l’armure de la Balance arriva et protégea son porteur. Mais alors que Shion allait porter la Stardust Revolution une nouvelle fois, il sentit le cosmos de Dohko reprendre la même puissance qu’à ses dix-huit ans. Pire, l’aspect de vieillard bicentenaire commença à se fissurer et laissa entrevoir une lumière intense. Il avait l’air de grandir à chaque battement de cœur. Après quelque minutes de déchirement apparut le véritable Dohko de la Balance, le chevalier d’or de la Guerre Sainte de 1743 dans toute sa puissance et sa jeunesse. Alizea eut un sourire mais laissa les choses continuer. Si Shion et Dohko avaient fait attention à elle, ils auraient remarqué que sa puissance avoisinait la leur et même avait tendance à augmenter.
Dohko se recouvrit de l’armure de la Balance et se tint prêt au véritable combat contre Shion. Shion lança sa Stardust Revolution au moment même ou Dohko lançait les cents dragons de Rozan. Quand les deux attaques se percutèrent, l’explosion fut terrifiante, mais Alizea sentit que Dohko et Shion se téléportaient dans un autre endroit afin d’avoir une petite discussion entre amis. Alors Alizea tendit les mains et absorba la puissance qui se dégageait de la rencontre entre ces deux cosmos. Sa puissance devait égaler celle des Dieux pour quelques secondes, simplement quelques petites secondes. C’est tout ce qu’elle demandait avant de mourir. Elle retrouva les deux hommes qui discutèrent du plan de Shion. Dohko comprit pourquoi ils avaient fait cela. Ils voulaient faire sortir la Kamui d’Athéna pour qu’elle puisse vaincre Hadès. Soudain, tous les deux sursautèrent quand ils sentirent l’immense puissance qui apparut près d’eux. Dohko ne comprit pas, mais Shion si. Sa fille se préparait à sa mort. Quand il voulut la serrer contre lui, elle fit un pas en arrière et murmura :
-Il est trop tard pour cela, Shion. Plus personne ne peut me toucher sans en payer de sa vie. Mon but est la mort, tel est mon destin.
Elle leva les yeux vers le ciel et murmura doucement :
-Athéna est morte, nous devons la rejoindre. Surtout toi, Shion, tu dois ramener la Kamui, tu es le seul qui connaisse les paroles exactes.
-Allons-y !
Ils se mirent à courir et Alizea aussi. En effet, elle avait trop de puissance en elle pour se téléporter sans déclencher des dégâts sans nom. Ils coururent tous les trois ensemble vers l’esplanade de la Statue d’Athéna. Quand ils arrivèrent, le corps d’Athéna avait disparu ainsi que les chevaliers d’or et les spectres, mais ils trouvèrent les quatre chevaliers de bronze. Ils attaquèrent Shion de tous les côtés, mais d’un geste de la main, il les projeta en l’air et en s’exclamant :
-Du calme, les petits ! Ecoutez-moi bien tous ! Je vais vous révéler la véritable raison de la mort d’Athéna et de Shaka ! L’entière vérité !
-L’entière vérité ? Demanda Seiya en relevant difficilement la tête.
-De quoi parlez vous ? L’interrogea Shiryu.
Shion s’avança jusqu’à la tache de sang divin et tomba à genoux dedans. Il venait de faire quelque chose qui l’écœurait, mais il n’avait pas le choix, et sa déesse le savait. Il murmura doucement :
-Athéna. Qui aurait cru que vous auriez choisi de mourir si facilement ? Vous avez sûrement dû comprendre la souffrance qui réside dans nos cœurs. Ses larmes de tristesses et de honte tombèrent dans le sang sacré de la déesse Athéna.
Shiryu se relevant enfin s’exclama :
-Qu’avez-vous à pleurer maintenant ?
-C’est vous qui avez poussé Athéna à se suicider ! Renchérit Seiya.
-Je crois vous avoir dit de rester calmes ! Répliqua Shion en serrant son poing couvert de sang. Il continua la tête basse : Même après ma mort, je continue de servir Athéna. Ses larmes tombaient de temps en temps dans le liquide vital. Pensez-vous vraiment que nous pourrions jurer allégeance à Hadès ? Tout comme moi, Saga et ses acolytes sont restés des Chevaliers d’Athéna. Même si Hadès nous a offert la vie éternelle, nous ne pouvons porter atteinte à Athéna.Ses larmes coulaient sans discontinuer sur ses joues alors qu’il expliquait l’affaire aux chevaliers de bronze.
-Alors pourquoi en vouloir de manière si acharnée à sa vie ? Demanda Shiryu.
-Oui, cela, nous ne vous le pardonnerons jamais ! Hurla Seiya qui voulut lui lancer un coup de poing.
-Attends, Seiya. L’interrompit Shun.
-Shun ! S’indigna Seiya qui ne comprenait pas pourquoi son ami l’avait empêché de réduire son ennemi en pâté pour chats.
-Que voulez-vous dire par « la vérité » ? Demanda Shun, moins con que la moyenne.
-Oui, expliquez-nous ! Ordonna Seiya.
-Sommes-nous impardonnables ? Oui… sûrement ! Tout cela… pour ça…
Il leva les mains à hauteur de son visage, puis se releva complètement, les bras tendus au-dessus de sa tête. Il s’était tourné vers la statue d’Athéna et s’exclama :
-Armure Sacrée ! Le temps est venu pour toi de reprendre vie après deux cent quarante trois ans de sommeil. Réveille-toi grâce au sang pur d’Athéna !
Là, la statue commença à s’illuminer de l’intérieur, de même que le sang. C’était comme si la pierre appelait le sang à elle, ce qui devait être le cas car il s’échappa des mains grandes ouvertes de Shion et se précipita sur la statue qui brilla d’une couleur dorée. Les chevaliers de bronze étaient stupéfaits devant le prodige. Soudain, dans une immense explosion, la statue disparut et à la place se trouvait une toute petite statuette nimbée de lumière dorée. Shion leur dit :
-C’est l’armure sacrée d’Athéna ! Tout comme vos armures ont besoin de sang pour reprendre vie, l’armure d’Athéna revient à la vie grâce au sang d’Athéna elle-même. Mais cela, seul moi, Shion, le Grand Pope le sait. Si Athéna ne revêt pas son armure, elle n’a aucune chance de vaincre Hadès. Quoi qu’il arrive, nous devons lui apporter son armure. C’est pourquoi Hadès nous a réveillés de notre repos éternel pour nous proposer un marché. Si nous lui rapportions la tête d’Athéna, alors nous serions définitivement libérés du royaume des Morts. Et il nous accorderait la vie éternelle. Nous avons prétendu accepter son offre et nous sommes retournés au Sanctuaire. Tout ça pour récupérer l’armure d’Athéna.
-Masque de Mort, Aphrodite. Même eux… donc…
-Saga et les autres ont même utilisé l’Athéna Exclamation interdite par Athéna. C’était pour se jouer d’Hadès. Etes-vous capables de comprendre leur souffrance ? S’écria Shion en pleurant, vite suivi par Seiya, Shiryu, Hyoga et Shun qui murmura :
-C’était donc ça…
-Ils ont enduré tout ça pour Athéna. Sanglota doucement Hyoga.
-Nous n’en savions rien, et nous n’avions pas cherché à comprendre ! Dit Shiryu, le plus sérieux de la bande.
-Dites-nous Shion, que devons-nous faire maintenant ? Demanda Seiya en se tournant vers son aîné. Maintenant qu’Athéna est morte… Qu’allons-nous faire ?
Shion leur dit :
-Etant l’ancien Grand Pope, écoutez-moi bien. Maintenant, il est temps d’en finir avec les plans d’Hadès ! Je vous ordonne de vous rendre au château d’Hadès et de l’anéantir !
Et alors qu’il parlait aux jeunes gens, ses jambes refusèrent de porter son corps et il tomba dans les escaliers en tenant dans sa main la statuette. Les quatre jeunes se précipitèrent sur lui, inquiets. Celui-ci leur expliqua :
-L’once de vie que nous a accordée Hadès disparaîtra à l’aube, dans deux heures. Mon corps va redevenir poussière et retourner dans le royaume des morts pour un repos éternel.
-Non…
-Mais… Avant cela… Il y a quelque chose que je dois vous donner.
Il jeta sur les armures de bronze un peu de sang d’Athéna et s’exclama :
-Revivez grâce au sang d’Athéna, armures de Bronze !
Comme si elles lui obéissaient, elles absorbèrent le sang devenu lumineux de la déesse et se modifièrent complètement. Elles étaient magnifiques et en parfait état (pas pour longtemps). Avec un petit sourire las, Shion leur expliqua :
-Oui. Grâce au sang d’Athéna, elles sont revenues à la vie ! Elles sont plus puissantes que jamais, ce sont vos dernières armures ! Il s’affaiblissait de plus en plus, mais leur dit quand même : Dépêchez-vous d’aller au château d’Hadès ! Vous pouvez y arriver en suivant le cosmos d’Aiolia et de ses compagnons ! Vous devez remettre l’armure à Athéna, coûte que coûte.
Il donna l’armure à Seiya qui répondit :
-Compris. L’armure d’Athéna est en sécurité entre nos mains, avec votre bénédiction.
Shion eut un petit sourire soulagé, mais les poussa quand même :
-Allez-y, il n’y a plus de temps à perdre. Vite ! Au château d’Hadès !
Les quatre chevaliers de bronze augmentèrent leurs cosmos et suivirent celui des chevaliers d’or, laissant Shion seul sur l’esplanade qui murmura avec un doux sourire :
-Je crois en vous… Jeunes chevaliers d’Athéna.
Il se releva et observa avec une étrange fascination le paysage devant lui. Il sentit deux cosmos puissants dont un continuait constamment à augmenter, s’approcher de lui. Puis une voix masculine l’interpella :
-Que regardes-tu ?
-Le Sanctuaire… la Terre entière.
-Je vois.
Dohko, accompagné d’Alizea, le rejoignit et le chevalier de la Balance lui dit :
-Seiya et ses amis… vont entrer sur un nouveau champ de bataille.
-Je m’en veux tellement. Répondit l’ancien Grand Pope. Il n’osait pas regarder son ami de peur de voir la colère dans ses yeux et de la déception dans ceux de sa fille.
-Personne ne pouvait prévoir cela.
Dohko avança, dépassa Shion puis s’assit sur une marche tandis que la jeune femme restait derrière regardant cet homme torturé qu’elle aimait comme un père. Elle savait que c’était la dernière fois qu’elle le voyait.
-Je regrette juste de ne pas les avoir aidés à s’éveiller à l’Arayashiki. Reprit Dohko.
-Shaka l’a dit dans ses dernières paroles à Athéna… Et maintenant ils sont en route vers le royaume des morts, alors qu’ils sont encore vivants. Ils sont arrivés au plus profond de ce royaume sans en être affectés. C’est notre seule chance. Murmura Shion.
-Le cosmos que chaque humain possède depuis sa naissance, c’est le huitième sens, appelé Arayashiki qui dépasse de loin le septième. Ils ont dû en prendre conscience eux-mêmes. Le rassura Dohko.
-Quand j’y pense, durant nos nombreux combats, nous avons atteint le septième sens en augmentant nos cosmos.
-C’est pareil pour Seiya et ses amis. Non, ils ont réussi à dépasser les limites de leurs cosmos pour pouvoir accomplir des miracles. Pas de doute, ils ont atteint le huitième sens.
-Dohko… Si je pouvais, je continuerais à discuter avec toi, mais…
-Que dis-tu ? Nous nous reverrons.
-Oui. J’ai bien attendu deux cent quarante trois ans, je peux bien attendre d’avantage, et l’endroit m’importe peu.
Alizea eut léger sourire, elle avait voulu laisser aux deux amis le temps de se dire au revoir et avant que Shion ne disparaisse, elle lui murmura à l’oreille :
-Vous vous retrouverez plus tôt que tu le penses, papa.
Shion tourna la tête vers sa fille et comprit réellement ses paroles. Il voulut lui dire quelque chose, mais son temps était terminé et il disparut en une myriade de poussière de cosmos. Alizea sentit les larmes couler le long de sa joue, puis elle se rapprocha de Dohko et attendit qu’il se relève. Le chevalier de la Balance murmura en pleurant doucement :
-Jusqu’à ce qu’on se retrouve… Adieu mon ami.
(ouiiiiiin je supporte toujours pas cette scène)
Il se releva, se tourna vers la droite et s’exclama :
-Es-tu prêt, Kanon ?
-Je serai à vos côtés. Répliqua le chevalier des Gémeaux dans son armure. Alizea eut un sourire fière et murmura :
-Et moi aussi je serai près de vous. Et je vous aiderai au maximum de mes possibilités.
-Tu n’as pas le droit de te battre ! S’exclama Dohko.
-Mais je peux pomper l’énergie de mes ennemis. Ça pourra peut-être vous aider avant la fin. Mais nous ne pouvons rester là, Athéna a besoin de nous.
Tous les trois se regardèrent, puis, utilisant leur cosmos, allèrent vers le château d’Hadès, Alizea ayant des grosses difficultés à contrôler son trop important pouvoir. Mais heureusement, en peu de temps, ils apparurent devant le château en ruine d’Hadès. Alizea vit devant les portes du monde souterrain Hyoga, Shun et Shiryu qui décidèrent de sauter dans l’ouverture sombre afin de rejoindre Seiya, Shaka et Saori. Dohko, pas trop d’accord, voulut les retenir, jusqu’à ce qu’il entende :
-BBBBBBAAAAAANNNNNNNNNNNZZZZZZZZZAAAAAIIIIIII !!!!
Il s’écarta violemment et il vit Alizea lui foncer dessus. Les chevaliers de bronze regardèrent d’un air hagard ce chevalier d’or passer devant eux à toute vitesse. Et, avant que Dohko puisse dire quoi que ce soit, elle bondit dans le trou en beuglant :
-GEEEEEEERRRRRRRROOOOOOONNNNNNNNIIIIIIMMMOOOOOOOOOOOOOOOO !!!!
-ALIZEA NOOOOOOOONNNNNNNNN !!!!
Les chevaliers de bronze étaient horrifiés, ils pensaient que comme elle était le nouveau Grand Pope, elle était sage et tout et tout. Et au lieu de cela, elle bondissait dans l’antre du dieu des ténèbres comme un enfant saute d’un ponton.
-JE CONNAIS PARFAITEMENT LE HUITIEME SEEEEEnnnnnnnnnnnnnnsssssssssss !!! Hurla Alizea, en tombant inexorablement vers les profondeurs de l’enfer, à Dohko, complètement horrifié.
-C’est pas vrai, elle ressemble de plus en plus à son père, aussi fous l’un que l’autre. Soupira lourdement le chevalier d’or de la Balance.
Les trois chevaliers de Bronze observèrent le trou sombre, puis, prenant leur courage à deux mains, ils bondirent dedans en même temps que Dohko qui ne voulait pas laisser la fille de ses amis dans la mer… heu… dans le monde des morts. Quand il arriva, il ne vit pas Shun, ni Hyoga, ni Shiryu, mais une ribambelle de spectres fuyant Alizea qui leur sautait dessus et leur pompait toute leur énergie. Il sentait que la puissance de la jeune femme frôlait l’incontrôlable. Quand il arriva à son niveau, elle lui demanda :
-Ça y est, tu es prêt ? On peut y aller ? On a pas que ça à faire, on a huit prisons à traverser et cent huit spectres à dégommer.
Elle repartit, suivit par Dohko. Kanon était introuvable de même que les petits. Chaque fois qu’ils rencontraient un spectre, Alizea lui pompait son cosmos, augmentant le sien en conséquence. Dohko ne comprenait pas ce qu’elle faisait, son armure elle-même avait du mal à suivre, il entendait des craquements inquiétants et savait que l’armure d’or n’allait pas durer longtemps à ce rythme. Sans le savoir, ils suivaient Seiya et ses compagnons décimant le peu de spectres que les chevaliers de bronze laissaient. Alors qu’ils couraient vers leur destin, ils croisèrent Minos, Eaque et Rhadamanthe face à Kanon. Les deux autres juges décidèrent d’attaquer Alizea et Dohko avec leurs plus puissantes attaques.
Minos lança à Alizea la Manipulation Cosmique, et tous les spectres furent horrifiés quand ils virent que la jeune femme utilisait l’attaque pour augmenter sa propre puissance sans riposter. Alizea avait de plus en plus de mal à contenir cette force qui n’était pas véritablement la sienne. Kanon utilisa ce moment de battement afin de vaincre Minos, Eaque furieux envoya le Vol de Garuda sur Alizea, mais la jeune femme recommença la même manœuvre qu’avec Minos et absorba sa puissance. Kanon élimina le juge des enfers et se retrouva face à Rhadamanthe. Alizea eut un sourire épuisé vers Kanon puis partit vers le mur des Lamentations, suivant ainsi Dohko. Cela se voyait qu’elle n’en pouvait plus.
Dohko était de plus en plus inquiet, il pouvait voir du sang couler de son nez et de son oreille droite. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais il avait vraiment peur de ce qui pourrait lui arriver. Sur son visage, il pouvait voir toute la détermination de la jeune femme. Elle courait encore et toujours, comme si sa vie en dépendait et pas seulement celle de la déesse. C’était quelque chose de plus profond, il blêmit quand il vit comme du soulagement au fond du regard de la jeune femme. Ils arrivèrent bientôt dans la salle du trône d’Hadès, puis, traversant les rideaux, ils arrivèrent enfin devant le mur des lamentations. Là, Dohko vit vraiment le soulagement envahir les traits de la jeune femme. Tous les chevaliers d’or présents ainsi que les chevaliers de bronze grimacèrent de douleur en sentant la terrible puissance d’Alizea. Ils s’écartèrent immédiatement d’elle alors que la jeune femme s’approchait doucement du mur. Seiya lança ses Météores de Pégases qui disparurent après avoir parcouru un mètre. Dohko s’écria :
-Arrêtez, elle absorbe vos attaques et votre énergie.
-Quoi ?! S’exclama Seiya.
Alizea lui dit d’un ton mourant :
-Ecarte-toi.
Les chevaliers de Bronze la regardèrent étonnés, puis firent ce qu’elle venait de leur demander. Ils s’écartèrent de plusieurs pas, mais cela ne suffisait pas pour Alizea, alors ils se mirent derrière elle. Tous attendaient avec curiosité ce qu’elle voulait faire. La jeune femme se tourna vers eux et leur fit un doux sourire remplit de soulagement et de bonheur. Les chevaliers d’or ne comprenaient pas, mais ils commençaient à avoir très peur, il se passait quelque chose de vraiment bizarre et ils n’appréciaient pas du tout. Alizea se retourna vers le mur et dans le silence irréel, ils entendirent :
-Cela fait deux cent quarante quatre sept ans que j’attends ce moment. Vivez votre vie le mieux possible. Quand Hadès sera vaincu, l’enfer sera tellement chamboulé que vous pourrez rejoindre la terre. Vous devrez le faire le plus rapidement possible. Adieu mes amis. Je ne vous oublierai jamais.
Mû devint blême, de même que tous les chevaliers qui surent ce qu’elle voulait faire. Il voulut lui dire d’arrêter, il voulut arrêter sa sœur mais il était trop tard. Tous le sentaient, ils ne pouvaient faire machine arrière. Tous observèrent avec une horreur mêlée de fascination la jeune femme utiliser son ultime attaque. Les yeux fermés, elle murmura des noms qu’ils identifièrent rapidement comme ceux de leurs attaques, de toutes leurs attaques y compris les plus agressives et les plus dévastatrices. A chaque fois qu’elle murmurait un nom, un ruban de lumière blanche l’entourait. Quand elle eut terminé, elle était auréolée. Tous virent la lumière se rassembler en une grosse boule, et entrer dans son caducée. Puis elle fit exploser son cosmos au paroxysme de sa puissance et d’un geste sec, elle pointa son arme vers le mur et s’écria :
-PAR LA MORSURE DU SOLEIL !!!
Tous virent un gigantesque serpent doré se jeter sur le mur et, quand il le heurta, la lumière fut aussi violente que celle du soleil au zénith et en plein mois d’août. La luminosité fut telle qu’elle les forçait à fermer les yeux et à détourner la tête. Puis, ils entendirent un violent grondement et quand ils purent de nouveau regarder, il y avait une brèche béante dans le mur. Alizea était toujours debout, mais ce n’était qu’une question de seconde avant qu’elle ne s’effondre. Elle se tourna vers les chevaliers de bronze et murmura doucement, faiblement :
-Allez-y, Athéna vous attend. Vous seuls pouvez y aller, car vous êtes protégés par des armures qui ont reçu du sang divin. Allez-y. Ne vous occupez pas de nous !
-D’a… d’accord ! Répliqua Shun en sentant confusément que c’était peut-être la dernière fois qu’il la voyait.
Les jeunes chevaliers lui lancèrent un dernier regard, puis s’engouffrèrent dans l’ouverture et se retrouvèrent vers le chemin de l’Elysion. Alizea commença à osciller, puis elle s’effondra, tenant toujours fermement son caducée contre elle, comme un noyé s’accroche à une bouée. Elle fut rattrapée par Masque de Mort qui, pour la première fois de sa vie, sentait les larmes qui coulaient le long de ses joues. Dohko se précipita et sentit le pouls de la jeune femme battre normalement, puis d’un coup, il s’affola, inquiétant terriblement le vieux chevalier. Tous les autres s’approchèrent, lui murmurant des encouragements pour qu’elle lutte contre la mort, mais elle était déjà trop loin dans son idée pour faire demi-tour. Brusquement, devant les chevaliers d’or stupéfaits, le caducée brilla d’une lueur terrible, explosa en une myriade d’éclats métalliques, et disparut. Ils sursautèrent quand ils virent apparaître, comme s’ils s’étaient téléportés, Shion et une jeune femme d’une vingtaine d’année aux yeux et aux longs cheveux mauves. L’ex-chevalier du Bélier, tout jeune observait avec stupéfaction la scène, jusqu’à ce qu’il voit Alizea dans les bras de Masque de Mort. Il devint blême et s’écria en se précipitant vers elle et en fondant en larme :
-Alizea, NON ! Ma chérie, je t’en supplie. Tu dois rester avec nous. Tu dois rester en vie. Que va-t-on bien pouvoir faire sans toi ?
Tout à sa détresse, il ne vit pas les trois personnes apparaître entre le mur des Lamentations et eux. Il y avait un homme aux cheveux châtains et aux yeux bleus, un éternel sourire canaille sur les lèvres, une femme aux longs cheveux noirs et aux yeux verts et surtout une petite fille d’à peu près quatre ans, aux yeux pers et aux longs cheveux noirs avec une expression naïve et douce sur son visage enfantin. Dohko ne put retenir un sanglot et murmura :
-Donadieu, Harmonie, Alizea.
Shion releva brutalement la tête à ce murmure et se rappela l’horrible cauchemar qu’elle avait fait, un cauchemar pour lui, un rêve merveilleux pour elle. La petite fille eut un doux sourire et lui dit :
-Tu sais, tu dois pas avoir peur, je vais vivre avec mon papa et ma maman maintenant. Et toi tu vas vivre avec ton âme sœur et ton fils.
-Mais je n’aurai plus ma fille. Je t’en supplie, ne fais pas ça. Ne me laisse pas seul. Ne nous laisse pas seuls. Comment va-t-on pouvoir vivre sans toi ? Pleura Shion.
Il n’avait jamais été aussi expansif, mais c’était trop pour lui, il avait son fils soit, sa femme, mais il voulait avoir sa fille près de lui. Elle n’était pas de son sang, mais il s’en moquait, il l’aimait à un point tel qu’il en avait mal au cœur en voyant qu’elle partait. Masque de Mort serrait à l’étouffer le corps mourant de la jeune femme, puis brusquement, il n’entendit plus de souffle sortant des lèvres pâles de la jeune femme, il ne sentit plus son pouls, il ne sentit plus de vie dans ce corps brisé. Alizea avait enfin rencontré son destin et enfin, elle rejoignait ses parents comme elle avait toujours voulu le faire depuis l'âge de quatre ans. Effondré, il baissa lentement la tête vers elle et vit une expression sereine et un sourire doux sur son visage enfin reposé. Il sentit des larmes plus nombreuses que jamais tomber sur ses joues. Il ne put retenir sa douleur, poussa un hurlement de souffrance et se mit à sangloter, le cœur brisé en la serrant fortement contre lui. Il se balançait d'avant en arrière, son visage ravagé par la douleur de l'avoir perdu. C’était la première fois que quelqu’un se sacrifiait pour lui. Et puis, il l’avait toujours aimée, il la trouvait tellement belle et ça depuis son enfance, depuis le jour où il l’avait rencontrée dans la salle du trône. Son sourire amusé quand elle les avait regardé Shura et lui, son sérieux quand elle leur donnait des conseils ou qu'elle leur apprenait ce qu'ils ne connaissaient pas dans le Sanctuaire. Il avait été tellement jaloux de la relation privilégiée qu’elle entretenait avec Mû. Il la serra contre lui, n’écoutant pas les sanglots des autres chevaliers d’or qui l’avaient tous connue étant enfants. Quand ils avaient des problèmes, c’est elle qu’ils allaient voir. Elle les aidait, leur remontait le moral et plus d’une fois elle avait défié le Grand Pope et leurs maîtres pour qu’ils soient équilibrés et prêts à une quelconque bataille. Même Shaka et Camus ne pouvaient retenir leur larmes. Shion se souvint de ce que la déesse lui avait dit :
-Tu connais son destin funeste et il ne tient qu’à toi de le changer.
Il tomba alors à genoux devant les trois personnes et supplia :
-Harmonie, Donadieu ! Je vous en supplie, laissez-la nous. Nous sommes perdus sans elle. C’est elle qui a sauvé Kanon des Gémeaux de la folie et du meurtre. Il est devenu quelqu’un de bien grâce à elle. Elle a tellement d’autres choses à faire. Elle a la vie devant elle, une vie pleine de couleurs, pleine d’amour et d’amitiés. Durant tous ces siècles, elle n’a eu que des malheurs et des entraînements pour cette guerre, alors que là, elle pourra vivre normalement et visiter le monde, visiter son monde. Kanon pourra être son guide, lui apprendre des choses fabuleuses. Il est son fils pour elle, comme elle est ma fille. Sa mort arrivera bien assez tôt, je vous en supplie, faites qu’elle voie le beau temps, qu’elle voie le printemps.
Donadieu fronça des sourcils et siffla :
-C’est de la triche, utiliser cette chanson pour nous faire changer d’avis. C’est petit. Et tu sais très bien qu’elle nous fait toujours pleurer.
-Je t’en supplie, Donadieu, je t’en supplie à genoux. Ça a déjà été dur de vous perdre, je ne supporterai pas de la perdre elle. C’est la dernière preuve que vous ayez existé ici-bas.
Les deux parents se regardèrent un instant, regardèrent leur collègue du Bélier pleurer et les supplier, puis observèrent les autres chevaliers d’or, regardèrent leur fille, se regardèrent de nouveau et… la pièce fut secouée par un violent tremblement de terre. Hadès venait d’être battu, les Enfers allaient bientôt disparaître. Donadieu et Harmonie s’exclamèrent :
-Fuyez, vous n’avez plus beaucoup de temps.
-Je vous en supplie.
-Shion, mon ami, tu dois partir.
-Si elle meurt, alors je mourais.
-Moi aussi ! S’exclamèrent les chevaliers d’or en même temps.
Les deux âmes eurent un doux sourire devant l’amitié et voir même l’amour que portaient les chevaliers d’or à leur fille et se décidèrent. Ils serrèrent fort Alizea contre eux et lui dirent :
-Ma chérie, nous voudrions que tu puisses vivre dans un monde libre et heureux. Commença Donadieu.
-Non, je ne veux pas... Sanglota la petite fille.
-C’est pour cela que nous nous étions sacrifiés. Tu as cette chance, saisis-la. Va rejoindre tes amis. Nous serons toujours là, fiers de toi, comme nous l’avons toujours été. Murmura Harmonie en lui caressant tendrement ses longs cheveux noirs.
-Maman, je veux pas, je veux pas. Je veux rester avec toi et papa. Pleura l'enfant.
-Nous t’observerons et nous pourrons dire à toutes les âmes, « vous voyez la belle jeune femme ? Hé bien c’est notre fille ». Termina Donadieu avec un sourire joyeux.
-Mais vous allez me manquer. Gémit la petite fille en sentant le flot de larmes couler le long de ses joues.
-Et toi aussi, mais nous savons qu’un jour, nous nous retrouverons. Oh ! Richard nous a donné ton message et nous aussi on t’aime énormément.
-Qu’est ce que je dois-faire ? Hoqueta la petite fille qui regardait ses parents en priant qu'ils lui demandent de rester.
-Tu vas vers ton corps, et tu te couches dessus, c’est tout simple. Comme tu l’as si bien dit, avec la pagaille créée par la défaite d’Hadès, certaines âmes vont pouvoir partir, mais ils doivent avoir de l’aide. Je peux te dire que Poséidon vient de rappeler ses marinas, Odin ses guerriers divins et nous, toi ma chérie. Alors repars vite.
-D’accord papa. Je vous aime.
-Nous aussi, nous t’aimons.
La petite fille quitta à contre-coeur l’étreinte de ses parents et se coucha sur son corps qui l’absorba. Masque de Mort s’exclama :
-Elle respire, elle est en vie.
Shion se tourna vers ses amis et leur dit :
-Merci, merci pour tout.
-Courez, vous n’avez plus beaucoup de temps. Utilisez les capacités des atlantes à se téléporter quand vous serez devant l’Achéron vous pourrez ainsi rejoindre la Terre et la vie. S'exclama Donadieu avec un léger sourire et les larmes aux yeux en voyant une nouvelle fois sa fille le quitter.
Tous hochèrent la tête en signe d’acceptation. Shion découvrit sur le sol le caducée d’Alizea qui venait de réapparaître. Il le prit en main, puis s’exclama :
-Partons, vite, courons !
Masque de Mort se releva en repositionnant correctement la jeune femme, puis il se mit à courir suivant les autres. Ils couraient à leur vitesse maximum, donc le peu de spectres encore en vie voyaient treize éclairs dorés passer devant eux. Shion, lui, portait sa femme, ravie de l’aubaine. Elle avait rajeuni et tenait son amour d’atlante dans ses bras. Ils couraient comme si le sol derrière eux était en train de s’effondrer, soudain Saga vit, horrifié, un corps tomber. Un corps masculin dont les longs cheveux bleus faisaient comme un linceul. Il changea de trajectoire, accélérant encore plus, et plongea afin de le rattraper avant qu’il ne s’écrase sur le sol. Il serra contre lui le corps de son petit frère, se releva et reprit sa course afin de rattraper les autres. Il sentait le sang qui coulait des trop nombreuses blessures sur son corps brisé. Saga sentit les larmes dégringoler le long de ses joues alors qu’il voyait son petit frère, son petit Kanon inerte dans ses bras. Dans sa tête, il murmurait :
-Ô Athéna, je vous en supplie, faite qu’il survive. Je ne veux pas perdre mon petit frère alors que je viens enfin de le retrouver. Je vous en supplie.
Enfin, ils arrivèrent devant le fleuve Styx et les chevaliers d’or utilisèrent sans vergogne les dons de Shion, Arzaniel et Mû pour le transport instantané afin d’aller de l’autre côté du fleuve, du côté de la vie. Le dernier à quitter le sol des enfers fut Shaka qui lança une dernière prière :
-Je vous en supplie Athéna, survivez !
Ils traversèrent à toute vitesse la porte des Enfers et se retrouvèrent dans une plaine chaotique. Masque de Mort, qui connaissait ce monde comme sa poche, les amena jusqu’à un mur et ils découvrirent, caché derrière un rocher, un escalier dérobé qui les ramènerait vers la lumière du soleil, vers la vie, vers leur monde, vers le Sanctuaire d’Athéna. Quand ils furent dehors, ils virent la plus belle des visions : le soleil qui se levait comme pour saluer leur victoire, par un nouveau jour plein de promesses et de bonheur à venir. Tous se téléportèrent immédiatement au Sanctuaire. Alizea et Kanon étaient toujours évanouis dans les bras de Masque de Mort et de Saga.
(Pfiou laisse-moi le temps d’aller me moucher avant d’attaquer le suivant, j’ai pas supporté la mort d’Alizea…t’as mené ça de main de maître, grande^^ Merci, merci… c’est vraiment trop d’honneur ^^)
Quand ils entrèrent dans le Sanctuaire, les chevaliers d’argent ramenés par Athéna et les chevaliers de bronze hurlèrent de joie. Ils avaient tous réussi, ils avaient vaincu le mal et étaient revenus vivants. Tous les chevaliers d’or étaient en vie, mais certains en moins bon état que d’autre. Shion donna un ordre bizarre que personne, sauf les chevaliers d’or, ne comprit :
-Masque de Mort ….
-Appelez-moi Gabriele, votre excellence. Répliqua le chevalier du Cancer enfin libéré de sa haine et de sa folie. Enfin, d’une partie.
-Bien. Gabriele, Saga, amenez ma fille et Kanon à l’infirmerie. Plus vite ils seront soignés, et plus vite ils nous reviendront.
Les deux chevaliers d’or saluèrent le Grand Pope, puis se dirigèrent vers l’infirmerie quand apparut Athéna qui serrait le corps de Seiya. Elle était accompagnée de Shun, Hyoga, Ikki et Shiryu en armures divines. Ils avaient dépassé la puissance des chevaliers d’or. Athéna, voyant ses chevaliers d’or et Alizea inerte dans les bras de Gabriele, demanda :
-Que lui est-il arrivé ?
-Elle s’est sacrifiée afin de détruire le mur des Lamentations et avec le peu de force qui lui restait, elle a ramené le Grand Pope et cette jeune femme. Répondit Saga qui repositionna délicatement et tendrement son frère afin de mieux le porter.
Il était inquiet, car son frère ne réagissait à aucun stimulus de quelque sorte que se soit. Il était dans un coma profond, de même qu’Alizea. Brusquement tous entendirent une voix faible murmurer par télépathie :
-Faites attention, vous risquez de vous retrouver avec un autre Mû si vous les laissez ensemble.
Tous se tournèrent vers Alizea et ensuite vers Shion. Ils venaient de comprendre que Mû était le fils de Shion et que la jeune femme était sa mère. Mû avait l’air de vouloir se cacher dans le premier trou de souris qu’il pourrait trouver, tandis qu’Arzaniel regardait son époux avec un grand sourire ravi, son fils était enfin connu de tous comme étant celui de Shion. Ce dernier, écarlate, siffla :
-Dès que tu te réveilles, je te colle la pire des raclées. Fille indigne !
-C’est ça, des promesses, toujours des promesses. De toute façon, tu sera trop occupé à batifoler dans les champs avec ton épouse ! Père indigne !
Dohko éclata de rire et dit :
-C’est bien joli ces retrouvailles, mais on a trois blessés, dont trois mourants. Alors amenons-les à l’infirmerie avant de les perdre.
-Tu vas voir si je suis mourante, vieux débris !
-Sale Gamine !
-Champignon atomique !
-Moucheronne !
-Balance déréglée !
-Serpent à sornette !
-Vieux machin !
-Sale gosse !
-Vieux schnock !
Tous entendaient les différentes insultes que s’envoyaient les deux chevaliers d’or et ils ne pouvaient s’empêcher de rire à gorge déployé. Quand ils arrivèrent dans la salle blanche, Gabriele déposa tendrement Alizea, Saga fit de même avec son précieux fardeau ainsi qu’Aldebaran avec Seiya. Athéna soigna Kanon et le chevalier divin de Pégase. Mais elle ne pouvait rien faire pour Alizea. La jeune femme n’avait aucune blessure physique, c’était simplement une perte dramatique de sa puissance qui la maintenait dans ce coma. Shion amena une chaise et se mit à veiller l’inconscience de sa fille. Il laissa le Sanctuaire entre les mains de Dohko et d’Athéna qui passait régulièrement voir Seiya. Saga lui s’était installé près de son frère et gare à celui qui voulait l’en déloger, il risquait de faire un beau voyage dans une autre dimension. Souvent, on le voyait coiffer les longs cheveux hirsutes de son frère, lui racontant tout ce qu’il allait pouvoir faire maintenant qu’il était vivant. Plus d’une fois, les infirmières avaient pu voir le fier chevalier d’or des Gémeaux pleurer en embrassant la main de son frère et en le suppliant de revenir. Il avait tellement mal, il était si plongé dans sa douleur qu’il ne voyait pas Shion trembler pour sa fille. Il l’appelait les larmes aux yeux et elle lui répondait joyeusement. Pourtant, plus le temps passait, plus elle avait l’air de s’éloigner de lui.
Loin de cette douleur, et de cette tristesse, la vie continuait au Sanctuaire. Une nouvelle vie, surtout pour un certain Bélier qui avait du mal à vivre avec sa mère. Durant toute son enfance, il avait idéalisé sa mère. Et là, maintenant, il l’avait devant lui, en vie. Il ne savait pas quoi faire. Mais il n’était pas le seul, car Arzaniel avait du mal à voir en ce grand gaillard le bébé rouge et braillard qu’elle avait mis au monde à la sueur de son front dans la joie, la douleur et la mort. Ils avaient du mal à être à l’aise face à face. Elle le voyait encore comme un bébé alors que lui voyait que sa mère était une humaine avec ses défauts et ses qualités. Comme Shion veillait sa fille, Athéna avait ordonné qu’Arzaniel reste avec son fils, Mû. Kiki était entraîné par un autre maître afin de ne pas les déranger dans leur apprentissage l’un de l’autre.
Mû était déstabilisé par la présence de sa mère. La première fois qu’il s’était réveillé après son arrivée au Sanctuaire, il avait découvert un monstrueux petit déjeuné et sa mère l’attendant un grand sourire aux lèvres. Il s’assit doucement devant elle et se retrouva avec une assiette remplie à ras bord de victuailles. D’habitude, il avait deux tartines, une tasse de lait chaud et c’était tout. Alors que là, il avait deux tartines, un gros bol de lait chaud, deux œufs au plats, du bacon, des saucisses, des croissants, des pains au chocolat et trois tartines. Il regardait avec effarement le repas qu’il y avait devant lui. Il y en avait assez pour nourrire cinquante Mû affamés. Il lança un coup d’œil vers sa mère, et voyant son expression rempli d’espoir, il n’eut pas le courage de lui dire qu’il n’avait pas assez faim pour tout manger. Avec un grand sourire, il commença à manger et réussit on ne sait comment à vider son assiette. Très nerveux, il embrassa la joue de sa mère qui crut être revenue au paradis, et partit s’entraîner.
Quand il pénétra dans l’arène, il lança un regard étonné vers Gabriele qui riait comme un fou. Il ne comprit pas la raison de l’hilarité de son collègue jusqu’à ce qu’il entende :
-Mon chéri, mon petit mumounet, tu as oublié de mettre un châle.
Mû devint blême tandis que tous les chevaliers d’or pouffaient de rire. Gabriele se mordait la langue mais ne put retenir cette phrase malheureuse :
-Tu devrais écouter ta maman, mon petit mumounet. Tu risques un coup de soleil ! AHAHAHAHAH !!!!
Pour la première fois de sa vie, Mû faillit mordre. Il se jeta sur lui, mais fut retenu par Shura et Aioros tandis que sa mère lui demandait :
-Mon mumounet…
-Oh !!! Ça va, hein !!! J’ai vingt ans, je n’ai plus l’âge d’avoir une mère envahissante sur le dos.
Arzaniel devint blême et Mû horrifié vit de grosses larmes s’agglutiner dans les yeux lilas de sa mère. Elle s’enfuit en courant alors que le chevalier du Bélier s’exclamait :
-Ce n’est pas ce que je voulais… dire ! Acheva-t-il dans un souffle en baissant la tête.
Il sentit les chevaliers d’or le lâcher et quand il leva les yeux, il vit tous ses collègues le regarder avec colère. Gabriele le regarda avec mépris et lui lança :
-Tu as la chance d’avoir une mère et tu la traites comme une moins que rien. Tu ne la mérites pas. Fils indigne.
-Je…
Il baissa de nouveau la tête, rongé par le remord et la honte, il sentait sur lui les regards noirs des chevaliers d’or. Il ne savait plus quoi faire et sursauta quand il sentit une main sur son épaule. Il se retourna et vit Dohko qui le regardait. Le vieux chevalier lui dit :
-Je sais que cela doit-être dur pour toi. Tu n’as pas eu de mère, mais dis-toi que la seul vision de son fils qu’elle ait eu, c’est celle d’un bébé qui venait de naître. Va lui parler, elle a besoin de toi. Shion ne peut pas venir, car il reste au chevet d’Alizea. Ta mère est perdue dans le monde des vivants, aide-la.
-Je… je crois que… je vais m’abstenir d’entraînement durant un moment. Répondit Mû avec nervosité.
-Je crois que c’est une bonne idée. Répondit Dohko avec un petit sourire.
Il regarda le fils de son meilleur ami se précipiter dans sa maison afin d’avoir une petite discussion avec sa mère. Le chevalier de la Balance se tourna vers Gabriele et lui dit :
-Gabriele, arrête de taquiner Mû. Tu sais qu’il peut être dangereux si on l’exaspère et sa mère est un sujet tabou pour lui. C’est dur pour lui, alors aide-le au lieu de te moquer.
-Il a tout pour lui, une mère, un père et Alizea ! Gronda le chevalier d’or furieux.
-Tu… tu es jaloux ? Sache que pour Alizea, Mû est son frère.
-Elle me déteste !
-Tu as vu dans quel état tu as mis la maison de son père ?
-Je…
-C’est ce qu’elle ne te pardonne pas !
Le chevalier du Cancer soupira lourdement. Il allait parler, quand Shun arriva en courant et hurla :
-SEIYA EST REVEILLE !!!
-Il est vraiment résistant ce petit. Remarqua Dohko.
-Et comment va Kanon ? Demanda Milo qui avait peur de perdre son ami.
-Il est toujours dans le coma, et Saga reste à son chevet. J’ai peur qu’il ne tombe malade, il ne mange pratiquement plus. Il a dû perdre bien cinq kilos. Soupira Shun en regardant vers l’infirmerie. Je vais y retourner.
-Apporte-nous d’autres nouvelles de nos blessés. Demanda Shaka.
-D’accord ! Répondit joyeusement Shun remontant le moral des chevaliers d’or.
Dans la première maison, Mû ne savait plus quoi faire, il était dans le hall et n’osait pas entrer. Puis il eut honte de son comportement, son père lui collerait une véritable raclée s’il savait à quel point il était lâche. Il prit son courage à deux mains, se dirigea vers son appartement et plus particulièrement la chambre de sa mère. Il colla son oreille à la porte et écouta. Il eut le cœur brisé quand il entendit sa mère sangloter lourdement. Il gratta sur le bois et appela doucement :
-Mère ?
-… (gros sanglots)
-Mè… Maman ?! Supplia Mû d’un ton plaintif.
-… (gros sanglots interrogatifs)
-Je suis tellement désolé. C’… C’est… En fait… je… je ne suis pas habitué à avoir une maman. Je... je n’aurai jamais dû dire toutes ses horreurs. Je… pendant toute mon enfance sans toi, je n’ai eu que les descriptions de mon maître à ton sujet, je… pour moi, tu étais une déesse. Tu as donné ta vie pour moi. Je suis tellement désolé de t’avoir tué. J’ai tellement honte. J’ai tant de chose à apprendre de toi. Je… j’ai… j’ai peur de faire quelque chose qui fasse que tu partes, que tu nous quittes. Par ma faute, tu es morte. Je ne veux pas refaire la même erreur. Tu sais, rien est de ta faute, tout est de la mienne. Je… tu es une mère formidable. Et je… je t’aime. Maman.
Il avait toujours l’oreille collée à la porte et ne savait pas qu’Arzaniel avait fait la même chose et si elle pleurait, ce n’était plus de douleur pour les paroles de son fils, mais pour ce qu’il venait de dire. Il pensait être le responsable de sa mort. Lui ? Son fils, son ange, sa plus grande réussite. Sentant qu’il allait bientôt partir, elle ouvrit brusquement la porte et réceptionna le grand corps de son fils dans ses bras. Ils tombèrent tous les deux à genoux et sanglotèrent lourdement pleurant leur séparation si douloureuse, tout ce qu’il n’avait pas eu avec sa mère, ce qu’elle n’avait pas pu faire avec son fils. Lui, le puissant chevalier du Bélier cachait son visage noyé de larme dans le cou doux et blanc de sa mère. Il sentait les mains tendres d’Arzaniel caresser ses longs cheveux. Mû se releva et sans aucun problème souleva sa mère et la déposa sur le lit, puis il referma la porte et ils eurent une longue discussion sur eux et sur leur future vie en tant que mère et fils. Après, Arzaniel ne l’appela Mumounet que dans l’intimité. Elle adorait voir Mû rougir sous la tendre appellation. Comme son père, Mû avait l’amour discret. Il n’aimait pas montrer ses sentiments les plus profonds en public, mais sa mère savait à quel point son fils l’aimait, voir même l’idolâtrait.
Cependant malgré cela, il n’était pas heureux, car il ne voyait plus son père et sa sœur était dans un coma de plus en plus profond. Personne ne comprenait ce qu’il se passait jusqu’au jour terrible où elle cessa de répondre aux sollicitations télépathiques et où son coeur cessa de battre. Shion poussa un cri de douleur, une plainte venant du fond de son cœur brisé. Il fit violemment sursauter Saga qui se précipita vers le Grand Pope. Le chevalier des Gémeaux ne comprenait pas ce qui arrivait, Shion était en train de secouer Alizea et lui criait de se réveiller, de revenir mais rien n’y faisait. C’était comme si son esprit était parti dans un autre monde. Saga serra l’épaule du Pope quand il entendit un léger bruissement venant du lit de son frère. Il lâcha Shion et se précipita sur Kanon. Il prit la main de son jumeau et le supplia d’ouvrir les yeux. Il lui caressait les cheveux et par de légers baisers sur les tempes le poussait à se réveiller. Il sentit son cœur manquer un ou deux battements quand il vit les paupières de Kanon papillonner doucement. Il ne sentit même pas les larmes couler le long de ses joues. Ne pouvant se contrôler, il attrapa le grand corps maigre de son frère et le serra fort contre lui. Il avait vraiment eu peur de le perdre, de le perdre définitivement. Il étouffa un sanglot quand il entendit Kanon pousser une plainte sous son étreinte un peu trop passionnée. Il chuchota doucement :
-Kanon, réveille-toi, je t’en supplie. Ouvre les yeux.
Enfin, Saga vit, après treize longues années de séparation, les prunelles turquoises de son frère. Kanon ne comprenait pas tout, et il ne comprenait pas qui était l’homme qui le serrait contre lui. Il souffla :
-Mais, qui êtes-vous ?
Saga devint blême et lui murmura doucement à l’oreille :
-C’est moi, c’est moi Saga ! Tu te rappelles de moi, je suis ton frère.... ton frère jumeau.
-Sa… Saga ?
-Oui, c'est moi, c'est Saga. Oh ! Je t'aime tellement mon frère. Mon petit frère adoré.
-Ne… ne me regarde pas, je ne mérite pas ton regard. Supplia Kanon en tentant de détourner la tête.
-Chuuuutttt !!!! Tu n’y étais pour rien. Shion et Dohko m’ont tout dis, ce n’était pas de ta faute, mais celle d’Hadès et nous l’avons vaincu. Je t’aime mon frère.
Kanon eut un hoquet, puis serra le cou de son jumeau à l’étouffer et cacha son visage ruisselant de larmes de bonheur dans l'épaule de son jumeau. Depuis le temps qu’il attendait que son frère le lui dise de nouveau. Saga sentit la respiration de son frère être plus douce, plus paisible, plus calme et comprit qu’il s’était endormi. Il le recoucha tendrement et alla voir Shion. Le Pope serrait le corps de sa fille inerte contre lui, il caressait les longs cheveux noirs d'Alizea et sanglotait sans retenu. Saga allait se tourner vers les médecins pour demander les raisons de cette détresse quand avec horreur il vit que tous les moniteurs étaient en mode calme plat. Il entendait Shion murmurer anéanti:
-Reviens-moi, je t’en supplie. Je t’aime ma chérie. Ne me laisse pas.
L’un des médecins s’approcha de Shion et lui dit :
-C’est fini, laissez-la partir.
-NNNNNOOOOOOOOOONNNNNNNNNN !!! Sanglota Shion.
Une infirmière voulut l’écarter quand l’incroyable se produisit, l’électrocardiogramme émit une pulsation, mais personne n’y fit attention. Ni à la seconde mais ils sursautèrent tous violemment quand l'appareil s’affola. Les médecins se ruèrent sur elle, attrapèrent Shion et sans aucune manière, le propulsèrent dans les bras de Saga. Ils s’activèrent autour d’elle comme des abeilles autour de leur reine. Le pouls de la jeune femme redevint stable et elle replongea dans le coma. Shion fondit une nouvelle fois en larme, mais des larmes de soulagement cette fois-ci. Il avait failli la perdre et elle lui revenait encore une fois. Il voulut rester près d’elle, mais cette fois-ci, Athéna lui ordonna d’aller se reposer et de ne revenir que le lendemain après une bonne nuit de repos. Il faillit refuser, mais il ne pouvait le faire, elle était sa déesse. Il s’inclina donc et alla le coucher. Le lendemain, pas vraiment frais et encore moins dispo après une pas trop bonne nuit de repos qui avait duré trois à quatre minutes à tout casser, il se précipita à l’hôpital et vit Kanon qui dévorait avec appétit le repas que lui donnait un Saga tout sourire. Il se tourna vers sa fille, mais il n’y avait aucun changement, elle était toujours dans le coma. Les médecins l’avaient branchée sur un respirateur artificiel et Shion pouvait voir les deux tuyaux entrer dans son nez pour lui apporter l’oxygène nécessaire à sa survie. Il resta debout près d’elle et lui caressa tendrement les cheveux. Soudain, il entendit un bruit étrange, comme un murmure indistinct. Il approcha son oreille et écouta plus attentivement et là, il comprit que le bruit était un bruit de suffocation. Il sursauta violemment quand il sentit une pression télépathique qui lui disait :
-Papa… tu… tu marches sur l’arrivée d’air.
Il baissa la tête vers le sol et découvrit que son pied empêchait l’air de circuler. Il recula précipitamment, puis se jeta presque sur sa fille avec un bonheur immense au fond de son regard. Il lui embrassait les mains, le visage, les cheveux. Quand il releva les yeux, il vit un regard flou qui le scrutait difficilement. Il en pleura de bonheur. Il caressa tendrement le front et murmura :
-Tu sais, tu nous a fait peur ma puce.
-Je… je suis désolée. Mais je devais mourir pour revivre. La déesse a ramené ma croissance à la normale et maintenant une année pour vous vaut une année pour moi. Je suis désolée de t’avoir fait peur.
-Ce n’est rien, tant que tu es avec moi, avec nous. Rien à d’importance. Alizea lui fit un doux sourire, puis se rendormit.
Il l’observa plus d’une heure, de ses yeux perlaient des larmes de joie. Saga s’approcha et lui dit doucement :
-Elle va se réveiller. Donnez-lui le temps.
-Elle vient de se réveiller, elle m’a parlé et elle s’est rendormie. Je peux aller me coucher, car je sais que demain elle aura les yeux ouverts.
Le Grand Pope repartit afin de bien se reposer. Il savait qu’elle se réveillerait et il voulait qu’elle le voit en pleine forme. Il dormit un jour et une nuit d’une traite. Quand il se réveilla le lendemain, il alla directement au chevet de sa fille et attendit qu’elle se réveille. Il eut un doux sourire quand il la vit s’étirer et bailler à s’en décrocher les mâchoire malgré le masque qu'elle avait sur la bouche et qui lui apportait l'oxygène nécessaire à sa survie. Le regard encore flouté par le sommeil, elle le salua d’un doux :
-Bonjour papa.
-Bonjour ma chérie. Tu as faim ?
-Oh oui, je crois que je pourrais avaler Aldebaran et sans mâcher.
-J’imagine tout à fait, cela fait près de trois mois que tu es dans le coma. J’étais vraiment inquiet, mais tu es là, réveillée et c’est le plus important.
Saga entendant des murmures s’approcha et vit le Grand Pope discuter avec une Alizea bien vivante et bien réveillée. Il annonça la nouvelle à son frère qui voulut immédiatement se lever pour la serrer dans ses bras, mais en croisant le regard menaçant de l’infirmière, il décida qu’il était plus prudent d’attendre. Son jumeau pouffa de rire et alla prévenir les autres. Mû et Arzaniel foncèrent à l’infirmerie et noyèrent la jeune femme sous les câlins et les baisers. Tous les autres chevaliers d’or squattèrent la pièce et jetèrent sans aucun scrupule l’infirmière qui terrifiait tant Kanon. Maintenant que le monstre était parti, il se leva difficilement et s’approcha de sa mère adoptive. Saga le voyant, se précipita vers lui et l’aida à marcher. Kanon grogna un peu en voyant son frère courir vers lui pour l’aider à marcher. Il aurait bien voulu lui dire qu’il était suffisamment grand pour marcher tout seul. Mais au moment où il allait remettre son frère à sa place, ses jambes ne purent plus supporter son poids et il s’effondra. Saga se jeta carrément sur lui et voulut le ramener dans son lit, mais Kanon lui lança un regard noir et Saga en soupirant l’amena près du lit d’Alizea. La jeune femme eut un grand sourire ravi quand elle vit Kanon près d’elle. Elle fronça les sourcils quand elle vit l’état de l’ex-dragon des mers. Kanon était très pâle, son visage était marqué par des cicatrices rouges. Du peu qu’elle voyait, il avait un bras dans le plâtre et un bandage autour de la tête. Saga aida son frère à s’asseoir et ne le quitta pas une seconde des yeux, comme une mère poule couve ses poussins. La jeune femme eut un grand sourire quand elle vit qu’enfin, l’amour fraternel entre les deux frères allait de nouveau les lier. Elle était heureuse pour Kanon, mais elle ne supportait toujours pas Saga. Elle ne lui pardonnait toujours pas la mort de Shion.
A suivre